L'épiphanie folk de mon été 2015

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(Freak folk lo-fi)

Indéniablement un des disques qui ont entrainé mon éruption folk.

Rien à faire, je suis irrémédiablement attiré par cet album. Déjà la pochette me semblait magnifique à l'époque, et quand j'ai fini par enfin l'écouter j'ai presque été déçu : une si belle pochette qui me promettait des merveilles folk contemporaines, j'y ai trouvé une folk expérimentale, migraineuse et avare en pépites évidentes. Très beau par moment, très intéressant, mais je ne sais pas...

Et hier en relisant les belles choses que Philippe Robert lance à leur sujet, j'ai voulu réessayer un coup pour voir. Paf ! De bout en bout, des sons de harpe métallique au final évoquant un Jethro Tull en pleine gueule de bois, en passant par les beautés intemporelles qui parsèment la tracklist, et les recherches sonores envoûtantes qui imprègnent chacune des pistes... J'ai été soufflé à vrai dire. C'est austère, c'est même assez inhospitalier par moment, mais en y prêtant suffisamment attention, il s'avère être un disque unique de ce nouveau millénaire folk riche en métissage et en expérimentations nouvelles... Je recommande chaudement aux migraineux.

Old Man On The Moutain : https://www.youtube.com/watch?v=9i5PVG-aUfI

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(Prog acousticorigolo)

Sans être tout à fait folk, on ne peut pas dire que le doux prog de Daevid Allen ne soit pas délicieusement champêtre. Son temps avec Gong n'est pas si loin, et si c'est un peu foutraque il n'empêche que son feeling acoustique et sa voix de lutin fonctionnent toujours autant.

Only Make Love If You Want To : https://www.youtube.com/watch?v=_hBoB-dqzms

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(Free Folk guitare & banjo)

Une chose est sûre : il n'y en a pas deux comme Eugene Chadbourne. Influencé par le free-jazz, ce folkeux de fortune triture les cordes de sa guitare (et son banjo) comme d'autre maltraitent leur saxophone ; ça part dans tous les sens. À priori tout pour me faire soupirer et passer à autre chose. Sauf que.

Sauf que Chadbourne ne verse jamais (ou si peu) dans la démonstration gratuite. Au final, ses débordements facétieux participent à le rendre charmant... Parce qu'à côté c'est du sérieux ce qu'il propose. Quand on écoute ses reprises (matez voir : Tim Buckley, Eric Dolphy, Nick Drake, Willie Nelson, Phil Ochs, c'est pas du pipi de chat), on se dit que ce mec est né pour ça. Les originaux sont déchirés, piétinés, noyés, découpés, recollés et enfin transfigurés. Je me suis demandé sur quelle planète j'avais atterri en abordant "Thoughts of Mary Jane"... Le sentiment qu'on en retire est tout autre que celui de la version de base, mais le doute n'est pas permis sur le fait qu'il habite véritablement ces chansons, qu'il leur fait honneur. À façon très particulière certes.

Et puis quand on se concentre sur ses propres chansons, on se dit qu'en fait il n'est pas doué que pour les reprises, c'est également un talentueux songwriter. Ici il se métamorphose en comédien de boulevard, surjouant ses morceaux témoignant de sa vision mordante du monde. À ce titre "People Will Vote For Whoever Gives Them Food" est un morceau de bravoure de 8mn au banjo rivalisant avec n'importe quelle pièce de n'importe que grand folksinger. Et pour vous marrer, il faudra passer par Captain Hook, où sa voix s'autorisera toutes les imbécilités (imiter les chanteuses des années 30 ? check !)

Très bonne surprise, qui donne étonnamment envie de s'y replonger pour décrypter les parties instrumentales de ce surexcité.

