Les lectures d'un oiseau en cage (Partie 3)

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Lecture libre.

La longueur est l'ennemi de l'homme vivace, et Carrère est un écrivain de la vivacité. Son identité est celle d'un conteur hors-pair, passionnant dans son approche intime et intense des sujets qu'il fait sien. Il revendique une écriture primaire, directe, et a l'élégance trop rare de laisser à son lecteur le choix de reconnaître l'existence d'un véritable propos. Carrère est pour moi un "anti-essayiste" plein de vigueur, presque apolitique dans son traitement, et c'est tout à son honneur. Seulement, lorsque le nombre de pages est multiplié par 3 : la donne change. Il ne s'agit plus de briller au cent mètres, mais de poursuivre un marathon. Carrère s'est pris pour un marathonien... Et il n'y a aucune honte à être un sprinteur.

(Surtout que les vacances, c'est fait pour se reposer)

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Lecture libre.

Le Destin de l'océan a valeur d’Évangile. L'Amour est une métaphysique réflexive. L'Avenir est porté par une mer de nuages... Au bouleversement suscité, la seule réponse demeure un silence contemplatif. Sur les sables espagnoles. Au milieu du Temps.

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Lecture libre.

La saveur de cet essai relativement court se trouve (forcément) dans la singularité du ton génialement désabusé de son auteur. Entre punchlines philosophiques d'un cynisme hilarant et véritable réflexion sur le rapport Écrivain / Monde, Rester Vivant oscille, tente, fait sourire de complicité, sans se préoccuper de trouver un socle inoxydable sur lequel ancrer sa réflexion. Entre le punk et la philosophie, Houellebecq fait son choix sans état d'âme : si la radicalité est appréciable, le résultat s'en trouve malheureusement un peu fragilisé.

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Lu pour la prépa.

La force d'un parti pris n'est rien sans la gracieuse sensualité de sa mise en place. Loin de permettre à son propos génial de s'envoler élégamment aux confins d'une réflexion métaphysique sur le rapport Art / Histoire, Michon, dans une démarche quasi-masochiste voire suicidaire, s’emploie méthodiquement à l'alourdir par un brouhaha blablateux incessant et une lourdeur stylistique telle qu'elle touche parfois franchement au grotesque-masturbatoire. Frustrant et indigeste, deux adjectifs déplorables étant donné le raffinement de la pensée initiale...

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Lu pour la prépa.

Une analyse plaisante et précieuse de la tragédie humaine parasitée par un style d'écriture parfois franchement irritant, au point de réduire finalement la pertinence littéraire souhaitée à une transposition "académiquement acceptable" de l'art ancestral du commérage de lycéennes en fleurs...

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Lu pour la prépa.

Assez ludique poétiquement et d'une émouvante sincérité.

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Lecture libre.

+ Critique

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Lu pour la prépa.

De la Terre, tout retournera à la Terre. L'idéalisme béat du Romantisme est mort avec l'usure ravageuse de la guerre et du temps. La seule célébration qui vaille est désormais celle de l'éternelle poussière x de la cendre voluptueuse qui survit à l’incendie. La poésie prônée par Machado est à l'image de son Monde, du Monde devrais-je dire : un conte rêche, âpre, terreux, aride parfois, subrepticement ravivé par les bourrasques marines d'un océan libérateur. Le sel est l'odeur de la liberté, l’effluve de l'avenir, le parfum de l'Espagne Castillane...

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Lu pour la prépa.

Un étron misérabiliste fleur bleu, aussi minable et sujet aux soupirs blasés que peut l’être tout recueil de poèmes écrit par une collégienne sans talent obsédée par le fantasme de l’amour romanesque...

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Lecture libre.

... Kafka fait partie de moi.

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Lecture libre.

... Kafka fait partie de moi.

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Lu pour la prépa.

