Journal de bord cinématographique 2021 (classement avec annotation)

Liste de

400 films

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a plus d’un an

The Father
7.6
1.

The Father (2020)

1 h 38 min. Sortie : 26 mai 2021 (France). Drame

Film de Florian Zeller

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 05/05 en téléchargement sur la TV

La première claque qu’assène The father, ce n’est le jeu d’acteur d’Antony Hopkins (exceptionnel) ou le scénario (d’une rare maîtrise) mais bien la mise en scène de Florian Zeller. En mettant le père et la fille dans le même cadre mais jamais au même niveau, Zeller met subtilement en avant qu’ils ne partagent pas le même univers et qu’ils ne sont pas en cohésion. Une idée subtile qu’il met d’emblée en avant car le film ne reflétera jamais ou quasiment jamais la vérité mais plutôt l’univers mental de son personnage principal atteint de démence et d’Alzheimer. L’architecture de l’espace est donc important et l’utilisation des portes représentent fort bien les différents souvenirs tronqués dont le personnage principal tout comme le spectateur n’arrivera jamais à vraiment rassembler. Le scénario est d’une écriture sans faille car il est construit comme un labyrinthe afin qu’on puisse avoir le point de vu de ce personnage malade qui n’arrive plus à faire le lien avec le monde qu’il entoure. Il est ainsi comique mais au combien cynique de voir Antony Hopkins chercher inlassablement sa montre pour connaître l’heure alors que la notion du temps n’a plus d’attache chez lui. Les acteurs sont excellents et Hopkins est tout simplement grandiose. Tantôt attachant tantôt vulnérable, tantôt colérique il représente à merveille toutes les états dans lequel peut se trouver une personne atteinte d’Alzheimer. Après avoir eu un oscar pour un tueur en série qui clamait : « J’ai dégusté son foie avec des fèves au beurre et un excellent Chianti », le voilà de nouveau oscariser après avoir appelé à l’aide sa mère afin qu’elle lui fasse un câlin. Preuve si il en est qu’il est l’un des plus grands du métier. Un métrage immense qui nous laisse groggy.

Soul
7.4
2.

Soul (2020)

1 h 40 min. Sortie : 25 décembre 2020. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

08/01 sur Disney + sur la TV

La prise de risque de Pixar est totale ici puisque le studio délaisse la double lecture enfant-adulte afin de s’adresser quasi uniquement au public adulte. En effet, le film d’animation est un peu moins versé vers l’humour et il est plus difficile d’accès pour les enfants ce qui risque de provoquer un ennui poli chez eux durant le visionnage. Le réalisateur du grandiose Vice-Versa prouve une nouvelle fois qu’il est le meilleur réalisateur de ce studio et livre encore une fois un métrage impeccable que ce soit en terme d’animation avec des univers graphique sublime et qui changent réellement de « patte » en fonction de l’endroit où l’on se trouve. Le scénario est certes classique chez Pixar mais encore une fois le mélange entre l’humour jamais lourdingue et l’émotion toujours sincère fonctionne toujours. La morale là encore à l’attention des « grands-enfants » qui nous intime de simplement profiter des choses simple de la vie rappelle l’immense et magnifique Paterson de Jim Jarmusch qui avait cette même morale. Un magnifique film d’animation émouvant qui marque peut être le début d’un tournant pour le studio.

Point limite
8.4
3.

Point limite (1964)

Fail-Safe

1 h 52 min. Sortie : 25 février 1965 (France). Drame, Thriller

Film de Sidney Lumet

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 23/05 sur TCM Cinéma sur la TV

Point limite est très proche du docteur Folamour de Stanley Kubrick, à savoir traiter du conflit armé pendant la guerre Froide où la course à la meilleure technologie est primordiale pour faire régner la peur dans le camp ennemie. A mon sens, le film de Lumet surpasse aisément celui de Kubrick bien trop parodique est inconséquent. Lumet va encore une fois s’appuyer de son expérience dans le huit clos avec son immense 12 hommes en colère, afin de reprendre la même formule, à savoir un exercice de routine qui va mal tourner. Tout d’abord, pour marquer que tout est sous contrôle au départ, il va parfaitement cadrer son image avec un rythme de montage modéré et les personnages sont assurés et chacun reste à la place de sa fonction. Bien entendu, comme pour douze hommes en colère, il va considérablement accélérer le montage et décadré davantage sa caméra en utilisant davantage le gros plan sur le visage des personnages afin de capturer leurs doutes. Des idées simples mais terriblement efficace dont lui seul a le secret. Les acteurs sont tous excellent et la tension grandit crescendo. Bien entendu, comme pour 12 hommes en colère, le plus remarquable chez Sidney Lumet c’est la qualité rare de l’écriture des dialogues, qui sont toujours finement écrits. La thématique de l’homme dépassé par ses créations était novatrice à l’époque et Stanley Kubrick reprendra cette thématique (parmi tant d’autre) pour accoucher de l’immense 2001 l’odyssée de l’espace. Son deuxième message sur le fait de s’unir plutôt que de se détruire car nous sommes en tout point semblable à l’ennemie fonctionne également et occasionne une scène touchante lors d’une discussion entre un général Américain et un général Russe qui a servi le Royaume-Uni durant la seconde guerre mondiale. Un grand film.

The Chaser
7.8
4.

The Chaser (2008)

Chugyeogja

2 h 03 min. Sortie : 18 mars 2009 (France). Thriller, Policier, Film noir

Film de Na Hong-Jin

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 17/03 sur OCS sur la TV

Le premier long métrage de Na Hong-jin avait électrisé Cannes à sa sortie et je comprends aisément pourquoi. Course poursuite haletante de deux heures, the chaser est un petit bijou sur bien des aspects. Entre un scénario qui se renouvelle constamment pour surprendre le spectateur, une mise en scène maîtrisé de bout en bout, un montage au cordeau (enfin un réalisateur qui arrive à égaler Michael Mann sur la gestion des plans alternés). Le duo d’acteur Kim Yun-seok et Ha Jung-woo est excellent et l’ambiance glauque fonctionne extrêmement bien surtout quand elle est couplée à quelques scènes très violentes qui renforce la tension que le film exerce. Malgré une intrigue resserrée sur 24 heures pour accentuer la tension, le réalisateur n’hésite pas à égratigner l’incompétence des forces de l’ordre (c’est le cas de beaucoup de film Coréen comme Memories of Murders et il doit forcément y avoir un fond de vérité dans tout cela). Il en profite également pour dépeindre une ville (Séoul) labyrinthique où la criminalité et le mal règne malgré l’aspect lumineux des divers néons qui jonc la ville. Son personnage principal est d’ailleurs de cet acabit. Odieux connard qui ne se préoccupe que de son fric, il va devenir de plus en plus empathique (à sa manière il ne va pas devenir un saint) au fur et à mesure du métrage car il va affronter un être encore bien plus mauvais que lui. Si on peut regretter quelques invraisemblances et un milieu de film qui faiblit légèrement en terme de rythme, The chaser est un film haletant, fascinant, glauque et d’une maitrise absolue. La scène finale voyant le retentissement au loin d’une sirène de police avec un gros plan sur la ville de Séoul à travers une vitre d’hôpital prouve que le mal sévira toujours. Un grand métrage.

