Cover Pedro Almodóvar - Commentaires

Pedro Almodóvar - Commentaires

Almodóvar est l’un des cinéastes les plus talentueux et passionnants de notre époque, un conteur virtuose et hyper-doué, qui allie une forme sophistiquée et fascinante à un propos d’une cohérence, d’une richesse, et surtout d’une force émotionnelle, constamment renouvelées. L’énergie romanesque que ...

Afficher plus

Liste de

20 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier
5.8

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980)

Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón

1 h 18 min. Sortie : 31 octobre 1990 (France). Comédie

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Joyeux enfant dévergondé des nuits madrilènes, Almodóvar a mis un an pour bricoler cette comédie provocante aux airs de plaisanterie potache, dont le charme exaspérant mêle les grossièretés d’un brouillon et les intuitions d’un auteur déjà conscient de ses possibilités. L’image est pouilleuse comme pas permis, les faux raccords ne se comptent plus, mais la vitalité des personnages, l’extravagance de leurs désirs et la folie de leurs comportements suffisent à entraîner dans un univers assez grinçant et original pour maintenir la curiosité. Entre concours d’érections et femme à barbe frustrée, ondinisme et masochisme, loufoqueries scatologiques et parodies publicitaires (un spot promouvant une petite culotte très spéciale), le film trace son chemin, sans peur d’apparaître inégal et désordonné.

Dans les ténèbres
6.1

Dans les ténèbres (1983)

Entre tinieblas

1 h 54 min. Sortie : 23 novembre 1988 (France). Comédie, Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Traquée par la police, une chanteuse de boléro se réfugie chez sa plus grande fan, la mère supérieure du couvent des Rédemptrices humiliées (!). Drôle de couvent : les sœurs portent des noms étranges, l’une se shoote à l’héro, l’autre aux acides, une troisième écrit des polars pornos, une dernière élève un tigre dans le jardin, telle une héroïne de Buñuel. Laissant filtrer sa sympathie pour les femmes qui font triompher leur liberté contre l’endurcissement d’une religion mortificatoire, l’auteur s’amuse à faire valser les rapports de domination/soumission et touille un précipité de provocations tranquilles où se cristallisent pêle-mêle la volonté de rédemption et la fascination pour le mal, les péchés mignons et les penchants pervers, le burlesque foutraque et le mélo strident. Bancal mais insolite.

Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
6.6

Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? (1984)

Que he hecho yo para merecer esto

1 h 41 min. Sortie : 3 juin 1987 (France). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

En dressant le portrait d’une mère au bout du rouleau, qui se gave d’amphétamines pour accumuler les heures de ménage et nourrir les siens, le cinéaste convoque un néoréalisme à l’espagnole nourri d’humour noir et de satire oblique. Regarder le film venir bout à bout, de manière souvent conventionnelle, d’un scénario grotesque et délirant ne va pas sans le sentiment de se trouver devant un objet finalement plus sage que ce dont on pouvait s’attendre. Si la mise en scène n’évite pas le laisser-aller, Almodóvar réussit en revanche à croquer une série de portraits incisifs et cruels avec une certaine justesse de ton, en maintenant son attention au détail ubuesque, à l’absurde de situations pointant une misère quotidienne, et qui pourraient se révéler tragiques s’il ne prenait pas le parti d’en rire.

Matador
6.6

Matador (1986)

1 h 50 min. Sortie : 27 avril 1988 (France). Drame, Thriller

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

"L’Empire des Sens" à la sauce movida. Promu maître de l’underground ibérique, Almodóvar exploite ici certains grands thèmes mystiques espagnols : le sang, l’amour, la religion. Dans cette corrida de sexe et de mort, un ancien matador et son double féminin tuent à la manière de Catherine Tramell, selon un rituel quasi sacré. Et lorsqu’ils tombent au cinéma sur le dénouement de "Duel au Soleil", leur bouquet final est annoncé, suicide conjoint dans l’abandon à un plaisir morbide, apothéose d’une passion indigne d’être poursuivie sur terre. Le réalisateur déploie le filet de ces névroses fatales avec un sens affirmé de la sophistication : capes rouges voletant dans la poussière de sable et devant des feux de cheminée, anges meurtriers et adulés tournant dans l’arène d’une très obsessionnelle tragédie postsurréaliste.

