Au Québec, ils doivent certainement appeler cela un "sursaut de peur" mais nous traduirons cette expression anglophone par un vocabulaire technique et approprié : "tain tu m'as foutu les ch'tons". Les "ch'tons", c'est quoi ? C'est un procédé, plus ou moins technique, destiné à épouvanter en faisant sursauter le spectateur.
Alors ça dure un millième de seconde, il s'est passé un truc louche ou il faisait sombre, mais c'est certain, le diagnostic est net, l'avenir proche est clair : il y a une couille dans le potage et c'est pas la tienne.
Alors, on va me dire, mais oui, tu comprends, c'est un procédé qu'on voit dans tous les films d'horreur, ça fait deux milliards de fois qu'on nous fait le même coup, donc ta liste, elle sert à rien.
◘ Un, déjà, d'une, tu te calmes tout de suite, ce n'est pas que dans les films d'horreur.
◘ Deux, on va essayer de décortiquer tout ça, de voir les jump scares tradi et d'être un peu créatif : j'ai rangé les jump scare selon la nature des jump scares. Il y a donc plusieurs listes, à savoir les jump scares poursuite, les jump scares maléfiques, les ghost jump scares, les jump scares coup de feu, les jump scare bizarre, etc.
◘ Trois, on va ranger les jumps cares, les illustrer, les décliner et les astiquer.
◘ Quatre, ça m'étonnerait que tu saches compter jusqu'à quatre surtout quand les trois autres personnes qui sont passées avant toi sur cette liste sont mortes, d'une mort atroce, violente, une charcuterie à ciel ouvert.
Il est vrai qu'insuffler le sursaut (ooooh que c'est joliment dit !) suit, en toute logique, une trame conventionnelle avec un préalable, le déclencheur, l'objet de la peur et enfin la frayeur vive. Ce qui est, en soi, paradoxal puisque le sursaut va provenir d'un étonnement soudain, soit déjà la combinaison de deux facteurs nécessaires qui entrent en collusion.
(si tu as lu jusque là, c'est que tu as 120 de QI, mes félicitations... Pour les autres qui peinent, je vous donne cinq secondes pour abandonner cette lecture de sorte à maintenir le niveau de superficialité et de convivialité artificielle dont vous avez besoin ).
Cette trame conventionnelle vient jouer avec nos perceptions, à commencer par la vue (l'image est sombre, trouble mais aussi le champ de vision disponible), puis de l'ouïe (musique, bruit de grincement, de craquement, etc.) et enfin de la cognition (reconnaissance d'un visage, d'une forme, plus ou moins familière, plus ou moins humaine et plus ou moins distincte, d'un lieu plus ou moins connu, d'un rêve).
Ensuite s'ajoute le contexte où, très souvent, l'atmosphère est pesante, le contexte accablant, isolant, imprudent et la situation urgente, mal aisée ou a contrario complètement ordinaire.
Enfin, le rôle considérable de l'empathie et de la subjectivité vient clore le tableau du jump scare - éléments qui ne tiennent qu'à la technique employé, au jeu, à la psychologie du personnage (phobie ?) et à la qualité de la mise en scène.
Un bon jump scare est un spectateur qui s'est bien représenté, qui sait convenablement identifié tous ces paramètres en l'espace de quelques secondes. C'est pourquoi il nécessite une bonne préparation technique et de conditionnement mental. Tant est si bien que, parfois, nous avons à faire à des ambiances de terreur et de malaise permanent (obscurité et fond sonore permanent), laissant libre l'intervention du jump scare : c'est le pré-jump scare.
Le jump scare dépend de votre réaction naturellement tandis qu'au niveau du film, le temps de latence qui succède au jump scare dépend de la réaction du personnage, de son cri, de sa panique... voire d'une stress plus léger si le but n'était pas de pousser le jump scare trop haut, trop fort.
Si cette réaction diffère d'un individu sur l'autre, elle est universelle car elle joue de notre métabolisme. Pour décharger une dose d'adrénaline, la réaction du film doit être nécessairement inférieure à la réaction métabolique. Une réaction d'urgence met de 0,5 sec. à un peu plus d'une 1 seconde pour nous parvenir. On peut penser à ce titre que certains genres cinématographiques sont prédisposés à stimuler et à déclencher ces réactions d'urgence. Si l'astuce du film - parce que c'est beaucoup d'astuces au final - est inférieure à notre temps de réaction, normalement, sans autre artifice, le jump scare ne peut pas manquer.
Faire peur jusqu'à faire sursauter n'importe quel coeur endurci, c'est un travail artistique très délicat de la sauvagerie. Comment faire en sorte de stresser l'être, autrement dit de reculer le seuil réactionnel, mais en plus de le faire réagir par un sursaut ? Faire rire ou pleurer, je ne dis pas : c'est très subjectif... Mais faire peur est un stimulus envoyé dans le cerveau primitif, c'est universel !
Alors voilà...
J'aime le jump scare car il stimule une réaction par une savante alchimie. Cette réaction est souvent un mouvement de recul, d'abord de la tête. Si la réaction est plus forte, c'est le corps entier qui recule, voire une grossièreté ou un cri.
J'aime le jump scare car il démontre la qualité technique d'une oeuvre (enfin... de moins en moins avec le found footage) et qu'il est radical : si le jump scare ne fait pas peur, le film n'est pas forcément foutu mais il a du plomb dans l'aile. Cela dit, il est aussi des jump scare ratés qui connaissent une deuxième carrière dans la nanardise ; il peut être intéressant de les regarder aussi pour savoir quels sont les manquements alchimiques.
TEST DE PREPARATION PSYCHIQUE EN REGARD DE CETTE LISTE - N°1 : http://www.youtube.com/watch?v=t80sdBtB-Gc
Vous aurez beau connaître cette vidéo, la réaction, même mesurée, est imparable.
TEST DE PREPARATION PSYCHIQUE - N°2 : http://www.youtube.com/watch?v=jGFWEoCGhi8#t=19
Le niveau augmente.