Cover Top 10 Films

Top 10 Films selon Marius Jouanny

Cette liste de 10 films par Marius Jouanny est une réponse au sondage Top 100 films des Tops 10

La notion d'objectivité pour moi n'existe pas. Ces films sont ceux qui m'ont le plus touché, qui ont le plus marqué mon parcours de cinéphile. Peut-être ne seraient-ils pas là si je ne les avaient pas vus au bon moment. J'ai en tout cas essayé de représenter le plus d'époques et de genres ...

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Liste de

10 films

créee il y a plus de 9 ans · modifiée il y a 2 mois

Blade Runner
7.9
1.

Blade Runner (1982)

1 h 57 min. Sortie : 15 septembre 1982 (France). Science-fiction, Film noir, Thriller

Film de Ridley Scott

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C’est une totale redécouverte sur grand écran pour ce chef-d’oeuvre de la science fiction que je n’avais vu qu’une seule fois durant mes années collège. Et quel chef-d’oeuvre ! Ridley Scott atteint après « Alien » une autre forme d’indicible, de virtuosité filmique à construire un univers gigantesque de toute pièce pour y incorporer des sensations et des thèmes profondément intimistes. Ce « Blade Runner » est à la croisée des chemins, sorte de synthèse hybride et incroyablement cohérente d’un livre de Philip K. Dick dont il s’éloigne dès la première scène, du film noir dont il reprend l’esthétique (toutes les scènes sont nocturnes) et les codes narratifs, et de la science-fiction dont il s’approprie la réflexion sur l’intelligence artificielle. Dans tous ces domaines, il est devenu le maître incontesté. Et ce n’est pas seulement car il déploie une forme visuelle et sonore époustouflante, reflétant aussi bien le registre mélancolique que grandiose de l’oeuvre. C’est surtout car sa narration tout en non-dit engendre des émotions folles portées par des personnages devenus mythiques. Et en vérité je ne parle pas de Deckard, qui est un archétype pertinent mais dont l’importance est moindre à mon avis face à Rachel, symbole de féminité aliénée qui se demène pour échapper à sa condition et surtout Roy, dont le monologue final est l’un des des plus terrassants de l’histoire du cinéma : « I've seen things you people wouldn't believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die. »

Il était une fois dans l'Ouest
8.5
2.

Il était une fois dans l'Ouest (1968)

C'era una volta il West

2 h 55 min. Sortie : 27 août 1969 (France). Western

Film de Sergio Leone

Marius Jouanny a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

A vrai dire, je pourrais aussi bien placer "Le Bon, la Brute et le Truand" et "Il était une fois en Amérique" à cette troisième place tellement ces trois films représentent la quintessence du cinéma de Leone, chacun pour des raisons très différentes. Clairement mon cinéaste favori.

+ Voir critique.

Le Voyage de Chihiro
8.4
3.

Le Voyage de Chihiro (2001)

Sen to Chihiro no Kamikakushi

2 h 05 min. Sortie : 10 avril 2002 (France). Animation, Aventure, Fantasy

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki

Marius Jouanny a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Le voyage de Chihiro est l’œuvre la plus profonde, la plus onirique et la plus poétique de Miyazaki. L'univers qui y est développé laisse rêveur tant il est atypique et indescriptible.

+ voir critique.

Harakiri
8.6
4.

Harakiri (1962)

Seppuku

2 h 13 min. Sortie : 24 juillet 1963 (France). Drame

Film de Masaki Kobayashi

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Par où commencer, si ce n’est par le constat indéniable d’avoir pris la plus grosse claque cinématographique depuis un sacré bout de temps ? Ce « Hara-Kiri » est tellement plus qu’un film de samouraïs… Il traite avant tout de la dignité humaine : celle qu’on a retiré à 10 000 samouraïs devenus sans emploi du jour au lendemain par décision impériale, et qu’ils tentent désespérément de retrouver, par tous les moyens, y compris bien évidemment la pratique qui donne son nom au film. La portée sociale du film est essentielle car elle confère toute la consistance au tragique qui s’insinue peu à peu, dans une logique progressive astucieusement amenée par les enchâssements de récits. Car c’est bien là que réside toute la liqueur du film de Kobayashi : il garde ses meilleures cartes, aussi bien en terme narratif que de mise en scène, pour la dernière partie dont l’explosion iconique et antisystème vaut bien celle d’un film de Leone.

Je vois en lui un Park-Chan-Wook, avec la même obsession du cadre symétrique parfait et du mouvement millimétré, mais dénué de tout maniérisme, de l’enrobage outrancier : le spectacle de « Hara-Kiri » est beau démesuré, il n’en reste pas moins la plupart du temps une très modeste et émouvante plongée historique et sociale. Le générique de début, parcourant les lieux déserts qui seront répandus de sangs et de corps en suspensions dans le combat final, annonce magnifiquement la couleur : avec une maîtrise absolue, Kobayashi compte bien mêler des intentions historiques côtoyant un certain réalisme à la virtuosité formelle époustouflante de son cadre. Dans cette optique, le combat au sommet de cette montagne, avec les herbes hautes courbées par le vent et la fumée comme attestant d’une tension en ébullition, est un paroxysme comme on en voit très peu au cinéma. Mine de rien, en 2H15, Kobayashi atteint et transcende même l’imaginaire du cinéma japonais par l’érosion du pouvoir impérial dans le sang et la fureur : on tient peut-être là le classique nippon ultime, aux côtés des « Sept Samouraïs ».

In the Mood for Love
7.8
5.