Tu ne tueras point
7.3
5.

Tu ne tueras point (1988)

Krótki film o zabijaniu

1 h 24 min. Sortie : 26 octobre 1988 (France). Drame

Film de Krzysztof Kieslowski

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 14/02 sur Mubi sur la TV

Le premier élément qui impressionne d’emblée dans tu ne tueras point, c’est la photographie absolument splendide oscillant entre grisaille jaunâtre (travaille qu’il reproduira plus tard dans l’immense la double vie de véronique) et zone d’ombre très particulière comme si des bouts de la pellicule ont été carbonisé. Le résultat est détonant au possible et épouse parfaitement l’état d’un pays dans une misère noire où l’individu n’est plus que l’ombre de lui-même. Ce désespoir ambiant suinte sur l’ensemble de la pellicule et on a rarement vu une œuvre où le mal semble avoir contaminé la population. Le film est sans concession, certaines scènes sont chocs et dénué de manichéisme car si tu ne tueras point est un magnifique plaidoyer contre la peine de mort, l’exécuté est pourtant un connard de la pire espèce dont on ne peut excuser le geste. Au final, tu ne tueras point montre un homme victime dès le départ d’une société où la violence est partout et qui reproduit ce schéma avant d’être condamné par un état tout aussi violent et sans concession. On en ressort sonné et abasourdi. Une immense claque malgré quelques défauts de rythme mineur.

Annette
6.8
6.

Annette (2021)

2 h 20 min. Sortie : 6 juillet 2021. Drame, Comédie musicale, Romance

Film de Leos Carax

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 14/07 au cinéma

Deuxième long métrage que je visionne de Leos Carax après les amants du Pont-Neuf. La bande annonce me donnait furieusement envie de le voir et le résultat sur grand écran est absolument grandiose. Œuvre profondément méta sur l'art, la création, l'impact destructeur des médias et du public, de l'amour, de l'héritage ou encore des névroses des artistes, le film de Carax est une richesse incroyable et il est bien difficile de tout énuméré. Reste que malgré cet aspect comédie musicale de 2h20 quasiment intégralement chanté, on est jamais perdu. La mise en scène est d'une éblouissante maîtrise et chaque scène est un tableau absolument virtuose à contempler et ceux dès cet immense plan séquence d'ouverture là encore méta où Carax présente les comédiens qui sont encore "acteurs" et qui vont bientôt interpréter leurs personnages sous nos yeux. La BO est un délice pour les oreilles et je ne crois pas avoir été autant touché par une bande originale depuis la double vie de véronique. Les acteurs sont au sommet en particulier un Adam Driver qui semble possédé à certains instants. Alors bien entendu, devant une telle proposition de cinéma, il y a des petits raté/ faute de goût ici et là et le rythme est imparfait par moment surtout à la mi film. Reste qu'on ne peut que se réjouir de voir une telle proposition sur grand écran qui en enthousiasmera certains et en laissera sur le carreaux d'autres. Un film singulier absolument tétanisant et à voir absolument au cinéma.

La Mouche
7.5
7.

La Mouche (1986)

The Fly

1 h 36 min. Sortie : 21 janvier 1987 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de David Cronenberg

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 18/10 sur Disney + sur la TV

La mouche est un film assez fascinant à analyser car c’est un film à tiroir. En effet, si le film traite comme souvent chez Cronenberg de la mutation du corps humain et des sévices qu’il peut subir, la mouche parle également de bien d’autres thèmes. Tout d’abord on peut y voir une relecture moderne de la belle et la bête avec cette histoire d’amour entre une femme et un homme qui à l’inverse va perdre de plus en plus son humanité au fur et à mesure du métrage. Enfin et c’est presque le plus passionnant, Cronenberg parle de lui-même. Difficile de ne pas voir que le personnage interprété par Jeff Goldblum est un avatar du réalisateur. L’histoire d’un homme qui tente de pousser son art le plus loin possible et de le révolutionner et qui finira pas dépasser les limites et qui sera par la suite rejeté et évincé par les spectateurs et la presse qui serait aussi représenté par Geena Davis et John Getz. Cronenberg traite donc de ses peurs et parle d’un possible changement d’approche du cinéma dans sa carrière chose qui arrivera petit à petit jusqu’à l’aube des années 2000 où son approche du cinéma sera bien moins horrifique et fantastique. Si on couple cette magnifique approche thématique avec un duo d’acteur parfait, des effets spéciaux et surtout pratique encore exceptionnelles aujourd’hui et par une mise en scène de talent, la mouche et un immanquable de son réalisateur.

Kagemusha - L'Ombre du guerrier
8
8.

Kagemusha - L'Ombre du guerrier (1980)

Kagemusha

3 h. Sortie : 1 octobre 1980 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Akira Kurosawa

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 21/03 en Blu-Ray sur la TV

Enfin reconnu par la nouvelle vague du cinéma Américain (le nouvel Hollywood) comme l’un des modèles de nombreux jeunes cinéastes (Georges Lucas et Francis Ford Coppola entre autres qui vont produire le film) Akira Kurosawa a enfin les moyens de ses ambitions. En résulte un film d’une beauté éblouissante. Si le film n’arrive pas au niveau des magnifiques fulgurances de Ran que Kurosawa réalisera 5 ans plus tard, Kagemusha est cependant plus harmonieux dans son déroulé. Le film a moins de longueur malgré une durée plus excessive et il reste également plus humain et davantage à hauteur de personnage. Les thématiques se mélangent également harmonieusement. Il y a le thème de la duplicité (un sosie se fait passer pour le seigneur décédé afin de continuer à effrayer l’ennemie de par ses hauts faits d’armes) et donc le fait d’incarner une personne tout en mettant son propre vécue jusqu’à se perdre dans la psyché de la personne qu’on doit incarner. Il y a également ce face à face toujours prégnant au Japon entre la tradition (la stabilité, le seigneur étant appelé la montagne par sa robustesse) face à la jeunesse qui fait fi des traditions à la recherche de gloire et de surpasser ses aînés pour se faire un nom quitte à tout perdre. Le film est riche et si il n’est pas exempt de quelques longueurs ou de petites invraisemblances, Kagemusha est une œuvre magnifique que ce soit à contempler qu’à analyser.

