Cover Lectures au fil des jours

Lectures au fil des jours

Photo : Dumézil dans sa légendaire bibliothèque.

Liste de

94 livres

créee il y a environ 4 ans · modifiée il y a environ 3 ans

Aurélien
8.2

Aurélien (1944)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de Louis Aragon

Jeremias a mis 6/10.

Annotation :

Mars 2020.
Le confinement donne l'occasion d'ascensions toujours remises à plus tard. Mais le massif Aurélien me laisse une impression mitigée. J'ai adoré les 50 premières pages, forcément. Ainsi que la manière dont dialogue et narration se contaminent en permanence. Les passages d'analyse psychologique du sentiment amoureux (ou du mariage, ce qui est très différent !), de ses tourments et de ses impasses, sont belles et tellement fines. Il y a quelques grands chapitres, notamment celui sur le goût de l'absolu — ou des morceaux satiriques vraiment drôles dans le premier tiers. Mais l'ensemble fait quand même vite du surplace, avec énormément de rebondissements mélodramatiques qui s'enchaînent à la fois trop vite et trop lentement, sans être forcément d'une grande densité stylistique. Et puis tellement, tellement, tellement d'événements mondains là-dedans —même si j'ai apprécié la finesse et l'acuité des notations vestimentaires. Celui de trop, qui a failli me faire abandonner p. 550, c'est le bal masqué chez le duc de Valmondois. Dans les 100 dernières pages j'étais surtout impatient de voir comment ça allait se finir. Le dénouement double, avec d'abord la chute de la manœuvre financière, et le retour de la guerre, m'a paru douloureusement téléphoné. Et pourrait-on imaginer symbolisme plus didactique que la mort de Bérénice ? C'est dommage, je crois qu'on a affaire à un grand roman qui ne tient pas la distance. 200 (peut-être 300) pages de moins et ç'aurait été un chef-d’œuvre qui mérite sa réputation — ce que Cohen a réussi à faire dans Belle du Seigneur, roman auquel j'ai souvent pensé en lisant Aurélien.

Noé
7.8

Noé (1947)

Sortie : 1947 (France). Récit

livre de Jean Giono

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Avril 2020.
Un grand Giono méconnu. Tapi dans son bureau à Manosque, penché sur ses oliviers ou installé dans le train qui le mène à Marseille, le romancier romance, avec bonheur et abondance. Giono invente des romans potentiels, sur le mode de l'hypothèse ou de l'hallucination — car ses personnages traversent littéralement sa bibliothèque, dans leur jus. Cela donne au livre une allure cursive irrésistible ; on est invité à suivre le romancier dans ses affabulations, élaborées prestement, suivies pendant quelques dizaines de pages et tout aussi vite délaissées. Noé est un délicieux laboratoire narratif, alors qu'on ne s'attendrait pas forcément à trouver chez Giono un tel degré d'expérimentation. Une de ses œuvres les plus frappantes qu'il m'ait été donné de lire jusqu'à présent, justement parce que le Giono qui expérimente ne se perd pas, mais exploite au contraire la quintessence de son métier de conteur et de styliste. Cela laisse d'autant plus admiratif que Noé n'est présenté par son auteur que comme un délassement après l'écriture d'Un roi sans divertissement. Le romancier inspiré (car c'est bien d'une forme d'inspiration qu'il s'agit : d'écouter les histoires qui viennent s'imposer à lui) a assurément le repos créatif.

Le Livre de l'intranquillité
8.5

Le Livre de l'intranquillité

O Livro do desassossego por Bernardo Soares

Sortie : 1982 (France). Journal & carnet, Aphorismes & pensées

livre de Fernando Pessoa

Jeremias a mis 4/10.

