Cover La quête à Necks [Portrait d'une discographie #2 - The Necks]

La quête à Necks [Portrait d'une discographie #2 - The Necks]

Je sais pas si je ferai un jeu de mot minable pour chaque liste, pour l'instant c'est bien parti, mais j'espère que les suivantes sauront garder un minimum de décence.

Bref, deuxième volet de mes discographies commentées, cette fois sur The Necks, facilement le groupe qui me fascine le ...

Afficher plus

Liste de

17 albums

créee il y a presque 7 ans · modifiée il y a presque 7 ans

Sex
7.2

Sex (1989)

Sortie : 1989 (France). Electronic, Ambient, Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

1989. Les Necks existent déjà depuis au moins 1987 et ne se privent pas de faire des concerts. Mais Lloyd Swanton à la basse, Tony Buck à la batterie et Chris Abraham au piano doivent désormais songer au studio. Car on le sait, le trio est divin en live, mais que proposera-t-il qui rende l'expérience "indirecte" intéressante ?

Sur Sex, la formule maître des Necks se met en branle pour la première fois : impro d'une heure basée sur un groove très stable de la session rythmique, c'est Abraham qui devra assurer le lead pendant la majeure partie du disque (avec la présence de quelques overdubs, dont un violon discret qui participe à l'atmosphère plus qu'à la mélodie). Bien sûr cette stase du groove n'est qu'un leurre, ça varie en permanence. Mais de façon bien moins évidente que sur leurs travaux suivants. Ce Sex, en dépit de son titre, est encore très pudique, il ne sort pas vraiment de sa zone de confort, et pour cette raison il est un poil (pubien?) longuet.

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=ZaTyHFo3kns

Next
6.5

Next (1990)

Sortie : 1990 (France). Electronic, Jazz, Future Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Trop sages les Necks sur leur premier projet ? Faut croire que ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd car les voilà à tenter toutes sortes de machins farfelus. Au revoir la longue impro-disque (ce qui y ressemble le plus c'est "Pele", qui prend son temps pour démarrer mais se finit dans une apothéose pianistique renversante), bonjour les tranches de fun. Ils se sont bien amusés ici et ça se ressent, des slaps de basse par ci, des parodies de club de jazz par là, des samples en pagaille, des guitares funky... On ne les reconnait plus !

Et autant le côté fun est bien retranscrit, autant niveau pérennité c'est pas ça ; une bonne partie de ces délires a pris un gros coup de vieux, ça pue les excès nineties à des kilomètres. Reste "Pélé" donc, mais également l'intrigante "Gnarl's" et surtout la magnifique "The World At War" et son motif ad libitum, qui me fait penser à du Talk Talk qui vire doucement de Colour of Spring à Spirit of Eden. En somme l'album est plus osé que Sex, mais ce dernier a beaucoup mieux résisté à la marque des années.

Next (pour le lol) :
https://www.youtube.com/watch?v=DbvLuFk_8aQ
Pelé (pour le woooh final) :
https://www.youtube.com/watch?v=Gcyf9WluMJI

Aquatic
8.1

Aquatic (1994)

Sortie : 1994 (France). Electronic, Jazz, Future Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Après 4 ans passés à méditer sur leur formule studio, les Necks sortent leur premier franc succès artistique à mes yeux. Deux pistes de 25 minutes chacune environ. Retour des overdubs, mais plus subtils ceux-ci.

"Aquatic I" est une de leur compo lentes et méditatives. La contrebasse de Swanton assoit un long groove tranquille sur lequel chacun vient trouver sa place ; Buck titille calmement ses cymbales et frappe doucement sa grosse caisse, quant à Abraham il se dédouble pour assurer aussi bien un piano léger et délicat qu'à l'orgue Hammond dont il saura apprécier la capacité de créer des ambiances méditatives et, précisément, aquatiques. Comme sur Sex, des samples sont employés pour contribuer à l'atmosphère (le groupe n'assume pas encore tout à fait la face "minimaliste" de son approche jusqu'au bout, le silence fait encore peur et tend à être comblé... ça viendra). Difficile de ne pas penser au In A Silent Way d'un certain Miles Davis – une influence immanquable du groupe et dont le spectre hantera toute la carrière.