People will vote for whoever gives them food : https://www.youtube.com/watch?v=QKSgIvLhwuo

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(Néofolk moyenâgeux, dans une forêt sombre si possible)

Une vraie claque. On devrait inventer le « sondage des albums beaux mais tristes » ; avec celui-ci en numéro 1 plus personne n'oserait se moquer. M'enfin plus sérieusement, In Gowan Ring c'est une personnalité assez incroyable, un gars qui chante (et s'habille) comme s'il venait tout droit du moyen-âge, il se présente lui-même comme une espèce de Ménestrel des temps modernes et ça s'entend. Les arrangements sont somptueux, les harmonies vocales ventilent une mélancolie écrasante, pas de percussions ici juste des flûtes qui luttent et des luths en rut, rien de pupute (ok celle là c'est juste pour l'assonance), et en général une foule d'instruments disposés méticuleusement sur le métier à tisser d'un folkeux d'un autre âge. Je suis charmé, envoûté, c'est une de mes plus belles découvertes depuis un bail.

Wind That Cracks the Leaves : https://www.youtube.com/watch?v=PhBtTT2bsl4

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(Religious folk)

Une des plus étranges étapes de mon parcours folk de cet été ! The Christ Tree, le groupe et le disque, portent bien leur nom : c'est du folk religieux. Mais vraiment ; des harmonies pleines de foi lisant des textes sacrés (il n'y a qu'à voir le titre des morceaux, qui sont des psaumes ou des paraboles). Mais à côté de ça, c'est une fanfare d'instruments exotiques qu'on nous offre à entendre, n'ayant d'égale que celle de l'Incredible String Band, et dont les membres pour tout illuminés qu'ils soient se réclament volontiers de Ravi Shankar, Philip Glass comme Joni Mitchell ou Buffalo Springfield...

Concrètement, un disque très lumineux, très apaisé, avec de nombreuses harmonies vocales chatoyantes, des sons inattendus, des compositions à tiroirs, une personnalité unique. Son seul vrai point faible chez moi, serait d'engendrer une certaine lassitude avant la fin du disque, les chorales au bout d'un moment ça va bien... J'en recommande fortement l'écoute.

Psalm 42 : https://www.youtube.com/watch?v=VR0vMY_ibls

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(Acid folk baroque, enregistré en 1971 mais publié en 2008 pour la première fois)

Y a des disques comme ça tu comprends pas pourquoi ils sont passés à la trappe... Tout ce qu'on a besoin de savoir sur l'acid folk, sur la folk baroque, se trouve là dedans, c'est pourtant pas bien compliqué. En plus la pochette est splendide, alors pourquoi ?

M'enfin autant se réjouir qu'on puisse quand poser les oreilles dessus et s'émerveiller en 2015 sur ces compositions de grande classe, chantées par un mec qui a la foi, ou c'est tout comme. Je trouve juste des morceaux un peu trop posés et contemplatifs comme Renaissance Roccoco, ou Breton Landscape en dessous du reste, mais ledit reste se suffit à lui-même.

Midnight Carnival : https://www.youtube.com/watch?v=PUsipj2psuo

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(Folk rock épique et plein de panache)

Quel homme ! Et quel disque, qui mérite amplement son nom. Roy Harper est habité. Il y a un truc qui bout en lui, un souffle épique qu'il diffuse sur ses morceaux, qui ne sont eux-mêmes que de longues fresques folk garnies d'aventures. Et on se laisse emporter sans jouer l'effarouché, sachant bien que chaque nouveau recoin de sa guitare est entrainant. Même vocalement, selon les moments le mec sonne comme un Dylan qui saurait chanter, comme Lennon ou Harrison... un magicien tout simplement. Un magicien qui invite Jimmy Page pour venir jouer avec lui, ici même, avis aux amateurs...

Le pire c'est qu'il est toujours en pleine forme le bonhomme, il a même sorti un disque il y à deux ans, et ben c'était à peu près le même niveau...

--> Plus ça va, plus il frôle le 9 le gaillard.

Me & My Woman : https://www.youtube.com/watch?v=QC5gebGthAs

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(Avant folk, American Primitivism)

Quelle idée de commencer John Fahey par ce disque... Ne faites pas cette erreur. Je n'en ai écouté que la moitié, mais il y a plus de drones dissonants que de guitare ici. Place à l'expérimental, et pas le plus facile d'accès. Je réessaierai plus tard.