Annotation :

Avril 2020.
Certaines éditions françaises divisent l'oeuvre en deux volumes, je ne parle ici que du premier (Christian Bourgeois, 1988). Il est très improbable que je lise jamais le second. Moi qui suis peu sujet à l'ennui d'habitude, et régulièrement lecteur de livres passablement austères, j'ai eu l'impression de mâcher du carton. Alors que je me lançais là-dedans convaincu d'avance, cela va sans dire. Mais je n'ai pas réussi à m'intéresser une seule seconde à ce qui m'est apparu comme une longue plainte solipsiste. Le diariste, Bernardo Soares, propose une "esthétique de l'indifférence", doublée d'une métaphysique passant délibérément par le repli sur sa propre conscience et l'évacuation du monde extérieur. Il investit par l'analyse les tourments de sa sensibilité exacerbée de ne plus pouvoir ressentir. D'où l'irréalité qui contamine sa vision du monde, perçu tout entier comme un rêve. Et quoi de plus insipide en effet qu'un récit de rêve ? Cela donne une impression de grisaille douloureuse, d'ailleurs admise par le diariste : "Tout ce que j'ai écrit est grisâtre". Certes, y a ici et là quelques considérations littéraires ou philosophiques qui ont pu retenir davantage mon attention. Et je ne suis bien sûr pas dupe du jeu de masques : ce n'est pas Pessoa qui s'exprime, et la grisaille est une construction littéraire. Mais je peine à en saisir l'intérêt. Dans la 3e partie, de loin la plus intéressante de toutes par sa portée non plus psychologique mais moraliste, on pense au mieux à du Cioran sans verve. Il faudra que je retente Pessoa par d'autres de ses "hétéronymes", et peut-être en poésie.

Une saison en enfer
8.5

Une saison en enfer (1873)

Sortie : 1873 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Jeremias a mis 10/10.

Annotation :

Avril 2020
Évidemment insurpassable.
Relecture en écoutant un enregistrement par Henri Pichette (1949 ?), d'un mauvais goût délicieux : assurément histrionique, mais un tel relief. Il tire le texte vers un niveau de véhémence vitriolesque auquel je n'avais pas été sensible jusque là — vers Artaud ou peut-être la caricature d'Artaud. Déformation professionnelle, j'ai aussi noté l'omniprésence de l'inaccompli dans les procès verbaux. Ce serait une question à creuser.

La Chartreuse de Parme
7.3

La Chartreuse de Parme (1839)

Sortie : 1839 (France). Roman

livre de Stendhal

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Avril 2020.
Je ne rougis pas d'avoir mis longtemps à me confronter à ce chef-d’œuvre, car je ne suis pas sûr que j'aurais su en apprécier la subtilité plus jeune. Et pourtant quelle finesse, dans la lenteur de la construction ou dans la sobriété de l'écriture, tout en humour discret. C'est ce contraste qui me frappe le plus dans ce livre, ce différentiel entre l'écriture énergique mais sèche, avec ses clins d’œil du narrateur (tout cela sentant son XVIIe) et les floraisons abondantes, rapides et grandiloquentes de la guirlande narrative. Le tout dans un parfait détachement à l'égard du réel, psychologique ou historique. A quoi bon ? le lecteur de roman est ravi de l'über-romanesque qu'on lui offre : l'homicide qu'on mène en prison et qui n'a de pensées que pour la belle jeune fille qu'il vient d'apercevoir ; le souverain absolu (mon préféré dans un livre qui comporte bien des personnages mémorables) qui espère prendre des leçons de maintien royal dans les portraits de Louis XIV ; Waterloo "incompréhensible", etc etc. On traque les signes, les présages, car invariablement tout finit toujours par faire sens (comme le titre, in extremis). Il y a simultanément une forme de complaisance et de distance à l'égard des vieilles ficelles romanesques qui donne ce sentiment particulier de complicité avec le romancier — qui sait bien ce qu'il fait en finissant par dédier le livre "to the happy few". Je n'avais pas ressenti un enchantement similaire avec Le Rouge et le Noir, cela dit, sans que je sache si c'est mon goût qui a évolué ou si La Chartreuse de Parme plane vraiment au-dessus dans la production de Stendhal.

Les Orientales
7.4

Les Orientales (1829)

Sortie : 1829 (France). Poésie

livre de Victor Hugo

Jeremias a mis 6/10.

