Le Cinéma en 2017

Annotation :

2017 commence avec du merveilleux, de l'émotion et des larmes !
"Quelques minutes après minuit" est un extraordinaire voyage spirituel, sensationnel et touchant, dépeignant la psychologie des enfants durant un tournant dans la vie de chacun. Le talent incontestable de J.A. Bayona est de mettre en image cette poétique du désespoir nécessaire, sorte d'expurgation des émotions sincères, universelle à tous, accompagnée avec la métaphore du monstre comme guide de notre psyché face à la cruauté du monde réel. Derrière cet apprentissage de la mort, se glisse dans "A Monster Calls" une formidable poésie psychanalytique, délivrant ses lettres de noblesse à la création à travers des aquarelles, des leçons profondes sur la nature humaine et leur ambigüité totale. C'est un film à la fois tendre et crû qui parle directement avec le cœur au spectateur !

Vu le 6 janvier 2017 - 8/10 (coup de cœur)

Annotation :

Ben Affleck s'attaque à nouveau au genre du film de gangster, en particulier celui qui se déroule pendant la prohibition. S'il marque un exercice de style remarquable dans la reconstitution des années 20, proposant à ce titre une réalisation léchée, l'acteur à tous les postes, réalisateur, scénariste, producteur et tête d'affiche, offre un long-métrage efficace mais tout simplement vain dans sa part émotionnelle. Avançant par coups de facilité (la police juste là où il faut et quand il le faut) et alignant les icônes des films policiers classiques en guise de personnages (la mafia ritale odieuse, le personnage principal qui s'enfonce de plus en plus dans l'embarras), "Live by Night" se retrouve finalement prisonnier d'un regard amoureux de ces films-là sans transcender son idée de départ. Malgré un casting aux petits oignons, une approche symbolique du film sur la déchéance du "rêve américain" bien entamée et une direction artistique faite avec soin. Le long-métrage d'Affleck pêche par un manque d'envergure dramatique et demeure lisse dans son traitement, tout en restant un film joliment fait et respectueux du genre.

Vu le 21 janvier 2017 - 6/10

Annotation :

Le nouveau film de la plateforme Netflix a un concept bien intrigant en théorie, soit une psychologue ayant la phobie d'être agressé par ses patients, mais délivre un résultat bien médiocre au final. Jamais véritablement inspiré dans sa mise en scène trop artificielle sur ses effets, "Clinical" détruit le potentiel de toutes ses idées au profit d'un pseudo-film d'horreur psychologique de bas étage, dans lequel les personnages ne deviennent que des caricatures de leurs rôles-types et dans lequel la tension se retrouve sacrifiée par une scénographie très plate.

Vu le 24 janvier 2017 - 3/10

Annotation :

"La La Land" est la consécration du rêve de Damien Chazelle, doux rêveur passionné criant son amour pour la musique et la cinématographie. Après un brillant long-métrage sur l'endurance pour accomplir ses rêves avec "Whiplash", le cinéaste place le rêve au cœur de la problématique de son nouveau film. Le chemin parcouru par les deux personnages-artistes, excellemment interprétés par Ryan Gosling et Emma Stone, est fait de fantasmes sucrés et d'espoirs euphoriques mais se heurte à la réalité du business. C'est ce contraste entre ces deux cadres différents qui met en avant la qualité du long-métrage, démonstration joyeuse et tonitruante du Bel Hollywood sous des jours mélancoliques. Le seul souci se situe dans le traitement de ce "Bel Hollywood" que représentent les music-halls au cinéma des années 50 et 60. Si la mise en scène de Chazelle fait preuve de précision au niveau de la captation d'une action dans la scène, elle se livre à une contemplation d'un hommage scrupuleux à un genre sans prendre du recul sur la séquence. La scène d'ouverture en est la parfaite illustration de démonstration technique du potentiel musical de la scène, quitte à en devenir artificielle. "Whiplash", bien plus simple, arrivait à donner une percussion émotionnelle au parcours d'un jeune passionné de musique, là où "La La Land" catalyse son émotion dans une représentation féerique et clinquante d'une romance plutôt classique. Force est de constater que Damien Chazelle nous livre avec cette fable musicale un spectacle enivrant de tous les instants, posant ses thématiques sur la passion et le désir d'accomplir ses rêves dans un cadre intransigeant. "La La Land" est le spectacle musical à la gloire d'Hollywood, dont son imagerie onirique opère une sublime métamorphose en une délicieuse poésie douce-amère.

