Littérature française contemporaine

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Ambiance mi Stalker mi Dersou Ouzala dans cette Sibérie tout aussi réelle que mystique, faite de steppes monumentales et d'éclats urbains post-apocalyptiques. On y survit en évoquant ses souvenirs, en espérant le retour d'un être cher ou en préparant un dernier baroud d'honneur. Plume forte et brûmeuse à la fois, Volodine nous conte ces lieux par micro-récits de 2 à 5 pages, qui semblent indépendants au départ puis finissent par former un puzzle... dont l'image finale gardera malgré tout une part de ses
mystères. Pas vraiment un roman de plage donc, où alors version eau croupie et oiseaux morts sur le sable, mais c'est très très bien.

Cf. critique pour la version longue.

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Un voyageur entre dans une étrange contrée à l'ambiance monacale, dans des communautés fermées qui cultivent des statues. L'harmonie et la quiétude y règnent, en apparence seulement. Adoubé par Julien Gracq pour ce travail, Jacques Abeille tisse une atmosphère envoûtante faite de personnages obséquieux et d'explorations contemplatives. L'écriture est élégante, délicate même, créant ce climat feutré et hors du temps qui contraste avec la menace qui grandit par delà les plaines. Comme souvent, c'est l'homme venu de l'extérieur qui fera bouger les lignes.

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Se méfier de l'indolence qu'on peut prêter aux Antilles, il est ici question de révoltes urbaines, de rage de vivre et d'amours volcaniques. L'histoire retrace avec beaucoup d'intelligence les mutations marquantes de la Martinique depuis l'esclavage jusqu'aux années 90, mais ça ne vire jamais au livre d'histoire scolaire tant la langue est vivante et inventive. Il y a les mots et expressions créoles bien sûr, qu'on s'amuse à apprivoiser au fil des pages, et plus généralement la gouaille folle de cette grand-mère qui a tout vécu et se décide enfin à le raconter à sa façon.

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Un anti-héros solitaire trace sa vie en explorant les "zones blanches" non répertoriées sur les cartes : terrains en friche, zones industrielles, poches de forêt urbaine, lisières des réseaux routiers. Il va peu à peu élargir ses balades de ninja des temps modernes à des lieux plus fréquentés et protégés, faire quelques rencontres, et en profiter pour comprendre enfin de quel bois il est fait. Roman aux "paysages" originaux donc, ce qui vaut aussi pour le paysage mental de cet homme. Et un propos singulier qui raconte la ville sous ses angles secrets, avec de belles réflexions sur la vie en marge, l'idée d'être présent sur la photo mais à l'insu des autres. J'aurais bien aimé voir le Wong Kar Wai des années 90 en faire un film.

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Le roman d'espionnage et la théorie du complot revisités avec originalité, grâce à cette plongée dans une organisation secrète qui "falsifie le réel" dans un but nébuleux. Devenu une trilogie, Les falsificateurs est un thriller géopolitique ludique et décalé, mené aux quatre coins de la planète, où les "dossiers" confiés à la nouvelle recrue Sliv vont s'entremêler à son enquête personnelle sur les arcanes de la maison. L'écriture est pas démentielle mais ici on s'en cogne un peu, le tout se dévore comme un bon livre à suspense au service d'un propos malin.

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Un premier roman ambitieux et foisonnant, situé habilement à la croisée de plusieurs genres tout en éludant leurs codes respectifs quand ça lui chante. Ça commence par une enquête de police, à laquelle va se greffer un portrait psychologique, puisant lui même sa source dans le récit d'une quête initiatique. Ça se prend parfois un chouia au sérieux dans cette volonté d'aborder 1000 sujets, ou lorsque le ton devient trop solennel, mais malgré ces quelques digressions en trop ce sont bien le talent et les bonnes idées qui l'emportent sur le reste.

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Je ne suis pas un grand lecteur de fantasy ou de SF mais Damasio me paraît vraiment trouver l'équilibre entre le souffle épique inhérent au genre, les morceaux de bravoure ; et des thématiques, des questionnements qui transcendent la simple succession d'aventures. Séduit par l'écriture aussi, le travail sur les mots, même si certains passages virent parfois à l'ampoulé. Petit défaut pardonnable parce qu'on sent la sincérité derrière le style, et l'envie de raconter des vies et des caractères au delà d'un ou deux traits grossiers.

