Rouge sur blanc, tout fout le camp (une année 20/20 en BD)

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26 décembre

Un cinquième tome un peu décevant, parce qu'il étire volontaire la résolution de l'intrigue un brin terrifiante qu'avait amorcé le tome précédent. Je retrouve certes avec plaisir les impressions candides et les premières expériences de l'ado que fut Sattouf, mais cela n'est pas suffisant.

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13 décembre

Une jolie surprise que ne laissait pas forcément présager une couverture qui, en temps normal, m'aurait laissé indifférent. Aude Mermilliod insuffle à ce récit très personnel, inspiré de la vie de son grand-père, une justesse qui désarçonne un peu par sa franchise. Le récit ne propose pas beaucoup plus que ce qu'il sert, mais cela suffit et on trouve dans cette simplicité un peu de réconfort.

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1er décembre : 8,5/10

Sous ses airs de récit adolescent mi potache mi vertigineux, ce témoignage exceptionnel de Derf Backderf est à graver dans les annales de la BD. La démarche attire déjà l'attention : du journalisme d'investigation quasi auto-biographique. Le sujet ensuite : le récit de la jeunesse, partagée par l'auteur, de celui qui deviendra l'un des plus célèbres et monstrueux tueur en série de l'histoire récente des Etats-Unis.

"Mon ami Dahmer" surprend par l'authenticité du témoignage de Derf, qui n'édulcore et ni n'enjolive aucune des banalités atterrantes de l'adolescence qu'il a vécue. Il y a, derrière son style reconnaissable entre mille, un vrai travail de cohérence et de mise en scène de ce récit. Surtout, c'est la qualité et la rigueur de sa démarche d'investigation, révélée par ses notes en fin d'ouvrage, qui permet de saisir le travail colossal abattu par l'auteur qui a voulu chercher la vérité derrière ses souvenirs d'adolescent. Quand une telle démarche est mise au service d'un récit aussi perturbant (car il provoque une espèce d'attraction morbide pour son sujet), ça fait évidemment des étincelles !

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21 novembre

Quel émoi de découvrir, complètement par hasard, cette collection de BD sur l' "Histoire dessinée de la France" ! Pas moins de 20 tomes en tout, dont les 19 derniers m'attendent désormais sur les étagères de quelque bibliothèque municipale... J'en salive. Car en parcourant ce préambule mis en image avec beaucoup d'intelligence par Etienne Davodeau, qui fait discuter six personnages éminents de notre histoire nationale sur les origines de la France, je redécouvre surtout ma soif d'apprendre !

A la suite de l'aventure en Renault Trafic de nos héro.ïne.s, intéressante quoique pas assez fouillée à mon goût, succède un court dossier retraçant de manière plus pédagogique les grandes lignes de ce qui fut esquissé dans les bulles de l'histoire. Ces deux parties complémentaires donnent à ce premier tome beaucoup de sérieux (malgré ou justement grâce au format) et un petit goût de revenez-y.

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11 novembre

Assez séduit par la veine Série Z détonnante de la courte saga "Tyler Cross", dessinée entre 2013 et 2018 par le même Brüno, mais scénarisée par Fabien Nury, me voilà assez déçu par ce foutraque "Lorna". De scénario il n'y en a guère, juste un patchwork de sujets classiques du nanar : une actrice porno (dont on ne nous épargnera aucune performance), un savant fou, l'armée, une invasion extraterrestre... De là à en déduire que je préfère mon Brüno au crayon qu'au stylo, il y a un pas que je serais tenté de franchir.

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8 novembre

Petit pincement au coeur en me remémorant ma découverte des premières planches des "Coquelicots d'Irak" dans la matinale du Monde, il y a quelques années. Une détresse sourde émane de l'austère distance avec laquelle Brigitte Findakly raconte "son" Irak perdue. Un sentiment étrange mêlant tristesse inconsolable, reconnaissance et culpabilité à bas bruit. C'est touchant.