"Aquatic II" est une toute autre bestiole. Si le premier volet était le rêve paisible d'une créature d'un autre monde dont on pouvait percevoir les grognements ensommeillés, alors le second rapporte l'éveil de la Bête. Et la Bête a faim. Swanton fait vrombir sa contrebasse sur deux notes à l'octave, le tintement de cymbale est devenu plus nerveux, s'y est ajouté un tambourin qui évoque des chaînes qu'on secoue et des toms qui courent. Abraham y improvise une partition tendue, prompte à bondir et laisser éclater au grand jour toute la splendeur de l'instrument. Une vielle à roue s'invite même à la fête, et le morceau se calme quelques minutes... avant de repartir sur les chapeaux de roues, plus intense, tendu et gonflé d'urgence que jamais, pour une dernière ligne droite de 9 minutes toutes voiles dehors, à couper le souffle.

Aquatic II edit (on aura pas mieux que ça je crois malheureusement) :
https://www.youtube.com/watch?v=6JLgM4gbNvo

Silent Night
5.9

Silent Night (1996)

Sortie : 1996 (France). Ambient, Jazz, Post Rock

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Bon on va pas se mentir, Silent Night c'est un peu l'erreur de parcours, celle qui pourrait justifier les quolibets qu'on pourrait parfois jeter à la face du groupe (style : "mais ça va nulle part", "mais c'est trop long", "mais je m'endors putain"). Un double album, deux compos d'une heure chacune, et il fallait que ce soit les deux moins inspirées de leur répertoire !

"Black" voit les Necks se complaire à nouveau dans l'usage du sample ; la narration de cette pièce d'une heure sera principalement assurée par des extraits de films divers, qui s'enchainent tandis que le groupe derrière se borne à délivrer un groove certes fort chaloupé mais complètement statique. Et pendant une heure, RIEN ne bouge, tant et si bien que pour la première fois les Necks frisent dangereusement la musique d'ascenseur. Ils se content de poser une base rigide pour des samples pas spécialement palpitants. L'heure est longue, leur sens légendaire du développement ne semble pas s'être activé cette fois. Heureusement "White" coupe court aux ambitions paracinématographiques statiques du trio et tente d'emmener sa compo quelque part, avec une section rythmique plus nerveuse et impliquée. Ceci étant dit, "White" ne paraît salvatrice qu'en comparaison de sa ronflante grande sœur ; ça reste une piste assez faible de leur répertoire, avec notamment une performance moyenne de Chris "Dieu" Abraham au piano.

L'ironie c'est que leur "vraie" BO arrivera sur l'album suivant !

The Boys (OST)
7.7

The Boys (OST) (1998)

Sortie : 1998 (France). Electronic, Jazz, Free Improvisation

Bande-originale de The Necks

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Deux ans auparavant, les Necks tentaient de faire une musique très explicitement cinématographique, avec des samples vocaux brumeux etc etc, sauf qu'ils s'étaient enterrés dans des compos au statisme ennuyeux au possible. En 1998 les revoilà avec cette fois une authentique BO, pour un film australien, "The Boys". Qu'importe le film (que j'ai vu la veille de cette annotation pour être sûr de ne pas mourir idiot), la BO se suffit à elle-même - elle n'est d'ailleurs que très peu utilisée dans le film, si on excepte le thème principal répété trois fois et une autre des pistes à un moment crucial de l'intrigue, ironiquement le film ne comporte à peu près jamais de musique.

