2017 • THE BERGERIE

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La puissance de Moonlight aura parcouru cette année 2017: l’idéal social de son sujet, le courage de son héros, l’apesanteur de sa mise en scène… Barry Jenkins filme les douleurs de ses personnages et le drame de notre actualité.

Mais depuis ce portrait intime et viscéral, c’est toute une espérance qui renaît: mieux croire et mieux accepter le monde qui nous entoure. Moonlight est un symbole pour l’année écoulée, une proposition de cinéma magistrale; le voici tout en haut.

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2017 devait être le théâtre du retour de Blade Runner au cinéma. La tâche était rude, et pourtant le génial Denis Villeneuve l’a rendue sublime.
Telle une suite miracle, Blade Runner 2049 réussit nous a transcendés grâce à une puissance émotionnelle et visuelle sans précédent dans la SF moderne.

À travers son romantisme sans frontières, ses questionnements identitaires et un design de mise en scène à couper le souffle, impossible d’échapper à un tel monolithe de cinéma, dont chaque shot est un délice magistral de beauté.

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Essai visuel envoûtant sur le deuil et l’attente, A Ghost Story emprunte un format original pour un exercice de style aussi simple et universel qu’un drap blanc troué aux yeux. Sous celui-ci erre une âme déchue, aux épaules baissées face à l’épreuve de l’éternel, et à l’inéluctable carousel des saisons.

En résulte un conte poétique à la photographie hypnotisante, dans une réflexion sur le temps transcendée par ses propres attentes.

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Ode arc-en-ciel au jazz, à la danse et à l’amour, La La Land catapulte Damien Chazelle dans la catégorie des grands metteurs en scène de sa génération. Ryan Gosling et Emma Stone y crèvent l’écran et nous comblent d’émotions, d’images et de mélodies enchanteresses.

Une comédie musicale de haut vol, qui berce nos rêves de magie et nous pousse à les concrétiser, quoi qu’en disent les oracles. Sans bémol.

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Garant d’un idéal démocratique aussi touchant que son sujet, 120 BPM a marqué l’année grâce à une empreinte créative unique, dont la portée émotionnelle nous a bouleversés.

Acteurs au top, trouvailles visuelles, chaleur humaine, docufiction étourdissante… Un film qui résonne, se bat avec conviction et qui, plus que tout, a fait battre le cœur de ses spectateurs et l’année écoulée, jusqu’aux larmes de son fatalisme froid, et sans appel.

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Après son iPhone, c'est avec sa caméra que le new yorkais Sean Baker dépeint son Amérique à lui, au fil des couleurs extraordinaires et de paysages pastels qui transpirent le continent, l’enchantent et le désenchantent.

La petite Moonee nous y fait voyager dans des rêves bien plus grands qu’elle, et nous embarque à l’aventure à travers sa vision du monde, si pure. Le “rêve américain” d’aujourd’hui, en toute authenticité, et d’un naturel… adorable.

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Propulsé par un Robert Pattinson époustouflant, le film des frères Safdie rappelle les meilleurs Michael Mann, Heat en tête. Rythmé par les compositions hallucinogènes de Oneohtrix Point Never, le long-métrage se veut un film d’action pop-corn au sens le plus réfléchi du terme, pour 90 minutes haletantes, qui ne laissent absolument aucun répit au spectateur.

Une course contre l’impossible, et la promesse d’un grand huit émotionnel quatre étoiles. Ah, que Good Time porte bien son titre.

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Virevoltante de maîtrise et de réalisme, l’entrée de Christopher Nolan dans le genre du film de guerre témoigne d'une maestria absolue. Dunkerque détonne tout autant que les canons qui en rythment la rescapée, au fil de trois volets temporels et narratifs qui nous laissent à bout de souffle.

Que ce soit dans les airs, sur la terre ou sur les flots, ce panorama grandiloquent témoigne d’un travail d’horloger, au pouvoir immersif sensationnel.