La Loi du désir
6.8

La Loi du désir (1987)

La Ley del deseo

1 h 42 min. Sortie : 16 mars 1988 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Feu des passions, tourments créatifs, recours au drame criminel et à la tragédie, motifs et couleurs baroques imprégnant le récit d’une atmosphère chaude, humide, tendue… Almodóvar affirme toujours plus son style, témoigne de son goût pour le mélange des genres, les accidents signifiants, les relances improbables d’un récit peuplé d’êtres cocasses et déchirés. Son expression est insolite, convulsive, mettant la provocation et l’humour noir au service de la pathologie des sentiments, ses images sont nourries d’un homo-érotisme ardent et reflètent des perceptions crues ou des apprentissages douloureux. Reste que ce méli-mélo qui foule au pied tous les tabous de l’Espagne et rappelle le romanesque torturé de Fassbinder est un peu trop chargé pour me convaincre pleinement.

Femmes au bord de la crise de nerfs
7.1

Femmes au bord de la crise de nerfs (1988)

Mujeres al borde de un ataque de nervios

1 h 28 min. Sortie : 1 février 1989 (France). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Exacerbation des sentiments, cocasserie tous azimuts, provocations de tout poil, luxuriance formelle plus péremptoire : la comédie est complètement frappadingue, nourrie à la psychologie féminine et à l’art kitsch, et dresse le tableau aux couleurs crues d’une microsociété en décomposition, emprunte de misogynie et de dérision généralisée. En orchestrant un vaudeville à la Feydeau, moins sulfureux mais plus maîtrisé que le précédent film, Almodóvar donne un aperçu farfelu du gaspacho pop et saturé de son cinéma, tel un croisement allumé entre Blake Edwards et George Cukor, relevé de saveurs exotiques. Les chassés-croisés délirants de ces femmes névrosées, vecteurs parfaits des angoisses et des désirs refoulés de la bourgeoisie madrilène, conservent leur charme épicé.

Attache-moi !
6.7

Attache-moi ! (1990)

¡Átame!

1 h 40 min. Sortie : 20 juin 1990 (Espagne). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Comme souvent avec le fougueux Ibérique il faut ranger ses certitudes au placard et oublier tout principe de normalité. Ce qui se joue entre le garçon un peu frappé et sa prisonnière sexy à la peau de moka tient du théâtre des pulsions et des affinités indésirées : qui des deux rendra le premier les armes ? Mi-drame passionnel empli de symboles religieux, mi-thriller iconoclaste puisant à la folie douce et au syndrome de Stockholm, le film rappelle qu’au pays de Carmen l’amour n’a jamais connu de loi. À la fin, lorsque l’orphelin Ricky se voit adopté par une famille solidement matriarcale, Almodóvar démontre aussi qu’il maîtrise le discours à double détente : car si l’homme semble mener le jeu c’est bien de la femme dont il a besoin, et à travers elle qu’il trouvera son équilibre et sa rédemption.

Talons aiguilles
7

Talons aiguilles (1991)

Tacones lejanos

1 h 53 min. Sortie : 15 janvier 1992 (France). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le neuvième film de l’auteur est en fait le premier, comme si, lassé de ses subversives dérives, le clown culte des années 80 commençait à édifier une œuvre. À l’instar de Sirk, il questionne la logique inflexible des rêves, l’égoïsme de l’artiste et la repentance d’une mère dénaturée, l’amour têtu et blessé, plein de détresse, d’une enfant abandonnée et le désarroi de la star qui pleure sur scène. Almodóvar perfectionne avec truculence son art du un mélo invraisemblable, sa pratique allègre du croisement des genres (burlesque, tragique, policier, agrémenté d’une touche de psychanalyse) et de l’éclat des couleurs, dans une fête d’artifices baroques et de personnages interlopes. La comédie de mœurs est touchante et corrosive, désamorçant le larmoyant et le sordide par l’humour.