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2 novembre

Un joli conte sur la mer et les bigoudènes, qui brosse avec autant d'humour que de poésie le portrait d'un océan qui se meurt sous l'action de l'humain. J'ai aimé l'expressivité du dessin, la chaleur originale du petit couple de héros et l'absurde rocambole de leur aventure.

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26 octobre : 7,5/10

Si simple, si bon. Si je m'écoutais, je mettrais probablement plus que 7,5 à "Le local" : finesse et tendresse du portrait, simplicité de l'appareil scénaristique, justesse et originalité du coup de crayon, soin apporté à l'ambiance... Mais voilà, si je replace l’œuvre dans son contexte, et notamment dans la richesse et l'excellence des autres créations de l'auteur, je dois reconnaître qu'il a fait mieux.
Bon allez, soyons honnête, pour humble qu'elle soit, cette BD mérite bien que je lui mette un 8.

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24 octobre

Pas assez geek pour tout comprendre, pas assez noob pour me laisser impressionner, j'ai parcouru avec curiosité cet opus des deuxièmes années Vivès, lorsqu'il croquait sympathiquement des situations sur des thèmes choisis (cf. L'Amour, la Famille, la Blogosphère...). J'en tire une confirmation, sur mon hypothèse formulée dans ma critique sur "Le chemisier".(https://www.senscritique.com/bd/Le_Chemisier/critique/177556996). Sinon, pas grand chose d'autre : cette BD s'adresse à d'autres que moi.

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10 octobre - 7,5/10

Très chouette BD de Pénélope Bagieu, qui souffre un peu - je trouve - d'une couverture qui restitue mal la qualité et le thème de l'oeuvre. Sur la base d'un crayonné toujours très expressif, Bagieu livre une biographie très enthousiasmante de Cassie Elliot, chanteuse du groupe The Mamas & the Papas, dont je n'avais jamais entendu parler.

Au-delà de la fidèle et intime restitution des aventures de cette énergique et épatante personnalité, Bagieu propose une approche chorale réussie, qui donne du rythme et beaucoup de cachet à cette oeuvre. Chapeau aussi pour la qualité d'une scène de trip sous acide qui fonctionne diablement bien entre quatre planches ! Je reprocherais seulement à l’œuvre un petit essoufflement arrivée au deux tiers, mais rien de plus

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30 septembre : 5,5/10

Est-ce d'avoir vu le film avant d'avoir ouvert cette adaptation de Pierre Lemaitre ? En tout cas, malgré un dessin réussi, restituant finement l'ambiance d'une époque, j'ai trouvé ce récit, pourtant si grisant sur la toile, expédié. Aucun véritable travail n'est accordé à l'approfondissement des personnages et des intrigues, ce qui affadit considérablement cette œuvre si originale, attachante et pamphlétaire.

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27 septembre

Je retrouve avec plaisir une Marion Montaigne très en verve et en drôlerie dans ce volume consacré à l'aventure spatiale du désormais célèbre Thomas Pesquet. Comme d'habitude, on apprend autant qu'on se marre, Montaigne se plaisant à tourner tendrement en ridicule son héros d'une histoire. Pas tout à fait novice en matière d'aventure spatiale, ayant poncé enfant les Sciences et Vie Junior dédiés à cet univers, je dois admettre avoir été impressionné pas l'exigence de savoirs, d'expérience, de patience et de robustesse attendue des cosmonautes...

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19 septembre

Je ne pensais pas revenir si rapidement à Timothé Le Boucher, après l'avoir découvert il y a trois semaines à peine avec son dernier roman graphique. Moyennement séduit par la patte sensationnaliste du "Patient", j'avoue avoir été complètement emporté et bouleversé par "Ces jours qui disparaissent".

La recette tient à peu de chose, une tragique disparition de soi-même, dilué dans le temps et l'oubli. Le Boucher travaille ici un matériau similaire, sur l'identité et la personnalité, le rapport à l'autre et la psychologie, que dans son dernier roman graphique. Mais l'humilité touchante de ce récit fonctionne beaucoup mieux.