Sharks : https://www.youtube.com/watch?v=P0HPGlCgTxA

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(Psych-folk potache)

Ecouté une fois distraitement, j'ai un peu eu l'impression d'entendre des sous Mothers of Invention (c'est à dire quand même quelque chose de potable) mais ils ont une bonne réputation alors je mettrai ça sur le compte des conditions d'écoutes pas idéales. À reprendre !

Jimmy & Crash Survey the Universe : https://www.youtube.com/watch?v=4DAcGEeYEH4

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(Acid folk)

Gary Higgins est un putain de hippie, non mais regardez moi sa tronche. Et le titre du disque. Connerie de flower power. *renifle* Sinon Gary Higgins c'est aussi un folkeux qui derrière sa barbe et ses cheveux de rouquin notoire nous compose des petites chansons lunaires, qui se ressemblent beaucoup entre elles (car Gary semble être tombé amoureux d'un certain type d'accord, très joli au demeurant, qu'il nous ressort à toutes les sauces), sur la première partie du disque du moins, car la deuxième varie sensiblement et ça fait plaisir. D'ailleurs la dernière piste est ma préférée.

J'attends une ré-réécoute avant de le noter, mais ça sera un 7 ou un 8 vraisemblablement.

Ladite dernière piste, Looking for June : https://www.youtube.com/watch?v=5G5B6kP4wJA

> EDIT : L'épiphanie est arrivée. Il fallait peut-être juste trouver le bon moment (ou bien fallait-il le laisser grandir?), je ne sais pas, mais cette dernière écoute de Red Hash était magique de bout en bout. Là où je voyais une suite de chanson très similaires j'ai été submergé par une douceur et un mystère harmonique insondable, là où je pensais que Looking For June était de loin la meilleure piste du disque, j'en viens à penser que c'est celle qui y a le moins sa place tant le reste forme un tout confondant. Rien de moins qu'une petite révélation.

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(Folk douce et chaude)

Première impression en écoutant Steve Tilston sur ce disque : on a l'impression d'entendre Nick Drake (le même timbre doux et chaud) mais en version joyeuse. Bon ça sautille pas dans tous les coins non plus, mais le mec semble ravi d'être là à nous enchainer ses belles compos. Le disque coule de source, chaleureux et limpide d'un bout à l'autre, avec de légers arrangements aux petits oignons.

Enfin voilà, on oublie bien vite Drake tant tout ici est léger et doucement exaltant. On pensera plutôt à John Martyn, dont Steve a la chaleur tout en ayant tout de même une écriture plus carrées, non sujette à l'improvisation. Une perle folk en pleine année punk. Un disque qui est momentanément passé à 9 tellement il passait en boucle !

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(Folk chaude et douce)

Revoilà donc Steve Tilston, grand oublié du folk parmi tant d'autres, à la douce voix d'or, pour son premier album "An Acoustic Confusion". Plus baroque que le très sage mais non moins délicieux Songs From the Dress Rehearsal, ce disque accumule les monuments de légèreté à la construction admirable (le roi du "pont" réussi). En fingerpicking comme en rythmique, l'ami Steve s'avère être un maître de fluidité et de finesse.

Que dire d'autre, si ce n'est que si vous ne fondez pas devant I Really Wanted You, si vous n'avez pas envie de voyager sur Price of Life, si vous ne vous émouvez pas devant Normandy Day ou encore It's Not My Place to Fall, vous avez tout simplement un coeur de pierre. Na.