Vu le 29 janvier 2017 - 5/10

Annotation :

Un film d'animation plutôt dispensable, malgré un potentiel épique notable. La constitution de l'équipe est relativement bien gérée, même si le montage apparaît succinct au niveau de la narration. Bien que le long-métrage présente une multiplicité d'univers fascinants, une galerie de personnages intrigants et des thèmes pas inintéressants comme la recherche de l'immortalité et la valeur du sacrifice, "La Ligue des Justiciers : Dark" devient tout simplement convenu dès l'instant où il esquisse seulement la dimension mythologique de ses univers proposés. En somme, c'est une sorte d'aventure super-héroïque classique selon les standards actuels, où la caricature de la "cool-attitude" et la parade comique demeurent malheureusement les médianes maîtresses de ce film. En témoigne l'inutilité de Batman, caricature du personnage aigri qui assiste seulement à la bataille et qui est présent seulement pour garder l'attention des spectateurs néophytes.

Vu le 7 février 2017 - 5/10

Annotation :

"Un jour dans la vie de Billy Lynn" d'Ang Lee est un véritable film romanesque et romantique. Il dépeint les états d'âme malades d'un jeune homme humble mais perdu dans ses convictions, en un jour fatidique et éprouvant. Laissant un goût doux-amer, cette journée traduit justement la problématique de l'individu : la recherche de son identité et de ses croyances dans une société phagocytant l'humanité et dictant l'interprétation des images médiatiques. La mise en scène somptueuse sert ce propos à merveille à travers une conjugaison de plans centrés sur le monde étouffant et l'intimité, entre sensibilité et brutalité. Soldé d'un casting investi et d'un propos salvateur sur l'humanité et les crises de notre monde, "Un jour dans la vie de Billy Lynn" est une œuvre, bien mal servie en salles, poignante et déchirante, dessinant l'humain craquelé derrière les paillettes hypocrites d'une société conservatrice. Rien que le gros plan sur le visage ébranlé de Joe Alwyn dans une position militaire retranscrit toute la puissance évocatrice du film ! Un coup de cœur dont je vous conseille fortement le visionnage !

Vu le 10 février 2017 - 7/10 (coup de cœur)

Annotation :

Martin Scorsese livre avec "Silence" un voyage spirituel profond, cependant assez inaccessible à cause en grande partie de sa longueur et de son rythme lent volontaire. Qu'importe ! Son nouveau long-métrage bénéficie d'une scénographie de maître, avec l'immensité des espaces mise en valeur par les cadres en plan d'ensemble, et d'une ambiance enivrante grâce à ce parti-pris de ne pas mettre de musique externe pour sentir les sons de la Nature et le Silence significateur. C'est un chemin de croix, où le personnage principal, interprété avec conviction par Andrew Garfield, va se retrouver devant la réalité des conflits religieux ainsi que ses propres limites en tant que croyant et en tant qu'être humain, le propos traité justement avec nuance, entre la violence crûe et la confrontation réelle des cultures et des croyances. Sublime et apaisant tout en étant cruel et pessimiste, "Silence" amène la problématique universelle de l'identité dans ce voyage cinématographique déchirant.

Vu le 13 février 2017 - 8/10

Annotation :

