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Leos Carax - Commentaires

Cinéaste-météore apparu lors des années 80 comme le grand sauveur du cinéma français, un poète romantique et écorché qui ouvrait des brèches inédites à l’heure où Besson et Beineix s’enlisaient dans le formalisme toc. Ce n’est pas forcément un artiste qui me parle intimement mais sa voix est ...

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7 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

Boy Meets Girl
6.8

Boy Meets Girl (1984)

1 h 40 min. Sortie : 21 novembre 1984 (France). Drame, Romance

Film de Leos Carax

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Il y a des films qui agacent comme des fruits acides, si brillants qu’on ressent presque une gêne. Faire aussi bien à ses débuts, lorsqu’on n’a pas vingt-cinq ans, ça sent le truc, la magie, quelque chose de pas très net. De toute évidence Carax est tombé dans le cinéma quand il était petit : sa marmite devait bouillir des classiques du muet, et de Godard, Cocteau, Garrel. Son premier essai est donc l’histoire d’une séparation et d’une rencontre qui finissent par la mort, à l’aube. Au long de la nuit, on aura croisé des silhouettes blafardes, fantomatiques, entendu des monologues un peu tuants sur la passion et la douleur de vivre, et on se sera demandé jusqu’où l’auteur allait pousser les curseurs de la langueur monotone et du narcissisme complaisant. Beau sans doute, original bien sûr, gonflant assurément.

Mauvais sang
7.4

Mauvais sang (1986)

1 h 56 min. Sortie : 26 novembre 1986. Policier, Drame, Thriller

Film de Leos Carax

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Film de la virginité, de la première fois, qui use du ralenti et de l'accéléré, de la condensation ou de la trépidation, et qui trouve un équilibre de funambule sans jamais le perdre. Film de poète surtout, cherchant à donner la forme la plus juste à l'éblouissement amoureux devant une femme, à la pulsion de vie guettée par la mort, au frémissement du désir confronté au déni, au surgissement perpétuel du trouble interdit, de l'enfance, de l'innocence. Dans les traces du Godard de "Pierrot le Fou", Carax réinvente une enfance de l'art, entre la BD pop, l'expressionnisme de Cocteau, les ombres de Keaton ou Chaplin – c'est Lavant qui s'étourdit sur le "Modern Love" de Bowie, c'est le rouge à lèvres de Binoche, c'est la pyrotechnie de couleurs et d'éclats fiévreux, cultivant la mélancolie des élans filmés.

Les Amants du Pont-Neuf
7.4

Les Amants du Pont-Neuf (1991)

2 h 05 min. Sortie : 16 octobre 1991 (France). Drame, Romance

Film de Leos Carax

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La genèse prométhéenne de ce film-culte fait partie de sa légende, et en irradie chaque minute. Leos Carax élève son art épiphanique à un lyrisme écorché, baroque, flamboyant, et extrait de la faune urbaine et du marasme des laissés-pour-compte leur beauté à la fois triviale et angélique. Une fois de plus, le cinéaste vise une certaine idée de la création totale, misant toutes ses billes sur des intuitions générales, des fulgurances de malade, en une ode à l'amour fou fécondée par une irradiante énergie romanesque. La magie si particulière du film tient à la naïveté du regard qui la porte, à la puissance expressive de ses images (la valse de Strauss dansée sous le grandiose feu d'artifices), et à la foi fervente qui anime cette éternelle histoire de passion absolue et de destin fracassé.
Top 10 Année 1991 :
http://lc.cx/UPN

Pola X
6

Pola X (1999)

2 h 15 min. Sortie : 13 mai 1999 (France). Drame, Romance

Film de Leos Carax

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Parce qu’il ne peut être que lui-même, Carax exacerbe à outrance ce qu’un autre aurait illustré comme une simple histoire d’imposture. En résulte un film difficile à aimer tant ses dérives autistes, grisées de leur propre vertige, nous sont jetées à la figure. Mais aussi impossible à détester tant il navigue loin au large, là où rarement le cinéma français se risque à aller. C’est donc un objet solitaire mais bien identifié, une espèce de film de genre, du genre film d’artiste. De la campagne à la ville, de la grande bourgeoisie à la misère, de la virginité à l’inceste, de la joie à la disgrâce, de la mélancolie charmeuse à la fièvre expiatoire, il balaie la société, les symboles, le désordre des sentiments, en se rêvant comme un poème de Ronsard revisité par Cocteau. Le talent est là, énervant, brouillon – et parfois fulgurant.

Tokyo!
6.9

Tokyo! (2008)

1 h 45 min. Sortie : 15 octobre 2008 (France). Comédie, Drame, Fantastique

Film de Michel Gondry, Leos Carax et Bong Joon-Ho

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Tel un ermite échappé du purgatoire dans lequel il végétait depuis des années, Carax revient donner de ses nouvelles dans la deuxième partie (la plus étonnante et déjantée) de cette œuvre collective. Créature refoulée et monstrueuse surgie des égouts tokyoïtes pour semer la terreur sur les avenues hyper-policées de Ginza, Denis Lavant, l’alter ego de toujours, y vectorise les inclinations les plus anarchistes de l’auteur : il éclate dans cette farce néo-punk à l’humour dévastateur un goût de la subversion et une ironie féroce que la mise en scène, incendiée par ses inventions plastiques, élève à un remarquable niveau de figuration. Que le moyen-métrage ne tienne pas jusqu’au bout le rythme de sa première course haineuse n’enlève rien à la joie quelque peu mauvaise qu’inspire ce mauvais coup de sang.

Holy Motors
6.8

Holy Motors (2012)

1 h 55 min. Sortie : 4 juillet 2012 (France). Drame, Fantastique

Film de Leos Carax

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Pas difficile de percevoir ici les épanchements bouillonnants d’un artiste qui s’est tu pendant treize ans. La somptueuse ouverture en forme de note d’intention théorique donne le la ; la suite fonctionne comme une auberge espagnole, un inventaire inégal de fictions, de tonalités, de propositions méta autour des itérations infinies du travail transformiste et protéiforme du comédien. En une gerbe de séquences parfois fascinantes (les vagues ondulantes et lumineuses des créatures numériques), parfois franchement banales, Carax médite autour de la disparition inéluctable de l’ancien cinéma, avec une humeur mi-ricanante mi-ronchon. Manquant de cohésion, de liant, d’unité émotionnelle, le film m’a peu touché, il m’a même paru assez fade, même si la richesse de ses propositions reste stimulante.

Annette
6.8

Annette (2021)

2 h 20 min. Sortie : 6 juillet 2021. Drame, Comédie musicale, Romance

Film de Leos Carax

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Quoiqu’on en pense, impossible de nier que le cinéma de Carax est en guerre contre toute forme de tiédeur ou de rétention. Nouvelle preuve en est faite avec ce "musical" flamboyant au romantisme noir, film-tempête qui chevauche les vagues du spectacle populaire et du conte mythologique, convoque les motifs du succès, du public, du couple, de la famille, de la paternité, de l’enfance brisée, pour mieux éprouver ce cortège de pulsions obscures qui emprisonne le cœur de l’homme dès lors qu’il se penche sur l’abîme pour s’abandonner sans rémission au mal. De l’imagerie ample, baroque et luxuriante au souffle lyrique d’une mise en scène en équilibre funambule entre grotesque et sublime, tout ici concourt à faire perdre au monde son coefficient de réalité pour mieux offrir à l’illusion sa puissance de vérité.
Top 10 Année 2021 :
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