Ah oui, et John Lennon lui avait envoyé une lettre pour lui dire qu'être rich ne changeait pas la façon de penser, en gros, qui ne lui est arrivée que bien plus tard, en voici un exemplaire : http://www.radiotimes.com/uploads/images/Original/77787.jpg

I Really Wanted You : https://www.youtube.com/watch?v=z94-JTIGWTE

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(Acid folk orchestrale, versant prog)

De la folk extrêmement ambitieuse (voire pompeuse), avec des arrangements très chargés et des morceaux à rallonge et à tiroirs. Je ne m'étendrai pas sur ce disque pour l'instant, j'ai décidément du mal à rentrer dedans, je trouve la qualité du mix très inégale, parfois ça me fait grincer des dents, parfois l'inventivité des compos me laisse sur le cul. Je préfère le précédent, d'assez loin.

The Journey : https://www.youtube.com/watch?v=yDtmJQfBoeo&index=6&list=PLdzmruRcxtN4J34vfdLlqA97Wg2PDtx1S

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(Acid folk dépouillée)

Cf critique !

The U.S.S. Commercial : https://www.youtube.com/watch?v=aSqlzjTSTBE

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(Balades folk classes et fougueuses)

Ce pauvre Dino (de son vrai nom Chet Powers) n'aura jamais vraiment eu de chance... Instigateur de Quicksilver Messenger Service, des rêves plein la tête, il se fait arrêter le lendemain, avant d'avoir même pu répéter avec le groupe, pour possession de marijuana et passe deux ans en prison. La tuile quoi. Quand il sort, il décide de partir en solo, mais son disque ne s'est non-seulement pas du tout vendu, mais en plus son nom a été mal orthographié sur la pochette (ouais, son nom de scène est Dino Valenti). Pas de bol Dino. Pourtant y a vraiment pas de quoi s'en priver... Parce qu'il a un gros talent le Dino. Le seul problème, c'est qu'il met du temps à éclater sur ce disque. Bien campé dans son époque, Valenti commence son disque avec des ballades psychédéliques, très bien construites - car il est déjà évident que c'est un songwriter hors pair - mais il leur manque de la puissance. Un groupe derrière (comme Quicksilver Messenger Service peut-être ?) qui assure de donner un véritable punch, ou en tout cas de tisser une étoffe qui a vraiment de l'ampleur... Tout cela sonne très gentillet quoi.

Et puis là... vers la fin de "My Friend" Dino décolle une première fois. Il part dans les aigus, s'échappe de son chant calme qui tendait à s'appesantir dans les graves. Alors que merde, le mec a clairement une voix faite pour être poussée et racler le haut de sa tessiture, quand il chante grave il chante faux et a une voix qui peut paraitre désagréable. Le mec s'est rendu compte qu'il était doué pour les longues ballades crescendo (où il peut faire éclater sa fougue sur 5 à 6 minutes). Sacrément doué même, car malgré cette note de 7 que je lui attribue pour cause de diesel ; les quatre pistes de "Me and My Uncle" à "New Wind Blowing" sont superbes, parmi les toutes meilleures choses que j'ai pu écouter en folk-rock, vraiment... Là, vraiment, l'arrogance romantique de Valenti trouve l'espace pour nous prendre aux tripes et coller quelques frissons bien sentis, pour peu que la pop acoustique classieuse (épique même, par moments), soit votre dada.
Ne serait-ce que pour ces quelques morceaux, Dino Valente (le disque) est un passage que je recommande très fort à ceux qui explorent le folk et/ou la pop de la charnière sixties/seventies, un moment de grande classe.

New Wind Blowing : https://www.youtube.com/watch?v=wWG1MrKbPyQ

Annotation :

Ceux qui comme moi savent apprécier ces quelques minutes cruciales au réveil, où ta voix ensommeillée est plus grave d'au moins une demi-octave, et en profitent pour s'écouter racler des graves inédits, s'entendre résonner ; ceux-là comprendront à l'écoute de ces sessions de Fred Neil pourquoi je ne peux que rester fasciné devant cette homme qui résonne comme personne. Un des rares disques folk (des sixties qui plus est) pour lequel je recommande l'achat d'un caisson de basse... pour ceux qui ne connaissent pas Neil du tout, dites vous que vocalement c'est Tim Buckley (qui reconnaitra l'influence énorme qu'a eu Fred sur son chant) mais avec une tessiture déplacée vers les graves. Je suis à cours de mots, ce gars a juste une classe infinie, et ce disque est une expérience assez unique, avec des morceaux qui s'étendent, tranquillement, comme hors du temps, alors que les musiciens plaisantent entre eux... Vraiment, un disque très particulier.