Les Necks ont rarement été aussi accessibles qu'ici (au point où je recommanderais volontiers cet album pour le néophyte qui souhaiterait un premier contact en douceur), ambiance darkjazz, avec des instruments divers pour instaurer les ambiances de rues nocturnes - orgue Hammond très présent, guitare qui grince, blips & bloops électroniques ici et là. Le thème principal est décomposé en trois courtes compositions, et entre chacune d'entre elles deux compositions plus longues (autour de dix minutes). Les compositions sont à la fois accrocheuses - car mélodiques, pensées comme des réservoirs à thèmes - et très atmosphériques ; elles ne vont nulle part à proprement parler et se contentent de jouer leur rôle de BO. Vu leur durée, ce dernier fait ne les conduit jamais vers le chemin de la stase longuette. Surtout maintenant qu'on connait le talent des Necks pour garder le mouvement présent dans un seul motif répété mille fois jamais exactement de la même façon.

The Boys II (le thème du film) :
https://www.youtube.com/watch?v=bePqtxa8J34
Fife & Drum (et sa grosse guitare qui grogne) :
https://www.youtube.com/watch?v=VN1jVqkhO44

Piano Bass Drums (Live)
7.5

Piano Bass Drums (Live) (1998)

Sortie : 1998 (France). Jazz, Abstract, Electronic

Live de The Necks

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

Nous abordons là une question délicate ! Un live des Necks, le premier de la liste car le premier qu'ils décideront d'enregistrer puis de publier. Et le plus acclamé de leurs lives, sur les 6 enregistrements qu'ils proposeront par la suite. Piano Bass Drums ne met pas le piano en premier sans raison. Ici, c'est très clairement Chris Abraham qui mène la danse. Swanton pose un groove tranquille à deux notes, Buck tapote délicatement ses cymbales, il ne reste plus qu'à Abraham de jouer ce qui lui passe par la tête. Un live franchement enthousiasmant, du moment qu'on a pas peur de se bouffer une grosse tranche de piano à la fois complètement free et très répétitif. Abraham n'est pas du genre à en étaler partout, au contraire il reste proche de ses notes et préfère se concentrer sur la manière de jouer précisément ces quelques notes de manière à les rendre hypnotique et à en chasser la mélodie pour garder uniquement le timbre. C'est un des pianistes qui, avec Charlemagne Palestine pour prendre le premier exemple qui me vient en tête, dévoile la fonction percussive du piano.

Je dis toujours que les Necks c'est un groupe de live, étant donné que mes plus belles expériences live viennent des deux concerts du trio auxquels j'ai eu la chance d'assister. Mais un live enregistré c'est différent... je ne dirais pas que Piano Bass Drums ou quelque autre live du groupe fait partie de mes albums préférés du groupe. À mon sens une partie de la force du live et de son potentiel de transe est retirée par le fait d'y assister de façon indirecte. Alors ça n'en fait pas moins un grand live, mais à prendre avec des pincettes ; en vrai c'est encore mieux.

Un live random :
https://youtu.be/DFpWd1V__SI

Hanging Gardens
7.8

Hanging Gardens (1999)

Sortie : 20 septembre 1999 (France). Electronic, Jazz, Future Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avec la sortie de Hanging Gardens, on entre de plain-pied dans ce qui est pour moi l'âge d'or des Necks (âge d'or dont je dirais bien qu'il ne sont pas encore sorti si je laissais le fanboy en moi s'exprimer). Hanging Gardens est souvent considéré comme le chef-d'oeuvre du trio, et ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi. La partition (improvisée bien sûr) de Tony Buck à la batterie est si renversante que je ne saurais la décrire autrement qu'en usant d'euphémismes. Dès les premières secondes on est tenté de penser que Buck est doté de 6 bras, et que tous sont occupés à faire frénétiquement tinter les cymbales du set. J'ai une fois vu quelqu'un faire le commentaire d'avoir l'impression d'entendre du Aphex Twin mais avec des gens qui jouent vraiment, et c'est assez justifié. Avec le jeu de piano répétitif très grave, les vagues d'orgue qui déchirent le ciel en fond, le jeu sourd et menaçant de la contrebasse, on a l'impression d'assister à l'album drum'n'bass des Necks.

