Top 2017

Annotation :

James Gray est revenu en très grande forme avec ce puissant morceau de cinéma. Un chef d'oeuvre bouleversant et saisissant par sa grâce, son élégance et son souffle de cinéma et d'aventures qui se fait parfois rare dans ce genre de productions. Avec The Lost City of Z, Gray signe un film comme on en fait plus avec une maestria impressionnante qui trouve à travers le classicisme de sa mise en scène une formidable beauté aidée par une photographie hallucinante et un sens du cadre virtuose.
Séquences mémorables, casting hallucinant (le trio Charlie Hunnam, Robert Pattinson et Sienna Miller est formidable), finesse d'écriture où Gray se confond avec habilité dans la quête de son personnage avec en plus une sublime BO et le plan final le plus sidérant de l'année. Du grand cinéma.

Annotation :

Martin Scorsese est déjà un metteur en scène éclectique et qui a su au fil de sa longue carrière porter différentes casquettes. Mais se renouveler avec une telle vigueur à plus de 70 ans, c'est un exercice rare pour les cinéastes. D'autant plus quand cela est aussi réussi. Scorsese à toujours eu des obsessions religieuses mais il ne les as jamais aussi bien cristallisées que dans Silence. Au sein d'une oeuvre à l’âpreté terrible (pas de musique et très peu de dialogue) et une durée conséquente, il questionne ses propres croyances et son cinéma avec une finesse et une humilité qui force le respect. Avec son casting et sa réalisation impressionnante, Silence est un de ses grands moments de l'année 2017.

Annotation :

Le génie de Yorgos Lanthimos ne semble pas avoir de limite car avec The Killing of a Sacred Deer il signe avec une maestria folle le 3ème chef d'oeuvre de sa carrière. A mi-chemin entre Canine et The Lobster, il retrouve pour la deuxième fois Colin Farrell et prouve décidément que l'on est face à un duo fructueux.
Ici tout est admirablement pensé, brillamment écris et exécuté avec virtuosité. Comme pour ses précédents films, le mot d'ordre est l'absurdité. Une cruauté tellement poussée à l'extrême qu'elle en devient absurde et même hilarante quand elle se confronte à l'automatisme de ses personnages. Voir ses personnages réagir passivement à une situation horrible crée un décalage savoureux que le scénario se fait un malin plaisir à exploiter avec intelligence. Le film n'a clairement pas volé son prix du scénario au Festival de Cannes. Inventif, sans concessions et délicieusement froid, The Killing of a Sacred Deer tire profit de sa mise en scène maniérée et très kubrickienne pour signer un conte satirique finalement très juste sur les relations humaines qui ne sont que profits ou dettes. Une habile réflexion de la loi du Talion avec un excellent casting pour un des meilleurs films de l'année.

Annotation :

Plus habile lorsqu'il s'impose comme l'antithèse que la continuation de l'oeuvre d'origine, Blade Runner 2049 s'érige quand même comme un incroyable tour de force. Denis Villeneuve fait le choix judicieux de s'éloigner de son prédécesseur pour faire son propre film et même si il s'handicap de son héritage, il reste une réflexion très fine et touchante de celui-ci. A travers son formidable personnage principal, Blade Runner 2049 trouve une mélancolie bouleversante et s'impose comme une grande oeuvre sur la solitude et la quête de soi. Quand bien même le film à ses défauts avec ses méchants très caricaturaux, ses imperfections en deviennent fascinantes dans sa manière dont il les revendiques et interroge la perfection dans un monde où elle ne symbolise que ce qui est factice.
Un film qui a du cœur et une âme, qui est en plus parfaitement filmé par le duo Villeneuve et Roger Deakins avec photographie hallucinante et son casting impliqué. Harrison Ford n'avait pas été aussi bon depuis des années et Ryan Gosling excelle et prouve définitivement être un très grand acteur quelque soit le registre.