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16 septembre : 8,5/10

Deuxième étape dans la vie de Mattéo : après avoir essuyé les mortiers dans les tranchées de la Somme en 1915, le voilà qui file aider ses camarades anars et bolcheviks à damer le pion à la noblesse russe à Petrograd, en 1917.

Cela tient-il au cadre nordique pour le moins rafraichissant ? A l'aventure de la révolution russe, qu'on nous a enseignée comme la huitième plaie et que l'on connaît donc si mal ? A une plus grande maturité dans le dessin, dans la perception et l'approfondissement de ses personnages par Gibrat ? Aux fanfaronnades tordantes de Gervasio ? A tout celà peut être... Toujours est-il que j'ai bien plus aimé ce nouvel opus que le précédent !

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1er septembre - 6,5/10

Boulet et Pénélope Bagieu, alors encore au seuil de la gloire, proposent une intéressante déclinaison introspective sur la quête du sens de la vie dans cette BD qui met en scène Eloïse, une jeune femme soudainement amnésique. Le récit et le dessin font preuve d'une ambition mesurée qui sied parfaitement au propos. On soulignera tout de même la variété des expressions de notre héroïne, joliment mise en scène par le crayon de Bagieu.

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30 août

Ce thriller signé Timothé Le Boucher, jeune auteur dessinateur que je découvre pour l'occasion, fonctionne rudement bien dans ses premières pages. Mais passé la moitié du roman graphique, une autre musique, plus sensationnaliste, commence à poindre, qui m'a peu à peu laissé sur la touche. Notons que le sujet - la rencontre entre une psy et un jeune patient souffrant de syndromes post-traumatiques après avoir survécu à un massacre - est à la fois ambitieux et fortement sujet aux croches-pattes.

Niveau dessin, une certaine ambivalence également. Je constate que le trait du dessin ne me laisse pas indifférent. Mais dans le fond, je trouve qu'il manque un peu de personnalité et demeure assez peu perméable - presque clinique - à l'exploration réussie de la psyché - pourtant sujet du livre.

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9 août

Après des années d'un intense lobbying, deux de mes amies m'ont enfin offert les cinq tomes de Mattéo. J'avais rencontré Gibrat lors de son entretien filé avec Rebecca Manzoni ("L'hiver en été") qui dévoilait déjà quelques unes de ses plus belles planches.

Deux constats immédiats s'imposent à la lecture de ce premier tome. Le premier, c'est l'impressionnante qualité d'écriture. Le verbe de Gibrat gifle de réalisme, de saillance, de précision. S'agissant d'un récit, la part belle accordée aux cartouches narratives s'en trouve totalement justifiée.

Le deuxième, c'est le travail sur les couleurs, les textures et le sens de la mise en scène. Ces aspects rehaussent un dessin parfois un peu scolaire et améliorent la sensation d'immersion dans une époque, dans un contexte. Me voilà tenu en haleine des aventures de Mattéo...

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26 juillet

Inès Leraud signe une enquête très riche et ramifiée sur ce sujet, apparemment de niche, mais qui est un cas d'école de l'influence des lobbies économiques sur la parole et la décision publiques. Les dessous des algues vertes en disent long sur la hiérarchie, bien établie dans la sphère politico-administrative locale et nationale, entre intérêts économiques, environnement et santé humaine. Les conclusions sur la culpabilité partagée de générations d'élus et d'institutions publiques, qui prennent en otage les agriculteurs par leurs postures, sont éloquentes et parfois vertigineuses.

Sur la forme, Pierre Van Hove, habitué au format, donne au fond une cohérence, un confort et un dynamisme pas toujours au rendez-vous sur ce genre de documentaires-BD. L'ensemble fonctionne diablement bien.

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22 juillet

Un conte d'une grande sensibilité et d'une certaine intelligence, mis en dessin dans un style naïf qui ne dessert en rien le propos. Certaines planches évoquent même, dans leur manière de présenter l'action... à celles de "L'Âge d'or", juste ci-dessous. Une similarité qui s'étend d'ailleurs à l'époque du récit, au Moyen-Âge.

