Cover Ecrire le tableau, de la couleur à la plume

Ecrire le tableau, de la couleur à la plume

Admirer un tableau, s'y perdre, se laisser pénétrer de sa beauté, nombreux sont les auteurs à l'instar de Proust devant La vue de Delft, dont les romans, outre l'histoire proprement dite, célèbrent telle ou telle oeuvre d'art qui parle à leur sensibilité, voire à la nôtre.

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60 livres

créee il y a presque 10 ans · modifiée il y a 11 mois

Bel-Ami
7.4

Bel-Ami (1885)

Sortie : 1885 (France). Roman

livre de Guy de Maupassant

Aurea a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Karl Marcowitch » (nom probablement inspiré de Mihaly Munkacsy, peintre hongrois installé en France à cette époque et auteur d’une série de tableaux religieux.

https://cutt.ly/clnS7by

"Le Christ avançait le pied sur une vague qu'on voyait se creuser, soumise, aplanie, caressante sous le pas divin qui la foulait. Tout était sombre autour de l'Homme-Dieu. Seules les étoiles brillaient au ciel.
Les figures des apôtres, dans la lueur vague du fanal porté par celui qui montrait le Seigneur, paraissaient convulsées par la surprise.
C'était bien là l'oeuvre puissante et inattendue d'un maître, une de ces oeuvres qui bouleversent la pensée et vous laissent du rêve pour des années.
Les gens qui regardaient cela demeuraient d'abord silencieux, puis s'en allaient, songeurs, et ne parlaient qu'ensuite de la valeur de la peinture."

L'Idiot
8.4

L'Idiot (1870)

(traduction André Markowicz)

Idiot

Sortie : 1993 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Aurea a mis 9/10.

Annotation :

« Ils repassèrent par les mêmes chambres que le prince avait déjà traversées, Rogojine prenant les devants. Ils pénétrèrent dans la grande salle, aux murs de laquelle étaient suspendus quelques tableaux, des portraits d’évêques et des paysages où l’on ne pouvait rien discerner. Au-dessus de la porte qui donnait dans la chambre voisine se voyait une toile de dimensions assez anormales : elle avait près de deux archines et demie de long sur six verchoks de haut. Cette toile représentait le Sauveur après la Descente de Croix. Le prince la regarda sans s’arrêter, avec l’air d’évoquer un souvenir, et voulut gagner la porte. Il se sentait mal à l’aise dans cette maison et avait hâte de sortir. Mais Rogojine s’arrêta brusquement devant le tableau.


– Tous ces tableaux, dit-il, ont été achetés dans des ventes par mon défunt père, qui était un amateur. Il les a payés un ou deux roubles chacun. Un connaisseur qui les a tous examinés a déclaré que ce n’étaient que des croûtes, sauf celui qui se trouve au-dessus de la porte. Celui-là, mon père l’a payé deux roubles ; de son vivant on lui en a offert trois cent cinquante roubles, puis un marchand qui est grand collectionneur, Ivan Dmitrich Savéliev, en a proposé quatre cents roubles ; enfin la semaine passée, il a été jusqu’à en offrir cinq cents à mon frère Sémione Sémionovitch. J’ai préféré le garder.


– Mais c’est une copie de Hans Holbein, fit le prince après avoir examiné le tableau ; et, sans être grand connaisseur, je crois pouvoir dire que c’est une excellente copie. J’ai vu l’original à l’étranger et je ne puis l’oublier. »

http://bit.ly/1np68iO

Les Démons
8.7

Les Démons (1871)

(traduction André Markowicz)

Bésy

Sortie : 1995 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Aurea l'a mis en envie.

Annotation :

« À présent, il se proposait d’écrire quelque chose sur la situation actuelle des universités allemandes, il songeait aussi à faire un article sur la Madone de Dresde. Bref, Barbara Pétrovna ne négligea rien pour relever Stépan Trophimovitch aux yeux de la gouvernante.


- Sur la Madone de Dresde ? Il s’agit de la Madone Sixtine ? Chère Barbara Pétrovna, j’ai passé deux heures devant cette toile, et je suis partie désenchantée. Je n’y ai rien compris, et j’étais stupéfaite. Karmazinoff dit aussi qu’il est difficile d’y comprendre quelque chose. À présent tous, Russes et Anglais, déclarent ne rien trouver dans ce tableau si admiré de l’ancienne génération. »

http://bit.ly/1ixD9WE

Les Frères Karamazov
8.6

Les Frères Karamazov (1880)

(traduction André Markowicz)

Brat'ya Karamazovy

Sortie : 2002 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Aurea a mis 10/10.