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S’il délivre un message politique fort, Get Out est pourtant un produit de cinéma passe-partout. Provocateur, plein d’humour, d’une insondable gratuité… Une œuvre totale. Psychose qui rencontre Shining, ou Griffith qui se retourne dans sa tombe. Une comédie, un film d'horreur, un drame?

Une œuvre intelligente qui traverse son époque avec une ambition démesurée: poésie de l’épouvante, satire bienpensante, uppercut horrifique. Encore un film qui résume parfaitement une année lourde en symboles.

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L’Amérique subjective offerte par le film d'Andrea Arnold est passionnante à décortiquer, et l’épopée continentale de la jeune Star n'est qu'une raison de plus de s’y attacher.

American Honey explore le midwest américain avec des idéaux de mise en scène incontestables de générosité. Une oeuvre solaire, équilibrée et pleine de sensibilité qui tend à la main à son spectateur, et redore l’Amérique profonde.

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L’une des aventures les plus démesurées de 2017 s’est déroulée au cœur de l’Amazonie. Nous étions main dans la main avec James Gray, chef explorateur inspiré et jusqu’au-boutiste. Ici, le cinéaste obsédé fabrique une exploration mentale et épique à la recherche désespérée d’une civilisation disparue.

Véritable prouesse de réalisation, cette œuvre est aussi le voyage intérieur d’un surdoué jusqu'ici tristement sous-estimé, mais dont l’attraction a attisé nos suffrages.

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Mother! a divisé et révulsé un bon nombre de spectateurs, mais c’est aussi de la sorte que naissent les œuvres les plus marquantes. Digne des meilleurs films d’Aronofsky, cette furie biblique aux contours dignes de l’invasion-movie est aussi le projet le plus conceptuel du géniteur de Black Swan: symbolisme planant, espace dématérialisé, ultra-violence, caméra folle, …

Tout cela au nom d’une expérience unique de cinéma, si dérangeante et (in)animée soit-elle.

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Figure d’un cinéma russe contemporain en pleine éclosion, Andreï Zviaguintsev signe l’un des récits les plus fatalistes sur notre époque.

Grande œuvre sur le manque et sur la nécessité constante de le combler, elle marque également pour la prestation de son duo d’interprètes, bouleversants de solitude. Ce constat d’un monde vidé de ses émotions et de la vie qui le compose aura donné un violent coup de froid à notre automne.

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Visuellement ultra léché, le cinquième film de Yorgos Lanthimos (Canine, The Lobster) pourrait bien être son plus abouti, et de facto son meilleur. Comme à son habitude, le réalisateur grec dirige ses acteurs à la perfection, le couple glacial Colin Farrell & Nicole Kidman en tête.

Et comme à chaque fois, il nous laisse seuls juges de son oeuvre, toujours aussi personnelle, singulière, fantasmagorique, et portée par une bande originale sentencieuse, pour une dimension tragédienne à tomber par terre.

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Le premier long-métrage de Julia Ducournau est un geste teen sans complexe, un morceau érotique et mortifère qui encadre la féminité grandissante de son héroïne - la superbe Garance Marrilier.

Elle progresse comme un monstre, oui, et apprend surtout à être une femme. Grave montre ses crocs avec conviction, et non sans une monstrueuse efficacité. Un récit vampirique qui redonne de l'aplomb au cinéma de genre français.

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Mention spéciale:

L’un de nos amours de l’année écoulée est issu de l’imaginaire de Pixar, détenteur d’une capacité incroyable à bercer ses spectateurs. Coco parle longuement de nos ancêtres, mais il est bien un hymne à la vie; le plus déchirant et sensible de ces dernières années.

C’est à la fois une leçon d’humilité et un choc créatif dans le monde de l’animation, comme ce fut trop rare en 2017. On en prend plein les mirettes, le cœur bat à dix mille et Coco est instantanément l’un des plus beaux souvenirs de 2017. Merveilleux!

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