Mais là s'arrêtent les ressemblances. "Peau d'homme" est un plaidoyer réussi pour le dialogue entre les sexes et les genres, qui défend la porosité entre les sexualités et les postures. Cette BD aborde avec beaucoup de simplicité et d'ingéniosité le rapport au corps et à l'homosexualité dans une société patriarcale et intégriste. Seul bémol, je trouve, mais ce n'était pas vraiment le propos, l'absence de référence au plaisir féminin malgré la présence d'une héroïne.

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2 juillet

Une BD au dessin de Pedrosa à nouveau sublime. Le jeu sur les ambiances, les couleurs, les perspectives est époustouflant et témoigne du temps consacré à la gestation de cette oeuvre. L'histoire, co-écrite avec Roxanne Moreil, s'inspire des contes médiévaux, un élan féministe et résolument moderne dans l'intrigue en plus.

Ce qui m'a finalement déçu, c'est le découpage du récit. Il ne s'agit là que du premier de deux tomes. Mais l'autonomie de ce volume est inexistante : il se termine comme au milieu de l'action, sans avoir livré aucun de ses secrets. Ecrire un roman graphique en plusieurs tomes n'est pas forcément chose aisée. Mais lire "Blast", par exemple pour ne citer que lui, c'est à chaque tome plonger dans un arc narratif qui fait sens du début jusqu'à la fin, même s'il s'insère dans un récit plus large.

Avec "L'âge d'or", on se heurte à un demi récit, dont la suite n'est toujours pas annoncée. Dommage, car de belles promesses. Si j'ai un jour les deux en main simultanément, peut être reverrais-je mon jugement...

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21 juin

Une nouvelle année s'écoule pour Esther, qui la voit toujours grandir un peu plus, un peu mieux. Ce bout de fille continue à me donner espoir dans la génération qui vient (me voilà vieux con), malgré la trivialité de sa petite vie. La générosité, l'indignation, la conviction dont elle témoigne me surprennent à chaque fois.

Curieux de voir comment elle a vécu cette période de confinement et de pandémie si particulière...

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15 juin

Un BD vraiment très chouette pour son univers graphique d'une densité assez incroyable. Entre le coup de crayon très personnel, largement inspiré de la culture manga, et une mis en couleur chatoyante, Guillaume Singelin, que je découvre ici, s'en est donné à coeur joie. Je savoure avec plaisir son hommage évident à la géographie futuriste de "Ghost in the shell".

L'intrigue de "P.T.S.D." est réussie, quoi qu'un peu convenue, et révèle surtout une grande habileté dans son animation générale. Le personnage de Jun, ancienne tireuse d'élite sans abri, est attachant mais sa trajectoire prévisible, quoi que plaisante. Une belle découverte.

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14 juin

En vérité je vous le dis : je n'en peux plus. Je ne peux m'empêcher de lire tous les Fabcaro qui me tombent sous la main mais plus ça va, plus la chûte est douloureuse. J'ai bien ri, une ou deux fois, devant cette tragédie toujours absurde, mais j'ai surtout acquis la certitude qu'il est temps pour Fabrice de troquer la quantité contre la qualité et de prendre le temps de cultiver son art.

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18 mars

Quand un ancien chercheur en sciences cognitives et histoire de l'art s'empare de ses crayons, il faut se préparer à être remué. Dans la veine de Bruno Latour, éminent penseur du dépassement du clivage nature/culture, qu'il site allègrement, Pignocchi livre un récit trublion et rêveur sur un futur proche où l'humanité aurait inventé une nouvelle cosomologie fondée sur les croyances animistes des Jivaros.

Dans une veine satyrique et absurde qui rappelle beaucoup la faconde de Fabcaro, il délivre - sans trop d'effort - une réflexion légère sur ce qui pourrait advenir si l'Humanité renonçait à se distinguer du vivant. Des mésanges anarchistes, au traité d'anthropologie d'un indien Jivaro venu étudier en France, en passant par des chefs d'Etat en train de pêcher, Pignocchi brosse avec amusement des situations évocatrices, très intelligemment mises en lumière par un texte conclusif enrichissant.