Annotation :

« Cependant, tant à la maison, que dans la cour ou dans la rue, il arrivait à Smerdiakov de demeurer plongé dans ses songes pendant une dizaine de minutes. Son visage n’eût alors rien révélé à un physionomiste ; aucune pensée, du moins, mais seulement les indices d’une sorte de contemplation. Il y a un remarquable tableau du peintre Kramskoï, intitulé le Contemplateur. C’est l’hiver, dans la forêt ; sur la route se tient un paysan en houppelande déchirée et en bottes de tille, qui paraît réfléchir ; en réalité il ne pense pas, il « contemple » quelque chose. Si on le heurtait, il tressaillirait et vous regarderait comme au sortir du sommeil, mais sans comprendre. À vrai dire, il se remettrait aussitôt ; mais qu’on lui demande à quoi il songeait, sûrement il ne se rappellerait rien, tout en s’incorporant l’impression sous laquelle il se trouvait durant sa contemplation. Ces impressions lui sont chères et elles s’accumulent en lui, imperceptiblement, à son insu, sans qu’il sache à quelle fin. Un jour, peut-être, après les avoir emmagasinées durant des années, il quittera tout et s’en ira à Jérusalem, faire son salut, à moins qu’il ne mette le feu à son village natal ! Peut-être même fera-t-il l’un et l’autre. Il y a beaucoup de contemplateurs dans notre peuple. Smerdiakov était certainement un type de ce genre, et il emmagasinait avidement ses impressions, sans savoir pourquoi. »

http://bit.ly/1hCFxHM

Les Diaboliques
7.5

Les Diaboliques (1874)

Sortie : novembre 1874. Recueil de nouvelles

livre de Jules Barbey d'Aurevilly

Aurea a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Aussi, quand, très sûre des bouleversements qu’elle était accoutumée à produire, elle vint impétueusement à lui, et qu’elle lui poussa, à hauteur de la bouche, l’éventaire des magnificences savoureuses de son corsage, avec le mouvement retrouvé de la courtisane qui tente le Saint dans le tableau de Paul Véronèse, Robert de Tressignies, qui n’était pas un saint, eut la fringale… de ce qu’elle lui offrait, et il la prit dans ses bras, cette brutale tentatrice, avec une fougue qu’elle partagea, car elle s’y était jetée."

http://bit.ly/1g4ijzv

Du côté de chez Swann
8

Du côté de chez Swann (1913)

À la recherche du temps perdu / 1

Sortie : 14 novembre 1913. Roman

livre de Marcel Proust

Aurea a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Elle a d’ailleurs pour ces reconstitutions des données plus précises que n’en ont généralement les restaurateurs : quelques images conservées par ma mémoire, les dernières peut-être qui existent encore actuellement, et destinées à être bientôt anéanties, de ce qu’était le Combray du temps de mon enfance ; et, parce que c’est lui-même qui les a tracées en moi avant de disparaître, émouvantes — si on peut comparer un obscur portrait à ces effigies glorieuses dont ma grand’mère aimait à me donner des reproductions — comme ces gravures anciennes de la Cène ou ce tableau de Gentile Bellini, dans lesquels l’on voit en un état qui n’existe plus aujourd’hui le chef-d’œuvre de Vinci et le portail de Saint-Marc. »

http://bit.ly/1oyn6sC

http://bit.ly/1jazqKt

« L’Envie, elle, aurait eu davantage une certaine expression d’envie. Mais dans cette fresque-là encore, le symbole tient tant de place et est représenté comme si réel, le serpent qui siffle aux lèvres de l’Envie est si gros, il lui remplit si complètement sa bouche grande ouverte, que les muscles de sa figure sont distendus pour pouvoir le contenir, comme ceux d’un enfant qui gonfle un ballon avec son souffle, et que l’attention de l’Envie — et la nôtre du même coup — tout entière concentrée sur l’action de ses lèvres, n’a guère de temps à donner à d’envieuses pensées. »


« Je lui dis que c’était Bloch. —Ah! oui, ce garçon que j’ai vu une fois ici, qui ressemble tellement au portrait de Mahomet II par Bellini. Oh! c’est frappant, il a les mêmes sourcils circonflexes, le même nez recourbé, les mêmes pommettes saillantes. Quand il aura une barbiche ce sera la même personne »

http://bit.ly/1qmVewb

« Dans tous les salons on ne parle que du portrait de Machard, on n’est pas chic, on n’est pas pur, on n’est pas dans le train, si on ne donne pas son opinion sur le portrait de Machard.