In the Mood for Love (2000)

Fa yeung nin wa

1 h 38 min. Sortie : 8 novembre 2000 (France). Drame, Romance

Film de Wong Kar-Wai

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Voyage au bout de l'enfer
8.3
6.

Voyage au bout de l'enfer (1978)

The Deer Hunter

3 h 03 min. Sortie : 7 mars 1979 (France). Drame, Guerre

Film de Michael Cimino

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Le film de guerre le plus touchant qu'il m'a été donné de voir. Rien que de me rappeler Christopher Walken avec son bandeau rouge, le regard vitreux dans ce sordide bar du Viet-nam à jouer à la roulette russe, j'en suis tout retourné !

Et s'il pourrait paraitre doublon dans mon top avec "Apocalypse Now", son approche est tellement différente que les deux films sont incomparables. Et puis, il fallait bien Robert dans mon top 10, c'aurait fait tâche sinon !

Au fait "La Porte du Paradis" de Cimino pourrait aussi bien figurer à cette place : un monstre d'ambition cinématographique qui le rend tout aussi marquant que "The Deer Hunter".

Une très bonne chronique youtube de la chaîne "Blow-Up" en parle avec beaucoup de pertinence, d'ailleurs.
https://www.youtube.com/watch?v=9ylNk3L51ZE

La Maman et la Putain
7.9
7.

La Maman et la Putain (1973)

3 h 40 min. Sortie : 17 mai 1973. Drame, Romance, Comédie

Film de Jean Eustache

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Apocalypse Now
8.3
8.

Apocalypse Now (1979)

2 h 27 min. Sortie : 26 septembre 1979 (France). Drame, Guerre

Film de Francis Ford Coppola

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

The Big Lebowski
7.7
9.

The Big Lebowski (1998)

1 h 57 min. Sortie : 22 avril 1998 (France). Comédie, Policier

Film de Joel Coen et Ethan Coen

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je ne me lasse pas et ne me lasserais certainement jamais de revoir "The Big Lebowski". Il en rebute certains pour son scénario incompréhensible, mais ces derniers n'ont tout simplement pas compris qu'il n'y avait rien à comprendre. Il m'a appris la moindre importance d'un récit lorsqu'il porte des personnages et des situations aussi marquants.

Il n'y a rien à comprendre de ce film. Le récit tiré par les cheveux n'est qu'un prétexte pour installer les personnages, hauts en couleurs, et les situations, cocasses. On se souvient tous des nombreuses scènes cultes du film, il est inutile d'en faire la liste ici. Il parodie "Le Grand Sommeil" de Howard Hawks, auquel je n'ai d'ailleurs pas compris grand-chose même en l'ayant vu au cinéma (et là, le film ne le fait pas exprès, d'être incompréhensible).

Au-delà de tout ça, le propos du film me touche particulièrement, au point que "The Big Lebowski" devienne pour moi une véritable philosophie. Il montre comment on peut être heureux, apaisé avec bien peu de chose. Le Dude n'est pas un grand penseur, mais il est loin d'être stupide. En fait, il est comme le Guépard, du film de Visconti : il appartient à un autre temps, et l'idéologie qui gouverne nos sociétés actuelles le dépasse. Voilà pourquoi il prend tout avec détachement, même lorsqu'on lui met la tête dans ses propres chiottes. Intimement, il a pris conscience qu'il était un spécimen trop rare pour faire autre chose que jouer au bowling avec ses amis, traîner dans les supermarchés en peignoirs pour acheter une bouteille de lait avec un chèque de 67 cents.

Au fond, bien peu d'objets matériels lui importent, il n'y a bien que son tapis de salon qui éprouve une valeur, uniquement sentimentale d'ailleurs, à ses yeux. Peut-être a-t-il trouvé là une manière de vivre sereinement, loin du stress infernal d'une vie active.

The Thing
8
10.

The Thing (1982)

1 h 44 min. Sortie : 3 novembre 1982 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de John Carpenter

Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je voulais revoir ce film pour le départager d’« Alien », l’autre chef-d’oeuvre du cinéma de science-fiction horrifique. Ce fut finalement pour mieux constater que la comparaison entre les deux films n’est pas pertinente, si ce n’est pour leur gestion du huis-clos et l’écriture de leurs personnages, caractérisés par petites touches subtiles mais très signifiantes, avec au centre une personnalité forte et radicale. Pour le reste, la multiciplicité des formes de la « chose », qui installe une tension paranoïaque entre les personnages et rend chacune de ses apparitions encore plus révulsante que la précédente, s’éloigne du xénomorphe. Cette disctinction en entraîne une autre essentielle et formelle : alors que le film de Ridley Scott joue sur le hors-champ, John Carpenter prend un malin plaisir à tout montrer dès la première apparition de l’extra-terrestre, déployant avec ardeur son amour des effets spéciaux animatronique. Dès lors comment instaurer de la tension si ce n’est pas par la suggestion ? Puisque la créature peut avoir remplacée n’importe quelle membre de l’expédition, la tension est permanente, totale, organique. Par ailleurs, le panel de comportements humains déployés trouve ainsi une forte signification politique, qui dépasse largement le contexte de guerre froide même s’il y fait référence. John Carpenter signe avec « The Thing » non seulement son film le plus formellement abouti, aux plans-séquences dans les couloirs inoubliables, mais aussi le plus rigoureux sur le plan narratif : en supprimant tout aspect humoristique notamment, il se concentre sur l’essentiel et ne perd jamais sa recherche du sens jusque dans une conclusion à l’ambiguïté radicale.

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