SOLO oblige, pour Ron Howard 2018 sera année de la cuite (top films 2018 au cinéma)

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CRITIQUE

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Totalement emporté par la rage silencieuse de First Reformed. Paul Schrader délivre sa confession de portraits à la fin des mondes annoncée. Un scénario brillant de sagesse et de dépit dans cette leçon de pessimisme. Ethan Hawke beau de souffrance contre l'aliénation instituée.

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Peindre sa vie à défaut de la vivre, tel serait le résumé du si brillant Mektoub, my love. L'esthétique sublimée au service d'une narration ambiante continue de vécus traversés. Mais lorsque l'artifice solaire cède pour le crépuscule le voyeur est enfin acteur. Touchant, sincère.

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Avec Burning le désenchantement à rarement été aussi absolu. Loin d'être exempte de défauts cette oeuvre à la civilisation sans lendemain devient le terreau de fantasmes structurants corps et esprits. Une catharsis générationnelle inéluctable comme vivre momentané et stérile.

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Avec Paranoïa Soderbergh signe le film d'une époque. Un monde gangrené et carcéral jusque dans l'intimité. Une violence quotidienne entretenue par une société et ses structures, le tout malignement mis en image par l'instrument typique de ces maux. Féministe et sans compromis.

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Un authentique beau moment de cinéma que Roma. Oeuvre où l'intimité des vécus aux maux silencieux compose l'Histoire et ses passions. Une élévation quasi spirituelle par la beauté pour Cléo comme pour Cuarón par ce regard délicat de sensibilité et de symboles. Que d'émotions.

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Parfois trop brouillon le film est pourtant une des meilleures adaptations du genre littéraire. La relecture de Cervantes est passionnante de cohérence. L'éternité d'un mythe passant par sa chute dans la réécriture. Une bienveillance avertie sur la création, l'éloge des illuminés. Une fois encore je n'ai jamais vu un film aussi bien capter l'oeuvre d'origine et la faire sienne tout en légitiment sa démarche à l'échelle de l'art tout entier. Que de défauts mais culturellement ce film est absolument merveilleux. Le casting est parfait.

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Par son retour à un cinéma primitif du voyage Mandico filme la transformation initiatique. Oeuvre de citations mais d'une remarquable pertinence visuelle où la fluidité l'emporte sur le figé. Peu subtile certes mais une plastique transcendante.

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Comme avec son court métrage Xavier Legrand frappe très fort. Si parler de réalisme en cinéma est problématique, le souci de réalité adopté ici est d'une force immense. Le casting est absolument brillant. Absolument tous les acteurs sont incroyables et c'est peu dire. Dès la scène d'ouverture la tension contenu en serait palpable, le danger, l'angoisse, la souffrance se révèle avec un naturel horriblement prenant.

Cette angoisse c'est bien le nerf de la guerre ici, ce fil conducteur qui traverse tous nos personnages entre déni et affrontement constant. Devant l'horreur incarnée d'un individu aussi déchiré que destructeur c'est là que l'art prend la relève d'un système impuissant en mal de preuve jusqu'à ce que le mal arrive inévitablement. L’oppression, l'envahissement, le harcèlement sont avant tout psychologique et c'est quand cette folie marque et frappe de sa monstruosité que le système se débloque. Plus qu'une faillite c'est avant tout l'impuissance qui nous est montré. Dans la banalité des lieux, dans l'évidence du quotidien existe une violence maintenant un sentiment de solitude infini. Une impuissance elle aussi palpable. Sans sombrer dans le manichéisme, juste sur les rapports familiaux le film est une lente chute ou l'invisible des émotion violente de plus en plus nos protagonistes jusqu'au spectateur si impuissant lui-aussi.