Don't Look Up - Déni cosmique
6.8
9.

Don't Look Up - Déni cosmique (2021)

Don't Look Up

2 h 18 min. Sortie : 24 décembre 2021. Comédie dramatique, Science-fiction

Film de Adam McKay

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 26/12 sur Netflix sur la TV

Don’t look up est terrifiant car il est en réalité bien plus proche de la réalité qu’on ne le pense. Utilisant cette histoire de comète comme on aurait pu utiliser le Covid par exemple, le dernier long métrage de Adam McKay va cette fois ci bien plus loin que de pointer du doigt la politique républicaine de son pays comme il avait pu faire avec le très bon Vice. Si bien entendu la politique « Trump » est ici tournée en caricature (avec toujours une brillante Meryl Streep Alter égo féminin du président sortant) c’est bel et bien tous les rouages de la mécanique Américaine qui en prend pour son grade. Si bien entendu, la politique utilise les phénomènes de société uniquement par intérêt de réélection, c’est bien les médias pays de l’entertainement pas excellence qui est à blâmé. Le sujet n’est pas nouveau mais McKay pousse ici le bouchon vraiment loin pointant du doigt cette dictature du « cool » et de la dérision des plateaux télé et de l’information qui détourne les sujets importants et préfère mettre en avant le divorce d’une star que de parler de la fin imminente de la planète. Enfin et c’est inédit dans son œuvre, McKay pointe du doigt une population qui ne pense que par le prisme de la politique sans avoir aucune autre réflexion autre que ce que déclare le parti politique qu’il défend. Enfin, le Covid est bien entendu dans la tête de McKay et la manière dont les personnages de Dicaprio et Lawrence sur le plateau télé rappelle comment les premiers scientifiques ont été reçus en exposant que le Covid est dangereux. Personne ne les a pris au sérieux et on voit le résultat. Le phénomène des réseaux sociaux et leurs importances en matière d’audimat est également très bien scruté par le réalisateur et ça reste assez rare pour être souligné. Le film est donc d’une grande richesse et McKay saupoudre tout cela d’un montage encore une fois grandiose qui sait être frénétique ou calme quand il faut. Il n’hésite donc pas derrière la frénésie de son tempo comique d’aérer l’ensemble d’un soupçon de drame comme cette très belle scène où la comète est enfin visible à l’œil nu. Si on ajoute à tout cela des comédiens en grande forme, on a un film certes toujours sur le fil de la caricature mais qui tape juste sur tout ce qu’il dénonce.

Valse avec Bachir
7.7
10.

Valse avec Bachir (2008)

Vals Im Bashir

1 h 30 min. Sortie : 25 juin 2008 (France). Biopic, Drame, Guerre

Documentaire d'animation de Ari Folman

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 13/09 sur OCS sur la TV

Résumer valse avec Bachir comme un film anti guerre est extrêmement réducteur pour l’immense film d’animation d’Ari Folman. Le métrage est avant tout un film sur la mémoire et sur le fait de ne pas oublier. En ce sens, le fait que le héros principal ne se souvienne pas des atrocités dont il a été témoin permet non seulement au spectateur d’être au même stade que le personnage et de découvrir les événements en même temps mais surtout de montrer que c’est le souvenir qui nous permet d’éviter les erreurs du passé. En effet, voir l’armée Israélienne laisser la résistance Palestinienne exterminer leurs opposants sans rien faire montre surtout que le passe ne leur a rien appris car eux même ont subi un génocide pendant la seconde guerre mondiale. Le film est donc un recueil de témoignage touchant qui montre des gamins désœuvrés et totalement terrifiés d’aller à la guerre. Le film permet également de remettre en question la « virilité » au sein de l’armée car au-delà de la situation qui favorise les relations homosexuelles (des baraquements d’hommes sans femme) et que les actions qu’ils entreprennent pour survivre à la guerre n’ont rien d’héroïque mais ressemble d’avantage à de la survie et de la panique qu’autre chose. Si les thématiques évoquées sont parfaitement exploitées, la forme n’est pas en reste avec une animation magnifique proche de la BD pour adulte et la BO est absolument merveilleuse à entendre et renforce l’aspect mélancolique de l’œuvre. Le film à quelques très légères longueurs mais sinon c’est immense.

Un monde sans femmes
7.3
11.

Un monde sans femmes (2012)

56 min. Sortie : 8 février 2012 (France). Drame

Moyen-métrage de Guillaume Brac

KS-1695 a mis 9/10.

Annotation :

Le 24/08 sur Mubi sur la TV

Avant de s’attaquer à son premier long métrage Tonnerre, Guillaume Brac c’était fait remarquer pour ce moyen métrage d’une grande délicatesse. Si on ressent forcément l’influence d’Eric Rohmer dans ce film que ce soit dans les personnages où dans les lieux utilisés (quelques jours de vacances propices aux rencontres), Guillaume Brac arrive pourtant à se détacher de cette influence sur deux points. Tout d’abord, là où Rohmer est verbeux, Brac n’hésite pas à marquer certaines scènes avec des silences parfois gênant mais surtout révélateur des états d’esprit de chacun. Ensuite, décrit très bien la typologie de son lieu à savoir une station balnéaire peu fréquentée hors été. De ce fait, Brac fait rentrer en collision deux mondes forcément contraires à savoir les banlieusards de Paris et les natifs de la région qui ne peuvent rencontrer du monde que pendant cette période et dont on devine un quotidien plutôt terne hors période estivale. C’est cette sensibilité que le réalisateur met parfaitement en avant que ce soit dans la réaction de ses personnages où dans ses dialogues magnifiquement écrits car tout sonne vrai. La mise en scène certes discrète est souvent évocateur des sentiments des personnages comme cette scène en contre plongé où notre héros regarde ses locataires d’en bas de la maison et qui donne l’impression qu’il doit escalader infranchissable. Si les acteurs sont tous excellents, c’est bien Vincent Macaigne qui ressort vraiment dans ce rôle de vieux garçon bisounours un peu gauche mais d’une gentillesse à toute épreuve. Le film est vraiment émouvant ou drôle en fonction des situations et Guillaume Brac arrive à traiter de nombreuses thématiques en peu de temps et cela ne fait jamais superflu. Un grand film.

Snake Eyes
6.8
12.