Annotation :

Avril 2020.
Le second recueil de VH, avec déjà une voix très distinctive, et quelques tours de force formels ("Les Djinns" bien sûr, mais aussi le catalogue des vaisseaux, littéralement, qu'est "Navarin"), une belle énergie épique, un goût du lexique rare et une vraie force visuelle, qu'elle soit picturale ou théâtrale. Il fait de l'Orient autre chose que le prétexte à un vague dépaysement hellénisant qu'on trouve chez ses contemporains. Je crois que j'en retiendrai surtout des choses anecdotiques dans l'économie du livre, cela dit : poèmes dans une belle veine sensuelle (pas forcément les plus typés "orientaux"), le poème final qui arabise Napoléon, "Bounaberdi, sultan des Francs d'Europe" (!), et la préface qui, comme souvent chez Hugo, est un juteux manifeste, avec ses punchlines — "Les autres peuples disent : Homère, Dante, Shakespeare. Nous disons : Boileau. / Mais passons". Pour l'anecdote encore, Hugo fait imprimer en annexe de son recueil une petite anthologie de poésie arabe classique, annotée et commentée, ce qui montre bien que son intérêt pour l'Orient est nourri à des sources littéraires, et dépasse les images d’Épinal en vogue chez les Romantiques (ce qui ne l'empêche pas d'avoir recours à ces clichés).

Les Fleurs du mal
8.2

Les Fleurs du mal (1857)

Sortie : 25 juin 1857. Poésie

livre de Charles Baudelaire

Jeremias a mis 10/10.

Annotation :

Avril 2020.
Relecture. Je pense qu'à l'avenir, plus je relirai et plus je ferai le tri entre les poèmes ou les sections. Je suis moins sensible à "Fleurs du mal", par exemple, ainsi qu'à certains poèmes un peu adolescents ici ou là, dans lesquels Baudelaire semble se pasticher (alors qu'il se cherche, en vérité). Mais les sommets sont décidément des sommets.

Courir
7.6

Courir (2008)

Sortie : octobre 2008. Roman

livre de Jean Echenoz

Jeremias a mis 7/10.

Annotation :

Mai 2020.
Biographie romancée du coureur de fond Emil(e) Zátopek, sur le même principe que Ravel, livre qui m'avait paru plus marquant : les faits sont authentiques, la chronologie respectée, le narrateur qui "romance" s'intéresse moins à la psychologie qu'à des détails piquants ou au fait d'adopter un regard légèrement distancié, une ironie tendre. Ici cela passe aussi par le fait de croiser le destin de Zátopek avec l'histoire politique (assez troublée…) de la République Tchèque de l'invasion nazie au Printemps de Prague, et par une métaphore assez transparente sur le style : celui d'Emile est heurté, ridicule et théoriquement inefficace, mais il l'emmène plus vite et plus loin que tous ses concurrents.

Pet Sounds

Pet Sounds (2005)

Sortie : 11 février 2005. Musique

livre de Jim Fusilli

Jeremias a mis 5/10.

Annotation :

Avril 2020.
Je reste sur ma faim, alors que le même volume de cette collection sur Highway Revisited de Dylan m'avait beaucoup plu. L'auteur passe beaucoup de temps à paraphraser les paroles des chansons (sans en analyser la touchante simplicité), à psychologiser le travail de Wilson, ou à digresser sur son propre rapport au disque, le tout dans un ordonnancement pas très lisible. Si bien qu'on passe à côté du sujet qui m'intéressait : le son unique de ce disque. La question n'est abordée que par la bande, dans des commentaires que j'aurais aimé plus détaillés sur l'arrangement ou l'harmonie. Le mystère de Pet Sounds restera donc entier pour l'instant.

Les Nourritures terrestres
7.1

Les Nourritures terrestres (1897)

Sortie : 1897 (France). Roman

livre de André Gide

Jeremias a mis 7/10.

Annotation :

Mai 2020.
Drôle d'objet, un peu récit de voyage, un peu recueil d'aphorismes, un peu livre de poésie (en prose ample et en vers libres), un peu méditation new-age et/ou orientalisante. À vrai dire je reste assez extérieur à ce lyrisme apprêté, au bréviaire sensualiste des premiers livres et aux pages sur le Maghreb et ses jeunes garçons pas farouches. Mais à lire comme une œuvre de poésie pure (où passent Le Cantique des Cantiques, les Bucoliques et Hafez), c'est indéniablement beau.
Les Nouvelles Nourritures, qui suivent dans toutes les rééditions, sont nettement moins intéressantes. Disons qu'on est passé de l'Ancien au Nouveau Testament, pour ce qui est de l'inspiration stylistique, et que ça relève beaucoup plus clairement du prêche. Pas la meilleure idée de Gide, de chercher à prolonger l’œuvre qui l'avait rendu célèbre 40 ans plus tôt.

