Cover Journal de bord Littérature - 2019

Journal de bord Littérature - 2019

On y retourne.

Shakespeare et Proust cette année?

2016-17 :
https://bit.ly/2Sua842
2018 :
https://bit.ly/2GOQYED
2019 :
https://bit.ly/34YdbXO
2020 :
http://bit.ly/39RaIlG
2021 :
https://bit.ly/357B7e7
2022 :
https://bit.ly/32NLOnS

Liste de

121 livres

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Mantra
7.8

Mantra (2001)

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Rodrigo Fresán

Woozz a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Janvier / Lu.

Mantra, c'est un collage de coupures de presses, de bouts de cartes, d'extraits de feuilletons, de condensé d'Apocalypse Now, d'épisodes de The Twilight Zone, de combat de catch, de mythologie aztèque, de souvenirs effacés, d'omniscience d'un mort. Mais le tout est immense, gargantuesque, tentatuclaire. Le tout, c'est Tenochtitlân (aka) Mexico DF (aka) Mexico Ville (aka) District Fédéral (aka) DF.

Mantra, c'est un guide touristique impossible et indispensable, une carte spacio-temporelle d'une ville éternelle, insaisissable, antédiluvienne et futuriste, échappant à toute les descriptions.

Mantra, c'est un film infini réalisé par un enfant atavisé issu d'un empire dégénéré, un film prophétique, védique, démiurge, aberrant.

Mantra, c'est un livre unique, une plongée dans l'infra-monde de la littérature contemporaine.

Il a fallu attendre la page 396, que Rodriguo me le dise lui-meme, pour que je remarque que ce guide était organisement alphabétiforme.

Éloges
7.7

Éloges (1911)

La Gloire des rois - Anabase - Exil

Sortie : 1911 (France). Poésie

livre de Saint-John Perse

Woozz a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Janvier / Lu.

Exil

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ANABASES

VII

Nous n’habiterons pas toujours ces terres jaunes, notre délice…

L’Eté plus vaste que l’Empire suspend aux tables de l’espace plusieurs étages de climats. La terre vaste sur son aire roule à plein bords sa braise pâle sous les cendres - couleur de souffre, de miel, couleur de choses immortelles, toute la terre aux herbes s’allumant aux pailles de l’autre hiver – et de l’éponge verte d’un seul arbre le ciel tire son suc violet.
Un lieu de pierres à mica! Pas une graine pure dans les barbes du vent. Et la lumière comme une huile. – De la fissure des paupières au fil des cimes m’unissant, je sais la pierre tachée d’ouïes, les essaims du silence aux ruches de lumière ; et mon cœur prend souci d’une famille d’acridiens…

Chamelles douces sous la tonte, cousues de mauves cicatrices, que les collines s’acheminent sous les données du ciel agraire – qu’elles cheminent en silence sur les incandescences pâles de la plaine ; et s’agenouillent à la fin, dans la fumée des songes, là où les peuples s’abolissent aux poudres mortes de la terre.
Ce sont de grandes lignes calmes qui s’en vont à des bleuissements de vignes improbables. La terre en plus d’un point mûrit les violettes de l’orage ; et ces fumées de sable qui s’élèvent au lieu des fleuves morts, comme des pans de siècle en voyage…

A voix plus basses pour les morts, à vois plus basses dans le jour. Tant de douceur au cœur de l’homme, se peut-il qu’elle faille à trouver sa mesure?... « Je vous parle, mon âme! – mon âme tout enténébrée d’un parfum de cheval. » Et quelques grands oiseaux de terre, naviguant en Ouest, sont de bons mimes de nos oiseaux de mer. [...]

Et à midi quand l’arbre jujubier fait éclater l’assise des tombeaux, l’homme clôt ses paupières et rafraîchit sa nuque dans les âges… Cavaleries du songe au lieu des poudres mortes, ô routes vaines qu’échevèle un souffle jusqu’à nous! où trouver! où trouver les guerriers qui garderont les fleuves dans leurs noces?
Au bruit des grandes eaux en marche sur la terre, tout le sel de la terre tressaille dans les songes. Et soudain, ah! soudain que nous veulent ces voix? Levez un peuple de mioirs sur l’ossuaire des fleuves, qu’ils interjettent appel dans la suite des siècles! Levez des pierres à ma gloire, levez des pierres au silence, et à la garde de ces lieux les cavaleries de bronzes verts sur de vastes chaussées!...