Les dizaines de minutes de montées en puissance sont impressionnantes en soi et suffisent à aspirer l'auditeur dans un puissant vortex. Mais le génie des Necks c'est de préparer le terrain de la façon la plus fluide qui soit pour une authentique progression, au travers de variations subtiles que camouflent habilement les cliquètements effrénés de la batterie. Hanging Gardens réserve son lot de climax et de montagnes russes, entre le jaillissement soudain du thème de piano à 6 accords, la plongée dans les abysses à mi-parcours et la furieuse remontée en apothéose...

Un type a fait une playlist présentant la compo entière, découpée en 6 vidéos de 10 minutes :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLCF4F1E2AB7537F77

J'ai moi-même longtemps pensé que les Necks n'avaient jamais fait mieux. Sauf que...

Aether
7.9

Aether (2001)

Sortie : 2001 (France). Electronic, Ambient, Rock

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

... sauf que deux ans plus tard le monde s'est vu offrir Aether en cadeau. Aether, c'est sans doute l'album des Necks qui m'aura donné le plus de mal (tout ce silence didiou), mais c'est finalement mon favori, et ce pour une raison assez simple : c'est l'album sur lequel le groupe touche de plus près le langage primordial de leur musique. En improvisation collective il s'agit d'un dialogue entre plusieurs parties, et le trio a toujours - surtout en live - été dans l'élaboration dans l'instant d'un nouveau langage entre ses trois instruments.

Et Aether est selon moi le langage le plus fluent, le plus abouti et en bonus celui dont l'élaboration en direct et la plus fascinante. Partant de fragments de zen (une massive vague synthétique, un tintement de piano répété, un grondement de contrebasse appuyé de coups de cymbales, une note fugitive au clavier...) en guise de phonèmes, les unités musicales se présentent chacune à leur tour, suivies de plusieurs secondes de silence. Puis, petit à petit, se rapprochent, s'entremêlent, s'hybrident, de telle manière qu'on ne rate rien de cette construction progressive. Petit à petit, l'on a le sentiment d'assister aux étirements d'une entité incommensurable, dont on ne peut apercevoir que certains membres tant il est impossible de la visualiser dans son entièreté. Tout est si progressif que lorsqu'on arrive au dernier quart de la composition nous sommes entourés d'une musique si intense qu'elle nous cloue au sol, et on ne sait même pas comment on en est arrivés là.

On a pu l'appeler l'album new-age des Necks, et ce n'est pas étonnant vu ses premières dizaines de minutes de lente et progressive élaboration. Mais c'est bien plus que cela.

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=Ov8ClQ_9mdM

Drive By
6.7

Drive By (2003)

Sortie : 2003 (France). Electronic, Jazz, Future Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Drive By est considéré comme un sommet de la discographie des Necks. Perso j'ai du mal à comprendre. Certes, c'est une plutôt bonne porte d'entrée avec son côté jazz-fusion lunaire parfois à la limite du post-rock, son groove chaleureux et monolithique, ses bruitages évocateurs... ça fait effectivement un très bon album pour rouler la nuit. Maintenant en termes de pistes répétitives de plus d'une heures le groupe a fait bien mieux ! Drive By souffre du même problème que Sex avant lui ; il ne bouge pas suffisamment de sa base, ses variations bien que toujours en actions restent minimes, et personnellement je décroche toujours avant le dernier tiers.

C'est un album très appréciable et somme toute plutôt accessible, et qui respire la classe pour ne rien gâcher, mais qui ne prend pas suffisamment de risques pour parvenir à être excellent sur toute sa durée. Parmi les disques du groupe qui chatouillent l'heure on lui préfèrera volontiers des disques comme Silverwater, Aether, Open et Hanging Gardens.

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=nqc0LrLq8IM

Mosquito / See Through
7.5

Mosquito / See Through (2004)

Sortie : 2004 (France). Electronic, Jazz, Future Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Disque osé de la part des Necks. Deux pistes d'une heure chacune, et pas les plus évidentes de leur répertoire. "See Through" voit des pièces de piano-lead minimalistes se dérouler timidement... sauf que chaque "mouvement" du morceau est séparé de minutes ENTIERES de silence ABSOLU. Je ne sais pas qui s'est dit que c'était une bonne idée, pour le coup les Necks abusent de leur capacité à dompter le silence et se laissent envahir bien plus que de raison (ou bien c'est moi qui ne suis pas prêt).