Après l'échec de "Lone Ranger", qui recelait à mon avis d'une audace notable sur sa part surnaturelle, Gore Verbinski retourne au film fantastique type "horreur". Son nouveau long-métrage suscite un débat déroutant, et pourtant significateur d'une tendance à vouloir ranger n'importe quel film dans une catégorie. Et c'est là que "A Cure for Life" touche un point sensible du public actuel et dévoile en quoi il suscite la fascination : ce long-métrage apparaît totalement libre ; en mélangeant les genres (thriller, horreur, science-fiction, fantastique, conte), il crée une unité bizarre, alambiquée mais profondément saisissante. La qualité primale du long-métrage, celle qu'on ne peut lui retirer, est sa capacité à créer un espace troublant, à distiller une atmosphère malsaine en continu et à magnifier une expérience cinématographique enivrante grâce à une mise en scène majestueuse, enchaînant les plans d'ensemble anxiogènes et un habillage sonore sublimement dérangeant. Cette maestria technique s'accompagne d'une vraie réhabilitation du cinéma de genre, malheureusement maladroite par moments. Le rythme est bancal, entre ellipses déplacées et moments de résolution expédiés, tandis que l'ensemble du long-métrage pêche certainement par trop d'ambition jusqu'à verser dans un traitement grandiloquent des évènement (ce qui n'est pas pour me déplaire personnellement). Cependant, force est de constater que le réalisateur réussit à ménager une certaine angoisse derrière cette histoire aux allures de films de monstres et à concrétiser une œuvre loin des sentiers battus, convoquant plusieurs références cinématographiques (Shining, Le Locataire, etc.) et littéraires (Mary Shelley, Asimov, etc.), ajoutant une critique notable mais lourdement appuyé sur notre condition de vie, possédant un casting remarquable, et surtout révélant le talent admirable de Mia Goth, envoûtante femme-enfant aussi pure que troublante, et assumant le glissement vers une visée gothique de l'ordre de la poésie.
En définitive, "A Cure for Life" de Gore Verbinski, cinéaste un brin sous-estimé car disposant d'un savoir-faire technique exemplaire, devient pour moi un coup de cœur modeste, mais un joli coup de cœur pour cette cure enivrante, poétique, a-priori inclassable, bien qu'imparfaite, un film de genre sincère, viscéral et doté d'un pouvoir de fascination remarquable.

Vu le 17 février 2017 - 7/10 (coup de cœur)

Annotation :

Gilles Marchand livre un thriller au parti-pris intrigant : la relation conflictuelle entre père et fils, avec l'enfant qui s'imagine son père comme un monstre. Ce qui est réussi dans ce film, c'est l'ambition de la mise en scène qui épouse le point de vue d'un petit garçon, laissant une place symbolique à la représentation des peurs enfantines (peur du noir, crainte de se confronter à un inconnu, etc.). Le mystère demeure et fait le charme étrange du long-métrage, en plus d'une musique grisante et d'une distribution épatante, notamment Timoté Vom Dorp. Cependant, le film m'a semblé tourner en rond sur son propos, car l'exécution de ce parti-pris manque d'un souffle dramatique de même qu'une nuance sur le caractère du père aurait été intéressante. "Dans la forêt" est un film fascinant et réussi sur le principe de réaliser un huit-clos surnaturel en forêt.

Vu le 19 février 2017 - 6/10

Annotation :

M. Night Shyamalan revient avec un sujet intrigant et sert ce concept de schizophrénie délirante d'une manière convenable mais en livrant un résultat en demi-teinte. Le long-métrage est plaisant dans sa mise en scène ingénieuse, notamment sur le cadre et le mouvement et jouant de manière prévisible sur les effets de miroir, mais surtout sur le potentiel du concept, abordant à la fois une introspection de l'âme et une angoisse pertinente fondée sur la peur de l'autre. Pourtant, le film se montre maladroit sur beaucoup d'aspects : la tension suscitée au niveau de la situation m'a semblé inefficace tant la narration est décousue, préférant l'explication à la démonstration, ce qui donne lieu à un rythme bancal malgré une ouverture qui pose efficacement le ton. "Split" propose une relecture de "Dr. Jekyll & Mr. Hyde" intrigante, efficace et burlesque, entre la prestation grandiloquente de James McAvoy et un humour noir délicieux. Malheureusement, le potentiel du long-métrage de Shyamalan est mal exploité, car il n'est jamais prenant et me fait l'effet d'un pétard mouillé, notamment avec une révélation saugrenue qui l'enferme dans un carcan convenu et lassant.