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6 mars

Vivès, d'abord, avec "La décharge mentale". Picault, maintenant, avec "Déesse". Petit à petit, je prends assise dans cette collection rigolote qu'est "BD Cul". Ici, rien de pornographique. Peut être une question de genre, n'est-ce pas. Aude Picault explore le plaisir féminin sur le mode du conte, avec une histoire à la fois sérieuse et décalée qui a un certain potentiel. Y consacrer un peu plus de temps aurait sans doute rendu "Déesse" vachement intéressant !

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1er mars

La suite des aventures. On s'attache beaucoup au héros de cette Odyssée moderne. L'effroi des situations est glaçant et savoir que l'histoire se finit (presque) bien, puisqu'elle est racontée, n'enlève rien à l'incompréhension que l'on ressent face aux violences subies. Plus on se rapproche de l'Europe, plus elles nous paraissent intolérables...

Je sens que cette BD est nécessaire.

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1er mars

Fabien Toulmé cherche à mettre des visages, des histoires, derrière le terme aujourd'hui si galvaudé de "réfugiés". Il rencontre donc Hakim, exilé syrien et installé en France, qui lui raconte son histoire. Ou plutôt sa version d'une Histoire de terreur, d'abandon et d'incompréhension, qui renvoie chacun à ses propres responsabilités, à sa propre étroitesse de pensée.

L'exercice n'était pas facile. "A bord de l'Aquarius", BD italienne sortie l'an dernier, et semi-échec à mes yeux, peut en témoigner. Trouver l'équilibre entre témoignage et récit, dans la retranscription des évènements et des sentiments, suivre le fil étroit de la vérité, ne sont pas des choses faciles. Fabien Toulmé y parvient et livre une première partie de récit foisonnante, passionnante, et jonglant habilement entre le drame et la légèreté, deux faces de la même pièce Vie.

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28 février

A chaque fois que je crois avoir atteint le sommet avec Gipi, je me rends compte qu'il ne s'agissait que d'un col ouvrant la voie à une ascension encore plus belle.

"S." est tout simplement bouleversant.

Cette BD autobiographique, d'une infinie tendresse pour le père perdu, est aussi le sous-titre des autres œuvres de son auteur. La fascination glacée de Gipi pour la guerre, sa manière d'aborder le langage, les relations familiales, tout cela trouve sa source dans sa vie ici évoquée. C'est beau, presque à pleurer.

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9 février

Découvert avec "Mai 68 : la Veille du grand soir", je retrouve Sébastien Vassant dans la veine sociale qui semble le caractériser. "Politique Qualité" revient sur le parcours d'anciennes ouvrières d'une usine telecom de Brest porté sur les planches entre 2007 et 2009. Le récit tire de cette dualité (d'un côté le récit de ces femmes, leur rapport au travail et à la société ; de l'autre la pièce elle-même, retranscrite en partie par la BD) un rythme intéressant. Le travail de construction est impressionnant et la parole donnée assez inédite et percutante. Mais le projet porte dans son ambition ses propres écueils et le dessin demeure, comme avec Mai 68 assez imperméable. Le tout fonctionne, mais de manière parfois un peu longue et laborieuse. Ca tombe bien, me direz-vous, le labeur, c'est le thème de cette oeuvre.

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16 janvier

Belle réussite que cette BD à plusieurs mains, semi-autobiographique. Tendre et drôle, particulièrement touchante par moment, à l'humour bonhomme, cette histoire prend le temps d'explorer la déprime d'un quinqua qui vient de perdre parents et boulot.

Davodeau au dessin restitue avec beaucoup de talent l'ambiance enneigée, engourdie, d'un Jura en fin d'hiver et je réalise enfin ce qui me gène dans son trait : ses portraits de femmes, très rustres. Au-delà de cette remarque annexe, sur laquelle j'ai mis du temps à poser des mots, je trouve le travail sur ce récit très juste et équilibré. J'ai passé un excellent moment !