Un siècle d'horreur [1920-2020]

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Un petit bijou d’ambiance, sans doute précurseur du cinéma d’épouvante bien que davantage apparenté et identifiable au genre thriller, c’est la scène à la fête foraine qui m’a scotché en premier lieu, où le somnambule prédit la mort d’un homme, puis les cadavres suivent, avec un jeu de clair/obscur tout à fait brillant. Et l’intrigue, qui parait attendue, arrive à tenir en haleine avec la véritable motivation de Caligari qui utilise sa marionnette humaine, l’atmosphère déployée fait le reste et la réorchestration est bien souvent tétanisante, on pense donc savoir où on va aller, puis le dernier acte réussit un vrai tour de force, où tout est remis en cause, la folie à l’état pur.

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Sorte de triptyque fantasmagorique intéressant dans sa construction, le film pèche peut être par un petit manque d'ambiance et une certaine redondance dans les thèmes abordés mais le tout fonctionne grâce au concept et au découpage. Et le fait de retrouver l'actrice sous les traits de plusieurs personnages dans différentes cultures rend le projet ouvert et aventureux en plaçant des cadres et des graphiques harmonieux. Et j'ai beaucoup aimé la dernière séquence, autant techniquement que émotionnellement.

✴ Mention spéciale : La Charrette fantôme (Victor Sjöström)

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Pièce unique et sublime de l'histoire du cinéma d’épouvante, une des premières adaptations du Dracula de Bram Stoker, sans que Murnau n’ai eu l’acquisition des droits, le contraignant à renommer les personnages; presque un siècle après sa sortie ce film continu de fasciner comme au premier jour par son ambiance oppressante si particulière, difficile de rester insensible aux apparition du comte Orlok, et à la beauté poétique de l’intertitre «Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre».

✴ Mention spéciale : La Sorcellerie à travers les âges (Benjamin Christensen)

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Un film ingénieux qui réutilise par la mise en scène les toutes premières techniques du cinématographe, avec le personnage du montreur d’ombres et ses convives se prenant au jeu au cours d’une nuit étrange, où le surnaturel s’invite pour créer une sorte de mise en abyme sous forme de projection. A noter que ce long métrage muet ne contient aucun intertitre, ce qui ne gâche cependant pas l’expérience.

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Pionnier des thrillers fantastiques français, marchant sans rougir dans les pas d’œuvres expressionnistes d’outre-Rhin, autant par l'image que le traitement du surnaturel, avec en guise de "climax" une séquence ferroviaire des plus palpitante.

✴ Mention spéciale : Les Mains d’Orlac (Robert Wiene)

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Transposition classique et fidèle du roman de Gaston Leroux, adapté un nombre incalculable de fois, où Ruper Julian en sublime les propos grâce à des décors à la fois enchanteurs et lugubres et à l’interprétation magistrale de Lon Chaney (dont le masque marquera à jamais l’histoire du cinéma d’épouvante).

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Touchant aux thèmes immortels à l’aide d’une imagerie puissante qui en appelle davantage au subconscient des spectateurs qu’aux éternelles représentations inébranlables habituellement utilisées dans le cinéma moderne, Faust se pose à la fois comme un classique inévitable et comme une œuvre avant-gardiste éblouissante. Vision surnaturelle et majestueuse du génie de Murnau qui transcende l’œuvre originelle plus qu’elle ne la dessert.

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Difficile de juger la reconstitution d’un film disparu, n’utilisant que des photos de tournage en diaporama entrecoupées d’intertitres, considéré comme le plus grand succès commercial du duo Browning-Chaney et aussi l’un des longs métrages de l’ère du muet les plus recherchés, nous permettant simplement de prendre sa mesure technique (décors, costumes, maquillages) et l'esquisse d’une intrigue à la résolution pour le moins originale.
Une revisite un peu plus dynamique serait la bienvenue.