La lecture fut éparse, jouissive à chaque instant. On apprend, on découvre, on réinterroge, on diverge, on grandit. Philosopher, c'est s'armer pour comprendre l'incompréhensible : toucher du doigt le Pourquoi. J'ai l'image d'un vieil homme fatigué sous un arbre, les yeux humides, presque ému par son propre discours, tenter d'expliquer à ses petits enfants un infini vaporeux. Et devant la difficulté de cela, l'intelligence est dépassée. Les voilà, ensemble, allongés en train de regarder les étoiles. La Métaphysique leur donne des frissons.

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Lecture libre.

De l'écrivain de la triste banalité, à l'écriture tristement banale, il semblait y avoir un gouffre, une frontière-monde... La Carte et le Territoire est un pauvre ouvrage Houellebecquien qui semble s'être perdu, avoir été déposé là presque par hasard. Goncourt ? Oui, bien sûr, évidemment : il était sans doute impensable de ne pas souligner la présence d'une réflexion sur le rôle de l'artiste et son rapport au monde, développée sur pas moins de 400 pages. Mais j'aurai aimé, j'aurai voulu arpenter la beauté du territoire, et non simplement me contenter de la monotonie d'une carte routière... Le propos est là, et il a dépassé la puissance littéraire. S'en est presque tragique.

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Lecture libre.

DeLillo dilate durement, dangereusement... délectation de la déliquescence douloureuse du deuil. Transfiguration temporelle, tyrannique travail textuel, troubadour du tourment. Difficile. Tourmenté. Doux. Titanesque. Totalité définitive, et néanmoins mesurée.

Les mots sont une rythmique synthétique. Dellilo ravage avec une distance clinique, et signe un ouvrage d'une puissance intellectuelle ahurissante. Je préfère jouer avec eux, à défauts de trouver ceux qui me permettraient de dire ce que ce livre a éveille en moi.

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Lu pour la prépa.

Philosophie de l'aventure et odyssée du sang : le romanesque est dépassé par la grandeur littéraire de l'essai dissimulé derrière les soubassements de son intrigue. A nouveau, Hugo fait mouche, et ce malgré ces interminables digressions à la frontière de l'indigeste.

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Lecture libre.

Pergaud est mort en 1915, embourbé dans les tranchés. Il avait 33 ans. Alors que je tourne les pages de ce Goncourt, je pense tristement à ce déchirement, à cette évidence : que la guerre nous a arraché l'un des plus grands écrivains de la littérature française et pire, lui a nié la possibilité d'une reconnaissance de l'Histoire. Dire que le style est sublime serait de la paraphrase, car l'écriture de Pergaud est plus grande que la perfection de son style: elle est vivante. Elle crée, elle conte, elle rend possible, perceptible : elle nous permet de plonger notre regard dans la cruauté du monde. La naïveté apparente de la fable enfantine n'en est que plus terrible.

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Lu pour la prépa.

"Et c'est alors qu'il se saisit de sa plume et que, dédaignant les supplications de sa douce qui l'appelait à dîner, il se mit à rédiger avec l'encre de son âme raisonnée un ouvrage d'une mélancolie assassine, consacrée au sujet le plus important de l'historie de la philosophie : sa robe de chambre."

Il se fout de ma gueule penses-tu. Et bien non, c'est juste brillant. C'est du Diderot.

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Lu pour Louis Lumière.

Si un jour on m'avait dit que je lirai un ouvrage condensant, dans une approche autant philosophique qu'historique, les différents éléments significatifs de l'existence d'un rapport intime et évolutif qu'entretient l'Homme avec la Lumière... j'aurais tout d'abord lever un sourcil afin de signifier ma circonspection, avant de violemment cracher au visage de mon interlocuteur. Quel gredin j'aurais fait. Il est toujours passionnant de lire sur des sujets dont nous ne savons rien : nous en tirons toujours quelque chose.