Vu le 26 février 2017 - 6/10

Annotation :

"Logan" est une belle et bonne surprise dans le clivage monotone du film de super-héros. Mangold respecte habilement son postulat de base, à savoir livrer une note finale émouvante au personnage de Wolverine. Le climat du long-métrage s'avère crépusculaire et sert un propos défaitiste de la fin d'une génération, du thème de la famille ici déchue et de la mort imminente. L'émotion surgit à travers les liens défaits entre les personnages connus, déchirés par leurs destins funestes et ruinés par leur image embellie de héros. A ce propos, le jeu de miroir est souvent grossièrement traité pour être convaincant, de même que la dernière partie s'avère plus prévisible que ne semblait vendre cette aventure intimiste perdue entre "Mad Max" et "The Last of Us" en proposant une bataille quelque peu risible. Malgré ces quelques défauts qui empêchent l'idée de base de briller pleinement, "Logan" retrouve ce qui a été perdu avec "X-Men : Apocalypse" : la dimension humaine de ces héros rejetés par un monde qui ne les apprécie pas. Dernier volet d'une trilogie médiocre, "Logan" termine l'aventure avec éclat. Avec Hugh Jackman impérial dans sa dernière prestation en Wolverine et Dafne Keen incroyable en remplacant de choix, le long-métrage de James Mangold impressionne par sa capacité à garder une direction anti-spectaculaire dans son approche, en marquant avec beauté la fin d'une génération... pour la venue d'une nouvelle !

Vu le 2 mars 2017 - 7/10

Annotation :

L'humour de Deadpool au plus moyen niveau dans ce court-métrage ne fait pas des miracles pour ma part. Le réalisateur n'a comme idée "brillante" de parodier le premier super-héros des comics américains. Outre la facilité de ce gag, la mise en scène ne profite pas du potentiel du personnage comme le premier film offrait un traitement sympathique de la mise en abyme. Ce court-métrage, essai de David Leitch pour la suite, montre déjà que la formule Deadpool peut s'avérer rapidement répétitive, et il est de plus moins excitant qu'un court-métrage réalisé par un quelconque adorateur du personnage.

Vu le 4 mars 2017 - 5/10

Annotation :

Inspiré du livre biographique de David Grann, le film de James Gray est véritablement éblouissant en renouant avec les films d'aventures classiques qui inspirent l'envie de voyager et de découvrir les mystères du monde. Mettant en scène le mythique Percy Fawcett, explorateur ambitieux à l'idée de percer le secret d'une civilisation perdue, et se focalisant sur sa psychologie et ses relations professionnelles et familiales, le long-métrage demeure une fresque humaine sur plusieurs années, nous immergeant dans un décor dépaysant à l'aide d'une photographie sublime et d'un cadre impressionnant tout en faisant jaillir de ces aventures exotiques une émotion touchante, soutenue par les interprétations convaincantes de Charlie Hunman, Sienna Miller et Robert Pattinson. Dans l'esprit aventurier des romans de Conrad et de Sir Conan Doyle, "The Lost City of Z" de James Gray réussit à concilier le goût enivrant de l'aventure et l'émotion suscitée par un cadre intimiste afin de nous rappeler que les relations, ententes comme désaccords, sont depuis toujours le socle de nos civilisations. Je vous recommande ce film dépaysant qui vous transportera sans peine au cœur de l'Amazonie.

Vu le 18 mars 2017 - 8/10

Annotation :

Fascinant sur le papier, "Un monde entre nous" est au final un petit film romantique efficace sur l'instant mais malheureusement un brin surfait. Prévisible évidemment, cette romance intergalactique a seulement son partis-pris réellement attrayant, car ni la réalisation convenue, ni les facilités scénaristiques ne feront oublier qu'il s'agit d'un film pour ados. Cela dit, je dois avouer que je me suis attaché à cette histoire romantique, principalement dû à sa dimension féerique charmante. Le tout est innocent et tout à fait plaisant si l'on adhère à ce genre d'histoire d'amour idyllique. "Un monde entre nous" est un film loin d'être extraordinaire mais se défend plutôt bien avec son idée de départ intrigante, un duo d'acteurs-vedettes, Asa Butterfield et Britt Robertson, tout à fait mignon, son côté innocent très attachant qui donne des étoiles aux yeux et l'espoir au cœur le temps de 2 heures.

