Cover Leo McCarey - Commentaires

Leo McCarey - Commentaires

Sans être toujours vraiment réceptif à son cinéma, je distingue en Leo McCarey, à travers ces quelques films, une inspiration faite d’idéalisme et de spiritualisme, la variété étonnante d’un tempérament capable d’aborder des registres bien différents. À la sensibilité pudique d’un créateur de ...

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8 films

créee il y a environ 11 ans · modifiée il y a plus d’un an

Soupe au canard
7.2

Soupe au canard (1933)

Duck Soup

1 h 08 min. Sortie : 2 mars 1934 (France). Comédie, Musique, Guerre

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

La Sylvanie et la Freedonie sont sur le pied de guerre, une guerre d’opérette provoquée à la faveur d’un imbroglio sentimental plus délirant qu’un aliéné sous psychotropes, dont la résolution se fera à coups de bombardements aux pommes. Historiens et critiques en tombent d’accord : les grands burlesques, de Keaton et Lloyd à Laurel et Hardy, sont les vrais auteurs de leurs films. McCarey ne cherche pas à canaliser la folie des frères Marx mais l’organise en un savant crescendo burlesque, une satire antimilitariste gorgée d’accents anarchistes. La question de l’humour étant très subjective, chacun jugera de l’efficacité de l’exercice, qui recourt aux situations tarabiscotées du cirque, du vaudeville ou du music-hall. Pour ma part, hormis l’ubuesque escalade finale, je n’en retiens pas grand-chose.

L'Extravagant Mr Ruggles
7.7

L'Extravagant Mr Ruggles (1935)

Ruggles of Red Gap

1 h 30 min. Sortie : 8 mars 1935 (États-Unis). Comédie, Romance

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Amusant de constater la proximité entre ce titre français et celle d’un film célèbre de Capra, avec lequel il partage bien des traits en termes de sujet et d’enjeux : même description d’un milieu social simple et chaleureux, même optimisme revigorant, même exaltation jeffersonienne du bon sens, du pragmatisme et de la générosité. La comédie, dont la tonalité évoque d’abord Lubitsch puis gagne en loufoquerie, dispense donc également un message à travers l’histoire de ce valet de chambre européen (savoureux Laughton) qui découvre au contact de l’Ouest américain les valeurs démocratiques au point de donner une leçon à ses nouveaux compatriotes en leur récitant le discours de Gettysburgh. Quant à ses ponctuelles baisses d’intensité, elles sont rattrapées par une fin joliment émouvante.

Place aux jeunes
7.7

Place aux jeunes (1937)

Make Way for Tomorrow

1 h 31 min. Sortie : 7 octobre 1937 (France). Comédie

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Dans le registre de la gravité, le cinéaste pratique ici un art consommé de la litote et de la soustraction, et empoigne de façon courageuse le sujet rarement traité de la dépendance des vieilles personnes vis-à-vis de leur progéniture petite-bourgeoise. Il y a du Ozu dans ce conte de fées inversé, cette chronique familiale éclairant, par petites touches délicates et allusives, un égoïsme générationnel qui n’ose s’afficher, une brisure irréparable de la transmission entre parents et enfants, l’agonie d’un couple âgé et aimant contraint, après une dernière soirée d’heureuse remémoration, à une séparation définitive. Presque trop de retenue également dans cette élégie digne qui ne verse jamais dans la mièvrerie d’une sensiblerie pleurnicheuse, car si l’émotion filtre parfois, elle peine à s’épanouir véritablement.

Cette sacrée vérité
7.6

Cette sacrée vérité (1937)

The Awful Truth

1 h 32 min. Sortie : 22 décembre 1937 (France). Comédie

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Collaborant avec la même scénariste, McCarey lâche cette fois complètement la bride à son esprit égrillard et à son goût du loufoque et propose un archétype de la comédie américaine sophistiquée. Le hiatus entre l’être et le paraître n’a jamais été aussi béant que dans ce film, dont l’intrigue est basée sur le rétablissement de l’équilibre initial (le mariage), conciliant la sauvegarde de l’image sociale et l’assouvissement des désirs pulsionnels, mais est en tous points contraire aux dogmes du conformisme moral. S’y épanouissent un sens du tempo, des détails saugrenus, une lichette de romantisme agrémentant l’acidité d’un propos qui égratigne aussi bien la haute société new-yorkaise que le ploucisme des fermiers du Midwest. Plaisir éphémère mais réel, porté par un duo d’acteurs très complices.

