Top 20 American Primitive Guitar

Annotation :

Le meilleur Fahey en fin de compte. Déjà parce qu'il a une tracklist exceptionnelle, contenant la plupart des meilleurs morceaux des premiers disques jusqu'à Yellow Princess (avec déjà des version d'America ou Fare Forward Voyagers en friches). Et ensuite parce que le live, en plus de donner des versions légèrement différentes et tout aussi appréciable voire parfois supérieures aux versions studios, confère une humanité supplémentaire au bonhomme, lui qui raconte ses anecdotes avec sa petite voix timide et ses formulations maladroites. Et puis il se mouche, quoi.

Au programme : De la maladresse humaine, de l'adresse dans les cordes

When the Springtime Comes Again (version transitoire entre le morceau court du volume 2 et Mark 1:15) :
https://www.youtube.com/watch?v=7dZZVFUqA1I
The Great Santa Barbara Oil Slick :
https://www.youtube.com/watch?v=UnPIX6ocQMw
The Revolt of the Dyke Brigade :
https://www.youtube.com/watch?v=AxODWezu6YA

Annotation :

Une des premières claques du genre à m'avoir effleuré les tympans. J'ai mis du temps à réaliser que j'étais en présence d'une pièce maîtresse, mais un morceau comme Cross the North Fork m'a immédiatement subjugué. Un chef d'oeuvre.

Au programme : Cathédrales ragas en forme d'épopées ébouriffantes, clins d'oeils Faheyesques en plein Basho-tage, ragtime et autres blues transcendés à douze cordes.

Cross the North Fork : https://www.youtube.com/watch?v=GeVKAPlyx2s
Kensington Blues : https://www.youtube.com/watch?v=jc5j9uXCUSE

Annotation :

Mon préféré de Fahey à l'heure actuelle ; ainsi mon album favori de mon artiste favori ne peut que s'emparer glorieusement de cette première place.

Au programme : une narration puissante et évocatrice et un jeu virtuose qui respire.

The Yellow Princess : https://www.youtube.com/watch?v=C334UCVTPoE
Irish Setter : https://www.youtube.com/watch?v=oBEfI6flnog

Annotation :

(Parution originale en 1974)

Le plus profond et le plus osé des disques de ce monstre sacré de Robbie Basho (cf la face B, Rhapsody In Druz, 20 minutes insensées de piano opératique), donc mon préféré à cette heure.

Au programme : Pianopéra qui titille les cieux, ragas fiévreux, méditations persanes et errances invitant à la transe

Zarthus : https://www.youtube.com/watch?v=IB4f7XijUp4
Khoda é Gul é Abe : https://www.youtube.com/watch?v=_SnAnenDtWY
Rhapsody in Druz : https://www.youtube.com/watch?v=t-ArU6ZLHGw&list=PLE34E151D735E25CB&index=6

Annotation :

(Parution originale en 1971)

Le plus ambitieux des disques de Fahey, sans aucun doute. Dans sa version complète, plus de 72 minutes de musique. Et de fait, à partir du morceau titre, ce disque est parfait et largement apte à rentrer dans ce top 10. Seulement ça me soûle un peu de devoir me taper les pièces courtes du début, qui sont trop répétitives à mes oreilles. Donc il se voit recalé, mais de très peu.

Au programme : Blues sporadique et negro spiritual acoustique, extensions de vieux morceaux à des échelles épiques, voix de tortue

Mark 1:15 : https://www.youtube.com/watch?v=7ieig2PpBAM
Voice of the Turtle : https://www.youtube.com/watch?v=MEwzCq-WVFM
America : https://www.youtube.com/watch?v=-OwkmoFU3iE

EDIT : Je fais finalement le choix de m'attacher uniquement à la version originale afin de lui donner la place qu'il mérite.

Annotation :

Si vous voulez un bon gros coup de poing pour entamer votre voyage en ces terres acoustiques, vous pouvez commencer par celui-ci, alias la plus profonde escapade de Fahey en terres indiennes, envoûtant. Son plus délicieusement narcotique.

Au programme : Voyage indien au syncrétisme stellaire, renouvellement de thèmes passés dans un enchevêtrement d'une richesse inépuisable.