Please Send Me Someone To Love : https://www.youtube.com/watch?v=hyEs0Cs3tTc

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(critique en approche)

Wounded Knee Soliloquy : https://www.youtube.com/watch?v=WT3iqK7A6sM

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Pour la petite histoire, ce disque a été considéré après-coup comme la substance matricielle du mouvement free-folk. Et de fait, le sieur Dredd Foole, piochant de toute évidence dans les travaux antérieurs de Tim Buckley sur Lorca, interprète des morceaux totalement improvisés, se laissant aller à son instinct. Sa voix souple et flexible évoquerait un Nick Cave imitant Tim Buckley, c'est assez particulier mais ça mérite le coup d'oreille. Quant à mon appréciation de ce truc, je suis perplexe. Entre le 6 et le 7 mon cœur balance ; comme bien d'autres disques se basant sur l'improvisation, In Quest of Tense à mon sens ménage quelques moments grandioses, perdus au milieu d'une masse informe, qui cherche, cherche sans forcément trouver grand chose. Malgré tout je penche pour le 7, car je ne peux pas dire que je me suis vraiment ennuyé, malgré le côté indéniablement inégal du disque, celui-ci m'aura accroché jusqu'au bout.

Ascension : Ra & Buk (Part 1) https://www.youtube.com/watch?v=pzK3-MuK7yM
La partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=7ucF8pmUuQ4

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Si ce disque de David Crosby avait montré une plus grande cohésion, il serait monté à 8 sans trop de problème : tout ici est de qualité, on a des suites folk ambitieuses, des blues, des jams quasi hard-rock, des choeurs d'une pureté immaculée, des méditations instrumentales... Le tout d'une très grande qualité – et Crosby est bien un des seuls gars au monde à émouvoir avec des « tididadi dadadi » sans paroles – mais pour un résultat malheureusement trop éclaté à mon goût : plus une belle collection de morceau qu'un album cohérent.

La bien nommée Song With No Words : https://www.youtube.com/watch?v=QlPoum6TSBQ

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(Folk/pop-baroque)

Et voilà encore un disque qui n'a pas volé son nom. Peut-être le plus beau disque de son auteur (avec Waterpistol de Shack et Pacific Street des Pale Fountains, deux disques qu'il faut que je réécoute), ce qui n'est pas peu dire puisqu'on parle de Michael Head, un des plus grands génie maudit de la pop des années, qui n'aura jamais connu le succès alors qu'il aura écrit d'incroyables chansons mélancoliques ET accrocheuses. Si ça ne vous dit rien, voici un petit cours de rattrapage d'à peine 4 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=vOsZCWVGzWE

Le pauvre Michael, camé de son état - ce qui n'arrange rien -, après l'échec de Waterpistol, premier album de Shack, se voit repêché par un label français, Megaphone, qui lui propose d'enregister chez lui. Cocorico indeed, car le résultat est sublime au delà de toute attente. Beaucoup plus dépouillé que Shack, The Magical World of the Strands propose ce qui a les airs d'un folk-rock acoustique délicat dans la production (à tomber), mais délivre des chansons qui sont on-ne-peut-plus pop, comme Michael (et son frère John toujours à ses côtés, ne l'oublions pas) sait les faire. Je veux dire, il n'y a bien que lui pour réussir à faire baver sur un morceau entier ne contenant QUE des onomatopées pop à la Papapalalalala en guise de texte ("Undecided (reprise)").