Vu le 17 avril 2017 - 5/10

Annotation :

"Life - Origine inconnue" est un film de science-fiction relativement efficace dans l'exécution des codes du genre, mais rien de plus n'est à ajouter tellement ce survival intergalactique manque d'une intensité prenante. Visuellement attrayant, notamment grâce à un plan-séquence bien pensé pour établir les différents espaces de la station, le long-métrage de Daniel Espinosa respecte son "cahier des charges" en matière d'hommage à la SF horrifique, tout en mettant en scène quelques scènes de tension excellentes (l'évolution de la vie inconnue, la première mort). Dans un effort de reconstitution de la station, le réalisateur montre bien ses talents de faiseur mais ne transcende jamais son postulat de base. Dans l'ombre de classiques comme "Alien : Le Huitième Passager", le film n'a jamais arrivé à m'accrocher, car les personnages, même bien définis, sont peu développés et attachants de même que la mise en scène prévenant trop les attaques de la créature. "Life" est un film de tension bien fait en surface, pas mauvais, mais véritablement générique à cause d'un ensemble convenu et d'un manque de portée dramatique ; à part une conclusion amère prévisible mais assez marquante, c'est un film gentillet pour ma part, mais qui convient si on cherche une petite heure et demie efficace, sans génie particulier.

Vu le 22 avril 2017 - 5/10

Annotation :

Beaucoup moins rythmée que son ainé, la suite des "Gardiens de la Galaxie", présentant une galerie d'univers différents et apportant un aspect plus intimiste à l'aventure, espère réitérer la formule décomplexée du premier film, celui-ci mettant en scène la formation de ce groupe de loosers au grand cœur. Le second propose malheureusement une intrigue qui tourne à vide, handicapée d'un ventre-mou sévèrement alarmant pour l'emphase dramatique du film. "Les Gardiens de la Galaxie - Vol 2", s'annonçant excitant et en même temps touchant, se révèle creux et puéril, sacrifiant toute scène dramatique, tout enjeu établi, toute interaction entre les personnages au prix d'une succession de scènes d'humour étirées, faisandées et même sans intérêt, résultant d'une aventure mal servie par sa réalisation appuyant grossièrement des artifices en cache-misère, tels que la scène d'action en début de métrage, d'enjeux confus, d'un fond niais pareil à son ainé et d'un ton faussement provocateur révélateur de l'entreprise hypocrite engagée par Marvel depuis la Phase 2 suite au succès des Avengers.

Vu le 25 avril 2017 - 4/10

Annotation :

Film pour ados ringard, "Le Cercle - Rings" de F. Javier Gutierrez met en scène une régression du mythe horrifique de Samara par le biais de l'absence de peur, d'une intrigue prenante, d'une mise en scène appliquée et d'une ambiance oppressante. Au lieu de toutes ces qualités, le réalisateur propose cette fois la version parodiée du premier film ; le seul problème est que le long-métrage se prend beaucoup trop au sérieux...

Vu le 29 avril 2017 - 2/10

Annotation :

Adapté de l'autobiographie de Grand Corps Malade, "Patients" est un très bon film qui témoigne autant des problèmes que connaissent les personnes handicapées que de leurs relations avec le monde, du centre et de l'extérieur. Le film respire l'emphase tant il réussit à merveille l'alchimie entre les protagonistes, joués par des acteurs très bons. A la manière du livre, "Patients" met en scène habilement la rééducation de personnes ayant des maux physiques ou mentaux, soulignée par une réalisation certes classique mais faisant preuve d'ingéniosité prenante par instants (la vue subjective au début de film redoutablement efficace par exemple, l'idée de cadre serré, etc.). Pourtant, un long-métrage ne peut pas être abordé de la même manière qu'un livre, ce pourquoi j'ai trouvé que le film manquait d'intensité notamment à cause d'une fin en eau-de-boudin. "Patients" reste une tranche de vie agréable, sincère et intelligente, pleine d'autodérision et de cœur.

Vu le 2 mai 2017 - 7/10

Annotation :

Pétri de bonnes intentions, principalement celle de remettre en question le statut du super-héros par un point de vue déviant, la criminalité, "On l'appelle Jeeg Robot" est un long-métrage décalé qui rate son propos. Gabriele Mainetti met en place un monde criminel très violent en contraste avec le fil rouge du petit truand de bas-étage aux super-pouvoirs, ce qui donne lieu à des situations cocasses, des partis-pris visuels débridés tout à fait sympathiques et certains personnages truculents dans leur personnalité déviante. Malheureusement, au-delà de la note d'intention intrigante, "On l'appelle Jeeg Robot" se vautre dans un rythme bâtard, très lent dans sa mise en place et terriblement classique dans son déroulement. Emmené par une mise en scène inégale sur le plan visuel, le film de super-héros italien décadent se révèle pour moi sympathique mais au potentiel gâché dû à un traitement au final étonnamment classique pour une petite production.

