Les maestros de la musique de films

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L'immense aura de Morricone a marqué l'histoire du cinéma. Particulièrement connu pour son travail de composition avec son compatriote Sergio Leone, il a donné tout simplement une âme musicale au genre du western spaghetti voire au western tout court. Le grand ouest lui est à jamais lié, bien qu'il soit européen, il incarne un peu l'âme de l'Amérique. Cela se traduit par les somptueux thèmes d'ailleurs qu'il offrira à Leone pour Il était une fois en Amérique.

Ennio Morricone sait tout faire. La musique enlevée, dansante, comique, épique, les fresques historiques immenses ou les partitions intimistes. On ne peut que retenir la maestria de ses compositions pour Le Bon la Brute et le Truand, à l'aide de guitare électrique et d'harmonica. Il associe à sa parfaite maitrise orchestrale, faite de variations et de subtilités, des expérimentations savoureuses.

De sa musique se dégage aussi une sorte de joie intérieure. La partition du film Mission de Roland Joffé illustre à merveille la capacité de l'homme à croire et a espérer, puisque c'est le thème de ce film sur le christianisme et la foi. Les thèmes, interprétés par des indiens d'Amazonie, les musiques pleine d'espérances, procurant une joie pure, réelle, incarnent l'idée du film. Il faut absolument écouter cette bande-originale somptueuse.

Mais Morricone sait aussi être plus intimiste. Je retiens dans Il était une fois dans l'Ouest les thèmes entourant Jill, cette femme incarnée par Claudia Cardinale : douceur, lyrisme et mélancolie sirupeuse, parfois poisseuse, celle qui colle à la peau d'une femme que des crasseux reluques et qui se retrouve seule face à l'hostilité du désert. Certains thèmes de cette bande originale sont aussi doux qu'éblouissant de beauté. C'est là que Morricone est le meilleur selon moi, dans le registre sensible de l'intime et du sentiment. Là, avec les cordes, qu'il affectionne énormément, mais aussi les choeurs, il livre ses partitions les plus secrètes et sûrement les plus personnelles.

C'est le compositeur selon moi de la joie. Pas celle enlevée et frivole d'un Mozart, pas celle sautillante de Vivaldi, celle d'un homme sûr, mûr, appréciant chaque instant de calme offert avec volupté et grâce.

Un génie.

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John Barry c'est l'autre compositeur des grands espaces américains, avec un lyrisme et un romantisme assumé. Avec lui ce sont les grandes envolées de cuivres et de cordes, à l'unisson qui distillent et dilatent à l'infini des thèmes grandioses. Il suffit de regarder son travail pour Danse Avec les Loups pour s'en rendre compte. Sa musique s'élance dans les immenses plaines américaines comme une cavalcade.

A l'aventure qu'évoque immédiatement sa musique succède les grands sentiments, ceux éperdus d'individus dont les coeurs peuvent s'épancher à l'infini dans des espaces désertiques. On retrouvera cette immense force lyrique dans Quelque part dans le temps, film moyen mais à la musique hallucinante de beauté où il développe un thème amoureux entre deux personnages séparées par le voyage temporel, d'une grande finesse.

Il sait évidemment varier vers le film noir, et les ambiances inquiétantes pour mieux compléter son tableau de l'Amérique. Il peut aussi se glisser vers le jazz et les sonorités plus expérimentales (The Cotton Club de Francis Ford Coppola). Il utilise d'ailleurs assez souvent le piano, un instrument particulièrement utilisé dans la musique américaine, en particulier dans le film d'époque, et qui donne une saveur très hollywoodienne à ses compositions.

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Compositeur légendaire qui bénéficie d'un aura unique pour la simple et bonne raison qu'il est compositeur de sagas et films eux mêmes légendaires. La légende de ces derniers pourtant doit beaucoup au compositeur. Star Wars ne serait pas Star Wars sans Williams et les films de Spielberg portent en eux l'identité musicale du compositeur.