Quant aux sommets du disques, si tant est qu'on puisse choisir, je m'arrêterai tout particulièrement sur l'opener "Queen Mathilda", folk vaporeuse, échappée des sixties et teintée d'un doux psychédélisme ; "Something Like You" qui lui succède, le genre de chamber-pop qui aurait aussi bien pu être écrite et arrangée par Burt Bacharach tellement ça sue la classe absolue... Et, belle à pleurer, étalant son spleen et sa mélancolie sur plus de 7 minutes acoustiques dépouillées, avec deux accords seulement, composée et interprétée par John Head, l'immense "Loaded Man".

Et quant aux influences, on citera en premier lieu les Byrds et surtout Love (d'ailleurs peu avant ce disque, Michael aura eu le plaisir d'accompagner Arthur Lee en tournée, avant que celui-ci ne retourne en prison pour port d'arme illégal). Courez-y donc !

Et pour les curieux impatients, des liens vers les trois merveilles sus-citées :
Queen Matilda : https://www.youtube.com/watch?v=hfnXVzTKotc&list=PL54VyHTqPkwDi-htEahL9YYCeiuHX2QGx&index=2
Something Like You : https://www.youtube.com/watch?v=WmKQdrwxjy0&index=5&list=PL54VyHTqPkwDi-htEahL9YYCeiuHX2QGx
Loaded Man : https://www.yo

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(Folk-rock sixties éclectique)

J'aurai mis du temps à me prononcer pour celui-ci. Sunrise apparaît au premier contact comme un album très éclectique, voire trop pour son propre bien. Car ce qui frappe avant tout (et ce dès la désarmante première piste en forme de ritournelle folk-rock qui vire au gospel transi) ce sont les rengaines aux crescendos démoniaques que Softley nous ménage toutes les 3 pistes, qui emportent tous les suffrages. Comment décemment résister à Julie Arogyne, du Cat Stevens en barre mieux fait que l'original, à Ship qui commence comme une magnifique balade folk admirant les étoiles pour se finir dans sa propre fusée, ou encore à Time Machine et son immense crescendo à frissons ? La question suivante, c'est comment se mettre à apprécier le reste ? Tout simplement en se posant un peu et en se laissant envahir par l'art protéiforme de ce gars qui rappelle tant d'autres artistes tout en faisant aussi bien voire parfois mieux : Donovan, Nick Drake, David Bowie (celui de Space Oddity), Cat Stevens...

Et l'effort vaut le coup, parce qu'à côté on se tape quand même des petits monuments de doux spleen intimiste sur Waterfall, de l'aventure hindoue sur Love Colours, du champêtre souriant comme on en fait plus sur Birdie Birdie, etc. Et le plus grande force de Mick Softley (ce nom ♥), avec ses ritournelles épiques, c'est son interprétation, sa voix rapeuse si enjouée qui nimbe l'ensemble du disque d'une joie sans fond, comme si le mec souriait en permanence et n'en avait rien à branler de sonner comme un grand sensible. Nan, le gars est juste là pour s'éclater, et chaque nouvelle écoute vous contaminera un peu plus, croyez moi.

Un drame sur ce disque quasi-parfait, un seul : Caravan, une balade folk approchant la grâce d'un Nick Drake, qui chez moi est complètement gâchée par les pauses que Mick ménage entre les couplets ; pourquoi de si longs silence qui m'irritent au plus haut point ? Le jour où je m'y fais, ce disque monte à 9 point barre. Si j'osais, je clamerais sur tout les toits que s'il y a un disque à faire écouter à quelqu'un qui ne connait rien des sixties, c'est bien celui-là.

Ship : https://www.youtube.com/watch?v=8tRQmo2iUzk
Time Machine : https://www.youtube.com/watch?v=C15LXv4uEDI

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(Folk instrumentale, éclectique et expérimentale, voire même avant-folk)

Disque folk instrumental anachronique de 1984, rendant hommage à la fois au glorieux passé du folk britannique comme à l'american primitivism, et préfigurant une bonne partie du folk expérimental et atmosphérique à venir, dans ses métissages avec les musiques du bout du monde. Le tout bien sûr au beau milieu d'une décennie qui n'a rien à faire des folkeux avant-gardistes. Ce chaînon manquant est donc resté inconnu par le plus grand nombre. Pourtant...