(L’ombre d’un grand oiseau me passe sur la face.)

Walden ou La Vie dans les bois
7.4

Walden ou La Vie dans les bois (1854)

(Traduction Louis Fabulet)

Walden; or, Life in the Woods

Sortie : 1922 (France). Récit

livre de Henry David Thoreau

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Janvier / Lu.

Sans mentir, j'ai du me faire violence pour finir, pour ne pas voir Thoreau me tomber des mains et aller se perdre en fond de pile de mes "livres à finir plus tard" ; je cherche encore à comprendre d'ou est venu ma difficulté à lire Walden. Pourtant, tout semblait réunit pour qu'Henry et moi nous entendions : un type loufoque et un peu fêlé, qui s'isole dans les bois pour parler de poissons, de fourmis, de cabanes et de haricots. Mais quelque chose a manqué... Alors, style ampoulé, traduction trop rigide, mauvaise volonté de ma part, un peu de tout? Il me reste néanmoins quelques très beaux passages (la bataille des fourmis!) et une furieuse envie d'isolement heureux.

Voyage au bout de la nuit
8

Voyage au bout de la nuit (1932)

Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman

livre de Louis-Ferdinand Céline

Woozz a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Janvier / Lu.

Surtout, ne pas trop ressentir, ne pas trop s'investir, ne pas s'émouvoir outre mesure. Rester à distance, la vie l'amour la mort l'espoir, tout ça c'est compliqué et ça fait mal. Tant pis, c'est triste, c'est comme ça.

Ça a commencé comme ça, et ça a fini comme ça.

La résignation est absolue mais conciliante, la misanthropie totale mais douce, et la lâcheté essentielle. Juste quelques désirs animaux par ci par là. Tout ce que Bardamu fait pour s'éloigner de nous, Céline nous le renvoie en pleine figure, malgré lui peut-être. On vit intensément l'éloignement à la vie. Finalement, Céline n'a de la tendresse que pour petit Bébert, et c'est tout.

Et ne parlons pas du style. Non. Personne n'écrit comme ça, personne n'ose.

Le Livre de sable
7.8

Le Livre de sable (1975)

El Libro de Arena

Sortie : 1975 (France). Recueil de nouvelles

livre de Jorge Luis Borges

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Janvier / Lu.

Le Livre de sable a beau être le moins captivant (mais de peu) des trois recueils de Borges que j'ai lu, mais ç'en est tout de même renversant. La littérature toujours au centre d'à peu près tout, on passe de micro-nouvelles fantastiques à l'infinité du Congrès ou du Livre de sable.

Je trouve Borges cette fois ci un peu plus lisible dans son projet, plus didactique et explicatif dans sa démarche, ce qui, faisant apparaître les ficelles mystérieuse de ses idées, dévoile un peu le mystère et gâte quelque peu le plaisir du frisson de l'inconnu.

Histoires extraordinaires
7.8

Histoires extraordinaires (1845)

Sortie : 1856 (France). Recueil de nouvelles

livre de Edgar Allan Poe

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février / Relu.

~

Hommage à l’intelligence, à la recherche, au dépassement, au mystique.

L’influence déterminante de Poe sur tout un pan de la littérature XIX/ début XXeme apparait comme évidente: tantôt des réminiscences Lovecraftiennes, tantôt Borgesiennes, par exemple. J’ai été surpris de la diversité thématique dont je ne me souvenais pas du tout. A force de sans arrêt parler de la relation Poe/Baudelaire, on finit par en oublier que Edgar s'est autant intéressé au magnétisme, qu'aux voyage impossibles, qu'à la science, la philosophie, ou l'occulte.

Faust
7.8

Faust (1808)

adaptation d'Edmond Rostand

Sortie : 20 septembre 2007 (France). Roman, Théâtre

livre de Johann Wolfgang von Goethe

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février / Lu.

On en a tant entendu parler, de Faust... Alors, finalement poser les yeux sur la version de Goethe, on en tire un certain plaisir, rien qu'à sentir la puissance de l'influence.