Kika
6.2

Kika (1993)

1 h 49 min. Sortie : 19 janvier 1994 (France). Comédie

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Comédie, polar, aventure d’anticipation : avec cette fable décapante sur l’ignominie des reality shows, l’auteur ose un collage de genres disparates, de registres d’émotion opposés, et revendique une indifférence presque pathologique quant au destin de ses personnages. Volontiers déroutant, plein d’idées et un peu théorique, le film convoque les forces de son univers personnel sans hésiter à en bouleverser les repères, impose une esthétique hybride qui met en pièces les simulacres, car ici l’anarchie des images est aussi un chaos de styles. Et peu à peu, ce qui n’était que chassés-croisés vaudevillesques et situations abracadabrantes devient un duel entre la championne d’optimisme et de candeur et la grande prêtresse du voyeurisme – avec une victoire de la première par K.O. à la dernière reprise.

La Fleur de mon secret
6.5

La Fleur de mon secret (1995)

La Flor de mi secreto

1 h 42 min. Sortie : 27 septembre 1995 (France). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Cette fois, ça y est : Almodóvar s’envole vers la splendeur sereine d’un cinéma de chair et de tourments, de chaleur et de larmes, qui ne doit plus rien aux enluminures superflues de la provocation. Les débats et les affrontements sentimentaux (le refus de l’homme tant désiré, la rupture, la dépression) ramènent ici aux origines (la mère favorisant un nouveau départ, le retour au village natal) et à la création (danse, littérature), encadrés de couleurs et d’objets porteurs de sens et d’émotion. Très élaboré dans sa confection, le film développe un style qui se rassemble dans l’unité d’une conscience pour mieux rayonner le monde alentour, et offre le superbe portrait d’une femme passant de l’égocentrisme de l’amour malheureux à la réconciliation avec l’existence. Toute la sensibilité d’un auteur au sommet.

En chair et en os
7.1

En chair et en os (1997)

Carne tremula

1 h 39 min. Sortie : 29 octobre 1997 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Avec une vigueur inédite pour lui, Almodóvar recourt aux codes du film noir classique mais en redéfinit les règles : si les énigmes à résoudre et les responsabilités à déterminer sont bien là, le suspense repose principalement sur la capacité ou non des protagonistes à s’affranchir de leur culpabilité. Moins baroque et électrique qu’ailleurs, mais d’une sensibilité résolument nouvelle, le cinéaste prend acte de la mutation politique de la société espagnole au travers d’une structure circulaire qui permet de mesurer un quart de siècle d’évolution. Le film demeure avant tout un drame sentimental déguisé en polar rutilant, sensuel et mystérieux, un réseau intime de passions empêchées, de jalousies et de désirs violents, qui digère brillamment ses références (Buñuel, Hitchcock). Petit bijou.

Tout sur ma mère
7.4

Tout sur ma mère (1999)

Todo sobre mi madre

1 h 41 min. Sortie : 19 mai 1999 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La période outrancière de Pedro est révolue, les sentiments prennent le pas sur le physiologique. Pourtant Almodóvar ne s’est jamais jeté avec tant d’ardeur et d’abandon dans les artifices du mélo, qu’il fait flamber ici avec une générosité rare. La société, la réalité la plus ordinaire sont absorbées dans un kaléidoscope de couleurs, un véritable embouteillage de parcours individuels. Entre souffrance et démesure, irrigué par le souvenir d’"Eve" et d’"Un Tramway nommé Désir", le film réveille la "madre" qui est en nous, exalte le sacrifice et la transmission (tout y tourne autour de la greffe et du transfert), parle des amours, des deuils et du mal de vivre de marigots de la misère, meurtris par la prostitution ou la drogue, mais pourtant animés par une soif de vie inextinguible. La tragédie est heureuse, la douleur revigorante, le film superbe.
Top 10 Année 1999 :
http://lc.cx/cTx