C'est un compositeur que je qualifierais de l'enfance et du merveilleux, déjà parce qu'il a illustre des films d'enfants, Indiana Jones, E.T., Tintin, Jurassic Park, Harry Potter. A l'aide d'orchestrations toujours ambitieuses, il fait comme Prokofiev, des compositions avec des thèmes forts et de leitmotivs entremêlés. Son utilisation des bois, de la harpe, des cordes, permet de distiller des ambiances oniriques et douces.

Mais il est aussi le compositeur de l'aventure et de l'épique. Star Wars est la plus pure illustration de son style, réunissant toute sa musique : il réutilise des inspirations de Holst, de Grieg, de la musique russe et de Wagner pour créer une partition unique à l'identité propre. Il donne à chaque personnage des thèmes, à des concerts des motifs musicaux qu'il distille comme pour permettre une seconde lecture des films. On y trouve des fanfares, des marches militaires avec une utilisation des cuivres brillante, des percussions démentes, mais aussi de grands thèmes lyriques, du sentiment. Il utilise aussi les choeurs avec grandiose. Il a composé véritablement durant 9 films un véritable opéra de dizaines d'heures, qui forme une oeuvre absolument magistrale.

Sa maitrise des références classiques et des techniques de composition orchestrale se ressent partout. Ses partitions sont truffées de figures de styles musicales, d'orfèvreries, d'infimes variations. Il s'agit véritablement d'un vrai classique, au sens large du terme, avec une richesse musicale qui n'a rien à enlever aux compositeurs de jadis. Tous les films qu'il a illustré ne resteront pas dans l'histoire, sa musique si.

Compositeur de jazz à l'origine, on peut l'entendre retrouver ses affinités musicales dans Arrête moi si tu peux où il propose une musique dans le plus pur style américain.

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Valeur montante dans la musique de film, Max Richter est un compositeur aux solides bases de musique classique et cela se ressent. Son travail sur les Quatre Saisons de Vivaldi n'y est pas étranger.

Il associe deux de ses marques de fabrique : la musique électronique et les cordes qu'il utilise à l'envi. Il n'hésite pas à utiliser son travail de composition d'oeuvres classiques pour les films, créant parfois des ambiances musicales bifides. Sa musique, très minimaliste dans ses inspirations, s'appuie sur la répétition, le leitmotiv, la variation. Il distille ainsi des ambiances, qui planent sur les films avec douceur ou mélancolie.

Il brille particulièrement dans Mémoires de jeunesse, où il sait distiller en quelques notes un thème romantique et une ambiance lourde et pesante de guerre. Les deux thématiques, contradictoires, au coeur du film, ne cessent de confronter dans la partition, provoquant un sentiment amoureux contrarié par la violence des combats. C'est aussi un compositeur coutumier des séries télévisées comme The Lefhovers.

Son activité dans le cinéma ne l'empêche pas, contrairement à de nombreux autres compositeurs de films, d'avoir une véritable oeuvre classique qu'il bâtit années après années. Sleep, véritable symphonie nocturne qui dure 9 heures, représente à ce titre la quintessence de son travail. Ce compositeur est pris au sérieux, par les labels les plus reconnus comme Deutsche Grammophon, les orchestres les plus prestigieux, les salles les plus mythiques, comme par Hollywood même s'il reste pour le moment essentiellement sur du cinéma européen et d'auteur, sa musique étant moins illustrative qu'abstraite.

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Hans Zimmer est un peu à l'opposé des compositeurs précédents, issus des académies de musique, pétris de musique savante. Zimmer lui s'est construit tout seul. Il en résulte une musique orientée vers l'émotivité immédiate, une sorte d'efficacité, sans oublier l'éclectisme. Zimmer peut aller explorer tous les genres avec une facilité déconcertante.

Une de ses partitions les plus emblématiques est bien sûr celle pour Ridley Scott dans Gladiator : réactualisation de la musique de péplum, avec un lyrisme, des voix envoutantes, utilisation d'instruments orientaux, aux accents antiquisants comme le duduk.

