Les baignoires au cinéma

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Une baignoire moyen-âgeuse pour se débarrasser de la boue, merde, morve, pisse, sang, tripes, vers, moisissures dans lesquels on a pataugé toute la journée.

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Une baignoire pour se laver, essentiellement, mais qui aurait bien besoin d'être lavée elle aussi. Placée dans le coin d'une salle de bain cradingue, un coin carrelé de bleu, avec les jointures marrons; les bords de cette baignoire sont noirs de crasse et de ciment qui dégorge. L'eau à l'intérieur est si noire que lorsque tu y trempes une jambe, elle disparaît littéralement. C'est pratique pour jouer à l'intérieur, tu laisses rien que ta tête dépasser, et ça fait comme si t'étais un crocodile à l'affût. En vérité, elle n'est pas si noire, cette eau, elle est marronnasse, avec des reflets verdâtres, on la sentirait presque. Avec une baignoire pareille, pas besoin de gel; suffit d'y tremper sa tignasse et tu peux faire partir tes cheveux dans toutes les directions, ça tient quant même; Solomon a bien compris ça lui. Elle est multifonction, en plus de ça, cette baignoire. Tu peux placer un plateau-repas en travers, avec des spaghettis, un verre de lait frais rose, et une barre en chocolat, par exemple, et tu peux manger comme ça, en te faisant laver les cheveux par ta maman. Si c'est pas la classe.
Cette baignoire marginale est un freaks; à l'image du personnage qui s'y lave, à l'image de tout les personnages de ce film difforme et sale, mais qui se révèle si beau finalement pour celui qui ose plonger sa tête dans l'eau trouble et découvrir ce qu'il y a dessous.

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Une baignoire blanche, clinique. Lorsque tu es sur les nerfs, fatigué après une dure journée de merde, que tu n'as pas réussi à dénicher de l'héro; ou que t'as réussi mais au prix fort, y a rien de mieux que de la remplir d'eau cette baignoire propre, immaculée comme le paradis; tu trempes ta tête dedans ou plutôt, tu la plonges tout au fond, là où tout est paisible, tu restes comme ça, sans bouger, recroquevillé sur toi même, en position fœtale si bien que tu te crois baignant dans le liquide amniotique du ventre de ta mère; et là, tu gueules, tu gueules comme jamais t'as gueulé, tu gueules tout au fond de cette baignoire laiteuse, de façon à t’exorciser, à vomir toutes ces horreurs, tu gueules, tu gueules, tu gueules.

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Une baignoire anglaise style 18ème, avec un large dossier sur lequel il est tout à fait confortable de s'appuyer, un bonnet de bain blanc à frange sur la tête, les seins à l'air, le regard dans le vague, pendant que deux servantes sexys te font la lecture. Mais il ne faut pas oublier de fermer la porte de la salle de bain à clef, parce que sinon il y a Edmond Barry qui entre et qui fait comme ça "Would you mind excusing us ? I'd like a word alone with Lady Lyndon." Et il s'approche de toi lentement, avec ses dentelles qui lui sortent de partout, il s'arrête tout près de toi, te dévisage, il te dit "I'm sorry", puis il t'embrasse la main, puis les lèvres, goulûment, cet emmerdeur, toi qui n'aimerais rien de plus que d'être tranquille dans ta faste, somptueuse baignoire parfumée, avec tes servantes sexys qui te font la lecture.

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Une baignoire du futur, avec quatre pieds comme quatre pattes de porcs, elle est raccordée à je ne sais pas quoi par un énorme tuyaux gris. Bien allongé dedans, tu disposes à porté de main d'un chouette porte-savon et d'un miroir qui te permet de regarder le reflet de la télé dans le salon. En plus de tout ça, cette superbe baignoire prénommée GPN 5377 sert de cendrier et d'endroit où se planquer si j'avais un visiteur impromptu sonne à ta porte.
Cette baignoire est le symbole de cette dystopie bordélique et sur médiatisé décrite dans le film, un univers dangereux, car en effet, si tu n'es pas tranquille dans ta baignoire; tu n'es tranquille nulle part.

Annotation :

—Il faut faire vite. Tiens, vois si ça te va. On sera obligé de te déplacer très souvent. Les Allemands traquent sans aucune discrimination maintenant. Juifs, non Juifs, n'importe qui, tout le monde...Oh euh, Wladeck, tu as besoin de te raser mon rasoir est sur la planche.

Annotation :

La baignoire dans laquelle se déroule l'une des scènes les plus marquantes de l'histoire du cinéma américain, ni plus ni moins. Équipée d'un rideau de douche suffisamment épais pour ne pas voir arriver un éventuel psychopathe, elle est étroite et ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour se débattre. Son siphon ressemble à un l'œil immobile d'une morte.

Annotation :

Une baignoire où il est agréable de prendre un bain à la lueur des bougies en écoutant des chants de baleines enregistrés, après avoir passé la journée à jouer au bowling.