L'action va beaucoup plus vite que ce que j'avais imaginé. Peu de temps à perdre : ennui - désespoir - apparition - pacte - jeunesse - amour - meurtre - sabbat - disgrace - désespoir - engloutissement. Chaque scène remplie un rôle unique et précis, et tout est fait pour avancer, aucune parole qui dévie ou divague, ce qui est d'autant plus remarquable vu le temps qu'il aura fallu à Johann pour clore son Magnus Opus.

Soleil des loups
7.8

Soleil des loups

Sortie : 1951 (France). Recueil de nouvelles

livre de André Pieyre de Mandiargues

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Février / Lu.

Contes lunaires, sentant en général fortement l'iode ou le souffre. Des femmes mystérieuses jaillissent des pages, à chaque fois plus chimériques et fantasmagoriques. Empreint de sensualité mais repoussante, il y a quelque chose de synesthésique chez Mandiargues : tous les sens sont en alerte ; on salive, on effleure, on renifle.

Pour en finir avec le jugement de dieu
7.7

Pour en finir avec le jugement de dieu (1948)

Sortie : 1948 (France). Poésie

livre de Antonin Artaud

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Février / Lu.

Rugissons, hurlons, vociférons avec Artaud.

Molloy
7.9

Molloy (1951)

Sortie : 1951 (France). Roman

livre de Samuel Beckett

Woozz a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Février / Lu.

D'abord une ruine. A peine un être. Faulkner a accouché de Benjy. Blanchot a rêvé Thomas. Beckett a vomit Molloy. On fait aller, il faut bien. On suce des pierres.

Puis une autre ruine. Il a un fils qu'il est incapable d'aimer ou de comprendre. Enfin si, il l'aime un peu. Mais il le déteste plus qu'il ne l'aime. Quelle erreur d'avoir des enfants.

Malone meurt
7.9

Malone meurt (1951)

Sortie : 1951 (France). Roman

livre de Samuel Beckett

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Février / Lu.

Le crayon de Malone disparait. Malone disparait. Malone ne bouge pas. Malone pense. Malone se raconte des histoires. Malone parle. Malone écrit. Malone écrit pour ne pas mourir, pour ne pas s'ennuyer. Mais Malone meurt quand même.

Immensément oppressant, statique dans un mouvement perpétuel.

L'Innommable
8.4

L'Innommable (1953)

Sortie : 1953 (France). Roman

livre de Samuel Beckett

Woozz a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Février / Lu.

Plus rien qu'une voix dans le noir, ou dans le gris, même pas sûr qu'elle existe vraiment, même pas sur que ce soit lui. Un trou noir. On tombe, on accélère, on accélère tellement qu'on perd toute certitude, à propos de tout, à propos de rien.

Cette trilogie est une chute vers un fond sans fond, un vertige de la décrépitude. Il arrive un point où plus aucun mot ne sonne comme on en a l'habitude.

Les Sonnets
7.6

Les Sonnets (1609)

(traduction Yves Bonnefoy)

Sortie : 1994 (France). Poésie

livre de William Shakespeare

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février / Lu.

Amour et temps.

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SONNET 59

Est-il vrai qu’il n’existe rien de neuf? Que tout
A déjà existé? Bien naïf notre esprit
Qui s’échine à créer mais pour ne mettre au monde
Qu’une seconde fois l’enfant d’autres époques!

Ah, si le souvenir, retraversant cinq cents
Soleils antérieurs, me montrait ton image
Dans quelqu’un des vieux livres où la pensée
Commença d’être dite avec des lettres!

Je découvrirais là ce qu’a pu dire
De l’harmonie miraculeuse de ton corps
Le monde ancien. Valait-il plus, ou moins?
Ou les âges s’engainent-ils sans que rien change?

Ah, heureux esprits de ces temps révolus,
Vous admiriez des êtres de moindre lustre!

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SONNET 99

La précoce violette, je l’ai grondée :
« Dis-moi, tendre voleuse, ton doux parfum
Ne vient-il pas des lèvres de mon amour?
Et la couleur de tes joues, ton orgueil,

Du sang de ses artères? » J’ai condamné le lys
Qui te vole une main, et de la marjolaine
Les touffes, tes cheveux. Apeurées, les roses
Se cuirassaient de leurs épines : l’une

Rougissant de honte, une autre blanche
De désespoir. Et ni rouge, ni blanche, une troisième
Avait volé ces deux voleuses, et au larcin
Ajoutait celui de ton souffle ; mais te vengerait
Un ver qui en rongeait l’orgueil, à en mourir.