Annotation :

Véritable phénomène de ce début d'année, La La Land est un film incroyable qui derrière son hommage à la comédie musicale et au vieil Holywood s'impose comme une oeuvre moderne, vivifiante et brillamment mise en scène. Damien Chazelle montre être à la fois un technicien de génie mais aussi un cinéaste d'une rare intelligence vu la manière dont il déjoue tout les pièges de ce genre de rom-com. C'est frais, jamais niais et toujours juste habité en plus par un formidable couple du cinéma. Ryan Gosling est dans son meilleur rôle tandis que Emma Stone crève l'écran par sa grâce et sa justesse mais les deux partagent surtout une formidable alchimie.
Les chorégraphies sont impressionnantes, les chansons sont déjà cultes et il y a très peu de choses à reprocher à ce La La Land, hormis peut être la démonstration de savoir-faire un peu trop évidente de Chazelle. Mais le jeune cinéaste à du talent et on ne peut que reconnaître que sa maîtrise et son énergie.

Annotation :

Le plus gros défaut de Mother! aura été d'avoir été vendu comme un film d'horreur lambda. Alors que c'est sans détour que Darren Aronofsky signe un des morceaux de cinéma les plus radicales et éreintants de l'année. Une oeuvre sans concession qui ne fait aucun cadeau à son spectateur et qui nous emporte dans une voyage où la folie émerge de chaque plan et de chaque personnage. Mother! est sans doute trop épuisant et trop tourné vers lui-même pour son propre bien mais c'est du cinéma qui fait réagir et qui surtout porte des réflexions passionnantes qui n'ont pas finies d'être sujettes à interprétations. Dans la continuité de The Fountain et Noah, Aronofsky finit son triptyque sur la création de la meilleure manière possible, dans une déconstruction habile et viscérale de son propre cinéma où Jennifer Lawrence irradie l'écran par sa performance fiévreuse.

Annotation :

Réponse touchante au propre mythe qu'il a érigé dans les années 90, Danny Boyle signe avec T2 Trainspotting une formidable lettre de réconciliation avec Ewan McGregor. Une bande de potes qui se retrouvent 20 ans plus tard non pas pour se remémorer le passé mais pour aller de l'avant au sein d'une oeuvre qui ne tombe jamais dans le piège de la nostalgie mais plutôt se construit sur la mélancolie.
Un film incroyable et qui touche au cœur. Et qui plus est avec son recul, sa maturité et la maîtrise technique acquise par Boyle et les galons supplémentaires du casting font de ce T2 Trainspotting une oeuvre qui ne sera pas aussi culte que le précédent mais qui est pourtant infiniment meilleur. Un excellent film.

Annotation :

You Were Never Really Here est un uppercut sidérant. Une expérience sensorielle fascinante, insaisissable à l'image de son héros qui fuit l'inlassablement la caméra. Lynne Ramsay ne le laisse que très rarement durer dans un plan, à peine l'a-t-on vu qu'il a déjà disparu. Le film est à son image, dans sa lenteur fantasmagorique et son âpreté dérangeante où ne parvient jamais vraiment à le saisir. Il n'a jamais vraiment été là mais il nous laissera une trace indélébile. Beaucoup lui reproche son absence de scénario alors qu'il est d'une richesse absolue dans son portrait d'une âme en peine qui cherche quelque chose pour se raccrocher à la réalité. Comme la trace d'un traumatisme qu'on occulte comme si il n'avait jamais existé mais qui nous poursuit le long de notre existence et que l'on reproduit à l'infini.
Un peu trop obscur peut être, mais avec la maîtrise de sa mise en scène, la grâce de son écriture et l'interprétation phénoménale de Joaquin Phoenix, You Were Never Really Here est un des bijoux de cette année.

Annotation :

Je n'ai jamais vraiment été un grand fan des Star Wars, que je trouvais par bien des aspects trop simplistes. Et voir Rian Johnson, un cinéaste que j'aime beaucoup, s'attaquer à cet épisode 8 était quelque chose qui me frustrait tellement j'avais peur de le voir se faire bouffer par la machine hollywoodienne.
Pourtant, contre toutes attentes, il signe à mes yeux non seulement le meilleur opus de la saga mais aussi l'épisode le plus clivant auprès des fans. Après un 7 qu'on avait reproché trop ronflant, il prend une prise de risque admirable avec cette épisode 8 qui revisite la saga pour la démystifier et l'amené vers des horizons nouveaux. Le bien et le mal deviennent flous et les personnages évoluent dans un univers plus gris que jamais. Même si on sent qu'il ne sait parfois pas trop quoi faire de certains personnages (notamment Finn), Johnson injecte ses obsessions dans le lien qui unis Rey et Kylo est pousse ses réflexions autour de l'identité, l'héroïsme et l'héritage.
Les personnages gagnent en épaisseur ici, et Johnson offre un traitement particulièrement touchant et audacieux à Luke en continuant avec logique et respect l'univers de Lucas tout en sachant totalement se le réapproprier. Les acteurs sont au top et The Last Jedi est sans aucun doute le Star Wars le plus dense et le plus beau de la saga, certains plans feront assurément date. Je suis très impatient de voir ce que Rian Johnson va nous réserver pour sa trilogie !