Fare Forward Voyager : https://www.youtube.com/watch?v=MLKRpI_IkSQ
When the Fire & the Rose are One : https://www.youtube.com/watch?v=XOU3EZOhy9A

Annotation :

Si vous êtes du genre à vous aventurer quelque part en commençant par un best-of, cet album est le meilleur choix possible. Glenn Jones connaît sa guitare primitive sur le bout des doigts, et est capable de convoquer les grands aïeux comme ses collègues contemporains avec une aisance impressionnante tout en sublimant ses influences par des ressources mélodiques insoupçonnées.

Au programme : Virtuosité éclectique aux humeurs variées, résurrection de grands disparus, mystérieuses et intrigantes mélodies.

Fahey's Car : https://www.youtube.com/watch?v=QyABBuPmIXM
Friday Nights With : https://www.youtube.com/watch?v=2RGhYUUkL6Y

(Je voulais en poster d'autres mais Youtube est capricieux et pauvre en Glenn Jones)

Annotation :

Ici, l'album le plus "complet" de Basho. Comprendre qu'on y trouve aussi bien des ragas que des ballades piano que des yodels montagnards ou que de plus modestes et intimes perles intemporelles. Blue Crystal Fire, c'est à toi que je m'adresse, c'est même à toi que je dois mon avatar actuel.

Au programme : euh... je viens de tout dire en fait. Ah si, à un moment il siffle tellement fort que le micro il explose. C'est de la folie.

Blue Crystal Fire : https://www.youtube.com/watch?v=YYaGChm8RWw
Rocky Mountain Raga : https://www.youtube.com/watch?v=IA2uHQ9XBI8

Annotation :

Le premier chef-d'oeuvre du John. Lo-fi car enregistré de façon cheap, il retranscrit à merveille le mystère des premiers enregistrements mythique du bonhomme tout en nous apportant un disque sans aucun temps mort et avec au moins une pépite intemporelle : On the Sunny Side of the Ocean.

Au programme : Blues ragtime folk country transcendés, bottleneck onirique et ta gueule le chien bordel.

On the Sunny Side of the Ocean : https://www.youtube.com/watch?v=HMXdJqGMq-I
Poor Boy (pour comprendre l'histoire du chien) : https://www.youtube.com/watch?v=5GNrOo0SrRA
The Death of the Clayton Peacock : https://www.youtube.com/watch?v=4A3B80hZi8U

Annotation :

L'album de Jack Rose où se révèle toute l'ampleur de son feeling inhumain, et ce pour une raison très précise : ici, Jack joue systématiquement au bottleneck. Et Dieu qu'il maîtrise à la perfection ce petit joujou, qui lui permet de faire gémir se guitare de la plus haletante des façons, que ce soit au travers de pièces courtes blues que le long d'un épais raga.

Au programme : Dr Ragtime gets bluesy, bottleneck torride et feeling diabolique

Revolt : https://www.youtube.com/watch?v=iyzEz8oHT2o
Spirits In the House : https://www.youtube.com/watch?v=KAOBOasOPcE
St. Louis Blues : https://www.youtube.com/watch?v=_zqu9khOzG0

Annotation :

(Parution originale en 1975)

J'ai hésité à placer cet album, ne serait-ce que parce que c'est pas américain pour un sou puisque Bola Sete est brésilien et donne plutôt dans la bossa et le jazz. Mais ce disque mérite amplement sa place ici, pour la démarche de Bola de se placer seul face au micro et de jouer à l'intuition, avec une profondeur sans égale. On sent l'influence de Fahey (avec qui il est pote depuis les 70's, et l'influence est réciproque) également.

Au programme : Bossa primitive, introspection mêlant allégresse, menace sourde, dépression et virée en bateau les cheveux au vent et le soleil dans la tronche.

Viva Mundo Penba : https://www.youtube.com/watch?v=gnSf96GuX0Y
Ocean Waves (O Mar) : https://www.youtube.com/watch?v=cLRdVE3sDG4

Annotation :

Un de mes favoris de la "nouvelle" génération de guitaristes. Peut-être le plus sombre d'entre eux, son jeu (virtuose) est tellement tendu qu'on a l'impression qu'il est constamment en train de jouer depuis les limbes, au bord du Styx à ne pas savoir se décider si oui ou non il doit plonger. Peu de mélodies à proprement parler, mais une tension gérée à la perfection. Haletant (d'autant plus qu'il s'agit d'un live).