Vu le 6 mai 2017 - 5/10

Annotation :

Très beau visuellement, avec une mention spéciale pour la superbe réalisation d la naissance de David l'androïde, mais tout l'effort de porter une conclusion à "Prometheus" apparaît ici vain, tant le format du court-métrage réduit une sous-intrigue qui aurait pu aisément s'intégrer dans la continuité des films. Au final, le simple fait de diffuser une partie de l'histoire d' "Alien : Covenant" sur YouTube, séparée du reste du film, m'apparaît comme une entreprise un brin ridicule en terme de cohésion filmique.

Vu le 14 mai 2017 - 4/10

Annotation :

Sur fond de racisme, "Get Out", première réalisation de Jordan Peele, se révèle être plus surprenant qu'il n'y paraît. En commençant sur un fait-divers social, soit le couple mixte dans une famille bourgeoise américaine, Peele désamorce les attentes du spectateur en adoptant une atmosphère oppressante à son film, versant de ce fait dans un thriller mâtiné d'hallucinations fantasmatiques. Le long-métrage est percutant dans sa manière de jouer entre la peur du personnage principal Chris, essentiellement paranoïaque, la situation dans laquelle il s'est retrouvée et l'état du spectateur. De cette manière, le mystère réussit à happer l'attention du public, placé dans la même situation que le personnage principal, dont l'empathie marche brillamment grâce à la prestation de Daniel Kaluuya. Etonnant et imprévisible, "Get Out" de Jordan Peele, auréolé d'un succès-surprise aux Etats-Unis, est un habile pamphlet social doublé d'un savant mélange de genres, qui a compris que la suggestion et le mystère, à la manière de Polanski ou d'Hitchcock, sont des sources de terreur beaucoup plus marquantes que le "jumpscare" coutumier des films d'épouvante actuels. A voir !

Vu le 15 mai 2017 - 7/10 (coup de cœur)

Annotation :

Après la déception d'un quatrième opus au goût amer, Walt Disney tente de réhabiliter la saga auprès de son public avec une nouvelle aventure de notre flibustier facétieux. Plus proche de la saga de Verbinski de manière artificielle (comprendre le retour des acteurs phares précédents signant pour le cachet et un espace scénique à moitié maritime), ce cinquième volet de "Pirates des Caraïbes" peine à se hisser à la mesure épique des trois premiers, tant le long-métrage s'avère laborieux question montage et sans envergure en ne comptant que sur du réchauffé pour satisfaire le public. En résulte un spectacle pas forcément atroce, grâce à des idées de mise en scène bienvenues comme des scènes cartoonesques ou un bestiaire de mort-vivants. Malheureusement, l'ensemble est en pilotage automatique, tant les éléments-clés des précédents volets sont pompés jusqu'à être épuisés - la musique artificielle, des personnages mal exploités (Barbossa est à peine reconnaissable, ayant perdu son côté farouche) et un manque d'emphase terrible (plusieurs scènes, dont des blagues, tombent à plat). Pire, le film vient à se contredire lui-même, réécrivant toute la saga sans aucune finesse. "Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar", sans ampleur hélas, se noie dans une suite de scénettes insipides, ce qui fait paradoxalement du plus court film de la franchise celui qui s'éternise sans raison. Néanmoins, ce volet-ci rattrape par-ci par-là la sensation d'aventure qui manquait dans le volet précédent, en proposant quelques réinventions sympathiques des mythes. Je peux conseiller ce film en tant que divertissement regardable d'un coup d'œil mais une amère déception en tant que fan de cette saga toute sympathique.

Vu le 26 mai 2017 - 5/10

Annotation :

"Les Figures de l'ombre" ("Hidden Figures" dans sa version originale) est un film de reconstitution pas mal fait et efficace au niveau de ses ruptures de ton. Cela n'empêche pas à une mise en scène clairement académique - malgré certaines petites idées parsemées ici et là comme un dialogue en miroir -, une histoire enjolivée, voire romancée sur divers points narratifs, ainsi qu'un aspect propre de la réalisation livrée par Theodore Melfi de limiter le film à une chronique calibrée pour toute la famille, jamais crûe au niveau des événements et toujours prévisible que ce soit en ce qui concerne les tenants et aboutissants de l'histoire ou les thèmes abordés (ségrégation raciale, place des femmes dans la société, etc.). Néanmoins, "Hidden Figures" se laisse voir sans déplaisir, notamment grâce à un dynamisme agréable entre les trois actrices, bien que le traitement de chacun de leurs personnages soit inadéquat.

