Top 10 Films selon Antevre

Annotation :

Un film à rajouter sur la liste des chefs-d'oeuvre incompris. Parce que oui, tout le monde a compris que c'était un chef-d'oeuvre, un des plus grands films de tous les temps, il n'en reste pas moins que le film est, à mon sens, incompris. J'ai eu l'intéressante surprise, au sortir de mon visionnage, de m'entretenir avec quelqu'un qui a eu exactement le même ressenti par rapport à ce film, prouvant que je n'étais pas totalement fou. Ce film est noir. Très noir. La fin heureuse, le gentil ange et la chaine de solidarité, c'est du politiquement correct, ça jure tellement avec le reste qu'on ne peut que se demander si le contraste n'est pas voulu. Si bien qu'entre le monde uchronique et la scène de fin, on se demande ce qui est le plus réaliste.

En fait, It's a Wonderful Life, c'est l'anti-Scrooge. tout est inversé: dans le Cantique de Noël, Scrooge est un vieil égoïste détesté. Les fantômes, personnages plutôt sinistres, lui font revivre sa vie et ce qui s'y rapporte pour lui faire comprendre de vivre l'instant présent, qu'il finisse heureux et entouré de personnes qu'il aura rendu heureuses.

Le héros du film de Capra a passé sa vie à se sacrifier pour rendre les gens heureux, qui ne se sont jamais arrêtés à un seul moment pour prendre un peu de son fardeau. Jusque dans son intimité, il n'a que des profiteurs, jusqu'à sa femme qui s'est imposée à lui sans qu'il ait eu réellement le choix. Il est devenu un homme rangé, qui doit donner sans compter pour le bien commun. Lorsqu'il réalise le tour qui lui est joué, que sa vie lui a été volée, l'ange salvateur de la communauté lui remet les yeux en face des trous: le monde aurait été horrible sans toi, tu le sais bien, reprends ta place et continue à te rendre malheureux pour les autres, le petit Jésus te le rendra". Et pour faire bonne mesure, tous les gens qu'il ait jamais aidés se réunissent pour lui sauver la mise. Pas d'héroïsme là-dedans, ils ne donnent chacun qu'une maigre part de leurs avoirs, à l'opposé de ce que lui leur avait offert.

La Vie Est Belle est un film profondément cynique qui nous met en garde contre nous-même: à force d'aider les autres à accomplir leurs rêves, on risque de se perdre. Je ne sais pas si Capra a vraiment prévu cette lecture, mais il doit au moins en avoir eu l'intuition, de nombreux indices dans le film empêchent de passer à côté. C'est aussi une mise en garde contre notre société. Un film à voir et à revoir sans modération, il restera d'actualité pour de nombreuses années.

Annotation :

Si je mets 300 sur cette liste, ce n 'est pas pour proclamer qu'il s'agit d'un film génialissime, du cinéma au sommet de sa gloire. D'une part, c'est pour un peu aller à contresens de tous les fâcheux qui sont intimidés quand le nombre de pectoraux au mètre carré est trop important, et d'autre part, c'est pour rappeler, souligner, surligner, enfin, empêcher d'oublier que 300 est tout sauf un film de seconde zone. Ce n'est pas nécessairement facile à accepter pour tous, parce que c'est vrai qu'au premier abord ça ressemble plus à un concentré de testostérone qu'autre chose, mais c'est aussi une réflexion sur le beau, sur le registre épique, et sur la narration dans son ensemble. Qu'est-ce que raconter une histoire? Est-ce vraiment la rigueur et la précision? Pendant des siècles, il en était tout autre, et beaucoup d'histoires qui nous arrivent de l'Antiquité ont subi de nombreuses évolutions pour s'éloigner drastiquement de leurs origines. Léonidas et les 300 Lacédémoniens, c'est David contre Goliath, c'est la camaraderie, la liberté, le sacrifice, l'espoir, la fierté, l'honneur, toutes choses qui font partie de nos vies bien plus que le sandwich au thon qu'il a mangé avant la bataille ou la tronche des Perses (qui ressemblent plus à des orques du Seigneur des Anneaux dans le film). 300, c'est ça. C'est un doigt levé à la face de tous les fâcheux du monde entier et de toutes les époques. Parce que. THIS IS SPARTAAA!

