A la découverte du Rock Progressif - Journal d'un néophyte

Ecrit le 13 Novembre 2023

Depuis mon arrivée sur Senscritique, j'ai fait la découverte de personnes et personnalités érudites sur le Rock Progressif. Encore petiot, je ne connais pas assez bien ce genre qui, pourtant, est sans doute mon genre de musique préféré, depuis que je suis tout ...

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6 albums

créee il y a 27 jours · modifiée il y a 12 jours

In the Court of the Crimson King
8.4

In the Court of the Crimson King (1969)

Sortie : 10 octobre 1969 (France). Prog Rock, Rock

Album de King Crimson

Zoan a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Première entrée: premier album de Rock progressif que j'ai dû écouter de ma vie. Je connaissais l'importance de cet album dans ce qu'il représentait musicalement, et je pense qu'il est une bonne porte d'entrée pour tout ceux qui veulent écouter du Rock progressif pour la première fois. A la frontière entre le Jazz, le Rock, le Baroque, cet album est considéré aujourd'hui comme l'album fondateur du Rock Progressif. In The Court of the Crimson King ne peut laisser indifférent, tant il est lumineux et sombre, accessible et complexe à la fois. La production (de 1969, tout de même), peut en rebuter certains. N'ayez pas peur amis néophytes, ce détail sera bien vite oublié dès lors que l'immersion sera totale. Il est le premier, et celui par lequel j'ai commencé. Si jamais l'écoute vous intéresse, j'ai écris une critique au sujet de l'album que vous pouvez retrouver facilement.

Fragile
7.5

Fragile (1971)

Sortie : 12 novembre 1971 (France). Prog Rock, Rock

Album de Yes

Zoan a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Deuxième entrée : Second album de Rock progressif que j'ai écouté de ma vie, et pas des moindres. J'ai pris connaissance de cet album, comme beaucoup, avec ce fameux manga et animé intitulé Jojo's Bizarre Adventure (qui fait de nombreuses références au Rock Progressif, je pense notamment à King Crimson, ainsi que tant d'autres). Roundabout est le morceaux qui m'a introduit à l'album, et quel morceau !

Je remets ici mes impressions sur l'album que j'avais écrit pour une autre liste :

C'était un classique et pour une bonne raison, c'est excellent...

... a part Cans and Brahms qui vient vraiment casser le rythme, je peux pas lui mettre 10 à cause de ce titre, il casse l'ambiance instaurée par Roundabout, alors que tout les autres "petits" morceaux s'enchaînent à la perfection, sauf lui. C'est dommage, c'est vraiment le petit détail qui m'empêche de lui mettre 10.
Parce que le morceau en lui même n'est pas mauvais hein. Je comprends d'où viens la logique du morceau : Wendy Carlos, une des pionnières de la musique électronique interprétait déjà en 68 des œuvres de Bach sur un Minimoog pour montrer que les synthétiseurs pouvaient répliquer les sons des orchestres symphoniques, la démarche de Wakeman n'est pas incongrue, j'y vois même un hommage. En tant que morceau seul c'est pas une mauvaise idée, simplement son inclusion de l'album est étrange. Honnêtement, je trouve qu'elle n'a rien à faire ici. Même Mood for a Day qui est une pièce relativement classique dans sa conception, à sa place ici parce que c'est une pièce originale qui laisse respirer l'album avant le mastodonte Heart of the Sunrise.

Et c'est là que le prog prend pour moi tout son sens, il y a souvent des chefs d'oeuvres, mais, parfois, des petites particules que l'on ne sait pas où placer qui, si elles ne font pas de l'ombre au tableau, semblent tout de même hors de propos, tel une tache de Ketchup sur une chemise bien repassée.

Kobaïa
7.6

Kobaïa (1970)