Vu le 30 mai 2017 - 6/10

Annotation :

Construit en une seule unité de temps (une nuit), de lieu (une maison faisant office de morgue) et avec un duo de personnages (des médecins légistes père et fils), "The Jane Doe Identity" intrigue et captive par son postulat de base : créer une tension avec un cadavre à fouiller. Le réalisateur André Ovredal utilise ingénieusement son espace scénique comme ressort narratif pour amener des situations effrayantes sympathiques, instaurant un sentiment de malaise réussi. C'est surtout la première partie du film qui emporte, présentant une enquête intrigante menée par les deux légistes, personnages très bien caractérisés, construite sous forme de mini-docu à énigmes, là où la dernière partie prend un tournant classique même si le mélange des genres est bien exécuté. Enigmatique et prenant, "The Jane Doe Identity" d'André Ovredal est un film à petit budget efficace dans ses effets et haletant dans son atmosphère, malgré une tournure attendue dans ses événements.

Vu le 31 mai 2017 - 7/10

Annotation :

"LEGO Batman - Le Film" représente de façon attendue le versant mercantile de "La Grande Aventure LEGO". Là où son ainé parvenait à créer un divertissement tous publics à différentes lectures sans pour autant laisser de côté sa cible, le film consacré au super-héros en briques le plus sombre se noie dans un traitement métaphysique du sujet qui tourne à vide. Le parti-pris de délivrer successivement des scènes comiques à double lecture (plusieurs références à différentes versions de Batman, de la BD au cinéma en passant par la série télé de 1966) crée un double problème : celui de tenir un rythme hystérique qui ne prend pas en compte l'adaptation du spectateur à saisir ce qui se passe à l'écran, et finalement celui de concilier un public commun, la plupart des blagues s'adressant bien plus aux parents nostalgique. Certains enfants peuvent se sentir perdus durant ce spectacle hautement référentiel. En résulte un long-métrage plaisant (si on adhère au rythme orchestré par un monteur ayant beaucoup de sucre dans le sang), proposant quelques scènes jubilatoires doublées de quelques ressorts de mise en scène bien pensés (une rétrospective des films antérieurs sympathique, un combat final jouissif), mais clairement inoffensif dans son exécution. Si le film souffre de carences problématiques, surtout dû à son rapport avec le(s) public(s), je n'ai toutefois pas boudé mon plaisir en tant que passionné du Caped Crusader.

Vu le 3 juin 2017 - 6/10

Annotation :

Adaptation (quasi) littérale du célèbre film d'animation des studios Disney, la version 2017 de "La Belle et la Bête" ne propose que très peu d'intérêt pour justifier son existence, tant le résultat en prises de vue réelles, copie éhontée de la direction artistique de son ainé, donne l'impression que la démarche du studio a été de satisfaire la nostalgie de certains spectateurs sans prendre de recul par rapport au matériau de base. Jamais passionnant, ni émouvant, ce remake est entaché par une mise en scène invisible au rendu étonnamment bâclé, sans parler des acteurs dirigés sans conviction. Le long-métrage se conçoit de plus comme une comédie musicale, mais force est de constater que le défi n'est pas relevé avec une réalisation académique des morceaux et un rythme totalement absent des mélodies. A des années lumières de l'esthétique poétique proposée par Cocteau, "La Belle et la Bête" de Bill Condon est un travail honteux, une bouillie niaise sans intérêt, même pas digne de son modèle animé.

Vu le 8 juin 2017 - 2/10

Annotation :

"Grave" est un film prenant, à l'atmosphère grisante et à la tension efficace. Fondé sur le point de vue d'une adolescente végétarienne nonchalante, le long-métrage happe par sa capacité à mettre en scène la liberté fougueuse de la communauté d'adolescents, particulièrement une stylisation de leurs corps acharnés. Ce sont l'ambiance intrigante, l'idée même d'aller montrer la dérive de l'être humain et la réalisation expérimentale qui donnent au film toute sa saveur. Il est regrettable pour ma part que le sujet, soit la descente aux enfers d'une jeune femme transformée par une altération de son métabolisme, soit quelque peu désamorcé dans sa note finale.