... Soyons un peu plus constructif. 300 est un tour de force narratif. Ce n'est pas seulement que sa narration est pratiquement irréprochable (je pense notamment à la scène de l'émissaire perse qui est d'une richesse rarement atteinte sur ce plan), mais aussi, et peut-être surtout, la fracture qu'il opère avec le réel. On entre dans 300 comme on vient au monde, presque (pardonnez l'hyperbole osée). Le choix d'un univers visuel totalement décalé, le dosage de l'ancrage dans le réel, Zack Snyder fait ce qu'aucun film de fantasy n'a su faire : emmener le spectateur dans quelque chose qu'il sait ne pas pouvoir exister, tout en le contraignant de l'accepter et de faire avec. Ouais c'est kitsch, ouais c'est tout en CGI, ouais l'image dégueule des filtres de partout... MAIS 300 viole toutes les règles (et leurs mamans) et t'oblige à l'accepter. Le cinéma de Zack Snyder c'est du viol consenti, et un tel paradoxe mérite d'être étudié. Et tout ça ce n'est qu'une des dizaines de raisons qui font que j'adore ce film, un jour j'oserai la critique.

Annotation :

Je réalise que je n'ai pas encore mis ce film dans ce top. Et pourtant... bah c'est en fait largement un de mes films préférés. Un de ceux que je peux revoir sans cesse sans me lasser, et ce malgré sa lenteur délibérément étouffante. Une photo nickel, un rythme irréprochable, un humour unique (le cocktail Wright à l'oeuvre, avec une coloration tout à fait inédite dans ce film-ci grâce à un Simon Pegg qui se surpasse en bulldog enchainé).

Il y a un élément qui pour moi fait passer un film de bon à génial : parvenir à transgresser son propre univers. Une fiction a un ton, une esthétique, un cadre, un traitement du temps et de l'espace, bref un univers doté de règles. Hot Fuzz, et d'autres d'ailleurs (dont certains présents dans cette liste) réussit le pari de transgresser sa propre logique... et pas qu'une fois (oui si vous avez vu le film vous savez de quoi je parle), mais en fait... tout le temps, pratiquement. Et c'est un tour de force totalement remarquable que seuls quelques réalisateurs, dont Wright, sont capables d'opérer.

Ma "comédie" préférée, tout simplement.

Annotation :

Ce film... osons les mots. J'estime que c'est la tragédie parfaite sur grand écran. Rien que ça.

Ex-aequo avec Hot Fuzz, ils sont tellement diamétralement opposés qu'il m'est impossible d'en favoriser un plus que l'autre.

Annotation :

Oeuvre d'anticipation un peu fantasque, le film est pourtant réellement fascinant. Les acteurs sont poignants, la caméra est dynamique, les thèmes sont intéressants... À mon sens, il fait partie des films des années 2000 qui doivent être vus.

Annotation :

"Oh non, pas la liste de Schindler!". Si. Si.

Ce film à la fois prouve qu'il est possible de faire un bon film sur le Shoah et met à mal la morale ultraconservatrice de la pureté. C'est que le Schindler que nous dépeint Spielberg, c'est pas un parangon de vertu. C'est un homme comme un autre, certains diront même pire que beaucoup d'autres, puisqu'il part d'abord de l'idée de profiter de la guerre pour s'enrichir. Mais il n'est pas pour autant dénué d'esprit critique. À travers l'horreur de la Shoah, Schindler va se poser des questions, et finira par choisir son camp. Certes, c'est un opportuniste, mais il a également un coeur, et il a une idée très précise de la frontière entre le bien et le mal. Il ne va pas flinguer du nazi, il ne va pas cacher des Juifs dans son grenier (du moins pas littéralement), et finalement, l'on aurait pu très bien ne pas réaliser ce que fit Schindler, quels risques il a pris, et la portée de ses actes. Il nous montre que l'héroïsme n'est pas l'apanage du chevalier blanc en armure. L'héroïsme, c'est quand l'homme ordinaire accomplit un acte extraordinaire. Parce que ça s'est présenté, et parce qu'il l'a décidé, contre toutes attentes.