Snake Eyes (1998)

1 h 38 min. Sortie : 10 novembre 1998 (France). Policier, Thriller, Drame

Film de Brian De Palma

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 23/02 sur Disney + sur la TV

L’ouverture éblouissante de Snake eyes en plan séquence résume presque le film à lui tout seul. Dans ce qu’on nous montre sur cette séquence, tout est faux, chacun joue un rôle et le film fera en sorte de mettre en lumière chaque aspect que l’on a vu au préalable dans cette scène pour que l’intrigue avance. Dernier grand film de Brian De Palma avant le début de la descente aux enfers, Snake Eyes est immense et traite de l’ensemble des obsessions de son réalisateur. Entre l’image qui ment (ce qu’on voit dans la séquence d’ouverture n’est qu’un point de vue avec ses zones d’ombre), l’état Américain qui cache leurs magouilles à travers une attaque terroriste (au vu des événements du 11 Septembre 2001 le film est visionnaire) ou encore le voyeurisme des hommes surtout et c’est assez nouveau dans son cinéma avec l’apparition des nouvelles technologies (avec l’apparition des caméras de surveillance, il n’est plus possible de se cacher). Les acteurs sont très bons avec un Nicolas Cage totalement hystérique dans un de ses meilleurs rôles. La B.O du film est d’excellente facture, le scénario et le montage eux sont remarquables tout comme la mise en scène de Brian de Palma. Si on peut regretter une certaines hystéries par moment qui sert plus de camouflet à son scénario et quelques scènes invraisemblables, Snake Eyes reste un thriller politique haletant et la dernière scène pendant le générique qui témoigne de la reconstruction d’un monde en cachant les cadavres qu’a laissé l’état Américain derrière ses magouilles reste du plus bel effet.

J'ai perdu mon corps
7.4
13.

J'ai perdu mon corps (2019)

1 h 21 min. Sortie : 6 novembre 2019. Drame, Fantastique, Romance

Long-métrage d'animation de Jérémy Clapin

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 04/05 sur Ciné + sur la TV

Voilà un bien curieux film d’animation avec un scénario qui mélange habillement trois arcs narratifs entre flash-back du passé de notre héros, temps présent et temps futur où une main coupée prend vie et recherche son propriétaire. Si la quête de cette main est vraiment originale et occasionne de belles idées de péripétie et de gestion de l’espace (vous n’aurez jamais vu des rats aussi immense et menaçants), c’est finalement la partie la moins émotionnelle. En effet, comment ne pas être attendrie par notre héros qui malgré les affres de la vie se relève et continue tout de même à entreprendre. Entreprendre, car j’ai perdu mon corps est un éloge « au pas de côté » qu’on essaye de provoquer afin d’espérer une romance, un avenir plus radieux… L’ensemble est sublimé par une animation pas grandiloquente et assez minimaliste qui renforce le côté « réel » de l’univers et surtout une OST merveilleuse qui provoque souvent d’irrémédiable « larmes aux yeux ». Si on regrettera une clôture un peu trop abrupte qui frustrera plus d’un spectateur. Cependant, ne serait-ce finalement qu’un autre pas de côté volontaire de la part du réalisateur ?

The Strangers
7.5
14.

The Strangers (2016)

Goksung

2 h 36 min. Sortie : 6 juillet 2016 (France). Thriller, Épouvante-Horreur, Fantastique

Film de Na Hong-Jin

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 26/06 sur Prime Vidéo sur la TV

Le troisième long métrage de Na Hong-Jin est à la fois une confirmation des thématiques qu’il aborde (en particulier la noirceur de l’âme humaine avec la présence du mal absolu) mais un premier écart stylistique puisque le film policier survitaminé auquel le réalisateur nous a habitué va laisser peu à peu place à un film fantastique horrifique. Balayons rapidement les deux principaux défauts du film qui l’empêche d’atteindre la grâce à savoir un scénario parfois abscons et un peu trop avare en twist et une rythmique qu’on aurait pu rendre encore meilleure en élaguant quelques scènes pour raccourcir le film afin de gagner encore plus en force. Reste que the strangers reste un beau tour de force où Na Hong-Jin ce permet de réaliser un film encore plus nihiliste qu’à l’accoutumé. Ce nihilisme davantage présent et certes renforcé par un film encore plus poisseux que d’habitude mais surtout dans le caractère de son anti héros, un flic qui a un peu tous les défauts possible et qui précipitera sa chute mais également celle de son village. On retrouvera également en sous texte chez le réalisateur le racisme et la peur de l’étranger en Corée, élément qu’il avait déjà mis en avant dans The murderer. Enfin comment ne pas citer l’immense mise en scène de Na Hong-Jin au sommet de son art. Encore plus percutant que dans ses deux précédents métrages, on ne peut qu’être pantois devant une telle maîtrise du cadre, des mouvements de caméra et surtout de l’utilisation d’une fluidité irréprochable sur les plans alternés. En ce sens le climax finale mais surtout la double scène de l’exorcisme est d’une beauté absolument terrifiante. On a frôlé le chef d’œuvre de pas grand-chose.

Le Septième Juré
7.8
15.

Le Septième Juré (1962)

1 h 44 min. Sortie : 18 avril 1962. Policier, Drame

Film de Georges Lautner

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 10/01 en Blu-Ray sur la TV

Je n’ai pas le souvenir d’avoir un film de procès aussi bon depuis l’excellent douze hommes en colère. Le sujet du septième juré reste tout de fois très différent du film de Sydney Lumet car on évoque surtout ici comme sujet la justice populaire où comment une ville accuse un homme par jalousie et parce qu’il ne partage pas leurs valeurs. Dans une France encore gouverné par le très conservateur De Gaulle ça ne peut être qu’un libertin aux mœurs légères et qui couchait avec la victime le coupable et non les hommes de la haute société qui partage pour la plupart la fameuse « vie de famille standard et heureux en ménage en apparence ». Le film démontrera plus tard que les présumés coupables même acquittés sont toujours coupables et poursuivi par la justice populaire et qu’on essayera d’étouffer l’affaire pour préserver l’honneur de tous si c’est justement un homme de la haute société qui partage en apparence les « valeurs nobles » que prône le pouvoir. Un film au magnifique dialogue (comme souvent chez Lautner qui a réalisé un an après les tontons flingueurs) avec d’excellents acteurs, une très belle réalisation et un scénario bien ficelé. On peut regretter comme souvent chez Lautner une certaine recherche de la perfection qui empêche l’émotion de poindre réellement mais l’ensemble est tout d’excellente facture et la fin bien que noire est très belle.

Un cœur en hiver
7.2
16.

