Cover Raoul Ruiz - Commentaires

Raoul Ruiz - Commentaires

De l’œuvre très féconde et (dit-on) profuse de Raoul Ruiz, je ne connais donc pour le moment que ces quelques films. Impossible de ne pas y reconnaître la même personnalité singulière d’un artiste de grande culture, d’un cosmopolite à la recherche de son territoire, d’un grand baroque aimant ...

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5 films

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a plus d’un an

Les Trois Couronnes du matelot
7.2

Les Trois Couronnes du matelot (1983)

Las Tres coronas del marinero

1 h 57 min. Sortie : 5 octobre 1983. Aventure, Drame, Fantastique

Film de Raoul Ruiz

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Qui peut bien croire à l’abracadabrante odyssée de ce matelot rencontré par une nuit de brouillard et de crime, à ces aventures exotiques et fantastiques qui défient les lois de la logique et font tourner la tête ? Personne bien sûr. Mais le talent de Ruiz est d’éveiller des souvenirs, de flatter les rêves, de jouer avec la nostalgie des lectures d’enfance. Hanté par les mots, les délires, les labyrinthes culturels, il invite pêle-mêle Stevenson, Swift, Melville, Conrad, Jules Verne et Edgar Poe pour une fantasia de la bourlingue, un périple en trompe-l’œil où les vivants côtoient les morts, où le temps est en désordre et l’espace un jeu de miroirs. Au-delà des apparences se dessine pourtant la métaphore de l’exil, de l’éden que l’on entrevoit dans les prophéties mais reste aussi plat qu’une vague inerte sur un cargo mort.

Trois vies et une seule mort
6.8

Trois vies et une seule mort (1996)

2 h 06 min. Sortie : 22 mai 1996 (France). Comédie, Policier

Film de Raoul Ruiz

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le syndrome psychiatrique poussant un individu à abriter plusieurs personnalités dans sa seule enveloppe charnelle est identifié. Mais le cinéaste n’a pas besoin de l’académie de médecine pour tricoter sans se presser, à partir de trois anecdotes inspirées (peut-être) de faits réels, une songerie borgésienne et bigarrée sur une existence à tiroirs. Il ne se refuse ni les castings en forme de pléiade (et pas des caméos), ni les parenthèses gratuites (ce sont les meilleures), ni les coups de chapeau dans l’œil (Bellemare en narrateur), ni les manquants à la logique, à la physique et à la morale, encore moins les éclairages étonnants, les reflets mystérieux et les symboles traînant dans un coin comme les vanités dans les tableaux du XVIème siècle. Pour qui aime se perdre dans les limbes du non-sens, cela vaut la chandelle.

Généalogies d'un crime
6.4

Généalogies d'un crime (1997)

1 h 53 min. Sortie : 26 mars 1997 (France). Thriller

Film de Raoul Ruiz

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Comme il l’est visualisé à plusieurs reprises, le film ressemble à un jeu de go, dont l’art consiste à produire à distance de grands effets avec de petites causes. La latitude de chaque pion s’appelle une liberté, chacun en possède plusieurs. Et Ruiz de conduire le récit à sa manière, fertile en rébus à tiroirs, en flash-blacks au futur antérieur, de développer une réflexion parfois drolatique sur le libre arbitre et le déterminisme sans occulter le suspense de l’intrigue criminelle, d’animer d’un même élan acteurs, dialogues et situations en un joyeux rallye où l’absurde et la logique, le banal et le loufoque se rejoignent dans les eaux de la comédie noire. Arrive néanmoins un moment où, à multiplier leurs divisions cellulaires, toutes ces poupées chinoises finissent par égarer l’attention et émousser quelque peu le plaisir.

Le Temps retrouvé
6.4

Le Temps retrouvé (1999)

2 h 38 min. Sortie : 19 mai 1999 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de Raoul Ruiz

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Visconti et Losey en ont rêvé, Raoul Ruiz l’a fait : porter l’univers proustien à l’écran sans s’y casser les dents. Fidèle à lui-même autant qu’à l’écrivain (guerre, vieillesse, enterrements, goût de la cendre, de la poussière et du tombeau), il ritualise l’échiquier social, interpénètre fiction et réalité dans un jeu de miroirs pirandellien au rythme de valse lente et parvient à rendre le mouvement d’une dilatation du temps et de l’espace, tout en évitant les pièges de la reconstitution plombante et de l’illustration académoche avec antiquailles, figures de cire et costumes amidonnés. Pleine de peintures anamorphosées, de rêves méliessiens et de décors mobiles, son entreprise relève de la lanterne magique : celle que se donne le petit Marcel, enfant imaginatif, esseulé, qui s’ouvre aux senteurs et aux couleurs du monde.

Mystères de Lisbonne
7.5

Mystères de Lisbonne (2010)

Mistérios de Lisboa

4 h 32 min. Sortie : 20 octobre 2010 (France). Drame

Film de Raoul Ruiz

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Nobles déchus, aventuriers flamboyants, mères courage, amoureuses passionnées et curé mystérieux : tels sont les personnages qui traversent cette fresque au romanesque échevelé et à l’insatiable profusion narrative. Durant près de cinq heures dédaléennes, le cinéaste atteint l’apothéose d’un style fondé sur une tension paradoxale et une oscillation permanente entre hiératisme formel (versant Dreyer) et exubérance baroque (versant Welles). Soit de très longs plans picturaux nourris d’effets de profondeur de champ, des intérieurs recoupés à l’intérieur des cadres, des prises de vue à l’audace hallucinatoire, des travellings impossibles débordant largement leur fonction figurative, au service d’un jeu d’échos, de réminiscences, d’identités multiples, d’un prodigieux étoilement des énigmes, d’un ode ébouriffante à la fiction et à ses vertiges.
Top 10 Année 2010 :
http://lc.cx/UPB

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