Cover Park Chan-wook - Commentaires

Park Chan-wook - Commentaires

La place de Park Chan-wook dans le cinéma actuel me semble mineure et son expression sans réelle portée. Mais on peut le préférer largement à certains autres représentants du cinéma coréen actuel, plus vains et plus cyniques. À cet égard ses deux derniers films, émouvants et sincères, viennent ...

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7 films

créee il y a presque 11 ans · modifiée il y a environ 1 an

JSA - Joint Security Area
7.8

JSA - Joint Security Area (2000)

Gongdonggyeongbiguyeok JSA

1 h 50 min. Sortie : 16 octobre 2003 (France). Drame, Thriller

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le troisième long-métrage du réalisateur présente un certain nombre de motifs qui en font un embryon déjà assez affirmé de l’œuvre à venir : récits trompeurs soigneusement enchevêtrés, agencements narratifs structurés autour de points de vue variables où ressortent la sincérité et les ambigüités de chacun, facture classique incrustée de plans insolites, léchés, tentés par l’impact visuel. Dans cette enquête policière où le suspense psychologique le dispute aux considérations politiques, où se joue une tragédie humaine fondée sur le tissage interdit de l’amitié et de la solidarité masculines, la vérité que les deux parties s’emploient à camoufler et que l’héroïne met à jour, non sans dommages collatéraux, est qu’il n’y a qu’une nation coréenne, arbitrairement divisée par cinquante ans de conflit idéologique.

Sympathy for Mister Vengeance
7.3

Sympathy for Mister Vengeance (2002)

Boksuneun Naui Geot

2 h. Sortie : 3 septembre 2003 (France). Drame, Thriller

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 4/10.

Annotation :

Visionner un film comme celui-ci s’apparente à une épreuve d’endurance qui n’offre à son issue aucune récompense. Soit deux heures d’une spirale sanglante, d’un carnage absurde, d’un foutoir quasi insupportable de têtes qui éclatent sous des battes de base-ball, de corps ouverts à vif ou tressautant sous des décharges électriques, d’entrailles fouillées dans des bruits de courge écrabouillée. Ni bonheur ni soulagement dans la vengeance, juste un accomplissement mécanique exécuté par de pauvres hères déshumanisés, tour à tour tueurs et victimes. Difficile de s’engager dans un récit jouant d’un bout à l’autre de la distanciation glaciale, et de s’esbaudir devant des intentions qui, toutes radicales qu’elles soient, ne dépassent jamais l’exposé de leur petit programme. On oublie vite.

Old Boy
8.1

Old Boy (2003)

Oldeuboi

2 h. Sortie : 29 septembre 2004 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Poursuite dans la continuité, une bonne louchée de baroquisme grand-guignolesque en plus. Pris d’une poussée de sadisme exacerbé, le réalisateur nous perd dans un jeu de piste cruel qui envoie valdinguer toute vraisemblance pour mieux cultiver l’hypertrophie de ses coups de tatane. De ce côté-là on est servi, entre un épouvantail qui allonge quinze cadors à mains nues, un arrachage de dents filmé cash, l’ingestion d’un poulpe vivant et autres réjouissances. Ce qui devrait ne que révulser parvient pourtant à captiver, et même à toucher parfois, car le désarroi d’une humanité instable filtre derrière toute cette surenchère, et car la dimension rétributive de la vengeance, qui ne débouche au final que sur sa propre vanité, laisse place à un soupçon d’espérance interdite voletant sur paysage figé par l’hiver.

Thirst, ceci est mon sang
6.7

Thirst, ceci est mon sang (2009)

Bakjwi

2 h 13 min. Sortie : 30 septembre 2009 (France). Comédie, Drame, Épouvante-Horreur

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le cinéaste s’empare de "Thérèse Raquin". À lui seul ce fait titille la curiosité, quand bien même Park lorgne également du côté d’Anne Rice (le cynisme pervers du personnage de Kim Ok-vin rappelant celui de Lestat). À travers le chemin de croix impie d’un prêtre et d’une pécheresse qui deviennent vampires et s’autodétruisent, il semble vouloir suivre un programme en surenchère perpétuelle sur son propre délire. Après une première partie longuette, c’est lorsqu’il devient vraiment méchant et accède à la description d’un enfer à la Bosch que le film s’avère le plus stimulant. Pas assez certes pour l’exonérer de ses chichis visuels parfois indigestes, mais suffisamment pour donner un certain cachet à ce ballet sanglant de débauche et de colère, de désirs et de répressions, d’avancées et de retraites sensuelles.

Stoker
6.7

Stoker (2012)

1 h 40 min. Sortie : 1 mai 2013 (France). Thriller, Drame

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Au cas où l’on aurait encore un doute, ce film vient plier l’affaire : Park est d’abord un maniériste soucieux d’esthétiser et de maximiser les effets de motifs superficiellement exploités. Il convient d’en accepter les limites afin d’apprécier le thriller pour ce qu’il est, ne pas trop sourire des clichés alignés par ce portrait d’une jeune fille conquise par la séduisante ambiguïté du mal et expérimentant la noirceur de sa violence et de sa sexualité en éveil. Entre références hitchcockiennes (avec relecture explicite de "L’Ombre d’un Doute") et effets de manche grandiloquents, l’exercice de style séduit par son coté profil bas, ses enluminures de conte de fées gentiment vénéneux dévoilant progressivement le décalage entre l’amabilité policée des apparences et les gouffres inavouables des secrets et des fantasmes.

Mademoiselle
7.9

Mademoiselle (2016)

Agasshi

2 h 24 min. Sortie : 1 novembre 2016 (France). Drame, Thriller, Romance

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

À défaut de se métamorphoser, le réalisateur se livre à un fort appréciable infléchissement de registre en effeuillant progressivement, par le biais d’une construction à tiroirs quelque peu étirée mais séduisante, le sens profond de la triple manipulation qui l’articule. Car au-delà d’une mécanique narrative frisant la roublardise, derrière la bimbeloterie d’une mise en scène toute en arabesques léchées, soieries précieuses, émanations décoratives, il y a bel et bien un cœur qui bat – ou plus exactement deux. Et c’est lorsque les circonvolutions du récit s’effacent au profit de sa vraie nature que le film dévoile sa carte maîtresse : une belle histoire d’amour et d’affranchissement féministe, que la fiévreuse ardeur érotique et le vibrant romantisme sentimental prémunissent de toute suspicion de gratuité.

Decision to Leave
7

Decision to Leave (2022)

Heeojil Gyeolsim

2 h 18 min. Sortie : 29 juin 2022. Thriller, Drame, Romance

Film de Park Chan-Wook

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

C’est d’abord le vif plaisir d’une mise en scène exécutée comme un tourbillon sereinement dompté, une foisonnante forêt de signes, un jeu virtuose avec les lieux, les temporalités, les régimes d’images et les modes de narration. C’est ensuite un mouvement général qui n’est plus celui de l’entrechoquement (auquel le cinéaste avait habitué) mais celui du parallélisme, d’une danse de l’effleurement platonique dont la force de séduction infuse goutte après goutte avant d’emporter totalement. C’est enfin et surtout le trouble d’un thriller romantique qui se retient toujours de basculer dans l’effusion des sentiments, la tension d’un climat d’emprise, de désir et de perdition qui cultive l’espace épuré de la fascination sans jamais sacrifier au drame emportant deux êtres incapables de se quitter. Park a réussi sa mue.
Top 10 Année 2022 :
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