Et si, une fois reposé, l'ouvrage nous invite à une interrogation contemplative portée sur cette banale et inconstante lampe de chevet qui nous accompagne depuis tant d'années : gageons qu'il a réussi sa mission.

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Lu pour La Fémis / Louis Lumière.

Complet et agréablement concis étant donné l'immensité du sujet traité. Reste cependant une dimension extrêmement théorique à mon sens trop prononcée, au détriment de concepts plus simples et pragmatiques qui font eux aussi, la grandeur du cinéma.

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Lecture libre.

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+ Critique

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Lu pour La Fémis / Louis Lumière.

Le cinéma est un ring, et voilà Jacques Aumont s'auto-proclamant arbitre de son Histoire. Les théories s'exposent, s'affrontent, se complètent sans finalement se contredire, portées par un même élan interrogateur : qu'est-ce que la mise en scène ? J'étais enthousiasmé par cette joute de grands noms paraphrasée par l'auteur, la note augmentait au fil des pages, puis survint la conclusion, brûlot réac d'une stupidité confondante sur la mort de la mise en scène et son inexistence dans le cinéma contemporain.

J'ai pensé "tu es une belle merde Jacques".

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Lecture libre.

+Critique

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Lecture libre.

Il y a quelque chose d'étrange à lire en 24h deux ans d'une vie condensée par la littérature. Quelque chose de beau aussi. Que voulez-vous, Carrère est un conteur hors-pair. Sa plume est révélatrice de ma boulimie ontologique. Il m'alimente, nourrie mon voyeurisme malsain de ses turpides familiales et spirituelles. Je suis fais comme un rat.

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Lu pour La Fémis/Louis Lumière.

Si l'ouvrage brille par une chose, c'est la justesse de son approche historique contextualisante et son esprit de synthèse. Parvenir à faire tenir plus d'un siècle d'évolutions, de mouvements et de films en seulement 500 pages relève de la prouesse et il faut le souligner. Cependant, à trop vouloir synthétiser, on se concentre sur ce que l'on aime plutôt que sur ce qui compte vraiment....

Si ce défaut ne transparaît pas vraiment dans la première moitié de l'ouvrage, lorsque la modernité survient, constater l'absence d'analyse et de considération de cinéastes comme Lars Von Trier, Wong Kar Wai ou encore Leos Carax est assez déplorable, voir même incompréhensible.

De même, je note "l'oubli" de toute le "New French Extremism" qui a pourtant durablement impacté le cinéma mondial contemporain, et qui n'est évoqué à aucun moment, tout comme l'ensemble des films choquants et clivants qui ont jalonné l'Histoire de notre beau medium... Une belle porte d'entrée, pas une finalité.

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Lu pour Louis Lumière.

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Lu pour Louis Lumière.

Énorme coup de cœur pour ce manuel scolaire (j'ignorais jusque là que c'était possible). Non seulement c'est très bien expliqué, mais en plus les auteurs ont fait l'effort d'adopter une approche relativement ludique, chose très bienvenue pour un sujet aussi complexe (notamment avec le recours systématique aux exemples du quotidien). S'en fut presque... plaisant de travailler.

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Lu pour La Cinéfabrique (de ma propre initiative).

Et bien c'est tout à fait intéressant et exhaustif, mais parfois bien moins percutant que ce que l'auteur semble croire. Peut être ai-je déjà trop étudié la thématique pour être vraiment subjugué, mais à de nombreuses reprises, l'auteur fait tout une démonstration pour arriver à un résultat qui n'appelait qu'à un : "bah ouais c'est évident en fait pas besoin de tous ces mots jetés au vent", de ma part.

Et comme Jacques Aumont est supposé être un grand spécialiste, voilà que je doute.

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Lecture libre.

Véritable cartographie des opinions politiques/sociales/spirituelles d'un grand scientifique, la lecture est de toute façon intéressante, au-delà des désaccords inévitables et d'une édition très étrange (absence de contexte, textes rarement datés etc...).