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Première adaptation connue de la nouvelle d’Edgar Allan Poe par Jean Epstein, un des premiers metteurs en scène français tentant de développer une grammaire visuelle expressionniste, ici visant à capturer l’inquiétante étrangeté de son sujet, pour en ressortir une atmosphère lugubre et fascinante. Petit bijou.

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Un des piliers du cinéma fantastique, tout en ne s’inscrivant que très peu dans sa mouvance, ne serait-ce que par les multiples voies qu’il a ouvertes (recours métaphorique des fourmis, deux séquences aux éléments gores, l’imagerie d’une certaine folie). Une œuvre essentielle tellement particulière qu’elle mérite un large.. coup d’œil.

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Principale source d'inspiration du Batman de Bob Kane, le film se distingue par un étonnant sens graphique et quelques travellings virtuoses, mais malheureusement très souvent miné par son côté théâtre de boulevard, rendant surréaliste et bouffon tout son mystère/ambiance.

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Au delà du culte autour du monstre de Frankenstein j’ai tout d’abord été surpris par l’esthétisme du film, certains plans sont très graphiques, le jeu de Boris Karloff est assez impressionnant, bien qu’il soit un peu dommage que le personnage ne soit pas adapté du roman de Shelley, il manque peut être à mon sens cette sensibilité qu’on ne voit pas suffisamment. Mais quelques scènes m’ont fait rire, comme quand il balance la gamine dans la rivière.
Un classique du film de monstre des studios Universal.

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Un film vraiment étonnant, redoutablement bien écrit et réalisé qui séduit dès les premiers minutes grâce à l'introduction du mystère de cette femme hors champ. Le casting est majoritairement composé de monstres de foire, du cul-de-jatte aux siamoises en passant par la femme à barbe, l'univers se veut dérangeant, donnant une dimension fantastique au récit, dépeignant l'affligeante nature humaine de ces personnes "normalement constituées", qui par leur cruauté malsaine finiront par payer le prix cher.

✴ Mention spéciale : La Momie (Karl Freund)

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Vraie prouesse technique pour l’époque, qui nécessita nombres de maquettes miniatures et grandeur nature; et film d’aventure éminemment spectaculaire, je garderai toujours en souvenir l’arrivée sur l’île, l’apparition du monstre aux coups de tambours et ce final iconique sur le toit de l’Empire State Building. Petit chef d’œuvre d’inventivité qui marqua l’histoire d’Hollywood.

✴ Mention spéciale : L’Homme invisible (James Whale)

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L'entame du film est assez excellente, notamment avec l'entrée en scène tout en mystère de Lugosi, puis son face à face avec Karloff et ses obscures motivations, seulement la seconde partie s'embourbe quelque peu dans une mécanique au sentiment d'inachevé, accompagnée par moment d'une direction et d'un montage assez approximatifs. Réunion assez décevante mais film intéressant.

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Une suite pas loin de surpasser son prédécesseur, à l’instar de la créature qu’elle met en scène le film évolue vers d’autres cieux, qu’ils soient humoristiques ou horrifiques pour atteindre un certain stade de perfection filmique et scénaristique.

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Passé maître dans l’art de retranscrire les côtés obscurs de l’âme humaine, Browning ne se contente pas de livrer un simple film fantastique, ici l’essence même du scénario demeure évidemment la rancœur du personnage principal, aveuglé par sa vengeance haineuse contre ceux qui l’ont accusé à tort afin de se débarrasser d’un associé devenu trop gênant. A noter les effets spéciaux très bien réalisés, même pour un regard moderne.

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Considéré comme le premier film d’horreur chinois, qui propose une version du Fantôme de l'Opéra éminemment angoissante par sa constante pénombre à l’écran et ses effets de style, mais aussi une harangue plus ou moins implicite à la révolte citoyenne (le film étant tourné en pleine guerre civile chinoise).
Ma-Xu Weibang se sert de l’épouvante, avec un climat plus dur et sombre contrastant avec les productions de l’époque, pour glisser une intrigue confrontant un révolutionnaire à un tyran, avec d’ailleurs un brin de mélancolie chez le monstre, rendant l'objet à la fois curieux et un peu gauche, il faut bien le dire.