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Quelle prose ! Toute en méandres, avec un sens du petit détail qui en dit long. Riche jusqu'à l'emphase parfois, mais en restant toujours viscérale. Contraste entre la simplicité des vies évoquées et le tumulte des mots qui jaillit de la plume de Michon pour les raconter. Comme c'est souvent le cas dans les recueils de nouvelles, tout ne se vaut pas mais dans les meilleurs moments, Michon parvient à saisir l'essence d'un être dans ses petits riens et à lui donner par ses mots puissants une sorte d'ampleur universelle. L'ordinaire qui devient noble en quelque sorte.

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Un roman-reportage ou reportage-roman, de la redécouverte des temples d'Angkor en 1860 à nos jours. Deville zigzague entre les lieux et les époques dans de courts chapitres dynamiques, se servant de sa remontée du Mékong pour aborder aussi bien la folie des khmers rouges que la beauté des paysages, les colonisateurs sans scrupules que les grands explorateurs humanistes. Le Cambodge, le Vietnam, le Laos, affrontements ethniques et idéologiques entremêlés, figures historiques du passé ou amitiés fugaces tissées avec les locaux. Le ton, lui, est humain sans chercher l'emphase ou la dramaturgie, conservant plutôt un certain flegme teinté d'ironie et toujours une affection palpable pour cette Asie.

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Attention Objet Littéraire Non Identifié, vous pourrez adorer comme détester. Tout ça part comme un roman de SF-enquête prenant, et Minard aurait pu continuer dans cette veine... sauf qu'un homme désormais seul sur terre, forcément ça finit par dérailler du ciboulot et virer schyzophrène. Et là le récit part dans autre chose, si protéiforme que c'est inutile de vouloir le résumer en quelques lignes. Parfois jubilatoire d'inventivité, parfois touffu jusqu'à en perdre le lecteur, à lui faire se demander ce qu'il vient au juste de lire 3 lignes plus haut. J'étais assez lassé à la moitié du truc honnêtement, mais Minard reprend bien la barre par la suite, en restant toujours dans une certaine folie - notre homme essaie quand même d'apprendre le "karaté shotokan" à un tatou - mais en suivant un cap qui m'a semblé alors enfin palpable. Et puis le ton est quand même souvent génial, à la fois grande gueule et érudit, trivial et mythologique.

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Un mélange de réalité et de fiction dans cette histoire du Super Mama Djombo, groupe mythique né dans la jeune Guinée-Bissau indépendante des années 70. Les premières pages sont agréables, sans que l'on soit happé d'emblée, et puis on réalise qu'on s'imprègne de plus en plus de ces personnages fanfarons et pudiques à la fois, de leurs amitiés, de leur sixième sens pour la musique et le rythme. Il y a une douceur et une élégance simple dans la façon dont c'est raconté, en mélangeant flashbacks de la génèse du groupe et temps présent. Sylvain Prudhomme aime l'Afrique et y a vécu. Sa plongée dans la méconnue Guinée-Bissau a le parfum authentique du récit qui sait aborder le folklore en le dépassant malgré tout, évoquer les maux du pays en adoptant une sorte de fatalisme local, et restituer par des détails l'ambiance des rues, des conversations, des états d'esprit qui la composent.

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Bordel quelle plume, claro que si ! Le sens de la formule qui sonne à la perfection, de l'expression imagée que t'as pas vu venir, du mot décalé et percutant pour appeler une chose autrement que par son nom habituel... le sens de l'humour aussi. J'ai dévoré le livre, car la prose de Claro a beau être inventive elle retombe toujours sur ses pattes et dans le bon tempo. Derrière, l'intrigue elle-même apparaît un peu en contre-jour, bénéficiant de ce style ébouriffant sans en capter toute la lumière, et disons qu'on suit les personnages plus qu'on ne s'accroche follement à eux. Je crois qu'on est pas si loin du grand bouquin, mais grand plaisir en tout cas tant la langue séduit et fait tourner les pages.

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Un architecte rencontre Victoria et devient son amant. Dès le début on apprend qu'elle a été sauvagement assassinée, et lui suspecté avant d'être finalement relâché. Parfois agaçant, parfois trop écrit dans la façon dont les deux amants sur-analysent leur relation, c'est tout de même une histoire d'une belle complexité des sentiments, entre pure attraction physique et un amour mêlé à de la répulsion pour cette femme ambivalente, aux antipodes du personnage principal par ses valeurs et son caractère, dont les multiples facettes se dévoileront au fur et à mesure du récit.