Parle avec elle
7.3

Parle avec elle (2002)

Hable con ella

1 h 52 min. Sortie : 10 avril 2002 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avec une remarquable prodigalité narrative, Almodóvar joue de détours inattendus et de ramifications complexes pour tisser les fils de quatre destinées, vecteurs d’une représentation toujours plus poignante d’une humanité mise à l’épreuve mais solidaire, mue par la compassion et le souci des autres. Sur la ligne de partage entre la vie et la mort, au bord de l’abîme des attachements, il approche la nature profonde des êtres, débobine une pelote des passions qui sublime le pouvoir de pouvoir de transmission, le don de soi et la puissance de l’amour fou. Nouvelle lecture de "La Belle aux bois dormant", mais qui serait travaillée par les questions du deuil et du renoncement, ce mélodrame feutré, à la photographie charnelle et au lyrisme retenu, parle avec nous de la fragilité des hommes et des croyances, de la force du sentiment et de la tragédie d’être seul.
Top 10 Année 2002 :
http://lc.cx/UPm

La Mauvaise Éducation
7.1

La Mauvaise Éducation (2004)

La Mala Educacion

1 h 50 min. Sortie : 12 mai 2004 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Personne n’est plus manipulateur et calculateur qu’Almodóvar, mais son talent est d’inciter le spectateur à chercher sa voie dans le dédale des passions et des secrets, des mensonges et des identités. À l’enchevêtrement de l’amour hétérosexuel et des lignes du récit croisées du film précédent succède un monde exclusivement masculin où règne le désir homosexuel, et dont le scénario exhume méticuleusement les strates du passé. Labyrinthe fictionnel d’une grande précision, le film médite sur le prix à payer pour la création artistique, joue avec les niveaux narratifs et les degrés de mise en abyme. Toute en enchâssements élaborés et peaufinage plastique, il réunit les composantes almodovariennes (traumatismes d’enfance, travestissement et cinéma) en une toile complexe et fascinante.

Volver
7.1

Volver (2006)

2 h 01 min. Sortie : 19 mai 2006 (France). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Retour au village, aux femmes, aux actrices qui ont accompagné l’artiste pendant sa carrière. Toutes animées par une ardeur méditerranéenne, une truculence généreuse, les habitantes de cette petite bourgade de la Mancha fouettée par un vent enivrant ont appris à vivre ensemble, sans se soucier des frontières entre la vie et la mort, la ville et la campagne. Avec rigueur et fantaisie, Almodóvar leur compose un hymne d’une ferveur vibrante, en une sorte de sitcom-novela dédiée à l’univers féminin, au deuil, à l’absence et au drame de l’inceste. Entre le réel et le fantastique, les revenants et les secrets de famille, les retrouvailles et la superstition, le film cultive sa foi dans le retour du refoulé et suscite une émotion intense, chaude, nourricière, à l’image d’une pléiade d’actrices au sommet de laquelle brille la superbe Penelope Cruz.
Top 10 Année 2006 :
http://lc.cx/UPh

Étreintes brisées
7

Étreintes brisées (2009)

Los Abrazos Rotos

2 h 07 min. Sortie : 20 mai 2009 (France). Drame, Romance

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Nouvel hommage au septième art, à la puissance de transfiguration des actrices (Cruz encore filmée en une muse rayonnante) et aux pouvoirs de la fiction. Difficile de faire la fine bouche devant une telle maîtrise des moyens, un écheveau si méticuleusement travaillé, qui remet en jeu les problématiques habituelles de l’auteur : le souffle de la passion, le poids de la culpabilité et du souvenir, le désir et la manipulation sentimentale. Clins d’œil, références et intrigues se juxtaposent dans un jeu de miroirs complexe brodant autour du souvenir d'une femme follement aimée et de l'énigme d'un passé inavoué, qui célèbre et redessine l’amour fatal avec les couleurs du film noir et du mélodrame. Mais la frontière est mince entre le ressassement et l’œuvre-somme, et Pedro commence un chouïa à se répéter.