Les Feuilles d'automne
7.2

Les Feuilles d'automne

Sortie : 1831 (France). Poésie

livre de Victor Hugo

Jeremias a mis 6/10.

Annotation :

Mai 2020.
Après le pittoresque exotique des Orientales, Hugo dans la veine qui restera la sienne : la fusion de l'intime, du politique et du cosmique. Ou, comme l'énumère "Dédain" (l'un des meilleurs textes de l'oeuvre, sur l'arrogante hauteur du poète face à la violence du public) : "Famille, enfance, amour, Dieu, liberté, patrie". C'est un bon résumé d'un recueil sans grandes aspérités, hormis une curiosité ici ou là. Par exemple : les pentasyllabes allègres de "Dans l'alcôve sombre", avec ses images proto-surréalistes ; ou "La pente de la rêverie", grisante traversée immobile dans le cosmos (alors que ce n'est pas le Hugo qui m'intéresse le plus habituellement, celui qui s'essaie à la métaphysique en alexandrins, même dans Les Contemplations).

Océan mer
7.8

Océan mer (1993)

Oceano mare

Sortie : 29 mai 2002 (France). Roman

livre de Alessandro Baricco

Jeremias a mis 8/10.

Annotation :

Mai 2020.
Très intelligemment écrit, très intelligemment construit, avec une sorte de lyrisme épuré et pas dénué d'humour.

La vie n'est pas une biographie

La vie n'est pas une biographie (2019)

Sortie : 17 janvier 2019.

livre de Pascal Quignard

Jeremias a mis 8/10.

Annotation :

Mai 2020.
Quignard inlassablement en quête du jadis. Cette fois, avec l'idée du rêve comme jeu libre du cerveau (comme l'écriture), d'origine biologique plutôt qu'anthropologique, asémantique plutôt que linguistique. En un mot : sauvage. Une errance (de très belles pages sur le sensus vagus et la divagation) mue par l'éternelle pulsion de commencement qu'est la vie. D'où le titre du livre : toute biographie est une "thanatosémie" : en cherchant à construire un récit qui remonte de la mort du défunt aux causalités de son existence, elle passe à côté de l'errance, du jaillissement et des virtualités qui constituent la vie elle-même. Comme le dit Quignard, la vie est "insymbolisable" — et les rêves indéchiffrables, pour les mêmes raisons. En tant que récit construit la biographie est donc inapte à dire la vie. Il faut donc moins penser la vie (la vera vita viva) comme un récit que comme un rêve.
Cela le conduit également, malgré des pages élogieuses sur Ferenczi, à se distinguer nettement de la psychanalyse, à laquelle sa pensée emprunte tant. Il me semble que c'est la première fois qu'il prend une distance aussi explicite avec cette discipline, même si les arguments qu'il avance ne sont pas neufs chez lui — il réfute la notion d'identité, même profonde ou refoulée, car l'identité ne saurait être ni unitaire ni exprimable linguistiquement.
Du bon Quignard, dense sans excès d'obscurité (ce n'est pas toujours le cas), dans une prose très énergique, avec même çà et là une emphase que je ne lui connaissais pas. Les thèses qu'il défend sont évidemment les mêmes que dans les volumes de Dernier Royaume, mais sans redites (là non plus ce n'est pas toujours le cas) : son œuvre n'avait pas encore approché le jadis par l'intermédiaire du rêve.

The Orators

The Orators (1932)

An English Study

Sortie : 1932. Poésie

livre de Wystan Hugh Auden et W.H. Auden

Jeremias a mis 6/10.

Annotation :

Mai 2020.
Jamais lu de Auden (lu très peu de poésie anglophone de toute façon — j'essaie de m'y mettre).
Sans doute pas commencé ni par le meilleur, ni par le plus accessible. C'est très, très crypté. Pas seulement obscur (dans une préface postérieure, l'auteur confesse avoir été influencé par Anabase de Saint-John Perse pour la première partie, ce qui avait tout pour me plaire) mais véritablement crypté. Pas un très bon signe que je doive interrompre ma lecture pour aller regarder des articles universitaires décryptant les private-jokes. Auden lui-même considérait ce livre comme raté. Même si les odes finales (seuls textes en vers) m'ont plu, et que la prose oratoire de la 1re partie n'est pas dénuée de souffle, je ne suis pas loin de penser la même chose.