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Un roman des débuts pour Maylis de Kerangal, avec une sorte d'épure et de modestie dans l'intrigue. Le décor et les rôles de chacun sont plantés assez rapidement, et je pense que les 180 pages n'auraient pas souffert de quelques copines en plus pour étoffer le contexte personnel des personnages principaux. Reste que la plume est vivante, et s'amuse à alterner avec un certain talent les niveaux de language. On sent le coeur aussi, l'empathie pour ses personnages, quitte à être un peu trop lyrique par moments pour décrire ce qui reste une bande d'ados qui s'éclatent à faire des plongeons dans la Méditerranée. Une histoire éclairée par de jolis passages, la célébration de petits moments d'insouciance, mais un certain manque de résonnance dans l'ensemble. Bonus : ça se passe à Marseille, et ça c'est bien.

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Les Vosges nimbées de brouillard, la nuit posée sur les routes désertes... et une moto noire qui fend l'air et le silence. Pas besoin d'aimer la bécane pour entrer dans ce court roman qui parle plus généralement d'une passion dévorante qui vire à l'obsession. La plume fait le reste, ciselée et inspirée pour mettre des mots sur la sensation de vitesse et l'ivresse de la trajectoire. Un bémol sur le motard au centre du récit, si fermé aux autres qu'on en reste un peu trop à distance, mais c'est atténué par l'alternance de points de vue avec sa compagne qui humanise cette histoire.

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Un ancien pianiste de jazz, qui avait quitté ce milieu comme un alcoolique arrêterait de boire, replonge dans son addiction. Amateurs de récit épuré et de phrases (très) courtes qui vont à l'essentiel, ce livre est pour vous.

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Cf. critique.

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Cf. critique.

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Un recueil de nouvelles qui distille de l'étrange et du fantastique sans effets spectaculaires, mais dans un léger décalage avec la réalité du quotidien. Au point de parfois jouer sur l'ambiguité entre ce qui est véridique et ce qui relève des "fantasmes" des personnages. L'écriture de Mélanie Fazi est sensitive, avec les obsessions et les phobies comme matière première, et lui permet de poser une ambiance forte avec quelques éléments seulement, dans des cadres toujours imaginatifs et variés.

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Un soleil écrasant, celui des Pouilles. En peu de mots, peu d'effets, Laurent Gaudé aborde le genre de la saga familiale par son versant modeste. Pas d'évènements hors du commun, de personnages qui rejoignent la grande Histoire... mais bien sûr le passage du temps, la transmission, la mémoire, ces liens du sang qui rapprochent et compliquent les choses à la fois. Et un cadre de Méditerranée puissante et grave, où la luminosité et les senteurs du sud ne suffisent pas à garantir la dolce vita.

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Un roman choral et un contexte fort : l'ouragan Katrina. En pleine évacuation massive de la Nouvelle-Orléans, Laurent Gaudé imagine quelques destins restés sur place. Un ancien couple prêt à tout pour se retrouver, des détenus en opération survie, une vieille veuve indéboulonnable, un pasteur en plein crise de foi. Et partout autour, cette atmosphère irréelle de nature qui déferle sur la civilisation, de Bayou poisseux qui lâche ses alligators dans les rues comme si c'était des labradors en goguette. La plume est tout en force tranquille, dans l'émotion concise plutôt que dans les violons excessifs. Ça pourrait faire un bon film à Oscars, dans le genre classique mais bien foutu, avec Denzel qui viendrait chercher sa statuette entre deux tournages d'actioners miteux.

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Le pitch est très cool je trouve, onirique et sombre à la fois, et permet à Serge Brussolo de jouer avec des atmosphères différentes entre les rêves et la réalité. L'homme fourmille d'idées et son univers mi SF mi réaliste est bien construit, avec une galerie de personnages qui en incarnent tous les prismes. Un peu plus de talent à l'écriture, que je trouve correcte mais pas marquante, et le tout prenait une dimension supérieure.

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Ça marche pas mal parce que ça joue sur le mystère, avec ce décor excellent de musée-ville-labyrinthe aux oeuvres étranges. L'histoire ne va pas au bout du potentiel de départ, le style est inégal, et les bonnes idées alternent avec des trucs trop bizarres à mon goût, mais c'est aussi moi qui ne suis pas un gros acharné de SF (j'ai mis la même note à des classiques du genre type Fahrenheit 451 ou Le monde inverti).

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Chloé Korman n'angélise pas la cité. Elle en aborde les problèmes d'insalubrité, de business illégaux, de gamins déjà sur le chemin de la délinquance... mais réserve aussi une voix pour l'entraide et la bonté. De bonnes choses dans ce roman : une part de mystère dans un lieu qui est toujours scanné de façon très terre à terre par la fiction, la violence qui est symbolisée par un biais plus original que ceux habituels... dommage que certaines pistes de départ s'évaporent et que des éléments plus convenus soient aussi de la partie. Bien mieux dans tous les cas qu'un "Enquête Exclusive : dans les coulisses de la BAC" à 22h40 sur W9.

