OST of my life : ma vie musicale en 35mm

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Si Spielberg et John Williams ont signé ensemble quelques monuments, leur travail sur E.T. reste pour moi le sommet de leur association. Inspirée, pleine de contrastes et de puissance, traversée de thèmes et de motifs si évocateurs qu'à leur simple écoute les images du film s'imposent à l'esprit, la partition du long métrage trouve son apogée avec son final de quinze minutes, durant lequel les dialogues s'effacent presque entièrement à l'écran pour laisser toute la place au langage musical.

Je ne sais pas combien de fois j'ai vibré, frissonné, jubilé et pleuré à l'écoute de cette B.O. Ce qui est sûr, c'est que, bientôt vingt ans après avoir encaissé l'uppercut E.T. pour la première fois, l'effet reste le même. Et la musique de Williams y est toujours pour beaucoup.

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John Williams, suite.
Dans ma chronologie Spielberg personnelle, Jurassic Park vient juste après E.T. C'est le premier de ses films que je vois au cinéma, et cette expérience, vécue à l'adolescence, est du genre inoubliable. Sans parler du fait que ce film avait tout pour me plaire - et ne m'a déçu en rien.

Là encore, l'alchimie entre le réalisateur et le compositeur est parfaite. Williams souligne la majesté des premiers grands dinosaures que l'on découvre à l'écran, souligne à grands sifflements stridents de flûte le péril incarné par les vélociraptors, alterne entre emphase, poésie, tendresse et violence symphonique pour faire passer le spectateur par les mêmes états que les personnages.

Il se fait aussi totalement silencieux pour la plus grande scène du film, l'attaque du T-Rex. Pas une seule note de musique durant cette séquence d'une dizaine de minutes. Rien que la pluie, le vent, les pas lourds de l'animal qui font trembler les verres d'eau, les chuchotements des personnages pris au piège, puis les grincements de métal broyés par la puissante mâchoire. Cris, craquements et éclaboussures en tous genres occupent tout l'espace sonore.

Ce choix, que d'autres réalisateurs n'auraient sans doute pas fait, écrasant la démesure de l'attaque à grands coups de trompette, est la meilleure idée sonore d'un film qui n'en manque pas. Et souligne en creux l'évidence de tout le reste de la B.O., dont la montée en puissance continuelle accompagne le déchaînement des images.

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Première écoute, juste après l'achat du CD (et avant d'avoir vu le film, car les B.O. sortaient souvent en amont à l'époque) : stupeur. C'est du Williams, ça ? Où sont les cuivres tonitruants, les assemblées symphoniques monumentales, la puissance et l'emphase ?

(Ouais, j'étais jeune. Et con, donc.)

Dépouillée, déchirante, sobre, parfois terrible, la partition de John Williams est évidemment, avec le recul, en totale adéquation avec la démarche et le propos de Spielberg. L'une de ses musiques les plus émouvantes.

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Allez, encore un coup de Spielberg-Williams, avant de passer à autre chose.
Et on remonte dans le temps, avec la deuxième collaboration entre les deux hommes.

L'année précédente, "Sugarland Express" avait gentiment ouvert la voie, avec notamment un superbe thème à l'harmonica.
Là, on passe à la vitesse supérieure, à tous points de vue. Spielberg révèle toute l'étendue de son talent de maître du suspense, et réussit un film qui résiste au temps d'une manière sidérante (hormis l'imagerie très seventies, normal, et quelques effets spéciaux forcément limités). Aujourd'hui encore, l'efficacité et la virtuosité des "Dents de la mer" sont admirables.

Quant à John Williams, il entre définitivement dans l'histoire du cinéma avec son célèbre thème du requin. Deux notes battues en alternance, entrecoupées parfois d'une troisième qui martèle le rythme pour mieux relancer la machine.
Une idée de génie pure, qui semble simplissime, mais qui révolutionne l'idée même de suspense musical au cinéma. Et qui file une pétoche royale dès qu'elle s'élève. Inoubliable.

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L'année même où je découvre Spielberg et Williams grâce à E.T., je me prends Vangelis dans la gueule.

A l'époque, en fan récent de Jean-Michel Jarre, c'est avant le musicien électronique qui m'intéresse, et c'est ainsi que je l'aborde en écoutant "1492". D'ailleurs, je ne verrai le film de Ridley Scott que des années plus tard, et seulement à moitié, parce que je n'ai pas aimé du tout.

Je juge donc ce disque en tant qu'album (d'autant qu'il est conçu pour cela, dans la grande tradition des disques de Vangelis), et non pas comme musique de film.
Et, boudiou, quelle épopée ! C'est majestueux, surpuissant - les anglophones ont un mot pour cela, que j'aime beaucoup : "bombastic". Le terme aurait été inventé pour qualifier la musique de Vangelis que je n'aurais pas été surpris.
Encore et toujours mon disque préféré du compositeur grec, tous genres confondus. Et tant pis pour le film de Ridley Scott.

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Ce film... jubilatoire ! Joyeusement macabre, pétillant, inventif à chaque plan, déjanté, émouvant. Burton et Elfman à leur paroxysme. Le compositeur convoque une large palette de folies musicales, un peu de jazz par ici, des dégringolades de clochettes par là, un accordéon mélancolique, un orchestre surexcité, des flonflons grotesques...