Swann ayant répondu qu’il n’avait pas vu ce portrait, Mme Cottard eut peur de l’avoir blessé en l’obligeant à le confesser.

— Ah! c’est très bien, au moins vous l’avouez franchement, vous ne vous croyez pas déshonoré parce que vous n’avez pas vu le portrait de Machard. Je trouve cela très beau de votre part. Hé bien, moi je l’ai vu, les avis sont partagés, il y en a qui trouvent que c’est un peu léché, un peu crème fouettée, moi, je le trouve idéal. »

http://bit.ly/SIJsh2

À l'ombre des jeunes filles en fleurs
8.7

À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919)

À la recherche du temps perdu / 2

Sortie : 1919 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Aurea a mis 10/10.

Annotation :

«Sans doute Swann, fidèle ou revenu à une conception différente, goûtait-il dans la jeune femme grêle aux yeux pensifs, aux traits las, à l’attitude suspendue entre la marche et l’immobilité, une grâce plus botticellienne. Il aimait encore en effet à voir en sa femme un Botticelli. Odette qui au contraire cherchait non à faire ressortir mais à compenser, à dissimuler ce qui, en elle-même, ne lui plaisait pas, ce qui était peut-être, pour un artiste, son «caractère», mais que comme femme, elle trouvait des défauts, ne voulait pas entendre parler de ce peintre. Swann possédait une merveilleuse écharpe orientale, bleue et rose, qu’il avait achetée parce que c’était exactement celle de la vierge du Magnificat. »

http://bit.ly/Rxl0y0

Le Côté de Guermantes
8.5

Le Côté de Guermantes (1921)

À la recherche du temps perdu / 3

Sortie : 1921 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

« En ce moment, tenant au-dessus d’Albertine et de moi la lampe allumée qui ne laissait dans l’ombre aucune des dépressions encore visibles que le corps de la jeune fille avait creusées dans le couvre-pieds, Françoise avait l’air de la «Justice éclairant le Crime».

« Je vous assure, ajouta Mme de Guermantes, — en ralentissant son débit pour mettre encore mieux en relief les mots qu’elle avait l’air de modeler avec la moue de ses belles lèvres, le fuselage de ses longues mains expressives, et tout en attachant sur la princesse un regard doux, fixe et profond, — qu’avec les palmettes et la couronne d’or qui était à côté, c’était émouvant ; c’était tout à fait l’arrangement du jeune Homme et la Mort de Gustave Moreau (Votre Altesse connaît sûrement ce chef-d’œuvre). La princesse de Parme, qui ignorait même le nom du peintre, fit de violents mouvements de tête et sourit avec ardeur afin de manifester son admiration pour ce tableau. »

http://bit.ly/1nptZ23

« Mais enfin l’autre jour j’ai été avec la grande-duchesse au Louvre, nous avons passé devant l’Olympia de Manet. Maintenant personne ne s’en étonne plus. Ç’a l’air d’une chose d’Ingres ! Et pourtant Dieu sait ce que j’ai eu à rompre de lances pour ce tableau que je n’aime pas tout, mais qui est sûrement de quelqu’un. Sa place n’est peut-être pas tout à fait au Louvre. »

http://bit.ly/SIUhQ1

« Comme dans les Lances de Velasquez, continua-t-il, le vainqueur s’avance vers celui qui est le plus humble, et comme le doit tout être noble, puisque j’étais tout et que vous n’étiez rien, c’est moi qui ai fait les premiers pas vers vous. »

http://bit.ly/1fUYlqv

La Prisonnière
8.6

La Prisonnière (1923)

À la recherche du temps perdu / 5

Sortie : 1923 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Aurea a mis 10/10.