Un cœur en hiver (1992)

1 h 45 min. Sortie : 2 septembre 1992. Drame, Romance

Film de Claude Sautet

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 03/03 sur Arte sur la TV

Dans un postulat de départ assez simple à savoir l’histoire d’un triangle amoureux, Claude Sautet parvient à réaliser à sublimer son matériau de base. Il le doit à plusieurs facteurs, à savoir une mise en scène en scène toujours très sobre mais juste, à une gestion des silences et des non-dits impeccable, à l’écriture fine de son personnage principal, sa direction d’acteur et sa très belle musique. En effet, le personnage de Stéphane est un des plus beaux personnages que j’ai pu voir à l’écran. Luthier de génie qui parvient à insuffler un cœur mieux que quiconque aux instruments (voir la séquence d’ouverture où il termine d’assembler les dernières pièces d’un instrument), il est dans la vie un homme solitaire sans attache et qui semble incapable d’aimer du moins en apparence. Un personnage par moment détestable mais fascinant et profondément humain car cette carapace n’est qu’une protection qu’il s’est forgé de peur de souffrir. Si les acteurs sont tous bons, il faut noter la prestation immense de Daniel Auteuil personnage taiseux mais dont le regard dit à chaque fois tout de sa situation et de ce qu’il pense. La dernière scène où il reste assis seul dans un café mais avec un léger sourire montre que son cœur, caché dans un hiver froid commence à sortir de sa chrysalide pour aborder un printemps qu’on lui espère radieux. Un très beau film.

Un mauvais fils
7.4
17.

Un mauvais fils (1980)

1 h 50 min. Sortie : 15 octobre 1980. Drame

Film de Claude Sautet

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 15/03 sur C8 sur la TV

Un mauvais fils est le film de la rupture pour Claude Sautet. Après après avoir filmé la bourgeoisie dans la quarantaine pendant la fin des trente glorieuses, il décide de filmer la classe populaire au début des « trente piteuses ». Finit les films choraux aux multiples personnages, fini ses acteurs fétiches comme Romy Schneider, Yves Montand et Michel Piccoli, il décide de resserrer son intrigue autour de quelques personnages et de tourner intégralement avec de nouveaux acteurs. Comme toujours chez Sautet ce qui marque ce sont les silences qui en disent plus que la parole, la direction impeccable des acteurs (magnifique trio qu’est Patrick Dewaere, Yves Robert et Jacques Dufilho). La mise en scène de Sautet est toujours discrète mais chaque mouvement de caméra raconte quelques choses. Le film est jamais larmoyant mais émeut souvent et les thématiques de la difficulté de se reconstruire surtout depuis le crash pétrolier de 1973 et la fin des lendemains enchantés fonctionne bien. Que dire de la dernière scène (scène annonciateur de la fin du tout aussi beau un cœur en hiver) ou Dewaere regarde son père faisant semblant de dormir après avoir téléphoné à sa compagne. Le chemin sera encore long mais au final on commence à voir le bout du tunnel. De base pas fan de la première partie de carrière de Sautet je dois dire que je suis sous le charme du trio quelques jours avec moi, un cœur en hiver et un mauvais fils. Quel beau film auquel il manque peut-être une scène vraiment marquante pour me toucher totalement.

Master and Commander - De l'autre côté du monde
6.9
18.

Master and Commander - De l'autre côté du monde (2003)

Master and Commander: The Far Side of the World

2 h 18 min. Sortie : 31 décembre 2003 (France). Action, Aventure, Drame

Film de Peter Weir

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 17/01 sur Arte sur la TV

Bien entendu, ce qui frappe à la vision de Master and commander c’est le réalisme saisissant des batailles maritimes réalisées de main de maître par Peter Weir. Cependant, résumé le métrage uniquement à cela est une erreur. Master and Commander c’est avant tout un film sur la vie en mer pendant cette période mais surtout sur deux visions de la vie que tout oppose mais qui vont se mélanger afin de vaincre l’ennemie. Russel Crowe (toujours aussi charismatique) c’est la vision du commandant obsédé par la victoire et la destruction. Paul Bettany c’est le médecin celui qui sauve des vies et qui a une obsession pour comprendre tout être vivant car chaque espèce (humaine et végétale aussi) à son importance. Deux visions contraires qui devront se mélanger, se comprendre et finalement emprunter à chacun la force de l’autre pour gagner (on retiendra cette magnifique scène où Russel Crowe regarde le navire qu’il doit couler au loin avec envie là ou Paul Bettany regarde lui avec fascination les animaux au loin qu’il n’avait jamais vu avant). Si on peut regretter un ensemble assez académique et quelques répétitions de même scène par moment, Master and Commander reste un grand film sur la guerre maritime, sur les obsessions des hommes et sur leurs visions du monde. Un film qui rappelle par moment d’autre film d’aventure mettant en avant l’obsession des êtres à l’image d’Aguirre la colère de dieu ou the lost city of Z.

La Belle Époque
7
19.

La Belle Époque (2019)

1 h 55 min. Sortie : 6 novembre 2019 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Nicolas Bedos

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 02/06 sur Canal + sur la TV

Après la belle surprise Monsieur et Madame Adelman, le deuxième long métrage de Nicolas Bedos passe un cap en matière d’ambition. Au-delà du couple, Bedos tente de parler de notre rapport au cinéma, à la création de manière générale avec cette question éternelle de savoir si l’art peut se rapprocher au plus près du réel et de ce que l’on a pu vivre dans notre vie. Bien entendu, on peut s’agacer de certains excès du film, de la recherche à tout prix du dialogue à humour noir sous forme de « punchline » ou du narcissisme évident de son réalisateur qui se réincarne ici dans le rôle de Guillaume Canet, à savoir un réalisateur égocentrique et perfectionniste mais avant tout brillant. En revanche, le film est une totale réussite. Tout d’abord, pour son scénario original (césar du meilleur scénario original amplement mérité) qui questionne à merveille notre rapport à l’art, notre rapport à la création et même sur l’évolution de ce dernier avec le déclin de l’art du dessin sur papier (journal ou autre) et l’émergence du « dessin par ordinateur » (monté d’internet et du jeu vidéo). Bien entendu, Bedos questionne aussi le couple ce qui était déjà son leitmotiv dans son précédent métrage. Ici il se questionne sur comment retrouver la flamme et comment se remettre en question après plusieurs dizaines d’années à tout partager. Il trouve là encore un parfait dosage entre émotion et comédie avec des dialogues croustillants ponctué de beaux moments de tendresse. Le montage, les décors et la photographie sont exceptionnels et la mise en scène de Bedos épouse bien la dynamique du film. Les acteurs sont encore une fois tous excellemment bien dirigés et ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Auteuil à ce niveau. Enfin, la B.O assez rétro fonctionne vraiment bien. Un film parfois excessif sur certains aspects mais passionnant dans ses réflexions.

My Beautiful Boy
6.8
20.