J’ai remarqué d’autres fleurs. Mais aucune
Qui ne t’eût pris son parfum, sa couleur.

Les Braises
7.7

Les Braises

A gyertyák csonkig égnek

Sortie : 1942 (France). Roman

livre de Sándor Márai

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février / Lu.

Souffler sur les braises, raviver la flamme, puis finalement la laisser mourir.

Ce qui est assez beau dans ce livre c'est cette intensité qui monte, qui monte, et puis qui s'effondre, sans bruit et sans fureur, dans un calme olympien.

Semmelweis
7.8

Semmelweis (1936)

Sortie : 1936 (France). Récit

livre de Louis-Ferdinand Céline

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Février / Lu.

Techniquement le premier écrit de Céline, 1924, revu et corrigé plus tard. Il se profile (déjà) cette fameuse aversion de la lourdeur des pensées, celle des petites acrimonies personnelles qui se mettent en travers de la Vérité, avec un grand V s'il vous plait.

Quelques envolées de points de suspension par ci par là, timidement, qui présagent de la folie à venir...

La Pénombre des âmes
8.5

La Pénombre des âmes (1912)

Sortie : 1999 (France). Recueil de nouvelles

livre de Arthur Schnitzler

Woozz a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mars / Lu.

C'est une efficacité narrative et une finesse psychologique hors du commun que déploie Schnitzler dans ces pages. Quelques lignes, et les problèmes sont posés, nous assaillant déjà de questions, d'angoisse parfois. Souvent le problème est insoluble, ou en tout cas sa solution est inimaginable au premier abord. Et puis l'idée apparait. Non, c'est impossible, trop compliqué, trop douloureux. Parfois les personnages de Schnitzler acceptent, parfois ils se tuent pour accepter, parfois ils tuent pour refuser.

"Pénombre des âmes" parce que, malgré l'issue mortelle souvent inévitable, un faible rayon de lumière qui se dessine (l'aveugle Geronimo qui dépose un baiser sur le front de son frère, ou Emma qui se résigne à dire la vérité). Un soulagement plutôt, une douleur qui s'atténue, ou alors peut-être un calme avant une autre tempête.

Moderato cantabile
6.6

Moderato cantabile (1958)

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Marguerite Duras

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Mars / Lu.

"On rit. Quelque part autour de la table, une femme. Le chœur des conversations augmente peu à peu de volume et, dans une surenchère d'efforts et d'inventivités progressive, émerge une société quelconque. Des repères sont trouvés, des failles s'ouvrent où s'essayent des familiarités. Et on débouche généralement partisane et particulièrement neutre. La soirée réussira. Les femmes sont au plus sûr de leur éclat. Les hommes les couvrirent de bijoux au prorata de leurs bilans. L'un d'eux, ce soir, doute qu'il eût raison."

L'Éducation sentimentale
7.4

L'Éducation sentimentale (1869)

Sortie : 1869 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Woozz a mis 10/10.

Annotation :

Mars / Lu.

Tout au long de la lecture, les souvenirs d'Illusions perdues se matérialisaient par devant moi : un provincial, ambitieux, montant à Paris, des amours déchues etc. Mais là où Lucien est en évolution contante, Frédéric fait prodigieusement du surplace. Tout échoue, rien n'aboutit. Lucien est un dévoyé mangé par la soif de la gloire, Frédéric est un sot mangé par sa propre incapacité à agir.

Flaubert se moque de tout, de tout le monde, de tous les travers, de tous les fâcheux. Quel délice. Il y a peu de livre qu'on voudrait ne jamais finir de lire, mais L'Éducation sentimentale fait parti de ceux là.

La Vie dans les plis
8.1

La Vie dans les plis (1949)

Sortie : 1949 (France). Poésie

livre de Henri Michaux

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mars / Lu.

Le corps-objet comme limite à dépasser, métaphysiquement.

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COMME LA MER

Souvent il arrive que je me jette en avant comme la mer sur la plage. Mais je ne sais encore que faire. Je me jette en avant, je reviens en arrière, je me jette à nouveau en avant.