En terme de réalisation la sonorité synonyme de tension est une fois encore merveilleusement bien exploité, des signaux du quotidien d'une voiture à l'ascenseur comme oppression. C'est quand le rythme de la peur cesse que le film peut s'achever. Une accumulation d'épreuves incessantes, une réalisation qui sait capter dans trop en faire les émotions, saisir la peur en la filmant, le tout dégageant une sincérité folle. Ce film fait mal, frappe par ses émotions suscitées. La fin est une délivrance, mais à quel prix ...

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Malgré un début timide et ses quelques éléments superflus ou expédiés Spider-Man Into The Spider-verse s'avère être la vraie bombe d'animation espérée. Une évidente maturité doublée d'une ambition visuelle toujours plus fracassante au service du héros intérieur. Totalement emporté, une énergie plus que bienvenue dans le genre. Avec Brad Bird 2018 aura été généreux à ce niveau !

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Avec Les Indestructibles 2 Brad Bird livre un film critique et divertissant malgré son intrigue parfois décevante. Quelques nouvelles thématiques mais surtout un opus qui complète à merveille son prédécesseur niveau personnages. Visuellement brillant, une esthétique exploitée pleinement.

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McQuarrie confirme ses qualités de mise en scène avec de grands moments de cinéma. Un récit minimaliste pour une imagerie spectaculaire. Comme Ethan Hunt il lui faut repousser les limites formelles pour survivre à la modernité. Film somme pour la saga embrassée dans sa globalité. Que d'influences maîtrisées. Nolan a dû apprécier, même sa référence est à l'honneur c'est dire.

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Avec Climax Noé livre un ballet mondain littéralement dantesque. Dans sa culture pour ne pas dire son culte du mouvement le film touche brillamment au primitif artistique. L'harmonie embrassant ce chaos de société emporte le spectateur et transcende les lourdeurs. Mémorable.

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Véritable film sur le deuil First Man conte cette hantise de l'inachevé, cette beauté douloureuse de la fin propice à avancer. Virtuosité technique, thème magistral, Chazelle nous fait vivre son film mais ne le rend jamais transcendant. Une passion assagie loin de ses aînés.

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10/07

Le film de Sollima est clairement une réussite. L'épuré de Villeneuve étant délaissé pour un film poussiéreux diablement efficace. Un univers gangrené à tous les niveaux, perpétuellement en déliquescence. Une ambiance saisissante au récit simple mais malin. Belle surprise !

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Dépouillant l'humain jusqu'à la sève, Claire Denis fait de High Life une arche au legs impossible, à la création transcendant les principes ancestraux. Proposition qui peut s'épuiser en concepts mais d'une force imparable quand elle touche à la simplicité des débuts. Mémorable.

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En attendant de revoir Le Labyrinthe de Pan pour décider du meilleur film de son réalisateur notamment, The Shape of water reste une merveille de réussite malgré des défauts qui en rebuteront certains c'est une évidence. Mais pendant deux heures Del Toro nous offre avant toute chose une invitation, celle d'un retour à l'imaginaire d'un conte afin d'embrasser un réel impitoyable qu'on ne pourra sauver si l'art n'y met pas du sien aussi. Il y a un idéal parfois puéril quand il n'est pas maladroit mais il y a surtout une générosité et un amour sincère pour tout ce qui constitue ce film. La réalisation est irréprochable, elle véhicule avec parcimonie un onirisme nourrit de références pour un spectateur transporté par l'imaginaire des fictions comme notre Elisa enchantée. Elle comme l'intégralité du casting à l'exception du seul et abominable monstre en la personne du général (incarnation d'une société immonde et ses maux imposés) profite d'un investissement total de notre réalisateur. L'image pour traduire Elisa, Shannon (excellent) typique de l'individu non pas rejeté mais bien broyé par la machinerie qu'il servait et dont l'humanité se mesure à l'échec d'une greffe, etc.