"Nightmare before Christmas" est un véritable spectacle auditif, un magnifique opéra bizarre qui peut s'apprécier aussi bien sans les images qu'avec.
L'une des B.O. que j'ai le plus écoutées à l'époque (en cassette audio d'abord !) Elle tourne moins à présent, mes goûts et recherches ayant évolué de telle manière que Danny Elfman est désormais moins incontournable pour moi. Mais toujours une référence, ce disque en tête.

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Il y a beaucoup à redire sur le film de Spielberg, sûrement pas à la hauteur des rêves que le réalisateur concevait à son sujet. Traînant une conception interminable - avec un passage compliqué par la case Michael Jackson -, peinant à en faire surgir la magie, encombré par des décors très coûteux mais d'apparence terriblement carton-pâte à l'image, cédant parfois à la bouffonnerie, trahissant l'esprit des Enfants Perdus...

S'il y a une chose en revanche qui semble à la hauteur du projet, voire au-dessus de sa réalisation, c'est la musique de John Williams. Hook est même sans doute l'une de ses meilleures partitions pour Spielberg. S'il y a de la magie dans le film, de la grâce, de la légèreté, de l'humour, du burlesque, de l'inquiétude ou de la mélancolie, la partition y est pour beaucoup.

Une B.O. à écouter pour elle-même, sans les images, afin d'en apprécier les nombreuses nuances et l'écriture virtuose.

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J'ai eu la chance de découvrir Bruno Coulais dès le début de sa carrière pour le cinéma, avec sa B.O. pour "Le Fils de Requin", premier film d'Agnès Merlet, et premier disque publié pour lui.

Depuis, je le suis fidèlement, et reste très attaché à son style singulier, atypique, qui apprécie le mélange des genres, recherche des sonorités exotiques, refuse l'illustration pure de l'image pour fonctionner en contrepoint de ce qui se passe à l'écran.
Pour "Les Rivières pourpres" de Mathieu Kassovitz, il opte pour une musique sombre, rampante, refroidie de sonorités électroniques en phase avec le décor de haute montagne du film, et pour son sujet terriblement glaçant.

L'une des B.O. que j'écoute le plus régulièrement, encore aujourd'hui, et toujours avec le même plaisir.

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A une époque hélas lointaine, les disquaires de la FNAC avaient sans doute beaucoup plus de moyens et de latitude pour faire leur travail, et contribuer à mettre en lumière nombre de talents inattendus.

Je dois à l'un de ces disquaires (du défunt magasin des Grands Boulevards à Paris) la découverte stupéfiante du compositeur écossais Craig Armstrong, grâce à ce disque, mélange de musique électronique, de chœurs spectaculaires et d'orchestrations graves et profondes.
Le tout crée une ambiance unique, qui va devenir l'une des marques de fabrique du musicien durant un moment, avant qu'il se réoriente vers davantage de romantisme et de classicisme (toutes proportions gardées néanmoins).
Ce jour-là, je traînais dans le magasin à la recherche d'une inspiration, et cette partition improbable était diffusée dans les haut-parleurs du rayon musique de film. Sidéré, j'ai retrouvé la chose dans une borne d'écoute, ai pris le temps de l'écouter au casque. Avant d'acheter sans plus hésiter.
Coup de coeur, direct.

Je n'ai pas vu le film qui a hérité de cette musique de dingue (ça n'a pas été un grand succès, autant que je me rappelle), mais cela n'a aucune importance.
En revanche, merci, disquaire de la FNAC des temps anciens. Merci d'avoir pris le risque de mettre en avant celui qui, à l'époque, jouissait d'un début de renommée parce qu'il avait bossé avec Massive Attack. C'était tout sauf une évidence de balancer ça dans les enceintes de ton magasin.
Oui, merci beaucoup. Sans toi, j'aurais sûrement manqué un truc.

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Voilà un score hybride, mais que je ne peux pas ne pas mentionner dans cette liste.
D'abord parce que j'adore le film de Peter Weir. Il fait partie de ceux que je peux voir et revoir sans jamais me lasser, et en découvrant de nouveaux détails à chaque fois.

Ensuite parce que je dois à ce disque d'avoir découvert Philip Glass, dont plusieurs morceaux ont été utilisés dans le film. Titres composés pour l'occasion, ou tirés d’œuvres antérieures (Anima Mundi et Powaqqatsi notamment).
Burkhard Dallwitz entremêle avec art ses propres compositions à celles de Glass, au point de ne plus forcément savoir qui a fait quoi.
A tout cela s'ajoutent d'autres œuvres, notamment classiques (un concerto pour piano de Chopin, par exemple).

Le résultat pourrait être foutraque, il est au contraire diablement cohérent. Très ambitieux, et parfaitement approprié à l'intelligence du film qu'il sert. D'ailleurs, la musique est elle-même mise en scène à l'image : alors que les coulisses de l'émission consacrée à Truman se dévoilent, on voit le metteur en scène orchestrer en direct le montage des émotions des téléspectateurs, en dirigeant notamment un pianiste qui joue en live la bande originale de la vie du héros.
Moment sublime du long métrage, qui révèle la profonde réflexion menée par Peter Weir sur le rôle et l'impact de la musique au cinéma.