Top 10 Poésie: "Je te jure que je suis pas bourré... Et pour te le prouver, j'vais te réciter un poème en entier!!"

Annotation :

"Chantre", Alcools, Apollinaire, XXe siècle

"Et l'unique cordeau des trompettes marines."

Bah oui, forcément, quand on est bourré, on ne va pas se compliquer la vie non plus. C'est pourquoi le poème que je récite le plus souvent se trouve être ce magnifique monostiche d'Apollinaire, parce qu'il n'implique pas un trop fort travail de mémoire !

Dans un tout autre style, je récite très souvent la deuxième strophe de la "Réponse des Cosaques Zaporogues au sultan de Constantinople", qui se trouve dans "La chanson du Mal-Aimé":

"Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique"

Ca, c'est de la poésie!!

Annotation :

"Booz Endormi" La légende des siècles, Victor Hugo, XIXe siècle

"Booz ne savait point qu’une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d’elle.
Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala."

J'ai appris par coeur cette 17e strophe de ce fameux poème lorsque j'étais en prépa. Avec mes fiers camarades, nous avions décidé que chacun apprendrait une strophe de "Booz endormi" pour en faire une récitation collective devant le bureau de la principale, à l'occasion du poisson d'Avril. Depuis, cette strophe ne m'a plus jamais quitté, et lorsque notre classe de prépa se regroupe une fois par an pour célébrer ces années passées, vous pouvez être sûr d'entendre des gens bourrés en train de réciter "Booz endormi"!!

Annotation :

"Je vis, je meurs..." Louise Labé, XVIe siècle

"Je vis, je meurs; je me brûle et me noie;
j'ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m'est et trop molle et trop dure;
j'ai grands ennuis entremêlés de joie..."

Et je ne connais pas la suite, il n'y a que cette strophe qui me revient en mémoire lorsque je suis plongé dans les méandres de l'alcool.

Annotation :

"Déjà la nuit..." L'olive, Du Bellay, XVIe siècle

"Déjà la nuit en son parc amassoit
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et pour entrer aux cavernes profondes
Fuyant le jour, ses noirs chevaulx chassoit"

Et prononcé en ancien français... Oui Monsieur!!

Annotation :

"Une allée du Luxembourg" Odelettes, Nerval, XIXe siècle

"Elle a passé la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.

C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !

Mais non, -ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui,-
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, il a fui !"

Oui, c'est bien l'un des seuls poèmes que je connais entièrement et que je sais réciter par coeur, même quand je suis bourré!

Annotation :

"A une passante", Les fleurs du mal, Baudelaire, XIXe siècle

"Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"

Incapable de me souvenir de tout le début du poème, je finis généralement par ne réciter que les deux derniers vers.

Annotation :

"Mon rêve familier" Poèmes saturniens, Verlaine, XIXe siècle

"Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,"

... Et je ne me souviens plus du reste en général. Après quelques minutes de recherche, je finis lâchement par abandonner, et je noie alors mon désespoir au fond d'une bouteille de vodka.

Annotation :

"Les pas" Charmes, Paul Valéry, XXe siècle

"Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas."

L'un des premiers poèmes appris par coeur, il m'arrive encore parfois, dans un certain état d’ébriété, d'avoir une réminiscence de mes années lycées, et de me souvenir alors de cette dernière strophe.

Annotation :

"La courbe de tes yeux..." Capitale de la douleur, Paul Eluard, XXe siècle

"La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu."

Encore un autre poème appris au lycée, il m'arrive de le réciter quand je suis bourré et que je repense à ces filles d'un autre temps que j'aimais follement. Ah Nostalgie, quand tu nous tiens!

Annotation :

"Chanson des escargots qui vont à l'enterrement", Paroles, Prévert, XXe siècle

"Les arbres et les plantes
Se mettent a chanter
A chanter a tue-tête
La vrai chanson vivante
La chanson de l’été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C’est un très joli soir
Un joli soir d’été
Et les deux escargots
S’en retournent chez eux
Ils s’en vont très émus
Ils s’en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais la haut dans le ciel
La lune veille sur eux."

Appris il n'y a pas si longtemps que ça, ce poème a été une véritable révélation pour moi, parce qu'il n'est pas courant de voir deux escargots bourrés. Ainsi, en hommage à ces deux gastéropodes, j'ai décidé de ne réciter ces vers qu'en étant alcoolisé!!

PS: je vous conseille vivement de lire l'intégralité de ce poème qui est à mon sens l'un des plus beaux du XXe siècle