La culture judéo-chrétienne anti-raciste et protectrice des minorités depuis plus de 6 siècles

L'ignorance avançant à grands pas, quelques défenseurs des minorités rentrent aujourd'hui en guerre pour combattre au nom de ce qu'ils pensent être le Bien.
Seulement, comme tous les néophytes, ils se trompent de combat en méconnaissant l'Histoire. Organisés autour de ce qui devient une ...

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18 personnalités

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Michel de Montaigne

Michel de Montaigne

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Dans ses Essais ( 1572) Montaigne développe un des fondements de la culture humaniste en développant une réflexion sur l'Autre et en particulier les Indiens récemment découverts.
"Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu."

Claude Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss

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Anthropologue et ethnologue français qui a exercé une influence majeure à l'échelle internationale sur les sciences humaines et sociales dans la seconde moitié du XXᵉ siècle.

"La nécessité de préserver la diversité des cultures dans un monde menacé par la monotonie et l'uniformité n'a certes pas échappé aux institutions internationales. Elles comprennent aussi qu'il ne suffira pas, pour atteindre ce but, de choyer des traditions locales et d'accorder un répit aux temps révolus. C'est le fait de la diversité qui doit être sauvé, non le contenu historique que chaque époque lui a donné et qu'aucune ne saurait perpétuer au-delà d'elle-même. "
"L’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village ; à tel point qu’un grand nombre de populations dites primitives se désignent d’un nom qui signifie les « hommes » -ou parfois –dirons-nous avec plus de discrétion- les « bons », les « excellents », les « complets »), impliquant ainsi que les autres tribus, groupes ou villages ne participent pas des vertus –ou même de la nature- humaines, mais sont tout au plus composés de « mauvais », de « méchants », de « singes de terre » ou d’ « œufs de pou »."
Race et Histoire

Bartolomé de Las Casas

Bartolomé de Las Casas

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Prêtre dominicain, missionnaire, écrivain et historien espagnol, célèbre pour avoir dénoncé les pratiques des colons espagnols et avoir défendu les droits des Amérindiens lors du célèbre procès de Valladolid organisé par l'Eglise catholique.
" Les lois, les règles naturelles et les droits des hommes sont communs à toutes les nations, chrétiennes et gentilles, et quels que soient leur secte, loi, état, couleur et condition, sans aucune différence ."
"Tous ces peuples, innombrables, universels, divers, Dieu les a créés simples, sans malveillance ni duplicité : plus humbles, plus patients, plus pacifiques que quiconque au monde, d'une santé plus délicate, ni orgueilleux, ni ambitieux, ni cupides. C'est chez ces douces brebis que les Espagnols ont pénétré, tels des loups, des tigres et des lions très cruels. Et, depuis quarante ans, ainsi qu'à l'heure actuelle, ils ne font que les mettre en pièces, les tuer, les tourmenter et les détruire par des actes de cruauté étrangers. Sur trois millions d'âmes que nous avons vues dans l'île de Haïti, il n'en reste pas deux cents. L'île de Cuba est presque entièrement dépeuplée. Les îles Lucayes sont une soixantaine. On y trouvait plus de cinq cent mille âmes : aujourd'hui, il n'y a plus un seul être vivant. En quarante ans, par suite de la tyrannie et des actions infernales des chrétiens, douze millions d'âmes, hommes, femmes et enfants sont morts. Pourquoi les chrétiens ont-ils tué et détruit un pareil nombre d'âmes ? Seulement pour avoir de l'or, se gonfler de richesses en quelques jours. Jamais les habitants de toutes les Indes n'ont fait le moindre mal aux chrétiens. Bien au contraire, ils les ont considérés comme venus du Ciel. Les armes des Indiens sont plutôt faibles, peu offensives, peu résistantes. Les chrétiens, avec leurs chevaux, leurs épées et leurs lances, ont commencé les tueries et les actes cruels, étrangers aux Indiens."
Bartolomé de Las Casas, Très brève relation sur la destruction des Indiens, 1552

Voltaire

Voltaire

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" Prière à Dieu

Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supporte ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni envier, ni de quoi s’enorgueillir.

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant."

Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII écrit pour défendre Calas injustement accusé

Victor Hugo

Victor Hugo

Auteur

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" Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! (Très-bien ! très-bien ! – Vive et unanime adhésion.) Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre !(Bravos à gauche.) Vous n'avez rien fait tant qu'il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère !Vous n'avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et qui ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes (Mouvement prolongé), tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! (Acclamation.) Vous n'avez rien fait, tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres,qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux. ! Vous le voyez, messieurs, je le répète en terminant, ce n'est pas seulement à votre générosité que je m'adresse, c'est à votre sagesse, et je vous conjure d'y réfléchir. Messieurs, songez-y, c'est l'anarchie qui ouvre les abîmes, mais c'est la misère qui les creuse. (C'est vrai ! c'est vrai !) Vous avez fait des lois contre l'anarchie,faites maintenant des lois contre la misère ! (Mouvement prolongé sur tous les bancs. - L'orateur descend de lat ribune et reçoit les félicitations de ses collègues.) " Victor Hugo, Discours sur la misère, prononcé à l'Assemblée le 9 juillet 1849