My Beautiful Boy (2018)

Beautiful Boy

2 h 01 min. Sortie : 6 février 2019 (France). Drame

Film de Felix Van Groeningen

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 02/08 sur Canal + sur la TV

Après une brillante carrière en Belgique avec notamment le succès d’Alabama Monroe, Felix Van Groeningen tente sa chance aux Etats-Unis pour son premier film international. Le résultat est d’une éclatante réussite. La scène magnifique qui permettra l’affichage du titre montre déjà tout à savoir un film construit comme une succession d’adieu car les retrouvailles n’ont jamais lieu. Jamais lieu car le père et le fils n’arriveront jamais vraiment à communiquer ensemble. Le premier est malheureusement incapable d’aider le second fantomatique dont le sourire narquois ne parvient pas à dissimuler l’immense tristesse qui l’habite. La mise en scène souvent solaire alterne avec brio moment de bonheur et triste retour à la réalité et les scènes de flashback sont magnifiquement placés dans le métrage ce qui renforce l’émotion et la dynamique du métrage. On notera d’ailleurs dans la mise en scène la mise en avant des gestes plutôt que de la parole notamment de très belles scènes d’étreinte mettant en avant l’amour entre le père et le fils que l’impuissance du père qui ne peut que consoler avec une certaines amertume. En ce sens, la dernière étreinte qui clos le film est d’une puissance émotionnelle rare. Au niveau des acteurs, Timothée est très bon en écorché vif qui peut perdre pied à n’importe quel moment mais que dire de Steve Carell en état de grâce et tout en retenu dans le rôle du père de famille désemparé. A noter également une très belle B.O qui renforce l’impact émotionnel de certaines scènes. Alors certes, le film pêche par moment par excès de lyrisme et veut à tout prix arracher la larme au spectateur ce qui en irritera plus d’un. Reste que ça a fonctionné sur moi et qu’il a bien d’autres qualités. Un beau film.

Si je t'oublie... je t'aime
7
21.

Si je t'oublie... je t'aime (2021)

Little Fish

1 h 41 min. Sortie : 10 mai 2021 (France). Drame, Romance, Science-fiction

Film de Chad Hartigan

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 23/11 sur OCS sur la TV

Il est intéressant de constater qu’un film qui aborde une épidémie est victime lui-même du Covid-19. En effet, si je t’oublie… je t’aime n’a pas pu sortir en salle et arrive directement sur OCS. Quel dommage, car on a affaire ici à l’un des plus beaux films d’amour de l’année. Visuellement splendide, le film peut également se targuer d’avoir une mise en scène élégante. Chad Hartigan, tente de faire signifier par l’image la perte de mémoire et il utilise souvent le floue dans ce sens. On retiendra particulièrement la discussion au téléphone entre l’héroïne et sa mère au téléphone où l’arrière-plan devient flou de plus en plus au fur et à mesure que le personnage d’Olivia Cooke se rend compte que sa mère est malade. Que dire du duo d’acteur Olivia Cooke-Jack O’Connell dont l’alchimie est absolument palpable. Les deux jeunes acteurs n’ont déjà plus rien à prouver mais montre encore une fois qu’ils sont deux pierres angulaires du cinéma indépendant aujourd’hui. En parlant de Jack O’Connell quelle belle idée que son personnage soit photographe, son personnage oublie mais il capture les souvenirs par l’image de son appareil photo. En plus de cela, le film évite habillement le sensationnalisme en évitant le fameux troisième acte avec engueulade du couple ou en se concentrant sur la pandémie à l’échelle mondiale. On a bien quelques passages où l’on voit le résultat de cette pandémie à l’échelle mondiale mais Hartigan maintient l’idée de se concentrer sur le couple. Il évite ainsi le sensationnel ou le manichéisme. Certes, le film manque parfois un peu de puissance, il ne sort pas trop des carcans du film indépendant et j’ai du mal à comprendre comment la société fonctionne encore avec ce genre d’épidémie. En revanche, je n’avais pas vu un film de science-fiction intimiste de ce niveau depuis le très beau I Origins de Mike Cahill. Pour terminer, que dire de cette fin qui marque la naissance d’une nouvelle histoire et qui prouve que l’amour est plus fort que tout ? Un très beau film qui mérite plus de visibilité.

Les Filles du docteur March
6.6
22.

Les Filles du docteur March (2019)

Little Women

2 h 15 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Drame, Romance

Film de Greta Gerwig

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 04/01 sur OCS sur la TV

J’ai eu un peu de mal pendant un peu moins d’une heure. C’était sympathique à suivre mais je trouvais l’incessant ballet de flash-back assez pénible à suivre (une fois qu’on a pris le coup de main ça passe tout seul) et je trouvais ça étrange qu’aucune des 4 filles se distingue vraiment car on a plus l’impression de suivre plus un groupe sans consistance que de vrai individualité. Vient alors un fondu enchaîné entre un flash-back où les quatre filles étaient réunies et joyeuses puis d’un seul coup on retombe au présent avec une des filles gravement malade avec seulement une sœur à son chevet. Je venais alors de comprendre que Greta Gerwing m’avait piégé et que tout le procédé était de montrer le passé où la famille était soudée avant que chacune fasse leurs choix de vie qui les éloignent souvent, les rapproches parfois mais avec ce sentiment que quelque chose leurs manquent. Un film teinté d’une très belle mélancolie, souvent émouvant avec des images magnifiques avec des acteurs aux diapasons (que dire de Timothée Chalamet en état de grâce) et un montage d’une qualité rare. On finit le métrage les yeux embués en étant passé par toutes les émotions. Bravo Greta Gerwing vous m’avez finalement bien eu.

Le Discours
6.3
23.

Le Discours (2020)

1 h 28 min. Sortie : 9 juin 2021. Comédie

Film de Laurent Tirard

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 29/06 au cinéma

Le discours est avant tout un film mal vendu. Estampillé film comique ou chaque membre de la famille va prendre pour son grade, le discours est avant tout une comédie « dépressive » bien plus proche du drame qu’on pourrait le croire. L’histoire d’un homme qui broie du noir qui pense être différent des autres voir supérieur mais qui ne se sent pas à sa place et qui en réalité se déteste lui-même bien plus que les autres. Alors bien entendu, Laurent Tirard va utiliser tous les ressorts de la comédie entre un montage rythmé, un quatrième mur régulièrement brisé quand notre personnage principal s’adresse directement au public et punchline omniprésente qui font souvent mouche. On saluera aussi que le film fait un nombre d’aller-retour entre le passé, le présent et une projection possible de futur un nombre incalculable de fois sans jamais perdre le spectateur tout en restant cohérent. L’ensemble est vraiment plaisant et très agréable à suivre. Les acteurs sont tous vraiment bon même si Benjamin Lavernhe illumine une nouvelle fois le film et vole la vedette à l’ensemble du casting. Constamment sur un fil, il est à la fois drôle, touchant et pathétique. Une réelle prouesse à mon sens et j’espère le revoir très bientôt devant les écrans. Alors certes, le film n’est pas révolutionnaire et les mécaniques sont certes efficaces mais elles tournent souvent en rond et un sentiment de déjà vu pointe parfois le bout de son nez. Reste que le mélange comédie et drame est très harmonieux et que le sens réel du film tient en deux scènes. Deux scènes de discours (car il se répète beaucoup ce fameux discours dans sa tête) les plus réalistes du film qui sont deux faces d’une même pièce. L’une profondément déprimante qui accable l’assistance et laisse notre héros dans sa solitude et une autre plus chaleureuse ou le personnage principale pointe du doigt les défauts des autres mais aussi les siens avec humour dans une très belle scène de libération d’un homme qui accepte enfin de se livrer aux autres. Je voulais voir une comédie, j’ai fini avec les yeux embués.