Annotation :

Alors que dans mon flop je faisais part de ma déception par rapport aux blockbusters assez décevants de l'année, il y aura quand même eu d'excellentes choses sur ce point en 2017. Et War for the Planet of the Apes en fait assurément partie. Matt Reeves vient clôturer avec beaucoup de justesse cette trilogie centrée sur Caesar et s'impose définitivement comme un cinéaste sur qui on peut compter. Avec son sens du cadrage et du rythme assez impressionnant, il signe un scénario certes classique mais émouvant car il rend honneur à des personnages terriblement attachants qui prennent vie de manière bluffantes grâce à de remarquables effets spéciaux. Du cinéma généreux et spectaculaire qui ne sacrifie jamais l'émotion et le tout est habité par la grandiose performance d'Andy Serkis.

Annotation :

Avec son amour des chorégraphies de combat ultra impressionnantes, Chad Stahelski signe un John Wick: Chapter Two bien plus réussi que le premier film. Avec une maîtrise cinématographique bien plus affinée et en exploitant à fond l'univers fascinant de ces tueurs à gages, le film s'impose comme un divertissement ludique et généreux qui se fait le shoot d'adrénaline indispensable de l'année. Avec un Keanu Reeves plus félin que jamais et totalement habité par son personnage, Stahelski montre que le cinéma d'action peut encore rimer avec découpage lisible, une action qui préfère le fait main aux effets spéciaux et élégance. Et ça, ça fait plaisir.

Annotation :

Dommage que son scénario soit un peu faiblard car très prévisible et qu'ils s'offre de personnages secondaires peu développés et intéressants. Car vu la prouesse technique qu'Edgar Wright déploie pour ce Baby Driver, le film aurait aisément pu être un véritable chef d'oeuvre du cinéma. Rarement un découpage se sera fait aussi impressionnant, notamment lors des scènes d'actions qu'il est difficile d'imaginer la préparation qu'il y a du avoir lors du tournage. Baby Driver impressionne et emporte à chaque instants dans un spectacle généreux, par moments beaucoup trop. Car dans sa frénésie du mouvements, le film s'essouffle un peu dans son troisième acte mais il aura quand même su offrir de formidables frissons. Surtout qu'Edgar Wright acquiert ici une nouvelle maturité.

Annotation :

James Mangold se réapproprie définitivement le personnage pour faire de Logan un western intimiste et épuré dans la pure veine de son cinéma. En résulte le meilleur film de super-héros de l'année qui et aussi un très beau et touchant baroud honneur pour Hugh Jackman dans un rôle qu'il aura tenu pendant presque 20 ans. On le quitte la larme à l’œil mais aussi des étoiles pleins les yeux devant l'élégance et le savoir-faire de ce très beau film.

Annotation :

Thriller nocturne saisissant et totalement habité par le charisme de Robert Pattinson qui signe probablement son meilleur rôle. Les frères Safdie signent aussi leur meilleur film où le scénario s'efface pour laisser place à une envolée dans la nuit enivrante et superbement filmée qui laisse une trace indélébile et dont on aimerait s'y perdre pour toujours.

Annotation :

Gore Verbinski se perd dans un final qui vire un peu trop dans le gothique et qui casse trop nettement avec la froideur clinique des débuts. Mais quand il adapte officieusement le Bioshock qu'il a toujours voulu faire, en résulte un film à l'esthétique léchée qui marque la rétine dans une ambiance claustrophobique des plus délicieuses. Le film souffre de quelques longueurs et de développements scénaristiques un peu trop hasardeux mais il bénéficie d'une patte artistique et d'une personnalité qui le rende vraiment mémorable et qui se rapproche avec habilité des vieux films d'horreur de la Hammer. Un très bon cru.