"Mosquito" en revanche est d'un tout autre calibre. Le cas typique du morceau qui ne devrait pas fonctionner mais qui fonctionne à plein régime. Le groupe déroule la même suite d'accords tranquille pendant une heure, sans trop de perturbation ; le vrai héros de cette pièce-ci ce sont les percussions. Les plus étranges de leur carrière sans doute, les plus joueuses, les plus intrigantes, et finalement elles canalisent notre attention et rend ce morceau franchement fun pendant toute sa (conséquente) durée, tandis que le piano nous chatouille de ses boucles mélodiques béates et que la contrebasse persiste à garder le décor solidement en place.

Mosquito :
https://www.youtube.com/watch?v=eBrTXWXj4kY

Chemist
7.9

Chemist (2006)

Sortie : 17 juillet 2006 (France). Electronic, Jazz, Minimal

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Qu'ils sont zélés... J'étais déjà amoureux d'eux avant, c'était pas la peine EN PLUS de se mettre au krautrock. Overkill.

Sur Chemist donc, trois morceaux de 20mn chacun (ça expérimente encore les formats). Le premier est une variation crépusculaire groovy et répétitive, cousine lointaine du "Ascension Day" de Talk Talk. "Buoyant" quant à lui démarre comme une étrange petite méditation glitchée, et ma foi le reste en développant son petit monde intérieur jusqu'à ce que la batterie s'affole soudain et que la guitare vienne consacrer l'étrangeté. Sa subtilité low-key au milieu de deux monstres très accessibles lui donne des airs de temps faible du disque, mais ne vous fiez pas aux apparences, avec la bonne écoute et les bonnes circonstances c'est de la folie. Quant à "Abillera", unanimement vécu comme l'orgasme de Chemist, il s'agit d'une lente montée en puissance, très progressive, jusqu'à une explosion de pure liesse. La premièe piste était répétitive, celle-ci devient carrément motorik ! Et le piano est si massif qu'un Charlemagne Palestine ne le renierait pas !

Un succès incroyable, d'autant plus qu'il est très accessible. Celui que je recommande le plus pour un premier contact, avec The Boys, même si le piège c'est qu'il n'est pas très représentatif, le trio s'essayant à un style qui restera un one-shot.

Fatal :
https://www.youtube.com/watch?v=Bootx5r6jEY
Abillera :
https://www.youtube.com/watch?v=1_88XxTk0p4

Townsville (Live)

Townsville (Live) (2007)

Sortie : 26 septembre 2007 (France).

Live de The Necks

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Si vous voulez savoir à quoi ressemble un set de concert "typique" des Necks, vous pouvez tenter celui-ci. C'est celui qui me rappelle le plus mes deux expériences live hors du temps, avec ici une prédominance très claire du piano de Chris Abraham qui occupe la surface avec la virtuosité et le feeling qu'on lui connait.

J'en ai vu pas mal le critiquer pour être un témoignage du groupe en mode "pilote automatique", que c'était classique sans plus. C'est oublier premièrement qu'un live "classique" des Necks c'est 11/10, donc à moins d'habiter en Australie et d'aller les voir une fois par semaine aucune raison de se priver d'une bonne claque de plus ; et deuxièmement il s'agit d'une des meilleures retranscriptions de la qualité sonore d'un live que j'ai pu écouter de leurs enregistrements. On pourra certes retrouver des trucs plus originaux sur Piano Bass Drums ou surtout le quadruple album live, mais si on veut se faire une idée d'à quoi s'attendre (pour les néophytes) ou retrouver dans le confort de son petit chez soi certaines des sensations du concert, celui-là est très recommandé par mes soins. J'hésite à le considérer comme mon préféré dans cette catégorie.