Mon élan qui grandit va bientôt trouver forme. Il le faut. L'amplitude du mouvement me fait haleter (non des poumons, mais d'une respiration uniquement psychique).
Sera-ce un meurtre? Sera-ce une onde miséricordieuse sur le Monde? On ne sait pas encore. Mais c'est imminent.
J'attends, oppressé, le déferlement de la vague préparatoire.
Voilà le moment arrivé...
Ça été l'onde de joie, cette fois, l'étalement de bienveillance.

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HOMME-BOMBE

Non, je n'ai pas d'usine, pas d'outils. Je suis un des rares hommes-bombes. Je dis rares, car s'il en est d'autres, que ne l'ont-ils déclaré un jour? Il est vrai, il demeure possible qu'il y en ait eu.
Nous sommes obligés à quelque prudence.
« Éclater, ça peut être dangereux, un jour », pense le public.
Après tuer, les caresses. « Qu'il dit, pense le public, mais s'il demeure dans le tuer, s'il s'enfonce dans le tuer, s'il réalise enfin le tuer » et le public, toujours magistrat en son âme simple, s'apprête à nous faire condamner.
Mais il est temps de me taire. J'en ai trop dit.
A écrire on s'expose décidément à l'excès.
Un mot de plus, je culbutais dans la vérité.
D'ailleurs je ne tue plus. Tout lasse. Encore une époque de ma vie de finie. Maintenant, je vais peindre, c'est beau les couleurs, quand ça sort du tube, et parfois encore quelque temps après. C'est comme du sang.

La Lune et les Feux - La Plage
6.9

La Lune et les Feux - La Plage (1950)

Sortie : 1950. Roman

livre de Cesare Pavese

Woozz a mis 6/10.

Annotation :

Mars / Lu.

Je pensais beaucoup à Kawabata en lisant Pavese. La même impression de détachement profond, que les personnages assistent plus qu'ils n'agissent, l'insensibilité comme protection. Une réminiscence Gionosienne aussi, dans ces collines et ses vignes méridionales.

Même si, en théorie, il y a beaucoup de choses qui me plaisent chez Pavese, je suis resté tout à fait froid, ne prenant que très peu d'intérêt à ces deux histoire. On retentera bientôt avec Le bel été.

La Promesse de l'aube
7.9

La Promesse de l'aube (1960)

Sortie : 26 avril 1973 (France). Autobiographie & mémoires, Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Woozz a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mars / Lu.

Quelle vie, mais quelle vie.

Et surtout quel amour.

"Je suis sans rancune envers les hommes de la défaite et de l'armistice de 40. Je comprends fort bien ceux qui avaient refusé de suivre de Gaulle. Ils étaient trop installés dans leurs meubles, qu'ils appelaient la condition humaine. Ils avaient appris et ils enseignaient "la sagesse", cette camomille empoisonnée que l'habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux d'humilité, de renoncement et d'acceptation. Lettrés, pensifs, rêveurs, subtils, cultivés, sceptiques, bien nés, bien élevés, férus d’humanité, au fond d’eux-mêmes, secrètement, ils avaient toujours su que l’homme étaient une tentation impossible et ils avaient donc accueilli la victoire d’Hitler comme allant de soi. A l’évidence de notre servitude biologique et métaphysique, ils avaient accepté tout naturellement de donner un prolongement politique et social. J’irai même plus loin, sans vouloir insulter personne : ils avaient *raison*, et cela seul eût dû suffire à les mettre en garde. Ils avaient raison, dans le sens de l’habileté, de la prudence, du refus de l’aventure, de l’épingle du jeu – dans le sens qui eût évité à Jésus de mourir sur la croix, à Van Gogh de peindre, à mon Morel de défendre les éléphants, aux Français d’être fusillés, et qui eût uni dans le même néant, en les empêchant de naître, les cathédrales et les musées, les empires et les civilisations."

Un féminisme décolonial
7.6

Un féminisme décolonial (2019)

Sortie : 15 février 2019. Essai

livre de Françoise Vergès

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Mars / Lu.