Jack London

Jack London

Annotation :

"Il y eut une époque où les nations d'Europe enfermaient les Juifs indésirables dans les ghettos. Aujourd'hui, la classe dominante, celle qui détient l'argent, par des méthodes moins arbitraires mais tout aussi rigoureuses, a confiné les travailleurs indésirables, mais cependant indispensables, dans d'immenses ghettos d'une pauvreté incommensurable. L'est de Londres est un ghetto où n'habitent ni les riches ni les puissants de ce monde, et où le touriste ne met jamais les pieds – mais où deux millions de travailleurs s'y entassent, y procréent et y meurent." Le peuple d'en bas, 1903

Ignace de Loyola

Ignace de Loyola

Théologien

Annotation :

Identité empruntée au fondateur de l'ordre jésuite parce que l'abbé Grégoire n'est pas référencé sur SC!
L'abbé Grégoire, a milité dans ses écrits en faveur de la liberté et de l’égalité des droits et l'abolition de l'esclavage des noirs.
Il se définissait comme prêtre «et» patriote. Jamais il ne renia l’un ou l’autre, même sur son lit de mort en 1831.
«Vous Français, Anglais, Hollandais, que seriez-vous si vous aviez été placés dans les mêmes circonstances que les noirs? Si les nègres, brisant leurs fers, venaient sur les côtes européennes arracher des blancs à leur famille, les enchaîner, les conduire en Afrique, les marquer d'un fer rouge ; si ces blancs volés, vendus, achetés par le crime, surveillés impitoyablement sans relâche, forcés, à coups de fouet, au travail où ils n'auraient d'autre consolation, à la fin de chaque jour, que d'avoir fait un pas de plus vers le tombeau… Si, blasphémant la Divinité, les noirs prétendaient faire intervenir le Ciel pour prêcher aux blancs l'obéissance passive et la résignation… Quel cri d'horreur retentirait dans vos contrées! Européens, prenez l'inverse de cette hypothèse et voyez ce que vous avez fait!»

Nicolas de Condorcet

Nicolas de Condorcet

Annotation :

Les "Réflexions sur l'esclavage des nègres" ont été publiées en 1781 par Nicolas de Condorcet, mathématicien et philosophe, sous le pseudonyme de Joachim Schwartz («noir» en allemand), un soi-disant pasteur biennois. Condorcet dénonce explicitement le système esclavagiste et démontre le caractère indéfendable de la servitude et plaide pour l'abolition.

Harriet Beecher-Stowe

Harriet Beecher-Stowe

Annotation :

Harriet Beecher Stowe a écrit La Case de l'Oncle Tom,en 1857 aux États-Unis, donc bien avant l'abolition de l'esclavage, ce roman, innovant dans la forme et la narration, a eu un succès immédiat et un retentissement incroyable. On dit qu'il a changé l'esprit des Américains sur la question de l'esclavage.

Buffon

Buffon

Annotation :

Pierre Louis Moreau de Maupertuis n'est pas référencé sur SC ( sur Wikipédia, par exemple, on trouve plus facilement les auteurs aux thèses racistes que les autres...)
Philosophe, mathématicien, physicien, astronome et naturaliste français des XVIIe et XVIIIe siècles qui contribua notamment à la diffusion des théories de Newton hors d'Angleterre, et à l'établissement du principe de moindre action.

La Dissertation Physique à l’occasion du Nègre Blanc avait été publiée en 1744 et contient également d’importantes contributions à la science de l'hérédité. Maupertuis y affirme, avec raison, que la couleur blanche du nègre est une anomalie héréditaire.

Simone Weil

Simone Weil

Annotation :

Dans L'enracinement:
"Il y a déracinement toutes les fois qu'il y a conquête militaire, et en ce sens la conquête est presque toujours un mal. […]le déracinement est une maladie presque mortelle pour les populations soumises. Il atteint le degré le plus aigu quand il y a déportations massives, comme dans l'Europe occupée par l'Allemagne ou dans la boucle du Niger, ou quand il y a suppression brutale de toutes les traditions locales, comme dans les possessions françaises d'Océanie. Même sans conquête militaire, le pouvoir de l'argent et la domination économique peuvent imposer une influence étrangère au point de provoquer la maladie du déracinement."