Au programme : Guitare de purgatoire, aridité de tous les instants, climax tendax, tape toi donc la tête contre le mur ça ira mieux

Pas de Youtube ici, mais tout l'album sur Deezer : http://www.deezer.com/album/8670429 (je conseille de tout s'enfiler d'un coup, ça dure à peine une demi-heure)

Annotation :

Alors lui... Steffen Basho-Junghans (ainsi nommé en hommage à vous-savez-qui) est sans aucun doute le plus impressionnant techniquement de tous les types que vous avez pu croiser dans cette liste. La façon dont le mec arrive à faire sonner sa guitare me dépasse, les textures qu'il convoque sont d'un autre monde. D'ailleurs il se préoccupe plus de jouer avec ses textures que de faire naître de véritables mélodies. Ainsi il s'agit le plus souvent de longues ambiances épatantes qui laissent résonner furieusement la guitare impossible de Steffen.

Au programme : Guitare bigger-than-life, gouttes d'eau, épopées galopantes, réveil ensoleillé

Last Days of the Dragons (juste grandiose) : https://www.youtube.com/watch?v=YpAtDaCwFlU
Wild Horse Ramble : https://www.youtube.com/watch?v=fMQoqX3pmig

Annotation :

Mesdames et messieurs les mélomanes, devant vos yeux ébahis : Shiva réincarnée. James Blackshaw, probablement grand adorateur de Basho, maîtrise sa 12 cordes avec une fluidité confondantes. Il est capable de tisser un paysage incroyablement riche de notes en pagaille sans donner l'impression de faire le moindre effort. Et quand il met ça au service de fresques aventureuses et d'expérimentations de bon aloi, je suis subjugué.

Au programme : Tapisserie infinie, relaxation superlative, mélodies répétées et chatoyantes

The Cloud of Unknowing : https://www.youtube.com/watch?v=cNYw3iNJbho
The Mirror Speaks : https://www.youtube.com/watch?v=Jn5sHyFgnmk

(n'hésitez pas à chercher des vidéos live de James en train de jouer, Youtube en regorge, c'est édifiant)

Annotation :

Ayant l'habitude de faire trembler les honnêtes gens dans son groupe les Sun City Girls, Richard Bishop en solo révèle sa passion pour un flamenco teinté de musique arabe. Un disque tout à fait rafraîchissant, dépaysant (et virtuose) surtout lorsque qu'on s'habitue un peu trop au blues et au raga habituellement dispensés par les étalons du genre.

Au programme : Flamenco primitif, musique arabe (ouais sorry j'y connais rien), piano primitif, explosions de vitesse burlesques

Burning Caravan : https://www.youtube.com/watch?v=Rjz6N2Req2M
Al Darazi : https://www.youtube.com/watch?v=P1r-YuwpMlg

Annotation :

Vu que Harris Newman donne toujours un peu dans le même style (qu'il maîtrise très bien), je vous renvoie à mes remarques sur Dark Was the Night un peu plus haut. Sur cet album studio, il se permet des expériences ambiantes à base de bottleneck flippant plutôt réussies, ainsi que des overdubs de guitare et même tout un band pour l'accompagner sur le dernier morceau.

Au programme : Pareil que Dark Was the Night, mais avec un chouia d'ambient dronesque et plus de variété dans l'accompagnement.

Encore une fois Youtube est avare, mais voici au moins ceci :
Lords Ladies : https://www.youtube.com/watch?v=47e056MsElQ&list=PLxcOrzn7yjpZgcoPz5pP0xz8z_Uqk5m2V&index=1

Annotation :

(Parution originale en 1963)

Première grande réussite de Fahey, pour son deuxième album. Son style arrive à maturation, le blues est méconnaissable, ainsi que ses cousins la country et la folk, Fahey utilise pour la première fois des éléments évidents de classique pour ajouter à son style syncrétique et autodidacte. Il y a juste un morceau avec une flûte perce-tympans, mais le reste est bon.