Une séparation
7.7
24.

Une séparation (2011)

Jodaeiye Nader az Simin

2 h 03 min. Sortie : 8 juin 2011 (France). Drame

Film de Asghar Farhadi

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 30/08 sur Prime Vidéo sur la TV

Une séparation commence par la signature des papiers d’un divorce et se termine au moment où la fille du couple doit choisir entre son père et sa mère. Au milieu de tout cela, Farhadi ne va quasiment jamais traiter la séparation du couple préférant plutôt montrer tout ce qui se passe autour de cette séparation et des choix intrinsèques qui en découlent. Le film va montrer pêle-mêle, la condition des femmes en Iran, les inégalités sociales toujours plus croissante, la religion qui a une place importante là-bas et une étude approfondi de la famille et de ses difficultés. L’ensemble est d’une cohérence sans faille et très digeste à l’écran. Farhadi gère très bien la rythmique de son film et sa mise en scène tout en retenue fait la part belle à des ellipses d’une rare maîtrise. Au cœur de ce drame, les ellipses qu’effectue Farhadi lui permet de transformer l’ensemble en thriller ce qui est une belle prouesse car cela permet de capter encore davantage le spectateur. Farhadi est certes sobre dans sa mise en scène mais elle est souvent signifiante en témoigne son ouverture avec un couple en plein cadre où le mari va montrer son mécontentement en prenant quasiment tout le cadre avant de quitter le cadre et de laisser son ex compagne seule dans le cadre témoignant de leur séparation. Dans le plan finale on retrouve le couple en plein cadre mais séparé verticalement et horizontalement dans le plan indiquant une possible réconciliation mais avec beaucoup de réserve. Les acteurs sont de plus très convaincants et ils participent beaucoup à la réussite du film. De plus leurs personnages sont riches et ils évoluent tous dans une zone grise bienvenue qui empêche tout manichéisme. On regrettera peut être une trop grande sobriété qui empêche par moment l’émotion d’atteindre les sommets mais le film reste d’une maîtrise évidente.

Salé, Sucré
7.2
25.

Salé, Sucré (1994)

Yin shi nan nu

2 h 03 min. Sortie : 5 octobre 1994 (France). Comédie dramatique

Film de Ang Lee

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 25/04 sur mubi sur la TV

Avant de connaître le succès à l’international avec Tigre et dragon, Ang Lee prouvait déjà son talent de metteur en scène et surtout sa faculté à raconter une histoire universelle peu importe la culture (Ang Lee étant souvent considéré comme un metteur scène assez « Américanisé »). En soi, utiliser la nourriture comme vecteur d’émotion n’est pas neuf que ce soit avec la grande bouffe (plus pour le dégout celui-là) ou plus récemment avec les délices de Tokyo ou la saveur des ramen. Salé sucré parle avant tout des liens familiaux et surtout comme chacun essayera à leurs manières de s’épanouir et de trouver l’amour. Certes, dans ce film il y aura des gagnants et des perdants, mais le film d’Ang Lee est toujours sensible, alterne fort bien la comédie et le drame avec des beaux portraits de personnage. C’est beau, touchant et en plus les plats sont toujours bien mis en scène avec une belle photographie, ça donne quand même envie de donner un bon coup de croc dedans. De plus, elle reste vectrice d’émotion car elle restera déclencheuse d’une très belle scène de repas où les langues se délient par l’alcool à coup de révélation du patriarche qui s’épanche enfin à cœur ouvert. Reste une très belle scène finale toute simple avec cette très belle phrase « j’ai retrouvé le goût ». Le goût des aliments certes mais certainement aussi le goût de la vie.

The Green Knight
6.7
26.

The Green Knight (2021)

2 h 10 min. Sortie : 3 janvier 2022 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de David Lowery

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 22/08 en téléchargement sur la TV

J’attendais le film comme le messie depuis son premier teaser qui date de Février 2020 quand même. Alors qu’il sort partout au cinéma sauf en France (une incompréhension totale pour ma part), que vaut ce nouveau film de David Lowery ? L’ensemble est en réalité assez proche de son métrage A ghost Story à savoir un film extrêmement lent et envoutant qui fonctionne essentiellement sur sa mise en scène et son ambiance. Et quelle mise en scène ! C’est certainement le plus beau film plastiquement que j’ai pu voir des films sortit en 2021. Chaque plan est un immense tableau avec une mise en scène d’une rare puissance et un photographie grandiose. Le film n’est pas non plus dénué de fond et c’est en réalité une déconstruction d’un mythe Arthurien. Vous voulez voir des batailles avec des chevaliers valeureux ? Vous ne verrez aucune joute d’épée et vous aurez en prime un héros lâche, couard et rempli de peur qui va échouer sur l’ensemble de son parcours initiatique. L’ensemble est totalement hypnotique avec des visions absolument divines. Alors certes le film n’est pas sans défaut. Il est parfois un peu trop poseur avec un réalisateur qui par moment nous montre plutôt qu’il est un as de la mise en scène qu’autre chose. On regrettera également la partie « interlude » (le film est chapitré) qui casse un peu la dynamique tout en étant parfois un peu trop explicatif dans les paroles prononcées ce qui est dommage. Reste un film absolument divin visuellement avec une fin assez ouverte laissant peut être entrevoir le soleil pour son personnage principal.

Ouvre les yeux
7.5
27.