Hannah Arendt

Hannah Arendt

Annotation :

Dans Les origines du totalitarisme :
« Puisque, en dépit de toute explication idéologique, les hommes noirs
s’entêtaient néanmoins à conserver leurs traits humains, les « hommes blancs »
n’avaient qu’à considérer leur propre humanité et à décréter qu’ils étaient eux-
mêmes plus qu’humain, et manifestement élus par Dieu pour être les dieux des
hommes noirs. C’était la seule conclusion logique si l’on voulait dénier
radicalement une communauté de liens quelconques avec les sauvages. »

Montesquieu

Montesquieu

Annotation :

Dans L'esprit des lois :
«Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :

Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.

Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.

Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé, qu’il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir,

Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une manière plus marquée.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des nations policées, est d’une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

Des petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?»

Pierre de Ronsard

Pierre de Ronsard

Annotation :

Sur les guerres civiles ( à prétexte religieux):

" Ce monstre arme le fils contre son propre père,
Et le frère, ô malheur, arme contre son frère,
La sœur contre la sœur, et les cousins germains
Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains,
L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître,
La femme ne veut plus son mari reconnaître.
Les enfants sans raison disputent de la foi,
Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi.
L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique,
Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique,
Sa nef le marinier, sa foire le marchand,
Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
L'écolier se débauche, et de sa faux tortue
Le laboureur façonne une dague pointue,
Une pique guerrière il fait de son râteau,
Et l'acier de son coutre il change en un couteau.
Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise;
Au vice déréglé la licence est permise;
Le désir, l'avarice et l'erreur insensé
Ont sens dessus-dessous le monde renversé.
On fait des lieux sacrés une horrible voirie,
Une grange, une étable et une porcherie,
Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
Au ciel est revolée et Justice et Raison,
Et en leur place, hélas! règnent le brigandage,
La force, le harnois, le sang et le carnage.
Tout va de pis en pis: le sujet a brisé
Le serment qu'il devait à son Roi méprisé;
Mars enflé de faux zèle et de vaine apparence
Ainsi qu'une Furie agite notre France.
Qui, farouche à son prince, opiniâtre suit
L’erreur d’un étranger, qui folle la conduit.
Tel voit-on le poulain dont la bouche trop forte
Par bois et par rochers son écuyer emporte,
Et malgré l’éperon, la houssine, et la main,
Se gourme de sa bride, et n’obéit au frein :
Ainsi la France court en armes divisée,
Depuis que la raison n’est plus autorisée."

Ronsard, Discours des misères du temps (v.115-193)

Agrippa d'Aubigné

Agrippa d'Aubigné

Annotation :

Sur les guerres civiles à prétexte religieux:
"Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage ;
Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux,
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,
À la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las
Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !"

Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques, Livre I, Misères, vers 97 à 130.

Claire de Duras

Claire de Duras

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Un roman contre le racisme en 1823
L'histoire se déroule à la fin du XVIIIe siècle. Arrachée de justesse à sa condition d'esclave, Ourika est élevée par une famille d'aristocrates. Devenue une jeune fille élégante et instruite, elle comprend que sa couleur de peau ne lui permettra pas de se marier.

Georges Bernanos

Georges Bernanos

Annotation :

"La guerre actuelle m’apparaît de plus en plus comme une guerre des races contre les nations. Je ne méprise nullement l’idée de race, je me garderais plus encore de la nier. Le tort du racisme n’est pas d’affirmer l’inégalité des races, aussi évidente que celle des individus, c’est de donner à cette inégalité un caractère absolu, de lui subordonner la morale elle-même, au point de prétendre opposer celle des maîtres à celle des esclaves."
in Le chemin de la Croix-des-Ames

Romain Gary / Émile Ajar

Romain Gary / Émile Ajar

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Dans son beau roman La vie devant soi, Romain Gary fait se rencontrer dans un immeuble de Belleville des arabes, des musulmans, des juifs, des transsexuels, et même des chrétiens dans un beau bazar rempli de respect mutuel et d'humour. A noter la belle leçon de madame Rosa qui a élevé un petit arabe comme un petit juif, tous les deux enfants de prostituées.
"La loi c'est fait pour protéger les gens qui ont quelque chose à protéger contre les autres. Monsieur Hamil dit que l'humanité n'est qu'une virgule dans le grand Livre de la vie et quand un vieil homme dit une connerie pareille, je ne vois pas ce que je peux y ajouter. L'humanité n'est pas une virgule parce que quand Madame Rosa me regarde avec ses yeux juifs, elle n'est pas une virgule, c'est même plutôt le grand Livre de la vie tout entier, et je veux pas le voir. J'ai été deux fois à la mosquée pour Madame Rosa et ça n'a rien changé parce que ce n'est pas valable pour les Juifs. Voilà pourquoi j'avais du mal à rentrer à Belleville et à me retrouver oeil dans oeil avec Madame Rosa. Elle disait tout le temps "Oeil ! Oeil !", c'est le cri du coeur juif quand ils ont mal quelque part, chez les Arabes c'est très différent, nous disons "Khaï ! Khaï !" et les Français "Oh ! Oh !" quand ils ne sont pas heureux car il ne faut pas croire, ça leur arrive aussi."

jaklin

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