Pourtant on a une superbe interprétation de Blackwaterside (mais si, ce morceau piqué à Anne Briggs par Jimmy Page et repris par Bert Jansch), des improvisations rondement menées, des expérimentations que n'aurait pas renié un Fred Frith, un morceau-titre fascinant, alternant savantes dissonances et éclats mélodiques, des passages atmosphériques d'une grande légèreté empruntant aux méditations de John Fahey (les deux Resophonics, tout en apesanteur...), des incursions exotiques (dont des inspirations chinoises mignonnes mais qui m'embêtent un peu au fond), des images de grands paysages et un Pheromones & Incense final intense et enfumé.

Je conseille aux aventureux que le folk marginal titille.

Pheromones & Incense : https://www.youtube.com/watch?v=7OTDqFja8Po
Ramshackle Pier : https://www.youtube.com/watch?v=6PicTcAZgHI

Annotation :

(Folk baroque, voix de harpie et douce harpe)

Une très jolie récréation pour Joanna, qui s'empare de son Street Band pour réinterpréter un morceau de Ys, un de Milk Eyed Mender, et un inédit (qu'on ne retrouvera pas sur Have One On Me). Les arrangements sont revisités, et si les compositions demeurent ce qu'elles sont : des acrobaties fluides de haut niveau, je suis mitigé sur la version de Cosmia, plus de la moitié de l'EP, qui double sa durée sans tellement le justifier : les passages instrumentaux ne me paraissent pas fou fou. En revanche, belle réinterprétation de Clam Crab Cockle Cowrie, même si je reste attaché à la version originale. En somme, la meilleure partie de ce petit EP reste encore l'inédit, sautillant comme tout.

Colleen : https://www.youtube.com/watch?v=-YHQgSd9fzk

Annotation :

(American Primitivism, syncrétisme raga/blues/folk/country)

Critique en approche

Lost Lagoon Suite : https://www.youtube.com/watch?v=amZ694adME8

Annotation :

(American Primitivism)

Cf Critique

Blue Crystal Fire : https://www.youtube.com/watch?v=YYaGChm8RWw
Variations on Easter : https://www.youtube.com/watch?v=B9PYSutYc-A

Annotation :

(Folk pastorale, champêtre même)

Cf critique (l'histoire du disque est amusante)

Lord & Master : https://www.youtube.com/watch?v=6wJ_FXGwgU8
Yellow Roses : https://www.youtube.com/watch?v=6wJ_FXGwgU8
Harlequin 2 : https://www.youtube.com/watch?v=BVrODOS1Ktg

Annotation :

(Folk rock)

Difficile après la claque de Sunrise de ne pas écouter ce premier essai (5 ans avant le second tout de même) en le comparant à son illustre petit frère. De fait, ce qui les sépare tous les deux tiens en peu de choses car les chansons sont belles, et le Mick est toujours bien jouasse de nous les offrir - gaffe, il serait capable de vous inviter dans son van, le "Fornicatorium" (pour de vrai). Mais voilà, ce disque date de 65 et sent trop l'absence de moyens pour avoir une chance de se hisser à la hauteur du suivant. Il manque les arrangements sublimes qui projetaient Time Machine et Ship dans les étoiles, il manque la profondeur du son qui soulignait le beauté des ballades folk...