Annotation :

La Vague est typiquement le genre de films qui finissent incompris par toute une marge des spectateurs. C'est un film à tiroirs. L'intrigue est connue, le film a fait parler de lui, et le livre avant lui, et même "l'expérience" en soi avant lui. Mais le film est-il réellement l'adaptation du livre? Est-ce une simple critique de notre tendance naturelle à l'instinct grégaire et à l'obéissance à l'autorité? Un peu de ça, sans doute. Mais l'on ne peut s'empêcher de se poser des questions sur cet enseignant, le mec cool qui fait de l'éducation cool en faisant apprendre par l'expérience. Le prof que tous les élèves ont voulu avoir en somme. La fin du film, qui semble être un ajout grossier par rapport au livre donne en fait tout son sens au réel message du film. Non, il ne s'agit pas de nous dire que nous sommes tous de potentiels nazis au fond de notre cerveau, il s'agit surtout de nous rappeler que les gens qui exercent une influence ont des devoirs. L'enseignant a déformé ses élèves et provoqué une tragédie. Le voile se déchire, et l'on comprend enfin qu'on se trouve devant l'antithèse du Cercle des Poètes disparus, où le prof cool est "injustement" traité (c'est vrai, quoi, c'est pas sa faute, c'est à cause des parents, Ô capitaine mon capitaine on vous suivra jusque dans la tombe). Ici, la morale est enfin rétablie, l'on voit enfin que le prof est sorti de son rôle et a détruit un de ses élèves. Ici, le prof réalise qu'il a provoqué le mal.

Annotation :

J'ai vu assez peu de films traitant de l'homosexualité jusqu'à présent. J'avoue que le thème me fait peur, il est très facile de le traiter n'importe comment et de tomber dans le douteux. Une comédie légère comme I Love You Phillip Morris est peut-être la meilleure façon pour l'instant de faire un film valable. Ce qui est terrible dans ce film, c'est l'énormité de la chose. Le personnage incarné par Jim Carrey ne se laisse jamais arrêter, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Le pire, c'est que le bonhomme existe vraiment. La cerise sur le gâteau qui permet d'avaler la pilule. Un couple gay particulièrement kitsch et hilarant.

Au-delà de tout ça, il est intéressant de remarquer que l'on trouve une de ces histoires romantiques qui existent depuis toujours, avec un preux chevalier prêt à tout pour vivre son amour avec la donzelle de ces rêves. La donzelle en question étant un homme et le preux chevalier un arnaqueur notoire.

Annotation :

Un petit moment de bonheur. À travers une histoire d'enfants déjà oubliée par les principaux intéressés, les quatre protagonistes prisonniers de ce huis-clos expriment toutes les rancoeurs qui peuvent exister entre eux: idées politiques, sexe, opinion sur l'art, sur la parentalité, tout finit par sortir, et chacun d'entre eux parvient l'exploit de se montrer sous son plus mauvais jour: le mâle primitif, le sale type qui s'épanouit dans le conflit, la femme hystérique qui considère la vie comme un combat et la femme objet qui se cache derrière son mari pour excuser tous ses excès. En 2011, les archétypes sont toujours autant intéressants.

Annotation :

Oui, Tom Hanks joue encore son simplet pour servir une romance de seconde zone.

Quoi!? Mais non!

Les Américains sont comme ça: quand ils veulent raconter un truc, ils l'enrobent d'un nappage coloré pour qu'on avale plus facilement. Nous pauvres Européens qui sommes masochistes à la base et aimons nous imposer des films indigestes sommes rebutés par ces dehors un peu trop jolis et "bêbêtes" d'apparence. Et pourtant... Au-delà de la romance et de la question politique, Spielberg pose la question de l'altérité. C'est qu'il est bizarre, le monsieur,et il vient d'un pays sous-développé, la preuve ils se tapent dessus. Le système fait tout pour l'évacuer, comme une cacahuète qui aurait eu la drôle d'idée de squatter l'oesophage plutôt que de continuer son chemin vers l'estomac. Il ne le reconnait pas, il ne rêve que d'une chose, le voir partir et l'oublier. C'est vrai qu'il est parfois mieux de faire semblant que les problèmes n'existent pas plutôt que de les traiter. Et quand le système renonce à l'expulser, il fait tout pour l'ingérer, le transformer en quelque chose qui ne sera plus nuisible pour l'organisme, qui ne restera plus en travers de la gorge. Mais la cacahuète persiste, elle sait exactement comment elle veut sortir, et elle sait que quelque part, au fond de son être, son libre-arbitre lui donne le droit de faire son choix, de rester différent. Finalement, peut-être sommes-nous tous des cacahuètes.

Jean-Claude Van Damme aussi avait un avis intéressant sur la question...

Sur les cacahuètes, pas sur l'altérité.