Au programme : Classique transfiguré, mystère insondable, blues sous tous ses états, flûte relou bien vite oubliée

Stomping on the Alamaba/Pennsylvannia Border : https://www.youtube.com/watch?v=QV5Zw9OWO1A
Some Summer Day : https://www.youtube.com/watch?v=Kpfz0AuyE2U
John Henry Variations : https://www.youtube.com/watch?v=CUDYeRglNSk

Annotation :

Oh un nouveau coup de coeur American Primitif, ça faisait longtemps ! (sic)

Norberto Lobo a pour lui une technique irréprochable et un style bien à lui, qui rappelle certes de loin (et selon les moments) Fahey ou Basho, mais derrière ces inévitables il y a un type qui joue astucieusement et créativement avec les harmoniques, ce qui confère à sa musique un aspect fabuleusement léger ; ça plus la courte durée de l'album, c'est un délice qu'on s'enfile sans compter. La touche repeat est là pour ça.

Rajoutons à cela des couleurs "exotiques", et pas que parce que le mec s'appelle Norberto Lobo (ay caramba!), qui évoquent aussi bien le Brésil de la bossa nova que l'Espagne du flamenco, par touches subtiles. Un mec dont j’explorerai volontiers la brève discographie !

Annotation :

Voilà un de mes "espoirs" personnels dans la génération nouvelle de guitare primitive. Mister Mullane est le plus jeune de ces gens, et compose une musique qu'il est idéal d'écouter à ces "heures pâles de la nuit" (Ferré) où on ne parvient pas à trouver le sommeil, en restant devant l'écran trop brillant de l'ordinateur. Mélodique, délicat, parfois même électrique.

Au programme : errances nocturnes, mélodies diaphanes, petit mais costaud

Built Inside Out : https://www.youtube.com/watch?v=Pcp-NpwNK8I

Annotation :

Days Have Gone By est victime d'une tragédie, celle d'une tracklist qui le condamne à rester séparés en deux temps pour moi : ceux d'avant et après les "Raga Called Pat part I & II", qui sont deux longues pièces expérimentales perfusées à la musique concrète (surtout la seconde partie) qui me font trop souvent décrocher. Si on excepte ça, c'est un des plus beaux disque de Fahey dans une veine spirituelle poignante.

Au programme : courtes perles, spiritualité infusée, ragas en field recording

Impressions of Susan : https://www.youtube.com/watch?v=YTtgvJuzRM0
Joe Kirby Blues : https://www.youtube.com/watch?v=Y2-B7KoBb8k
Raga Called Pat part I : https://www.youtube.com/watch?v=__AP56h-aw0

Annotation :

Voilà un disque un peu particulier, car il s'agit sans doute d'un des premiers disques d'american primitive guitar, avant même que Fahey ne sorte son premier véritable témoignage du genre avec son Death Chants. De son côté, Sandy Bull avec son morceau Blend crée une incroyable épopée mêlant raga, folk, blues et jazz (par les percussions d'Elvin Jones). Pour l'époque, c'est du jamais vu et c'est un sommet. Le reste du disque, la face B, est moins intéressante même si de qualité, avec une amusante reprise au banjo du Carmina Burana entre autres joyeusetés.

Au programme : Encore une fois j'ai un peu tout dit ci-dessus.

Blend : https://www.youtube.com/watch?v=QUgj94xGS3g
Carmina Burana Fantasy : https://www.youtube.com/watch?v=y3vgAaotxls

Annotation :

(je le laisse pour un futur top 30)

Un disque sans doute mineur dans l'histoire de la guitare, mais un disque auquel je suis beaucoup attaché. Parce que Blackshaw sort de sa zone de confort pour proposer des expériences espagnoles à la guitare à 6 cordes (pas douze) en nylon (!) mêlées à de douces compositions inspirées du classique.

Au programme : fièvre hispanique, délicate syncope, Debussy et Satie dans un mouchoir de poche.

We Who Stole the Dream : https://www.youtube.com/watch?v=VGV6tc-HBl4
The Snows are Melted, The Snows are Gone (plus gymnopédiesque que ça tu meurs) : https://www.youtube.com/watch?v=eCmBf5x8_80