Un merveilleux enivre l'ensemble, une sincérité de beaux sentiments romancés face à la dureté d'un monde sans scrupule et irréfléchi. Une ode aux exclus, au difforme face à l'intolérable norme. Chaque personnage a ses motivations tandis que notre conteur enjolive le tragique pour en extraire le beau et mieux le révéler à l'image de sa fin comme apogée ultime. Un film qui par ses métaphores et références aussi véhicule un souffle amoureux, l'eau transcende et révèle absolument tout ce qui est nécessaire à cette force des sentiments entre humour et gravité des situations. Le grotesque côtoie le sérieux, la maladresse effleure l'onirique. Un exercice périlleux qui a ses limites et ses faillites mais qui en définitive, à condition que le spectateur y mette d'une sien, délivre une expérience de cinéma pour les amoureux de l'art et son monde. La définition même d'un beau film car dans les images comme les intentions et leurs concrétisations c'est définitivement le beau qui l'emportera. Un film bouleversant qui réussit ce qu'il a entrepris.

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Hold The Dark a la métaphore appuyée et le verbe trop généreux mais cultive une ambiance captivante sur la durée. Saulnier pioche une fois encore dans les genres pour livrer une oeuvre inachevée au morbide cathartique propice à de multiples lectures. Fort mais parfois frustrant.

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Belle petite réussite que The Guilty. Le minimalisme souffre de sa prévisibilité formelle et le propos nécessite une certaine naïveté pour le moins invraisemblable. Toutefois l'inexorable tendance à l'espoir captive autant que la sonorité évocatrice insufflée. Marque et fascine.

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Les Veuves est un bijou de réalisation. Élégante et violente, épousant une intrigue au microcosme systémique. Mais l'écriture use de quelques facilités tout en produisant l'accumulation des rouages d'une mécanique trop peu propice aux émotions comme à la vraisemblance. Frustrant.

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Triste d'y voir le simple produit d'inspirations coréennes tant ce film regorge d'éléments propres aux structures/architectures modelées par des idéaux et idéologies poussées jusque dans leurs contradictions. Formidable mise en scène pour le souligner mais sans doute trop appuyée quand l'écriture inversement manque de consistance. Dong Yue image avec talent l'aliénation megastructurelle d'une idéologie poussée jusque dans ses contradictions quant à la question de l'individu et son existence. On tient malgré tout une des vraies bonnes réussites de l'année.

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Drame psychologique familial à la minutie formelle pour le moins admirable, Hérédité cultive un peur lente à l'efficacité rare. Une tare structurellement déployée au surnaturel comme au réalisme pourtant (très) discutables mais à la fatalité anxiogène quasi irrespirable.

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Une affaire de famille c'est d'abord la virtuosité d'un réalisateur capable de filmer une violence omnipotente avec sagesse sans risquer de la minimiser. Une oeuvre dense de société embrassant le film choral quoique trop expéditif et explicite sur sa fin toutefois.

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Minimaliste à en être parfois trop simple Dogman image un misérabilisme cultivé déroutant. Faute d'apprivoiser l'humain dans son collectif comme dans sa bestialité il ne reste alors que la solitude, tournant le dos à tout horizon définitivement. Conte à la poésie du désenchanté.

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Peinture magnifique, recueil à la plume avertie, TheBalladOfBusterScruggs joue des codes avec ironie et bienveillance.Toutefois le format adopté a valeur de compromis artistique, pas sans conséquence sur le rythme et l'écriture pour cette fresque savoureuse mais parfois inégale.

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Critique à venir prochainement pour un film qui dans son regard comme sa conception me fascine véritablement, un objet de cinéma qui à mes yeux vaut le coup de s'interroger dans sa démarche purement naturaliste au poids culturel bien présent. Un poids culturel qui n'a pas manqué de sévir lorsque l'on constate à quel point une part conséquente du public a réussi à sa gâcher le film a coup d'a priori ici infondés.

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The Night Comes For Us remplit son contrat. Chirurgical dans sa réa, le film est vidé de toute substance scénaristique pour mieux libérer sa violence déchaînée. Tantôt gratuite tantôt sensée mais omnipotente. Un parti pris qui a les défauts de ses qualités, limité mais si jouissif.