Encore un live random :
https://youtu.be/CGkXjdzzrPg

Silverwater
7.7

Silverwater (2009)

Sortie : 23 octobre 2009 (France). Electronic, Jazz, Free Improvisation

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Grand disque des Necks. Déjà par la longueur ; 67 minutes c'est tout de même au moins 10 minutes de plus que la moyenne pour cette piste aux nombreux mouvements. C'est également le plus conceptuel des Necks ; ici c'est explicitement le thème de l'eau (sous toutes ses formes, paisible étang, averse de pluie, mince ruisseau, bassin mystique...). C'est à la fois le plus concret - car l'on peut comprendre la manière dont ils explorent l'élément aquatique dans leurs compositions - et le plus abstrait - les mouvements se télescopent sans que la narration ne semble logique. Les Necks s'aventurent sur un terrain risqué, qu'il parcourent néanmoins brillamment. Sliverwater passe par plusieurs phases avant de retourner au néant, et on ne pourra pas passer sous le silence le fait que certaines phases sont plus inégales que d'autres. En revanche, j'affirme que certains moments ici sont parmi les meilleurs de la carrière des Necks ; en vrac cet orgue aquatique dans lequel j'ai envie de me noyer, ces notes de piano étouffées tapotées comme autant de gouttes de pluies qui tombent sur la fenêtre, ces percussions répétitives qui vaquent d'une oreillette à l'autre, ces guitares rêveuses (peut-être les meilleures de leur disco d'ailleurs)... Dès que lesdites guitares débarquent, on croirait écouter une dimension parallèle dans laquelle le post-rock a évolué pour devenir autre chose que le caca tiède et moribond actuel.

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=8QuhUwa0ETY

Mindset
8.1

Mindset (2011)

Sortie : 31 octobre 2011 (France). Jazz, Free Improvisation, Avant-garde Jazz

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Comme un miroir inversé d'Aquatic, Mindset se décompose en deux pistes, une par face. Sauf qu'ici, c'est vraiment le jour et la nuit ! Deux faces complètement différentes de leur style, et deux qui n'ont jamais été explorées ainsi. Un disque très jusqu'au boutiste pour les Necks. Rock'n'roll !

Rum Jungle en face A est celui qui retient le plus l'attention. C'était mon premier contact avec le groupe et je n'en suis pas ressorti indemne. Un gigantesque maelstrom qui emporte tout sur son passage dès la première seconde. Le pire c'est qu'on s'imagine qu'ils sont déjà au max, mais la pâte ne fait que gonfler, gonfler... le piano prend de l'ampleur, sont-ce des drones que l'on entend en fond ? Trois instruments suffisent-ils vraiment à maintenir pareille bourrasque pendant une vingtaine de minutes ? Le Face B, Daylights, c'est l'oeil du cyclone. Qui se la joue In a Silent Way de Miles Davis, en plus apaisé encore... il faudra attendre que la batterie débarque petit à petit pour que le morceau décolle (ce qui n'est pas à entendre comme un jugement qualitatif, le morceau était parfait avant de décoller, et il le reste en décollant).

Rum Jungle ('tention) :
https://www.youtube.com/watch?v=69W1Em9SKs4
Daylights :
https://www.youtube.com/watch?v=vfS4dFU0k-I

Open
8

Open (2013)

Sortie : 25 octobre 2013 (France).

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avec son grand O d'un jaune doux sur fond gris paisible, Open est le véritable album zen des Necks. Le délire New Age n'est pas du tout le même que sur Aether, ça ressemble beaucoup plus à un développement "lambda" mais en plus apaisé. Open commence avec une sorte de harpe métallique aux résonances très psychédéliques, ce qui est une première dans l'histoire du groupe - qui ne cessera jamais d'apporter du neuf dans leur formule - mais c'est lorsque celle-ci s'éloigne que le morceau commence vraiment.

Apaisé en essence, Open contient peu de climax à proprement parler, et certaines longueurs sont particulièrement prononcées, mais l'atmosphère d'ensemble pardonne, voire justifie tout ça. Cet album c'est la force tranquille, lorsque les sommets se font sentir on ne les voit pas arriver, et sur tout le dernier tiers de la pièce le groupe ne fait qu'enchainer les caresses extatiques les unes après les autres. Avec ses airs de ne pas y toucher, Open est l'un des albums les plus solides du trio. Pour les humeurs méditatives...