On retient aussi le compositeur pour ses thèmes épiques. Le Dark Knight de Christopher Nolan est à ce titre emblématique, sans oublier Inception, Interstellar, où Zimmer peut utiliser la musique électronique, les percussions lourdes, les ambiances planantes ou pesantes pour renforcer les univers particulier du réalisateur.

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D'abord connu pour son travail horrifique avec David Cronenberg, dans la Mouche entre autres, aimant les travails orchestraux ambitieux, les ambiances glauques et sombres à souhait, il s'est ensuite tourné vers le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson signant une bande originale absolument extraordinaire. A elle seule elle contient finalement tout l'univers de la Terre du Milieu : chaque race a ses instrumentalisations, chaque personnage ses thèmes, chaque contrée ses mélodies, sans oublier les thèmes transversaux comme le sublime thème de l'Anneau, celui de la corruption. Howard Shore utilise à merveille les cuivres mais il expérimente dans à peu près tous les styles et offre à chaque élément de l'orchestre des moments de gloire : les choeurs, les solistes, les cordes, les bois, les percussions (parfois expérimentales), et même des instruments orientaux comme dans les thèmes elfiques trouvent leur place dans cette partition phénoménale. On parle de 10h et même plus de musique. Du Wagner.

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Un compositeur que je qualifierais d'intimiste. Il est par exemple celui qui apporte des thèmes doux et mélancoliques à la saga Dark Knight - car il l'a composé en duo avec Zimmer. On retrouve clairement sa patte dans les morceaux évoquant le passé de Bruce Wayne ou son amour impossible avec Rachel.

Il est aussi un formidable composteur pour prolonger des univers fantastiques, un peu à la manière d'un John Williams mais toujours avec cette douceur. Les cuivres et les marches sont plutôt rares dans ses compostions. Ainsi dans les Animaux Fantastiques, déclinaison de l'univers d'Harry Potter, portant la marque de John Williams, il sait apporter de la fantaisie, du merveilleux tout en collant par sa musique au personnage et à leurs troubles.

Il est clairement une des voix de la musique classique américaine, avec une ambiance qui colle si bien aux décors urbains, californiens ou de la cote est : piano, petites touches de jazz, amplitude orchestrale; autant d'éléments qui ne mentent pas.

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Compositeur fétiche de James Cameron, il participe invariablement de son univers et de son identité de réalisateur. Il est la patte musicale de tous ses plus grands succès et n'est pas étranger à la popularité des oeuvres. Ainsi, Titanic marque probablement un des sommets de sa carrière, non seulement par le morceau interprété par Céline Dion mais parce que Horner sait coller parfaitement à l'esprit du film : airs marins, ambiance presque irlandaise, de docker anglais, grandes envolées romantiques, thèmes tragiques, sans parler des morceaux qui entourent Jack et Rose et les enveloppent dans un cocon musical amoureux.

Mais on peut le retenir aussi pour Alien, Avatar, dans des styles différents, éclectiques. Il colle à une vision d'un créateur d'univers à merveille.

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Connu essentiellement pour une grande, que dis-je, une immense bande originale, celle de Blade Runner. Tout est différent du reste dans cette musique : l'utilisation des synthétiseurs, de sons graves, lourds, de voix orientalisantes par dessus, de nappes de synthétiseurs presque saturées, crée une ambiance post-apocalyptique et futuriste. Mais Vangelis sait aussi s'aventurer dans le romantique et la douceur et quelques titres, précieux et fugaces, viennent éclaircir la noirceur du film par leur beauté.

Le composteur est aussi connu pour d'autres bandes originales comme Les Chariots de feu ou 1492. Mais il est rare dans le monde du cinéma. Il est issu étrangement du rock progressif des années 60-70 avec le groupe Aphrodit's Child où il utilisait ses talents de compositeur et aux claviers pour accompagner la voix de Demis Roussos (si, si !)