Ouvre les yeux (1997)

Abre los ojos

1 h 57 min. Sortie : 18 novembre 1998 (France). Fantastique, Thriller

Film de Alejandro Amenábar

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 27/03 sur OCS sur la TV

Ouvre les yeux est bien moins connu que son remake Vanilla Sky. Pourtant, le film du trop méconnu Alejandro Amenabar gagne à être davantage connu du grand public que ce soit par sa thématique sur la frontière entre réalité et rêve bien en avance sur son temps où par son scénario extrêmement bien ficelé. Une des bonnes idées du film est de nous présenter un personnage qui représente la perfection masculine de l’extérieur (beau gosse, fortuné…) mais qui est en réalité une ordure. A la suite d’un terrible accident de voiture, cette part sombre qui n’était qu’intérieur se reflétera sur son visage défiguré ce qui l’amènera petit à petit à s’humaniser et surtout à comprendre ses erreurs. Bien entendu la qualité principale reste un scénario magnifiquement construit mêlant réalité et rêve afin de perdre le spectateur pour mieux le surprendre lors d’un très beau twist final très existentialiste, qui nous fera gamberger bien après le visionnage du métrage. Si on regrettera que le reste (jeu d’acteur, mise en scène…) soit de qualité mais inférieur à la maestria de son récit, ouvre les yeux reste un film fort.

Profession : reporter
7.5
28.

Profession : reporter (1975)

Professione : reporter

2 h 06 min. Sortie : 18 juin 1975 (France). Thriller, Road movie, Comédie dramatique

Film de Michelangelo Antonioni

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 17/05 en Blu-Ray sur la TV

Les premières scènes de profession reporter suffisent à elles seules d'expliquer le propos d'Antonioni sur ce métrage. Malgré l'immensité du désert Africain, Nicholson semble totalement perdu dans le cadre et incapable d'échanger avec ma communauté locale. Profession reporter montre en réalité un homme lessivé qui souhaite changer de vie à cause de divers raison à peine évoqué mais pourtant présente (travaille qui n'a plus de sens pour lui, une femme qui le trompe et qui a perdu de l'estime pour lui...) Alors que l'occasion se présente de changer d'identité, il ne peut malheureusement toujours pas accéder à la liberté car le passé de l'homme dont il a pris l'identité le rattrape. Le scénario n'est qu'un prétexte ici et on sait au finale peu de chose sur notre héros. Ce qui intéresse le réalisateur c'est de montrer l'impossibilité de cet homme à accéder à la liberté et de suivre sa fuite éperdue vers un bonheur impossible. Si on regrette par moment un scénario très abscons ou les zones d'ombres sont nombreuses, le sentiment d'enfermement que veut faire ressentir Antonioni au spectateur est palpable à tout moment et ceux que ce soit en filmant de grand paysage que dans de minuscule chambré où il met souvent en avant des grillages ou des cages montrant l'enfermement du héros. La mise en scène est en ce sens exceptionnel et approche la perfection. Les acteurs sont très bons et la présence lumineuse de Maria Schneider est un contre point parfait à la morosité ambiante qui règne. La dernière scène du film en plan séquence mettant enfin en scène la libération du personnage principale de sa condition est une immense scène du cinéma. Certes, il y a des longueurs et le scénario n'est pas toujours limpide, mais la proposition radicale d'Antonioni fait mouche. Un très bon film.

The Innocents
6.9
29.

The Innocents (2021)

De uskyldige

1 h 57 min. Sortie : 9 février 2022 (France). Épouvante-Horreur, Thriller, Drame

Film de Eskil Vogt

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 10/09 au cinéma

Dans sa structure narrative, The innocents n’a rien de vraiment novateur car elle utilise le récit d’apprentissage en utilisant les supers-pouvoirs comme vecteur de passage vers l’adolescence avec un enfant plus fragile qui va basculer du mauvais côté, enivré par la puissance de ses pouvoirs. Si on enlève le passage vers l’adolescence par passage à l’âge adulte, c’est typiquement le synopsis du très sympathique Chronicle. The innocents se distingue cependant par plusieurs aspects. Tout d’abord, il parvient à manier plusieurs genres avec brio que ce soit le teen movie, le film de super héros et de découverte que soit ainsi qu’un aspect horrifique réellement terrifiant par moment. Le film brille également par ses thématiques avec tout d’abord le désœuvrement des parents qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et qui vivent dans les immenses cités HLM et multiculturelle ce qui crée des problèmes familiales et donc d’équilibre pour leurs enfants. La cité HLM est d’ailleurs filmée comme un personnage à part entière car elle est le reflet de la psychologie des personnages. Elle est montré tantôt immense, tantôt chaleureuse et solaire, tantôt inquiétante. Enfin, bien entendu, le film montre le passage de l’enfance à l’adolescence avec les premiers choix décisifs et surtout une tendance à la cruauté dès le plus jeune âge. La mise en scène d’Eskil Vogt est exemplaire et j’aime beaucoup cette idée qu’il a de montrer cette connexion qu’ont les enfants entre eux via les pouvoirs dont la force ce démultiplie quand on les unis. Le film a bien entendu quelques deus ex machina pour faire avancer l’histoire mais ce sont des facilités minimes au vu de l’éclatante réussite du métrage.

Boogie Nights
7.6
30.

Boogie Nights (1997)

2 h 35 min. Sortie : 18 mars 1998 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

KS-1695 a mis 8/10.

Annotation :

Le 11/07 en DVD sur la TV

Second long métrage du génial Paul Thomas Anderson, Boogie Night est le film qui propulsera son réalisateur comme l'un des grands réalisateurs Américain à suivre. L'ambition de Paul Thomas Anderson est assez simple de prime abord, faire un drame qui capte le spectateur sur le sujet trivial voir grivois du cinéma porno fin 70 début 80 à Los Angeles tout comme le personnage de Burt Reynolds dans le film qui interprète le réalisateur le plus en vu dans ce domaine à ce moment là. Boogie Night est vraiment très bon mais n'arrive pas au niveau de son film suivant à savoir l'immense Magnolia. La faute à un attachement des personnages moins fort et pas une structure scénaristique toujours efficace mais assez prévisible du Rise & Fall. Reste que ce drame choral de 2h30 est une vrai réussite que ce soit par la caractérisation réussit de nombreux personnages tous attachant, que par la mise en scène toujours ample et juste de son réalisateur ou encore par la pertinence du regard du réalisateur sur cet industrie ou l'insouciance des années 70 fait place par la suite à une décennie 80 bien plus morose où l'aspect artistique n'a plus sa place avec l'arrivée de la vidéo et où de nombreuses stars sont laissées sur le carreau avec les déboires que l'on peut connaître quand on est catalogué ex star du X. En ce sens la mise en scène aiguisée de Paul Thomas Anderson est toujours en adéquation avec son propos en témoigne les quatre plans séquences qu'effectue le réalisateur et qui sont tous signifiant sur ce qui va arriver aux personnages (présentation des personnages qui s'entrecroisent - période dorée - début de la déchéance à la nouvelle décennie et espoir d'un nouveau départ). Un très bon film avec des très bon acteurs et à noter que c'est certainement la meilleure préstation de Mark Wahlberg avec The yards.

KS-1695

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