Comme beaucoup d'ouvrage théoriques écrits un peu vite (comme on le sent ici), le texte souffre de lourdeurs qui ne facilitent pas l'appropriation du texte. En revanche, sur le terrain des idées on peut dire que Vergès se pose là. Une charge violente contre l'impérialisme, le sexisme, le capitalisme, le racisme, le post-colonialisme et tout autre joyeusetés dans cette veine. L'ouvrage est une synthèse assez rapide, qui laisse quelquefois un peu à désirer, on aimerai en comprendre plus, mais c'est une bonne introduction pour quiconque cherchant à en comprendre plus.

--

Je me rend compte quelques jours plus tard que cette annotation, d'une médiocrité confondante, fait exactement ce qu'elle note par rapport au livre, en bien pire : elle se répète (2 fois sur 5 lignes, un exploit). Bien joué morray.

Le Roi Lear
8

Le Roi Lear (1606)

(traduction Jean-Michel Déprats)

King Lear

Sortie : 1606 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Mars / Lu.

Trahison, Tragédie, Aveuglement, Rage, Basculement cosmique.

Octaèdre
7.9

Octaèdre (1974)

Sortie : 1976 (France). Recueil de nouvelles

livre de Julio Cortázar

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Mars / Lu.

Les mots m'échappent un peu, Cortazar se faufile entre mes synapses. La même main a écrit ces huit nouvelles, mais tel un prisme déformant la lumière, huit rayons distincts sortent des pages. Cortazar mute, fait semblant de se cacher derrière des jeux littéraires opaques et sans cesse renouvelés.

Mais la raison d'être est toujours la même. Derrière les jeux il y a cette angoisse de la mort et celle de l'amour. Chercher à les apprivoiser en biais, en transitant par ces petits dispositifs ludiques, voilà le projet de Julio.

Gaspard de la nuit
7.5

Gaspard de la nuit (1842)

Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot

Sortie : 1842 (France). Poésie

livre de Aloysius Bertrand

Woozz a mis 8/10.

Annotation :

Mars / Lu.

Moyenâgeux gothique bourguignon, Aloysius alias Gaspard de la nuit, généreux poète miséreux et mystérieux, a passé sa vie à lustrer son genre poétique. Musique sans notes, peinture sans toile, la poésie en prose s'affranchit ; elle est d'abord une ode à la liberté.

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LIVRE V - Espagne et Italie

I. LA CELLULE


L’Espagne, pays classique des imbroglios, des coups de stylet, des sérénades et des autodafés.
Extrait d’une Revue littéraire.

. . . . . . . Et je n’entendrai plus
Les verrous se fermer sur l’éternel reclus.
Alfred de Vigny. — La Prison.


Les moines tondus se promènent là-bas, silencieux et méditatifs, un rosaire à la main, et mesurent lentement de piliers en piliers, de tombes en tombes, le pavé du cloître, qu’habite un faible écho.

Toi, sont-ce là de tes loisirs, jeune reclus qui, seul dans ta cellule, t’amuses à tracer des figures diaboliques sur les pages blanches de ton livre d’oraisons, et à farder d’une ocre impie les joues osseuses de cette tête de mort ?

Il n’a pas oublié, le jeune reclus, que sa mère est une gitana, que son père est un chef de voleurs ; et il aimerait mieux entendre, au point du jour, la trompette sonner le boute-selle pour monter à cheval, que la cloche tinter matines pour courir à l’église !

Il n’a pas oublié qu’il a dansé le boléro sous les rochers de la sierre de Grenade avec une brune aux boucles d’oreilles d’argent, aux castagnettes d’ivoire ; et il aimerait mieux faire l’amour dans le camp des bohémiens que prier Dieu dans le couvent.

Une échelle a été tressée en secret de la paille du grabat ; deux barreaux ont été sciés sans bruit par la lime sourde ; et du couvent à la sierra de Grenade, il y a moins loin que de l’enfer au paradis.

Aussitôt que la nuit aura clos tous les yeux, endormi tous les soupçons, le jeune reclus rallumera sa lampe et s’échappera de sa cellule à pas furtifs, un tromblon sous sa robe.

Précis de décomposition
7.9

Précis de décomposition

Sortie : 1949 (France). Essai

livre de Emil-Michel Cioran

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Mars - avril / Lu.

