Livres lus en 2018

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Dans l'enveloppe de son lyrisme coutumier, Gaudé dresse une élégie aux morts d'Haïti, victimes des tremblements de terre et rendus à la vie par la magie vaudou et littéraire. L'éclatement du récit à-la-Gaudé manque ici d'enchantement.

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Troussé comme un polar, égrainant des indices pour comprendre ce qui a conduit aux crimes par lequel s'ouvre ce roman, il y a là un traité sociologique, psychologique et humain qui se terre avec fracas entre les mots de Slimani.

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Récit modestement écrit, articulé en chapitres courts, Wiazemsky y revient sur sa naissance en littérature et son amitié conjointe avec le Père Marcel Deau. Se dresse une définition parfaite de l'amour platonique.

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Flaubert est grand ! Sa littérature sonde l'âme de l'existence et plus que n'importe quoi confirme que "l'universel, c'est le local moins les murs.". En valsant entre les points de vue, c'est le portrait de l'humanité entière qui apparaît.

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Bréviaire modeste mais efficace pour s'initier à la vie du prodigieux compositeur, réinventeur, avec Pleyel, du piano au cœur du XIX siècle. Compositeur chéri d'une Europe en bouleversement, son art succède dignement à Bach et Mozart.

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Plein d'une multitude de sujets actuels (les bouleversement géopolitiques qui transmuent l'Europe). Ce serait passionnant si tout n'était pas rédigé comme un trop long commentaire Facebook où tout se confond pour le mieux et le pire.

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Ce petit livre (75 pages écrites en gros caractères) couche sur le papier une fracture, celle d'une paternité accidentée. Sans plonger la plume dans les plaies de l'âme, restent quelques clichés et une pointe de saillies affectives.

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Les échanges entre le mathématicien et le compositeur sont intéressants pour leur profondeur et les connaissances croisées. On peut y piocher un réservoir d'informations mais les fameux coulisses ne sont jamais révélées. Ce qui déçoit.

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2e rencontre avec Céline.. La langue est là, pendue, traînant dans la cendre et les biles les moins reluisantes de l'âme et de l'expérience humaine au seuil du XXe siècle. A mon endroit, la poigne a été moins brute que pour "Mort à crédit"

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L'épure avec laquelle se caractérise le nouveau roman japonais trouve ici une immanence particulière. Cette historie de couple, mâtinée d'un fantastique doux, saupoudrée de descriptions succulentes de plats, séduit.

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Fondamentalement anodin, dans ce que ça raconte et dans son style, rédigé comme une pièce de théâtre (les descriptions étant réduites à leur fonction de didascalie), un livre aussitôt oublié que lu. Aussitôt regretté même.

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Découvrir Proust, au détour d'un grand amour (d'une femme, de la littérature française) par le seuil de la Recherche, c'est comme naître à un univers de la langue, s'ouvrir à un horizon de la pensée et des sens, jouir d'un plaisir de l'écriture.

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Faisant dialoguer la gauche radicale et la droite conservatrice, sur des thèmes aussi épineux qu'Israël, Mai 68, le communisme, la hauteur du débat et la profondeur des arguments des deux bords est prodigieux d'intelligence.

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Le plaisir ludique, intellectuel et profond de cette autobiographie éparse et parcellaire tient à la musique qu'on entend à sa lecture (le timbre et la diction de Luchini) et la saveur tantôt triviale, tantôt altière de ce qui s'y dit.

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En mâtinant son expérience personnelle de considérations politiques et sociologiques, Louis, contemporain, trop contemporain, détache son texte du modèle kafkaïen pour lui donner un apparat plus ample.

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Dans son écrin Galimmard, sous les habits d'une collection dirigée par Sollers, il ne faut pas s'illusionner sur la nature de ce maigre texte : c'est du Marc Levy à la fois épuré (dans la quantité) et en même temps paresseux.

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Nouvelle éditée à titre posthume de l'éminent romancier viennois, cette "Gloire tardive", lointain cousin du "Bartleby" de Melville, témoigne dans un style effacé de la fatuité des artistes ratées et l'ironie des gloires manquées.

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Découverte de Foenkinos. Aimé par d'aucuns, conspué par les autres. Portrait en deux temps de la propension qu'a la beauté de sauver ou non les âmes en peine. Triste à pleurer, légèrement larmoyant, charmant aussi dans sa limpidité.

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Livre estival par la conjonction de son charme solaire et des étoffes dont sont vêtus les premiers émois, ce deuxième volet de la Recherche non seulement germe sur le terreau de Swann mais explore un nouvel état de l'existence affective.

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Mon premier Modiano. Et j'ai parcouru ce livre comme on traverse un rideau d'air. J'en ai senti les vibrations ; j'en suis ressorti comme caressé ; mais j'ai eu l'impression d'avoir échappé à tout. Et que j'ai joué le lecteur abandonné.

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J'avoue une véritable admiration pour l'indépendance farouche de Taubira. Et pour son lyrisme à tout crin. Enthousiasme ardent, au risque de la saturation par le name-dropping, qui envoûte à la lecture de cette élégie à la lecture.

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Ce qui pourrait faire le scénario d'un beau film (où l'amour de la Nouvelle Vague a laissé place à l'adoration du cinéma bis, où la culture française s'est faite avaler par l'industrie US) donne un livre à peine écrit.

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Dans une collection qui invite à égrener les livres, pour mieux promouvoir l'amour des pages et des ouvrages, ce "1144 livres" tresse une histoire intime, un portrait secret sur le mariage orphelin de la vie et de la littérature.

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L'assistant réal d'Eustache par 3 fois nous donne à voir l'envers technique de films à la création profondément épidermique. Brossant, d'un point de vue distant, la figure d'un cinéaste qui n'en ressort que plus mystérieux.

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La beauté qui court entre chaque ligne de ce dernier livre de Loridan-Ivens tient au double ton de confessions secrètes et de témoignage historique. Où comment le corps, l'amour, le sexe et les passions refleurissent après l'horreur.

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En opposant à la frilosité réactionnaire de Zemmour un récit national basé sur le roman de Renart, une identité heureuse, une Europe des peuples hugolienne, un existentialisme consubstantiel, Glucksmann ouvre des portes bienfaitrices.

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L'Hollywood des 40s vu par l'une de ses figures les plus lumineuses et étranges, voilà le programme de cette autobio. Portrait d'un microcosme curieux autant que journal lubrique, l'aventure d'une légende secrète qui se lit avec gourmandise.

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Ce qu'il y a de fabuleux dans les tragédies en vers, qui plus est quand elles sont l’œuvre d'une fascinante orfèvrerie de la langue comme ici, c'est que la musique du texte se lie à la puissance relatée des émotions contraintes.

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"2001" est mon film préféré. Après avoir lu ce recueil d'articles parus dans Positif, préfacé, postfacé, agrémenté d'un entretien avec le Maître, c'est devenu mon œuvre d'art favorite. Parce que j'y décèle désormais l'infini de ses lectures.