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Zhang Yimou - Commentaires

Garant d’un cinéma à la fois prestigieux et populaire, dont les fastueuses ambitions picturales n'échappent pas toujours à la pente d'un certain académisme propret, Yimou ne m’enthousiasme que par intermittences, quand bien même ses propositions ne manquent pas d’atouts.

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8 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Le Sorgho rouge
7.2

Le Sorgho rouge (1988)

Hong gao liang

1 h 30 min. Sortie : 15 février 1989 (France). Drame

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Par la verve des situations qui marient le pathétique et le paillard, le tragique et la fantaisie, la chronique joyeuse d’une distillerie chinoise des années 30 (sorte de "Belle Équipe" avec cuivres et bols de terre cuite et guise de guinguettes et de cotillons) devient fresque. D’un bout à l’autre le rouge domine, ce pourpre enflammé qui associe le sang versé au vin bienfaiteur : voiles du palanquin nuptial où tangue la jeune épouse, peau écarlate de l’écorcheur contraint à l’atrocité, feu crépitant derrière ceux qui chantent l’hymne au sorgho, autant de signes plastiques disposés avec une impressionnante force expressive jusqu’à l’éclipse finale qui éteint le film dans un flamboyant camaïeu. Les sceptiques crieront au symbolisme esthétisant. Mais qu’il soit loisible d’être emporté par tant de beauté et de passions.

Ju Dou
7.4

Ju Dou (1990)

1 h 34 min. Sortie : 9 janvier 1991 (France). Drame

Film de Zhāng Yì-Móu et Yang Fengliang

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

En première instance la tentative est simple : allier l’espace chinois, son sens du cadre et du vide, à la dramaturgie japonaise, plus axée sado-maso. Mais le développement est subtil, qui organise des rapports de force, de servitude et de sexe dont la mise en scène ne cache rien, d’autant que l’action prend place dans un atelier de teinturerie où la machinerie joue un rôle non négligeable. Poulies, chaînes et étoffes se combinent pour créer une structure de désir, un univers pictural omnivore qui dépasse les individus. En contrepoint ou en contradiction de la violence et de la moiteur du sujet, Zhang procède ainsi à une esthétisation du monde, une coloration des sentiments, et peint avec un pessimisme cruel le puritanisme d’une société où toute velléité de plaisir doit être punie comme une transgression.

Épouses et Concubines
7.8

Épouses et Concubines (1991)

Da hong deng long gao gao gua

2 h 05 min. Sortie : 20 décembre 1991 (France). Drame

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Splendeur des tentures rouges et des lanternes orangées, hiératisme de plans composés avec une rigueur d’esthète, emploi délicatement pensé de l’écarlate vital, couleur de désir et de puissance, du bleu, vecteur d’abandon et de désarroi, ou du noir à l’approche de la mort. Yimou élabore un huis clos dont la tenue plastique, l’architecture, les lumières racontent à elles seules l’histoire. Ce qui se joue dans le gynécée de cette vaste demeure seigneuriale, c’est un emprisonnement, une double captivité morale et physique par un maître filmé de loin, symbole abstrait d’un pouvoir absolu, mais aussi une lutte d’influence renvoyant à la condition féminine dans la société chinoise des années vingt. Un rituel de résignations et de douleurs en parures chatoyantes, traduit au travers d’images somptueuses.

Qiu Ju - Une femme chinoise
7.2

Qiu Ju - Une femme chinoise (1992)

Qiu Ju da guan si

1 h 40 min. Sortie : 9 décembre 1992 (France). Comédie, Drame

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Aux cadrages précis et aux compositions chromatiques sophistiquées succède ici le néoréalisme d’une démarche bien plus dépouillée. Zhang recourt à un tournage semi-documentaire pour conter l’histoire d’une paysanne de la Chine du Nord exigeant des excuses au mauvais traitement subi par son mari. Les joues rougies de froid, emmitouflée façon Bibendum, Qiu Ju va à pied au district, puis en bus au tribunal, de sa démarche de canard décidé. Quand bien même juges et policiers sont de braves gens serviables, dépeints sans manichéisme, elle guerroie pour l’honneur et, sur ses pas, c’est tout un système autocrate qui saute aux yeux, son absurde pesanteur bureaucratique, les vices de l’immobilisme national, ainsi que la nécessité de prendre son destin en main, condition première de la démocratie.