Cioran est très fort dans l'aphorisme, dans la fulgurance ponctuelle ("La culture est un feu d'artifice sur un arrière-plan de néant", "Dans tout génie il y a un Marseillais et un Dieu" etc.). Mais le Précis de décomposition me fait l'effet d'aphorismes étendues, qui perdent de leur force au fur et à mesure que le texte s'étend. Et c'est bien dommage.

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VISAGES DE LA DÉCADENCE

"Nous sommes les grands décrépits, accablés d'anciens rêves, à jamais inaptes à l'utopie, techniciens des lassitudes, fossoyeurs du futur, horrifiés par les avatars du vieil Adam. L'Arbre de Vie ne connaîtra plus de printemps ; c'est du bois sec ; on en fera des cercueils pour nos os, nos songes et nos douleurs. Notre chair hérita le relent de belles charognes disséminés dans les millénaires. Leur gloire nous fascina : nous l'epuisâmes. Dans le cimetière de l'Esprit reposent les principes et les formules : le Beau est défini, il y est enterré. Et comme lui le Vrai, le Bien, le Savoir et les Dieux. Ils y pourrissent tous. (L'histoire : cadre ou se décomposent les majuscules, et, avec elles, ceux qui les imaginèrent et les chérirent.)

... Je m'y promène. Sous cette croix dort de son dernier sommeil la Vérité ; à côté, le Charme ; plus loin, la Rigueur et au-dessus d'une multitude de dalles qui couvrent délires et hypothèses, se dresse le mausolée de l'Absolu : y gisent les fausses consolations et les cimes trompeuses de l'âme. Mais plus haut encore, couronnant ce silence, l'Erreur plane - et arrête les pas du sophiste funèbre."

Fonds perdus
7.5

Fonds perdus (2013)

Bleeding Edge

Sortie : 21 août 2014 (France). Roman

livre de Thomas Pynchon

Woozz a mis 9/10.

Annotation :

Mars - avril / Lu.

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Bleeding Edge : des pop-ups qui surgissent. Concentre-toi, je voulais savoir ce que le site recelait. Je déblaie, clique frénétiquement pour arriver au cœur de la page, tente de conserver mon énergie pour le fond des choses.

M’y voilà, enfin. Mais il n’y a rien sur cette page, je n’y apprend rien, c’est vide, ça n’a pas de sens, c’est incomplet. Qui est le sagouin qui a codé cette page sans fond?

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien
7.2

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien (1975)

Sortie : 1975 (France). Roman

livre de Georges Perec

Woozz a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avril / Lu.

Singularité d'un point de vue. Tentative d'exhaustivité. La vie dans les plis de la place Saint-Sulpice. Et, comme dans La vie mode d'emploi, vertige de la simultanéité.

Manhattan Transfer
7.4

Manhattan Transfer (1925)

(traduction Maurice-Edgar Coindreau)

Sortie : 1928 (France). Roman

livre de John Dos Passos

Woozz a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avril / Lu.

Dos Passos écrit comme on dessine dans un carnet à croquis. Illustrateur de rue, de bar, de mansarde, de salon bourgeois, déambule et croque la misère. Quelques traits, juste histoire de capter une tranche, puis il passe au dessin suivant.

La ville monstrueuse fait du bruit, émane des odeurs, produit des goûts, créé des images. Profusion de sons, de couleurs, de senteurs. L’impression, due à la narration, que la lecture a duré des lustres. Et c'est finalement, en rassemblant tous les croquis ensemble, en les faisant défiler dans notre mémoire, que l'image colossale de la mégapole nous apparait dans toutes son âpreté et sa violence.

Night Ocean et autres nouvelles
7.4

Night Ocean et autres nouvelles (1986)

Sortie : octobre 1986. Recueil de nouvelles

livre de H.P. Lovecraft

Woozz a mis 7/10.

Annotation :

Avril / Lu.

C'est un Lovecraft assez inhabituel, beaucoup d'écrits collectifs notamment, et même une étrange pièce pseudo-théâtrale, accompagné en fin de livre un petit manuel d'écriture d'histoire d'épouvante, suivi d'une interminable liste d'idées que Lovecraft avait pour des récits ; on reconnait parfois des projets qu'il a mené à bout.

Je crois que c'est avec ce recueil que s'achève à peu près mon aventure Lovecraftienne pour le moment... Howard, ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn

Woozz

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