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Une pépite du cinéma fantastique-horreur japonais qui souffre peut être d’une intrigue ronronnante mais tétanise par ses quelques fulgurances visuelles/ambiantes, entre jeux de lumières, apparitions spectrales et plans kaléidoscopiques.

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Quelques pointes d'humour qui viennent relever un vrai-faux film de hantise un brin laborieux.

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Sympathique mélange des genres, entre épouvante, vaudeville et comédie décomplexée, avec Paulette Goddard et Anthony Quinn en vedettes.

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J’imaginais un film très codifié, il l’est un peu, mais reste aussi et surtout une œuvre préoccupée par la nature humaine, mélanger légende et psychanalyse, avec une ambiance en tout point prenante par son esthétique brumeuse et ténébreuse, en plus d’effets spéciaux sobres (donc réussis) et un montage inventif à certains moments. L’histoire est certes très simple et ne provoque pas de réelles surprises mais le film en fait sa force pour caractériser son personnage principal, on ne va pas dans toutes les directions et c’est très bien, enfin la seule chose étonnante c’est qu’ils n’aient pas vraiment rentabilisé le maquillage du loup garou, parce qu’on le voit au final très peu, mais du moment que ça reste cohérent et bien filmé.. Une réussite.

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Même si le récit semble cousu de fil blanc de bout en bout (et il l'est assez) le film arrive à captiver avec une tension par moment excellente, notamment lors de deux séquences en particulier (la poursuite entre les réverbères et la piscine), l’épouvante reste toujours dans la suggestion comme avec ces ombres chinoises ou l’ambiance sonore. Vraiment un film de metteur en scène.

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Avec une atmosphère mystérieuse et une photographie somptueuse, Tourneur plonge son spectateur dans l’intimité de ses personnages en déroulant une intrigue, peut être un brin trop romancée, pour le laisser comme témoin privilégié d’un univers ambigu et crépusculaire, à savoir le décalage entre le regard occidental et les légendes exotiques, et non un simple film de mort-vivant dépourvu de contexte.

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Film de maison hanté au climat inquiétant dans sa première partie, laissant planer un mystère et des non-dits autour des lieux, s’en suivent diverses apparitions fantomatiques faisant basculer le ton, de quoi rester perplexe, avec au passage une scène de spiritisme plutôt mémorable. Sympathique.

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La Quatrième Dimension avant l'heure, un film à sketchs divertissant, intriguant, et surtout homogène en terme de qualité, ce qui est assez rare.

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Sorte d’extension des Mains d’Orlac qui créé le concept d’une partie du corps ayant sa volonté propre (repris notamment par La Famille Addams et Evil Dead 2), le film oscille entre expressionnisme européen et film noir américain, angoisse et dérision, mené par la performance époustouflante d’un Peter Lorre au sommet de sa carrière. Reste un final laissant dubitatif.

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Film disposant à terme d’une bonne tension horrifique, bien qu’au préalable très codifié dans le déploiement de son intrigue romanesque, d’où quelques défauts de rythme, mais l’ambiance gothique et la caractérisation de certains personnages en font une bonne petite curiosité.

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Point d’orgue du duo Abbot et Costello ayant marqué les décennies 40-50, se frottant aux monstres d’Universal Frankenstein, Dracula et le Loup-Garou, dans une sympathique comédie, ayant cependant tendance à s’éterniser..

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Revisite du pacte faustien tirée d'une œuvre de l'écrivain russe Alexandre Pouchkine, un film sachant cacher son jeu, avant de révéler sa carte du surnaturel et de la tragédie, s’envolant dans un crescendo de tension irrésistiblement prenant. À découvrir.