Pas stellaire donc, mais très agréable, et contient son lot de pépites (Plains of the Buffalo, Keep Moving On, entre autres)

The War Drags On : https://www.youtube.com/watch?v=AKsYw8n3Fyw

Annotation :

(American Primitivism expérimental et éclectique)

Cela fait toujours plaisir de s'écouter un disque ancré dans l'american primitivism (puisque c'est un peu ma période en ce moment), et de pouvoir en plus coller à l'actualité de 2015. Bon, le seul petit problème c'est qu'à force de m'avaler des disques des grands de ce monde (Fahey, Basho...) forcément difficile d'être impressionné par ce nouveau William Tyler, qui n'a ni la profondeur hypnotique de Fahey, ni la glorieuse étrangeté de Basho, ni l'époustouflante technique de Kottke, ni l'ineffable luxuriance d'un Blackshaw, ni le feeling syncrétique d'un Jack Rose. Cependant, ce qu'a Tyler pour lui, en bon représentant de son époque, c'est son métissage et son ouverture. Desert Canyon n'hésite pas à s'extirper de la tradition de l'homme seul face à sa guitare et tente des sorties du côté de l'électricité ou de l'expérimentation ambiante. Ce qui rend le disque intéressant tout de long même si parfois inégal (le jeu de Tyler peut s'avérer trop statique par moment) ; cependant on n'oubliera pas de saluer la prouesse de la pièce finale de 12 minutes, vrai moment de bravoure entièrement réussi.

The Paper Hats - Man of Oran : https://www.youtube.com/watch?v=6v5jIQxDQV8

Annotation :

(Folk rock pastoral mais un peu moins qu'avant quand même)

Twice As Nice & Half the Price se vend bien c'est sûr (en théorie hein, pas dans les bacs où personne ne s'y est intéressé) mais on ne peut que regretter que son titre soit un peu mensonger. Heron, certes, amplifie le propos, quittant son champ d'alors pour se promener en des terres plus éclectiques pour un double album qui contiendra en vrac du rock (plus ou moins gras), de la folk (plus ou moins légère), des échappées quasi-prog, de la country (via notamment des reprises de Woody Guthrie et Dylan), du blues, etc. Tout cela est de qualité, pour la plupart des morceaux, mais était-ce vraiment la peine d'étirer autant tout cela ? Très littéralement, était-il nécessaire par exemple de faire durer Winter Harlequin 8 minutes ? 4 auraient très largement suffit, et on aurait éviter de se perdre en chemin... C'est un peu pareil pour l'album en tant que tel, où on finit par se déconcentrer, arrêter de suivre un disque ne présentant pas vraiment de cohérence de fond comme son prédécesseur.

En somme, une belle collection éclatée de chansons, certaines bonnes, quelques unes excellentes, d'autres plus moyennes, mais un très bon niveau d'ensemble.

Madman : https://www.youtube.com/watch?v=U9R6DOnXizM
John Brown : https://www.youtube.com/watch?v=oEYlKEbrAxY

Annotation :

(Guitare folk échevelée)

J'ai beau faire ma fine bouche, quand le Kottke est en forme qu'est-ce que ça fait plaisir ! Ce disque en entier fait plaisir d'ailleurs, au milieu des odyssées complexes à 12 cordes de ses compères, un disque aussi évident et décomplexé que 6 and 12 String Guitar fait du bien, pour souffler un coup.

J'ai lu quelqu'un dire à propos du monsieur : "Kottke just doesn't give a fuck", ça sonne très juste. Le mec vole, file à toute vitesse dans ses courtes pièces de guitare, en donnant parfois l'impression qu'il va tout simplement péter ses cordes (alors que l'avenir révèlera que son jeu très musclé finira par péter les siennes, de cordes, avec des tendinites à foison qui l'obligèrent à calmer le jeu et à se réinventer dans sa carrière tardive). Mais non, ça passe. L'aisance et l'insouciance du jeune chien fou de l'école Takoma, qui tend parfois à privilégier la technique sur la mélodie elle-même - et encore, assez peu au final. Ne serait-ce que pour l'enchainement "Watermelon", l'arrangement pour le "Jésus, Que ma joie demeure" de Bach et Fisherman, ce machin hérite d'un bon 7 et d'un keur.

Moins profond, moins mémorable que ses collègues, mais par moment jouissif. Comme un bon film d'action en fait.

The Fisherman : https://www.youtube.com/watch?v=SC3t7aIioQ4
Watermelon : https://www.youtube.com/watch?v=he-z7XWDGFM