Vu le 9 juin 2017 - 7/10

Annotation :

Après les semi-échecs de "Batman V Superman : Dawn of Justice" et de "Suicide Squad" l'année dernière, DC Comics associé à Warner Bros. reviennent contrer leur univers concurrent le mastodonte Marvel avec "Wonder Woman". Origin-story correctement bâti mais très classique en soi, le long-métrage de Patty Jenkins est ténu dans son ambition, car, malgré un bel emballage et un traitement du personnage efficace en surface, il ne reste qu'un cahier de charges aux commandes d'une énième introduction d'un personnage-pivot de l'univers partagé DC cinématographique. L'idée de créer un contraste entre la vision du monde par l'héroïne et la réalité de la Première Guerre mondiale, très très réinterprétée, et le placer comme enjeu dramatique est une décision pertinente mais gâchée par une réalisation superficielle. Des ralentis utilisés en veux-tu en voilà jusqu'à un découpage en roue libre dans la dernière demi-heure, la mise en scène n'est quasiment jamais présente pour mettre en avant la bravoure du personnage, tant l'exécution semble automatique tout autant que les effets spéciaux apparaissent indigents à certains moments. Le film DC Comics n'est pas sans qualités non plus, comme une simplicité de la narration, à l'encontre d'autres divertissements actuels alambiqués ("Batman V Superman", exemple pris au hasard), qui rend le visionnage regardable ; mais un montage correct et une bonne ambiance d'un long-métrage doit être le minimum syndical des attentes. Niais sur le propos, caricatural dans la caractérisation des personnages et les dialogues, un rendu moyen globalement, "Wonder Woman" de Patty Jenkins est pourtant un divertissement correct, avec une bonne emphase de ses thèmes et de sa réalisation. Il manque seulement une âme dans cette énième origin-story à la structure rabâchée. Sympa sans plus pour ma part !

Vu le 10 juin 2017 - 4/10

Annotation :

Parce que les univers partagés sont à la mode, Universal essaye pour la troisième fois l'entrée en matière d'un univers consacré à ses monstres d'anthologie. Sans succès, car le remake de "La Momie" n'arrive même pas à être un divertissement solide dans sa structure. Entre film d'action anti-spectaculaire, film d'horreur ronronnant et crossover raté dans les plus grandes largeurs, "La Momie" d'Alex Kurtzman, réalisateur aussi anonyme que sa manière de concevoir une mise en scène, est une catastrophe en tous points, hésitant entre comédie lourde et drame hyper-sérieux et n'étant qu'un tremplin au fantasme d'un univers mal établi (mention spéciale à Russel Crowe dans un rôle au ras des pâquerettes), parasité par un Tom Cruise égaré par sa mégalomanie ; en témoigne la fin horripilante de prévisibilité.

Vu le 21 juin 2017 - 3/10

Annotation :

Fable maligne sur la nature et son industrialisation par l'Homme, "Okja" de Bong Joon-ho est un long-métrage à l'intention sincère de dessiner une poésie inspirée de l'univers enchanteur de Hayao Miyazaki. Créant la polémique au festival de Cannes du fait de son investigateur Netflix, plateforme numérique, le film possède pourtant un soin de l'image impeccable, et surtout une charte graphique travaillée, entre épuration et image clinique. Ce changement symbolise le changement de lieu, ce qui entraîne un contraste étonnant entre les deux parties du film. Le drame est posé, car l'ambiance bucolique laisse place abruptement à une cruauté douce-amère. Joon-ho ajoute à cette partie dramatique un côté satirique bien senti, qui se permet de se moquer de chaque parti, le film prenant le point de vue d'une petite fille étrangère à la société de consommation. La distribution est surprenante, offrant des prestations hautes en couleur, en particulier le jeu survolté de Tilda Swinton et de Jake Gyllenhaal. N'évitant pas la caricature au niveau des fonctions des personnages, "Okja" d Bong Joon-ho est une petite aventure poétique et techniquement maîtrisée, presque un film à l'écart des conventions cinématographiques actuelles, se permettant de conclure par exemple sur une note humble après un final burlesque.

Vu le 29 juin 2017 - 7/10 (coup de cœur)