La piel que habito
7.4

La piel que habito (2011)

2 h. Sortie : 17 août 2011. Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Comment ça, Pedro commence à se répéter ? Que dalle. D’un sujet éminemment cronenbergien, il tire un bijou d’ambiguïté retorse, de douleur rentrée, de fascination troublante, niché d’une myriade d’obsessions et de torsions vénéneuses qui retournent comme une crêpe, incrusté de saillies extravagantes bien à lui. Identité sexuelle, folie glacée, désir de vengeance et désir physique mêlés… La matière est riche, d’une violence d’autant plus déstabilisante qu’elle s’exprime de façon elliptique, presque pudique. Almodóvar agence des entrelacs narratifs virtuoses, des compositions élaborées (recours aux écrans, aux associations inédites, jusqu’à la peau veloutée d’Elena Anaya), avec une précision d’orfèvre – à cet égard, la dernière scène et l’ultime réplique témoignent d’une sensibilité intacte.

Julieta
7

Julieta (2016)

1 h 39 min. Sortie : 18 mai 2016 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Titre sibyllin pour un film tout aussi limpide, beau comme ses actrices, direct comme une épure essentialiste, de celles que les grands cinéastes entreprennent lorsqu’ils n’ont plus rien à prouver. La femme en demeure bien sûr la figure centrale, plurielle à l’image de ces filles, amies et rivales emportées dans une même tourmente, singulière avec cette héroïne hébétée de douleur qui retrace sa vie en une vague lentement minée par le destin. Le temps y joue la fonction révélative essentielle, processus scellant un récit dépourvu de toute aspérité dramatique, de toute logique ascendante, mais irrémédiablement lesté des topos de la tragédie. La culpabilité, enfin, en constitue le carburant actif, qui apporte une incurable tristesse à ce mélo tranquille dont l’affliction informulée suscite comme un vertige.

Douleur et Gloire
7.2

Douleur et Gloire (2019)

Dolor y Gloria

1 h 53 min. Sortie : 17 mai 2019 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Désormais septuagénaire mélancolique mais toujours mû par les forces de la vie et de l’imaginaire, plus que jamais porté aux vertus de l’introspection, l’artiste se livre à l’exercice délicat de l’autofiction sans que son exploration du soi ne verse dans la vanité ou la complaisance. Avec ce "8 ½" miniature qui troquerait l’hypertrophie fellinienne contre une intimité pudique et vibrante, magnifiquement servi par un Antonio Banderas tout de finesse, de retenue, de fragilité, il laisse venir à lui les fantômes du passé et les tourments de l’inspiration, les regrets informulés et l’irrépressible ferveur à les dépasser, éclaire les chemins qui mènent de la douceur d’un sourire ou d’un chant au déclic de la création, de l’étincelle d’un premier désir à l’activation de la guérison, de la langueur du temps perdu à la grâce du temps retrouvé.
Top 10 Année 2019 :
https://urlz.fr/bJLf

Madres paralelas
6.5

Madres paralelas (2021)

2 h. Sortie : 1 décembre 2021 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Las chicas Almodóvar, encore et toujours. Cette fois entre père parti, mère-patrie et post-partum. Elles (s’)aiment, accouchent, se battent pour que la mémoire subsiste, pour que les tragédies du passé ne se fassent pas engloutir par les ténèbres de l’histoire. Les couleurs flamboient, domestiquées par la rigueur d’un style ramené à l’essentiel, le récit détricote des généalogies entrelacées, entravées, problématiques, l’émotion s’éprouve selon les éléments d’une chimie connue mais dont l’artiste réalise de nouveaux mélanges et observe des réactions insoupçonnées. Doutes et peines, douleurs et joies, empathie à fleur d’image : plénitude toujours renouvelée de cette expression généreuse, intime, humaine, vibrante, chaleureuse, qui remue le cœur autant qu’il grandit l’esprit. Et amour infini pour Penelope.
Top 10 Année 2021 :
https://urlz.fr/jRsu

Thaddeus

Liste de

Liste vue 2.4K fois

7
3