Sortie : 1970 (France). Prog Rock, Rock, Jazz

Album de Magma

Zoan a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Troisième entrée : Kobaïa de Magma est un album un peu à part. Premièrement, il fait partie d'une discussion que j'ai tenu avec un ami qui connaissait bien mieux que moi le Rock progressif. En entendant mon envie de vouloir découvrir toujours plus de groupe et de me plonger dans leur discographie, l'ami en question m'a conseillé d'écouter Magma, et surtout de commencer la découverte du groupe par ce qu'il semblerait être leur premier album. Et c'est à l'aide de cet album que j'ai compris quelque chose de très important dans le Rock progressif (et la musique progressive de manière générale). Au delà d'être une sacrée débauche de technique musicale, d'émotion et d'expérimentation, le progressif est un état d'esprit (formule que j'emprunte à Laughing Stock et sa liste "le prog comme état d'esprit, non en tant que style). En effet, je crois sincèrement que Kobaïa représente cette expression le mieux possible. Kobaia, c'est un voyage, une expérience, et cette expérience m'a fait comprendre que le prog, au delà d'assemblages de morceaux, au delà d'une technicité sans faille, c'est aussi le développement d'un univers, le développement d'un monde sonore fou et fantastique, ambitieux et démentiel, qui peut emmener loin et toucher au plus profond des sentiments. En effet, le prog est un état d'esprit, et il reste tant de choses à parcourir, tant de groupes a faire, tant d'écoles et de sous-catégories, de groupes classiques et modernes, que j'ai hâte que mes certitudes soient émiettées et que ma conception du prog continue de changer a chaque album. Drôle d'idée d'ailleurs d'avoir cru comprendre le prog en trois albums, et je sais que je ne suis pas au bout de mes surprises...

The Dark Side of the Moon
8.3

The Dark Side of the Moon (1973)

Sortie : 24 mars 1973 (France). Art Rock, Prog Rock

Album de Pink Floyd

Zoan a mis 9/10.

Annotation :

Quatrième entrée : Comment pouvais-je passer outre ? Comment n'aurais-je pas pu l'inclure ? Quand on parle de Rock progressif, l'on pense généralement (du moins le grand publique) à cet album, qui curieusement n'a pas été le premier album de progressif que j'ai écouté de ma vie. Je me rappelle encore d'il y a longtemps d'avoir écouté cet album la première fois de ma vie. D'être seul dans ma chambre, les enceintes stéréos que j'ai piquées au paternel parfaitement calibrées afin d'entendre le plus petit détail possible avec une résolution des plus fidèles, et de fermer les yeux. De partir pour un voyage sans retour. Si j'étais déjà tombé amoureux du Rock progressif avec In The Court of The Crimson King, désarçonné par Magma, j'ai été transporté par The Dark Side of the Moon. Bien sûr, cet album est de plus en plus décrié, considéré comme trop "pop", trop "populaire". Peut-être qu'il l'est. Plus je m'aventure dans les méandres du prog, plus je me rend compte que son représentant le plus populaire n'est pas nécessairement le meilleur, le plus adéquat à retranscrire le prog dans sa complexité. The Dark Side of the Moon n'est pour autant pas si dénué d'intérêt comme certains peuvent le penser. Il n'est peut-être pas dissonant, techniquement irréprochable, mais il provoque une émotion, et c'est pour moi l'essence du progressif pour l'instant, ce qui rattache tout les albums que j'ai écouté dans ce genre, ses quatre albums qui ne constituent qu'une face émergée de l'iceberg: l'émotion. Alors oui, ce n'est peut être pas le plus technique, le plus profond, mais il est parfaitement bien construit, et surtout parfaitement exécuté. Pour quiconque souhaite commencer un voyage dans les méandres du progressif, il n'est pas une mauvaise porte d'entrée, mais il est incontestablement un passage obligé pour quiconque souhaite s'intéresser au genre. Il est son représentant le plus populaire, et plutôt simple d'accès comparé à Fragile, In the Court ou encore Kobaïa. Mais il apporte une autre dimension du prog, le prog qui peut être accessible, le prog qui peut être, oserais-je le dire, populaire, et une bonne porte d'entrée pour les néophytes.

Tubular Bells
7.6

Tubular Bells (1973)

Sortie : 25 mai 1973 (France). Modern Classical, Prog Rock, Rock

Album de Mike Oldfield

Zoan a mis 10/10.

Annotation :