Les Complaintes
7.3

Les Complaintes (1885)

Sortie : 1885 (France). Poésie

livre de Jules Laforgue

Jeremias a mis 6/10.

Annotation :

Mai 2020.
Nouvelle tentative après un essai raté il y a deux ans. Mais décidément je suis insensible à cette poésie, trop *spirituelle*, trop potache ou trop absconse pour moi, et parfois les trois à la fois. J'approuve intellectuellement mais je reste froid.

Ingrid Caven
6.4

Ingrid Caven (2000)

Sortie : 7 septembre 2000. Roman

livre de Jean-Jacques Schuhl

Jeremias a mis 8/10.

Annotation :

Mai 2020.
Ingrid Caven, chanteuse, actrice chez Fassbinder et compagne de l'auteur, renommé Nicolas pour les besoins de ce qui aurait pu n'être qu'une énième biographie à peine romancée. Mais le livre parvient à être bien plus habile que cela, par diffractions, collages et dérives.

Requiem
8.3

Requiem (1963)

Sortie : 5 avril 2005 (France). Poésie

livre de Anna Akhmatova

Jeremias a mis 10/10.

Annotation :

Mai 2020.
Bouleversant.

La Terre vaine
8.2

La Terre vaine (1922)

et autres poèmes

The Waste Land

Sortie : mars 2006 (France). Poésie

livre de T.S. Eliot

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Mai 2020.
Une découverte. Donc il faudra sans doute que je retourne à "The Waste Land", dont je n'ai fait que survoler le mystère pour l'instant — grand poème captivant néanmoins.
"The Hollow Men" m'a marqué par son aspect incantatoire.
Mais finalement ce sont les "Four Quartets" qui m'ont fait le plus d'effet. De la poésie aux hautes ambitions métaphysiques mais qui parvient à ne pas être un discours versifié. Une grande ampleur rhétorique, un vrai souffle spirituel.

Mémoires d'un tricheur
7.3

Mémoires d'un tricheur (1935)

Sortie : 1935 (France). Roman

livre de Sacha Guitry

Jeremias a mis 8/10.

Annotation :

Mai 2020.
Futé, drôle, exquis.

Les Amours jaunes
7.9

Les Amours jaunes (1873)

Sortie : 1873. Poésie

livre de Tristan Corbière

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Mai 2020.
Une sommet de mordant, et qui ne manque pas de beautés (euphémisme) malgré les postures de dédain et de second degré. Beaucoup de poèmes qui me donnent envie de revenir picorer dans le livre. Et même des sections entières : "Les amours jaunes" et "Armor" (assez inattendue dans sa noirceur, en particulier ce très grand poème qu'est "La rapsode foraine et le pardon de Sainte-Anne").

L'Homme foudroyé
7.6

L'Homme foudroyé

Sortie : 1945 (France). Biographie

livre de Blaise Cendrars

Jeremias a mis 8/10.

Annotation :

Juin 2020.
Blaise. Quel conteur brillantissime. C'est un plaisir de se perdre dans ces mémoires rhapsodiques — même si le dernier tiers, "rhapsodies gitanes", justement, présente quelques longueurs. Énormément de fulgurances et, au-delà la fausse désinvolture, souvent une leçon de maître sur ce que doit être la tâche de l'écrivain pour Cendrars.

Les juives
6.1

Les juives (1583)

Sortie : juin 2007 (France). Théâtre

livre de Robert Garnier

Jeremias a mis 10/10.

Annotation :

Juin 2020.
Le titre (avec son féminin pluriel) est excellent, parce que ce sont effectivement les personnages féminins, et le choeur en particulier, qui ont les plus beaux morceaux. Les supplications les plus pathétiques. Du reste il n'y a pour ainsi dire que des supplications dans la pièce : couleur unique, mais quelle couleur. En face des Hébreux, l'inflexibilité de Nabuchodonosor, monomaniaque lui aussi. Il ne se passe rien, sinon l'attente du sang dont chacun sait qu'il finira par couler — torture raffinée.
« À mon fils Sedecie il mit le sceptre en main / Pour régner en Juda, malheureuse province, / Province malheureuse, et plus malheureux prince.» (Je ne sais pas pourquoi ces vers en particulier m'ont interpellé en lisant)

Chronique
7.7

Chronique (1960)

Sortie : 1960 (France). Poésie

livre de Saint-John Perse

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Juin 2020.
SJP en son "grand âge". Un souffle infatigable.