Annotation :

« [Albertine au Héros :] Ce que vous êtes gentil! Si je deviens jamais intelligente, ce sera grâce à vous. — Pourquoi, dans une belle journée, détacher ses yeux du Trocadéro dont les tours en cou de girafe font penser à la Chartreuse de Pavie ? — Il m’a rappelé aussi, dominant comme cela sur son tertre, une reproduction de Mantegna que vous avez, je crois que c’est Saint-Sébastien, où il y a au fond une ville en amphithéâtre et où on jurerait qu’il y a le Trocadéro. — Vous voyez bien! Mais comment avez-vous vu la reproduction de Mantegna ? Vous êtes renversante ?»

http://bit.ly/1kYWlKh

«Mais un critique ayant écrit que dans la Vue de Delft de Ver Meer (prêté par le musée de La Haye pour une exposition hollandaise), tableau qu’il adorait et croyait connaître très bien, un petit pan de mur jaune (qu’il ne se rappelait pas) était si bien peint, qu’il était, si on le regardait seul, comme une précieuse œuvre d’art chinoise, d’une beauté qui se suffirait à elle-même, Bergotte mangea quelques pommes de terre, sortit et entra à l’exposition. Dès les premières marches qu’il eut à gravir, il fut pris d’étourdissements. Il passa devant plusieurs tableaux et eut l’impression de la sécheresse et de l’inutilité d’un art si factice, et qui ne valait pas les courants d’air et de soleil d’un palazzo de Venise, ou d’une simple maison au bord de la mer. Enfin il fut devant le Ver Meer, qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur.»

http://bit.ly/1svcEV9

« Faisant semblant de ne pas voir le louche individu qui lui avait emboîté le pas (quand le baron se hasardait sur les boulevards, ou traversait la salle des Pas-Perdus de la gare Saint-Lazare, ces suiveurs se comptaient par douzaines qui, dans l’espoir d’avoir une thune, ne le lâchaient pas) et de peur que l’autre ne s’enhardît à lui parler, le baron baissait dévotement ses cils noircis qui, contrastant avec ses joues poudrerizées, le faisaient ressembler à un grand inquisiteur peint par le Greco. »

http://bit.ly/1izaGvh

Albertine disparue
8.7

Albertine disparue (1925)

À la recherche du temps perdu / 6

Sortie : 1925 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Aurea a mis 9/10.

Annotation :

« tandis que la gondole nous attendait devant la Piazzetta, il ne m’est pas indifférent que dans cette fraîche pénombre, à côté de moi, il y eût une femme drapée dans son deuil avec la ferveur respectueuse et enthousiaste de la femme âgée qu’on voit à Venise dans la Sainte Ursule de Carpaccio, et que cette femme aux joues rouges, aux yeux tristes, dans ses voiles noirs, et que rien ne pourra plus jamais faire sortir pour moi de ce sanctuaire doucement éclairé de Saint-Marc où je suis sûr de la retrouver parce qu’elle y a sa place réservée et immuable comme une mosaïque, ce soit ma mère. »

http://bit.ly/1hCRCwC

« Sur le dos d’un des Compagnons de la Calza, reconnaissable aux broderies d’or et de perles qui inscrivent sur leur manche ou leur collet l’emblème de la joyeuse confrérie à laquelle ils étaient affiliés, je venais de reconnaître le manteau qu’Albertine avait pour venir avec moi en voiture découverte à Versailles, le soir où j’étais loin de me douter qu’une quinzaine d’heures me séparaient à peine du moment où elle partirait de chez moi. »

http://bit.ly/1hCS0LM

Le Temps retrouvé
9.1

Le Temps retrouvé (1927)

À la recherche du temps perdu / 7

Sortie : 1927 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Aurea a mis 10/10.

Annotation :

« escadrille après escadrille chaque aviateur s’élançait ainsi de la ville transporté maintenant dans le ciel, pareil à une Walkyrie. Pourtant des coins de la terre, au ras des maisons s’éclairaient, et je dis à Saint-Loup que, s’il avait été à la maison la veille, il aurait pu, tout en contemplant l’apocalypse dans le ciel, voir sur la terre (comme dans l’Enterrement du comte d’Orgaz du Greco où ces différents plans sont parallèles) un vrai vaudeville joué par des personnages en chemise de nuit »

http://bit.ly/Ome4T5

Le Chef-d'œuvre inconnu
7.6

Le Chef-d'œuvre inconnu (1831)

Sortie : 1831 (France). Roman

livre de Honoré de Balzac

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

« — Jeune homme, lui dit Porbus en le voyant ébahi devant un tableau, ne regardez pas trop cette toile, vous tomberiez dans le désespoir.