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Des évocations. Des fragments. Mélange de présents et de flashbacks, de vérités et de ruses. Le port intérieur nous plonge dans l'univers récurrent de Volodine, fait de dissidence armée, de survie clandestine sur la brèche, de souvenir des disparus. Avec la parole elle-même qui est au centre. Le tout narré par sa plume graphique, qui alterne l'évocateur et les phrases sèches et coupantes. Le climat est poisseux, crépusculaire, dans la marmite étriquée d'un Macao où s'inscrivent des slogans combustibles et nébuleux à la fois, type "Pour une citadelle assiégée sur les haut plateaux, trois cargos flambent en haute mer" ou "vétérans des armées de la mante, regroupez-vous". Petite préférence pour Des anges mineurs, du même auteur, pour sa construction formelle et son champ plus vaste, mais le tout que semble former l'oeuvre de Volodine donne envie de continuer à l'explorer.

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Il y a une belle dose de malice dans la façon dont Echenoz joue avec des éléments policiers comme la filature, le kidnapping et autres mais dans une veine dilettante, toute en distanciation amusée. On sent bien que ce sont avant tout les interstices de l'intrigue qui attisent sa plume, les petits moments anodins en apparence qui racontent des choses plus "vraies" et essentielles à ses yeux que les grands rebondissements. Bien sûr, ces mini digressions lunaires ne font pas toujours totalement mouche et le flegme cool peut parfois virer à l'indolence... mais l'esprit presque BD qui plane au dessus de ces personnages, la touche personnelle et décalée dans le vocabulaire, font qu'on reste toujours avec plaisir dans le sillage de cette équipée.

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Un court livre de 150 pages ultra découpées, ou la rencontre d'une Méduse moderne et d'un "ghost-sniper" associal. Plus encore qu'avec "Tous les diamants du ciel", il y a la sensation que Claro est moins intéressé par la construction d'une histoire proprement dite que par la fulgurance des mots et leurs téléscopages, autant pour la sonorité du texte que pour faire fuser ses traits d'esprit. Ce n'est pas un simple exercice de style, car il y a toujours un regard sur les gens et sur les choses, simplement Claro refuse de les expliquer en long en large et en travers afin de tout rendre limpide. Au lecteur de capturer ce qu'il voudra/ce qu'il pourra dans ce magma bouillonnant et vaporeux à la fois.

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Un planet opera qui raconte l'installation, l'essor puis le déclin d'une colonie humaine sur Garance. Chaque chapitre fait un bond de quelques décennies dans le temps, et le procédé fonctionne car on s'attache facilement aux nouveaux personnages, quand bien même le ton doux-amer qui irrigue l'ensemble manque un peu de puissance d'évocation. Bien sûr c'est de la SF, il y a du dépaysement, des technologies futuristes, mais Laurent Genefort réussit surtout en restant à hauteur d'hommes, narrant l'espoir des pionniers, la naissance d'une identité commune, puis les dissidences idéologiques, l'amertume des laissés sur place... le tout avec un regard à la fois lucide et généreux sur notre espèce.

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Je pensais lire un truc bien loufoque qui part dans tous les sens, c'est au contraire un récit très "pensé" et maîtrisé. Il y a bien un virage totalement cinglé pourtant, mais du cinglé qui reste méticuleux et dogmatique dans sa forme. Ce qu'on lit c'est un manifeste singulier, et son passage à l'acte(s). Un manifeste très érudit également, aux références perpétuelles, avec parfois un léger parfum japonais dans le trash délicat j'ai trouvé. Au final je salue la singularité du roman, cette savante bizarrerie qui saura séduire des curieux, mais je ne suis jamais totalement entré dans cet univers.

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Petite exception ici : Toussaint est belge. Je l'ajoute car l'idée de la liste reste de parler des livres. Celui-là est fidèle au style Minuit il me semble. Ton détaché, dilettante, avec un narrateur moins dans l'initiative que dans l'observation des petits détails. Et aussi, de jolis passages tout en élégance tranquille, notamment quand cette plume plonge dans des scènes qui sont elles en mouvement (un train de nuit, une fuite folle en moto dans Pékin, une recherche éperdue sous un soleil écrasant). Il y a alors comme une douce énergie, un flegme dynamique. Il me manque un truc pour être totalement saisi par la démarche, mais j'aime bien cette idée de l'éditeur avec une patte différente et reconnaissable dans le milieu.