Vivre !
7.8

Vivre ! (1994)

Huozhe

2 h 13 min. Sortie : 18 mai 1994 (France). Drame, Guerre

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Cela commence par la déchéance d’un homme qui ruine sa famille, incapable de réfréner sa passion du jeu. Cela se poursuit avec le retour du mari prodigue. En bref, c’est un feuilleton romanesque à la Dumas, une fresque ample et foisonnante qui frôle les bons et les grands sentiments, les petits incidents et les grandes tragédies, et qui fait de l’Histoire un vaste océan imprévisible. Ballotant ses personnages de la guerre civile à la Révolution culturelle, l’intrigue tisse ainsi un mélodrame de bien belle eau – naissances, mariages, morts, larmes, rien ne manque. Hymne à l’appétit de vivre et au bonheur familial, qui ne perd jamais la teneur intime et psychologique dans les fastes du spectacle, ce "Docteur Jivago" chinois ne manque pas d’atouts, et constitue une fort belle proposition de cinéma populaire.

Hero
6.8

Hero (2002)

Ying xiong

1 h 36 min. Sortie : 24 septembre 2003 (France). Arts martiaux, Drame, Historique

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Ou comment le roi Qin a réuni sept provinces pour fonder l’empire de Chine : une suite de meurtres et de massacres dont Zhang tire un opéra d’un lyrisme superlatif, joué par les plus grandes vedettes du pays. Virtuosité des combats chorégraphiés, science du maniement des foules, débauche et raffinements des couleurs dominantes (rouge, blanc, vert, bleu) qui singularisent chaque chapitre : il y a dans ce ballet esthétique nourri de philosophie orientale quelque chose du Kurosawa de "Ran" et de "Rêves". Rapprochant escrime et calligraphie, le film définit le formalisme stylisé d’un cinéaste affirmant son goût pour les récits trompeurs à la "Rashōmon", fertiles en dévoiements et retournements. Reste la question du message, apologie presque transparente d’un régime totalitaire matant et récupérant ses dissidents.

Le Secret des poignards volants
6.7

Le Secret des poignards volants (2004)

Shi mian mai fu

1 h 59 min. Sortie : 17 novembre 2004 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Moins ambitieux que le précédent dans son propos comme dans sa logistique, ce nouveau film de sabres et d’arts martiaux se contente de rivaliser avec "Tigre et Dragon" d’Ang Lee. Il agence trahisons amoureuses et coups de théâtre, complots et bandits mystérieux, chevaliers assassins et walkyries au visage d’ange, honorant un romanesque échevelé qui fait fi de toute crédibilité. Une fois de plus le chromatisme engendre une dynamique dramaturgique, un éventail de fantaisies et d’inventions qui tente de combler l’œil tout en organisant des actions guerrières, des renversements d’apparences, des manipulations politiques multipliées par les règles d’un jeu lui aussi régi par ses propres références incontournables. Dans son genre c’est sans doute très réussi ; seulement voilà, ce n’est pas du tout ma came.

La Cité interdite
6.5

La Cité interdite (2006)

Man cheng jin dai huang jin jia

1 h 54 min. Sortie : 21 décembre 2006 (Chine). Drame, Historique, Arts martiaux

Film de Zhāng Yì-Móu

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

De film en film, le cinéaste est devenu une sorte d’illustrateur appliqué mais virtuose, représentant officiel d’un genre à lui tout seul : la grande fresque fastueuse cousue au fil d’or, avec armées de figurants, perspectives vertigineuses, plans d’ensemble dantesques. Chaque image est une overdose de dorures translucides et de colonnades arc-en-ciel, filmées comme de gigantesques enluminures. Chaque kimono de soie bruisse sur des tapisseries de pourpre et de jade, au sein d’un palais dont l’opulence visuelle fait du grandiose sa loi première. Et si l’on saisit bien que derrière la munificence des apparats et la démesure épique des scènes de batailles se tapit une immonde machination humaine, ce spectacle impressionnant ne propose guère plus qu’une sidération éphémère de la pupille. Ce n’est pas rien.

Thaddeus

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