Elle et lui
7.5

Elle et lui (1939)

Love Affair

1 h 28 min. Sortie : 25 avril 1939 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Deux oisifs se rencontrent en croisière et s’éprennent l’un de l’autre. Après avoir mis leurs sentiments à l’épreuve, ils décident de se rejoindre et de se marier, mais le destin en décide autrement. Deux pliures de six mois assurent la réversibilité temporelle autant que le retour des saisons, rythme nécessaire pour que mort symbolique et renaissance des personnages s’effectuent selon une convention établie, pour que le parallèle entre l’homme et la femme souligne l’harmonie profonde qui règne entre eux, pour que la structure d’ensemble élève la force dramatique du propos sans que jamais ne soit écornée la pudeur brodant chaque situation, à la manière d’une dentelle délicate. Finesse que le remake, dix-huit ans après, devra à la fois surpasser et enfermer en elle-même, comme un écrin protège un joyau.

La Route semée d'étoiles
7

La Route semée d'étoiles (1944)

Going My Way

2 h 10 min. Sortie : 4 septembre 1946 (France). Comédie dramatique

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

À la différence d’un John Ford, qui a parfois questionné vivement sa religion, le réalisateur n’accorde pas de place ici au doute fertile qui souvent stimule la croyance dans ce qu’elle a de plus profond. La paroisse de Saint Dominic où est affecté le père O’Malley n’est qu’un cadre appréhendé dans son fonctionnement hiérarchique, administratif, et sur lequel s’appuie la succession des petits drames qui constituent la charpente d’un récit sans la moindre aspérité. Que le film ait remporté un tel succès (couronné d’Oscars) est à la fois peu étonnant, tant est consensuel le sentimentalisme sirupeux qu’il revendique, et quelque peu décevant, si l’on veut bien admettre à quel point le motif de la frustration affective est noyé par la prudence anesthésiante de la facture. Sa suite lui sera fort heureusement très supérieure.

Les Cloches de Sainte-Marie
7

Les Cloches de Sainte-Marie (1945)

The Bells of St. Mary's

2 h 06 min. Sortie : 16 avril 1947 (France). Comédie dramatique

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Parce que McCarey était un catholique fervent et que ce film ne fait aucun effort pour échapper à une imagerie que l’ont pourrait qualifier de sulpicienne, il serait facile pour certains esprits forts d’en brocarder les bons sentiments surannés. C’est méconnaître une manière profondément américaine d’aborder l’affectif, qui n’implique le recours ni à la distance ni à la caricature et qui est le signe franc et sans apprêt d’une approche se distinguant par son absence de préjugés et de fausse pudeur. Avec cette œuvre aussi drôle qu’émouvante, le cinéaste atteint par l’intrusion du profane à une sorte de mysticisme et décline à travers la relation du prêtre et de la nonne le motif de l’amour terrestre frustré et de sa sublimation. Le rayonnement solaire d’Ingrid Bergman en figure l’intensité comme nul autre.
Top 10 Année 1945 :
https://urlz.fr/keg0

Elle et lui
7.5

Elle et lui (1957)

An Affair to Remember

1 h 55 min. Sortie : 2 octobre 1957 (France). Drame, Romance

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ce film se découvre comme un sanctuaire fondateur canonisé par les hommages et adulé par ses héritiers. Il marque à la fois l’année zéro et l’apogée du drame romantique, qu’il magnifie avec une forme de qualité provocatrice, réaffirmant à contre-courant des modes et des idées reçues la beauté anachronique d’un cinéma tour à tour tendre, grave et comique. Inutile de résister devant tant de pudeur et de justesse, on se fait avoir sur toute la ligne : en souriant à l’apprivoisement mutuel de Cary Grant et Deborah Kerr (couple de légende), en respirant le doux parfum du temps qui s’en va lors d’une escale édenique dans la baie de Villefranche, en goûtant à la noblesse de ces personnages, à leur amour fauché par le destin, à leurs élans utopiques dont la pureté harmonieuse tient autant de l’épiphanie que de l’assomption.
Top 10 Année 1957 :
http://lc.cx/ZwmE

Thaddeus

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