Cinquième entrée : Pour un noël, je crois, j'ai reçu une platine vinyle. J'avais demandé cette platine car, en fouillant en peu dans les cartons de mon père, j'y avais trouvé un album à la pochette que je trouvais d'un onirisme rare. Une sorte de tube avec une forme à la croisée d'une croix et d'un cœur, un titre en orange pour faire un contraste avec le ciel bleu et partiellement nuageux, au milieu duquel flotte ce mystérieux tube. Ca, et d'autres vinyles de Thiéfaine, Souchon, Neil Young, Marillion, et ainsi de suite. J'aurais aimé cependant que ma platine vinyle soit baptisée par cet album, et non par Let's Dance de David Bowie, mais bon, passons. Quelque jour après avoir reçu ma platine, après avoir bien balancé le bras, réglé le Diamant, les équaliseurs de mes enceintes, fait tout ce qui était possible pour mes jeunes mains avec que le son sorte le mieux possible, j'ai sorti le vinyle de Tubular Bells de sa pochette, un vinyle poussiéreux, mais en même temps, un vinyle de 73, ce n'est plus tout jeune. Je pose la galette sur la platine, je coupe les lumières, je m'assois près de l'enceinte, et j'appuie sur play. Pendant 20 minutes, j'écoute religieusement cette première face, disséquant chaque son, chaque note, chaque ambiance, chaque enchaînement, variation, renversement, évolution, crescendo, decrescendo. Pour l'une des premières fois de ma vie, j'écoute activement. Je ne suis plus passif du son que l'on m'envoie, en l'ingurgitant sans trop m'en soucier. Jusque là, je m'étais contenté de simplement écouter un album, m'extasier sur le son que je ressentais, les ondes qui me transperçaient le corps de part en part, et dire "qu'est-ce que c'était bien !", sans trop y repenser, mais en y ingurgitant tout de même une nouvelle leçon sur la manière d'appréhender la musique. Tubular Bells est, de mémoire, le premier album que j'ai écouté activement. La première face est finie, le silence règne. Avidement, je retourne le disque, et m'embarque dans la deuxième partie du voyage. La encore, je me surprend à aller chercher des détails, à affiner mon écoute, à chercher le son, à chercher la note. Pour une fois, après quatre albums de prog qui m'avaient mis une claque coup sur coup, je ressentais une véritable passion me transpercer. Souvent, le soir, je prend ma guitare, met le vinyle, et je décide de jouer avec l'album, pour le vivre activement et non plus passivement. Le prog est une histoire de passion, et je l'ai compris avec cet album.

Phallus Dei
7.6

Phallus Dei (1969)

Sortie : 1969 (France). Krautrock, Electronic

Album de Amon Düül II

Zoan a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Sixième entrée : Il y a cinq ans, je trainais souvent sur des sites internet de critiques de Rock, notamment "albumrock.net", que je consultais très souvent. A cette époque, je consultais ces critiques pour m'en imprégner, dans l'objectif un jour de devenir journaliste musical. La tache était ardue, mais je préparais un concours pour une école. Avide de critiques, j'en dévorais à la pelle, plus que de raison, surtout pendant les cours qui ne m'intéressaient que peu (l'histoire de la chine sous l'impératrice Cixi m'étant passé complètement par dessus la tête). Et, un jour, par un mois de Janvier ou Février 2019, je suis tombé sur cet album. Bien sûr, puéril comme je suis, c'est le nom qui m'a fait rire, je l'ai donc téléchargé et abandonné sur mon téléphone... Pour le réécouter quelques mois plus tard, lors d'un trajet en voiture plutôt long. J'ai été happé dès les premières secondes. Une rythmique martiale, violente, puissante, un texte parlé dans une langue que je ne comprenais pas, un monde violent s'offrait à moi. Un monde froid, lugubre, à l'image de la pochette, une musique noire et bleu, intriquée et complexe. Des paroles clamées comme une oraison funèbre, Kanaan m'avait frappé en plein coeur. La suite n'était pas de tout repos, les morceaux s'enchainaient et l'intensité ne redescendait pas. Arriva alors le morceau titre, "Phallus Dei", qui m'a envoyé dans une autre dimension. J'étais hypnotisé, happé par cette introduction en suspend, ce déluge de guitare toute plus saturée les unes que les autres, un son sale, bruyant et bruitiste, violent et remarquable, d'une complexité sonore sans équivoque. Pour la première fois de ma vie en écoutant de la musique, j'ai ressenti un profond sentiment de malaise, comme si l'album m'avait pris, mis la tête sous l'eau, pour me la retirer et me noyer, encore, et encore, et encore... Et, curieusement, j'ai adoré. J'ai ressenti un frisson que je n'avais jamais ressenti jusqu'alors. La rythmique répétitive, les sonorités de la langue. J'ai compris alors que le progressif n'était pas nécessairement qu'une affaire de technicité ni d'ambiance, le progressif est la combinaison des deux. Le progressif peut transporter vers les cieux, vers le planant, sur une autre planète, mais il peut aussi nous emmener dans les tréfonds de l'enfer. On n'appelle pas ça le "rock progressif" pour rien, parfois la légèreté et la technicité jazz ne suffisent plus, et quand le prog reprend ses racines Rock, une nouvelle dimension s'ouvre.