Amers
8.2

Amers (1957)

Sortie : 1957 (France). Poésie

livre de Saint-John Perse

Jeremias a mis 10/10.

Annotation :

Juin 2020.
C'est "Oiseaux" (1963) que j'ai lus. Amers fait déjà partie de mon panthéon depuis longtemps.
Un poème très étonnant : 1° parce que SJP écrit pour accompagner des lithographies de Braque, au demeurant reproduites nulle part ; 2° parce que, ce faisant, il met la pédale douce à son emphase (que je goûte tant), et se fait naturaliste. Un chef-d’œuvre tardif.

Chant pour un équinoxe
8.1

Chant pour un équinoxe (1971)

Sortie : 1971 (France). Poésie

livre de Saint-John Perse

Jeremias a mis 7/10.

Annotation :

Juin 2020.
"Recueil" posthume, rassemblant : Sécheresse, Chant pour un équinoxe, Nocturne, Chanté par celle qui fut là. SJP n'a pas eu le temps de bâtir l'un véritable recueil autour de ces quatre poèmes épars. C'est beau mais je reste quelque peu sur ma faim.

Le Tiers Livre
7.6

Le Tiers Livre (1546)

Sortie : 1546 (France). Roman

livre de François Rabelais

Jeremias a mis 7/10.

Annotation :

Juin 2020.
Je me sens bien cuistre en attribuant une note (!) moyenne (!!) à Rabelais, mais disons qu'elle reflète moins mon jugement sur l’œuvre que mon plaisir de lecture. Je goûte ce comique, ce sens du dialogue et du langage et ces personnages inoubliables, mais la structure délibérément répétitive du roman (une succession de consultations pour savoir si Panurge doit se marier ou non) m'a vite lassé. Je place pourtant Pantagruel et Gargantua très haut dans mon palmarès personnel.

Le Peu du monde
7.6

Le Peu du monde

suivi de Je te salue Jamais

To lígo tou kósmou

Sortie : 11 mars 2010 (France). Poésie

livre de Kiki Dimoula

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Juillet 2020.
Vaut le détour et vaudra le retour. Difficile d'en parler sans maladresse.

Les esprits

Les esprits

Théâtre

livre de Pierre De Larivey

Jeremias a mis 7/10.

Annotation :

Juillet 2020.
Je n'ai pas lu l'adaptation de Camus ici en photo, mais bien l'original de Larivey.
C'est une comédie agréable, traduction libre d'une pièce de Lorenzino de Medici (Lorenzaccio himself), d'après Plaute et Térence, et qui inspirera semble-t-il Molière pour les tirades d'Harpagon. Une prose alerte, avec beaucoup plus d'action et moins de monologues que dans les comédies de la génération précédente. Et également un sous-texte moral bien plus explicite, sur la bonne et la mauvaise éducation.

Autobiographie
8.3

Autobiographie (1993)

Sortie : février 2009 (France). Poésie, Autobiographie & mémoires

livre de William Cliff

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Juillet 2020.
Originalité totale : une autobiographie en sonnets, cent au total, de forme et de mètre variables (10, 12, 14 syllabes). Des sonnets délibérément "sans rimes richissimes", qui donnent souvent l'illusion d'une prose qui tiendrait par une chance inouïe dans le moule en 4+4+3+3 (avec rimes ou assonances en sus) de la "forme assez ancienne". Cela donne une poésie mate mais jamais véritablement prosaïque, avec de beaux joyaux.

Histoire du livre
7.2

Histoire du livre

Sortie : 1997 (France). Essai

livre de Bruno Blasselle

Jeremias a mis 9/10.

Annotation :

Juillet 2020
Il s'est écrit des centaines de volumes sur l'histoire du livre. Tous plus austères et prolixes les uns que les autres. De quoi décourager qui n'y connaîtrait rien — c'est hélas mon cas alors que je suis supposé me former sur le sujet. Ce petit livre applique au sujet la brillante formule de la collection Découvertes Gallimard : concision, clarté, et iconographie abondante et séduisante. Imparable pour poser de solides bases, même si n'est couverte dans ce premier volume que l'époque moderne.
Et comme d'habitude quand je lis un livre de cette collection, me vient l'envie compulsive d'acheter tous les autres.

Jeremias

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