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=hlriHXLcCbI

Vertigo
7.9

Vertigo (2015)

Sortie : 11 septembre 2015 (France).

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Vraiment pas le plus évident des Necks ! L'un des plus abstraits sans aucun doute, l'un de ceux où le groupe réinvente avec le plus de rigueur l'utilisation de leurs instruments respectifs.

Tout débute avec un drone autour duquel la vie s'éveille petit à petit sous la forme d'un piano intriguant. Des notes qui se cherchent. La première partie s'écoule comme un long flottement de vingt minutes, une soupe primitive qui s'échauffe doucement, différents timbres qui jouent ensemble, de désorganisent et se réorganisent, puis dégringolent jusqu'à ce que seul demeure un clavier à la partition curieuse en guise d'entracte. La deuxième partie sera plus concentrée autour de ce clavier, qui avance en syncopant doucement, par touches bancales, tandis que la basse revient pour poter soutien, et qu'à côté la batterie tente de suivre le clavier tout en apprenant à marcher (et en se vautrant régulièrement dans un fatras de cloches et de cymbales). Cette entité balbutiante et trébuchante - atonale par dessus le marché - ainsi formés s'élève petit à petit, semble tenter de se tenir debout puis, enfin, y parvenir. L'espace s'emplit alors d'un drone de corde (contrebasse ? violoncelle ?) suivi par un lointain feedback de guitare saturée. Enfin debout, la tête dans un éther musical, les Necks nous montrent-ils alors leur vision du vertige, alors que le flux et le reflux des nappes sonores sans fin prennent le pas sur les tâtonnements organiques du trio batterie/piano/contrebasse qui s'assourdissent ? L'atterrissage sera migraineux, marqué par les convulsion d'une batterie en roue libre, les touches dissonantes du piano et les grommellements sourds de la contrebasse.

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=zFoLg3xORbw

Unfold
6.9

Unfold (2017)

Sortie : 10 février 2017 (France).

Album de The Necks

T. Wazoo a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Après leur Vertigo de 2015, les Necks reviennent avec une nouvelle preuve qu'ils ne cesseront jamais d'innover et de se remettre en question (ce qui est fortiche alors qu'ils possèdent la clé d'une alchimie si forte qu'ils pourraient faire sans cesse le même disque en boucle et m'épater à chaque fois) : Unfold est un album dépliable, comme un patron à 4 faces mais dont nous pouvons librement choisir la façon dont les pièces tombent les unes sur les autres pour former des figures différentes.

4 pièces (entre 15 et 22 minutes chacune), 4 ambiances totalement différentes (Rise l'éveil douloureux, Blue Mountain et son crescendo lunaire, Overhear et son errance éperdue, Timepiece et sa constante renaissance...) à passer dans l'ordre qu'on le souhaite (pas d'ordre dans la tracklist). Et 4 pièces franchement remarquables... voilà qui plaira à ceux que les looongues pistes uniques de près d'une heure peuvent ennuyer (c'est pas mon cas mais je sais apprécier leurs formats "courts"), le groupe va plus droit au but que d'habitude et si mis bout à bout ces pistes cumulent près d'1h15 de musique, ce sont 1h15 durant lesquelles on aura pas trop de mal à rester concentrés.

Si ma préférée est sans doute Blue Mountain, un sommet indéniable dans leur Himalaya discographique, les autres sont si subtiles qu'elle grandissent chacune à leur manière, pourvu qu'on leur laisse le temps d'évoluer et qu'on leur accorde la concentration qui leur est due.

Rise :
https://www.youtube.com/watch?v=66n4KH1tCnQ
Blue Mountain :
https://www.youtube.com/watch?v=-3gmyJGBMgY&t=1s

T. Wazoo

Liste de

Liste vue 1.2K fois

16
5