Vu en 2020

Annotation :

Idée originale que de commencer avec le procès de Flaubert pour ouvrir le récit. Le reste ronronne gentiment, le jeu est assez excessif et le cœur de l'oeuvre est savamment évité. Assez dispensable, mais amusant dans sa lecture à l'américaine de la littérature et la société françaises.

Annotation :

Jolie étrangeté, de belles idées dans la vision de la solitude (notamment ces longues séquences où le personnage de Duvall parle aux autres sans que personne ne lui réponde ). Des portraits de femme singulier, une étrangeté un peu trop appuyée par moments (la musique contemporaine en fond est un brin poussive), et un récit lacunaire et mystérieux qui distille un charme vénéneux. Quelques incursions psychédéliques (des délires, des plans filmés à travers un aquarium) ajoutent au vertige trouble qui rend le récit nébuleux et assez fascinant.
Les actrices sont excellentes et la vision des rapports sociaux déprimante à souhait. Un bon Altman.

Annotation :

Un début assez prometteur sur les silences et l'impossibilité des adultes à expliquer la mort aux enfants. Le récit s'enlise néanmoins assez rapidement dans un mix pénible entre Les Malheurs de Sophie (pauvre incompris, toutes les circonstances s'acharnent contre lui pour en faire l’aîné mal aimé), mise en scène plombante à renfort de zooms appuyés, psychologie à la truelle et final pathético tragique lourdingue au possible.

Annotation :

Joli regard sur l'enfance, avec une Fossey impressionnante et touchante. Le rapport à la mort et l'appropriation des rites funéraires par le biais de la poésie enfantine, ainsi que sa confrontation au monde des adultes est une belle idée. La délicatesse l'emporte la plupart du temps, même si l'aspect plus critique sur la paysannerie ou les luttes entre les deux familles manque un peu de subtilité.

Annotation :

Bien sûr, l'aspect un peu brouillon et décousu casse le rythme et la structure générale d'un projet qui ressemble davantage à un collage de saynette. Mais les brusques incursions de la poésie dans la révolte (le ralenti des plumes qui volent dans le dortoir, le dessin sur le bureau qui s'anime brusquement), le regard sans fard sur l'institution (cet enfant androgyne qui sème le trouble, l'évocation explicite de la pédophilie) et cette audace dans la façon de lui "dire merde" font de ce film (censuré de 1933 à 1945) un incontournable de l'époque.

Annotation :

Portrait tout en délicatesse de l'arrivée d'une famille dans un nouveau quartier, le film d'Ozu commence par traiter d'intégration, en se concentrant sur les rapports de force entre les gamins, leurs jeux et leur violence. Progressivement, le récit glisse sur les parallèles à faire avec le monde du travail des adultes, et fait émerger une interrogation sur la médiocrité professionnelle de leur père, subalterne qui exige pourtant d'eux d'être les meilleurs. Une réflexion initiatique et douce-amère sur le déterminisme social et le courage du quotidien.

Annotation :

Peu de moyens, une ambiance assez bien rendue et des évidences dans la manière de retranscrire l'angoisse d'une époque. Le récit en lui-même est assez linéaire et les séquences pseudo horrifiques font peu souvent mouche. C'est surtout l'impuissance face à l'hégémonie de l'Autre et le recours forcé à la destruction massive qui interrogent et donnent leur sens au propos général.

Annotation :

Esthétique de téléfilm, sfx qui piquent bien les yeux (c'est normal, ils sont très oculaires, avec ces rétines qui ressemblent à des lampes halogènes), rêves psychédéliques de femmes enceintes, la laideur et le cheap sont au rendez-vous. Carpenter épaissit vaguement la sauce de l'original (dont il reprend certaines scènes à la réplique près), avec une agence gouvernementale, une poupée de latex dans le formol et l'apprentissage des sentiments par un bambin. Ah oui, il y a aussi Mark Hamill en prêtre, c'est amusant.

Annotation :

Étrange et désagréable sentiment que de voir se dissoudre un auteur étranger au contact de la culture à la française. La réflexion est assez intéressante par moments (cette idéalisation d'une patrie des droits de l'homme, cette détestation finalement assez immature de son propre pays qui transforme en politique ce qui ressemble surtout à des névroses intimes), mais cette forme et ce lyrisme, cette récitation affectée, ces pics, ces caps, ces péninsules, c'est une sacrée épreuve. Pénible et irritant comme du théâtre subventionné.

Annotation :

Un thème assez intéressant - la lutte des classes à hauteur d'enfant entre un châtelain et un autre enfant dont la mère, gouvernante, pourrait devenir la remplaçante de la mère décédée du premier. Mais le jeu des enfants est affecté, la mise en scène atrocement laborieuse (doux Jésus, ces mouvements poussifs de caméra comme autant d'hyperboles), la psychologie à la truelle, entre lMarx pour les Nuls et Œdipe en carton, la musique est considérée comme une série de rustines émotionnelles, et le montage pose grandement problème dans un récit qui semble parfois en roue libre dans les diverses réactions des protagonistes, qui vont, viennent, explosent, reviennent, se frappent, se séduisent, se repoussent, etc... On dirait un film de fin d'étude, mais avec de vrais comédiens (pas sûr que ce soit le meilleur souvenir de carrière de Dominique Blanc et de Jean Rochefort).