C’était l’Adam que fit Mabuse pour sortir de prison où ses créanciers le retinrent si longtemps. Cette figure offrait, en effet, une telle puissance de réalité, que Nicolas Poussin commença dès ce moment à comprendre le véritable sens des confuses paroles dites par le vieillard. Celui-ci regardait le tableau d’un air satisfait, mais sans enthousiasme, et semblait dire « J’ai fait mieux ! »

— Il y a de la vie, dit-il. Mon pauvre maître s’y est surpassé ; mais il manquait encore un peu de vérité dans le fond de la toile. L’homme est bien vivant, il se lève et va venir à nous. Mais l’air, le ciel, le vent que nous respirons, voyons et sentons, n’y sont pas. Puis il n’y a encore là qu’un homme ! Or le seul homme qui soit immédiatement sorti des mains de Dieu, devait avoir quelque chose de divin qui manque. Mabuse le disait lui-même avec dépit quand il n’était pas ivre. »

http://bit.ly/1nwMLBS Adam et Eve de Mabuse

À rebours
7.6

À rebours (1884)

Sortie : 1884 (France). Roman

livre de Joris-Karl Huysmans

Aurea a mis 9/10.

Annotation :

« Dans l’œuvre de Gustave Moreau, conçue en dehors de toutes les données du Testament, des Esseintes voyait enfin réalisée cette Salomé, surhumaine et étrange qu’il avait rêvée. Elle n’était plus seulement la baladine qui arrache à un vieillard, par une torsion corrompue de ses reins, un cri de désir et de rut ; qui rompt l’énergie, fond la volonté d’un roi, par des remous de seins, des secousses de ventre, des frissons de cuisse ; elle devenait, en quelque sorte, la déité symbolique de l’indestructible Luxure, la déesse de l’immortelle Hystérie, la Beauté maudite, élue entre toutes par la catalepsie qui lui raidit les chairs et lui durcit les muscles ; la Bête monstrueuse, indifférente, irresponsable, insensible, empoisonnant, de même que l’Hélène antique, tout ce qui l’approche, tout ce qui la voit, tout ce qu’elle touche.»

http://bit.ly/1kYLMH6
http://static.canalblog.com/storagev1/paladin95.canalblog.com/images/GMoreau_Apparition.jpg (L'Apparition : aquarelle)

« La Comédie de la Mort, de Bresdin, où dans un invraisemblable paysage, hérissé d’arbres, de taillis, de touffes, affectant des formes de démons et de fantômes, couverts d’oiseaux à têtes de rats, à queues de légumes, sur un terrain semé de vertèbres, de côtes, de crânes, des saules se dressent, noueux et crevassés, surmontés de squelettes agitant, les bras en l’air, un bouquet, entonnant un chant de victoire, tandis qu’un Christ s’enfuit dans un ciel pommelé, qu’un ermite réfléchit, la tête dans ses deux mains, au fond d’une grotte, qu’un misérable meurt, épuisé de privations, exténué de faim, étendu sur le dos, les pieds devant une mare. »

http://bit.ly/1uKpFfA

« Le Bon Samaritain, du même artiste, un immense dessin à la plume, tiré sur pierre : un extravagant fouillis de palmiers, de sorbiers, de chênes, poussés, tous ensemble, au mépris des saisons et des climats, une élancée de forêt vierge, criblée de singes, de hiboux, de chouettes, bossuée de vieilles souches aussi difformes que des racines de mandragore, une futaie magique, trouée, au milieu, par une éclaircie laissant entrevoir, au loin, derrière un chameau et le groupe du Samaritain et du blessé, un fleuve, puis une ville féerique escaladant l’horizon, montant dans un ciel étrange, pointillé d’oiseaux, moutonné de lames, comme gonflé de ballots de nuages. »

https://bit.ly/3lqUk5O

La Vie et les opinions de Tristram Shandy
8

La Vie et les opinions de Tristram Shandy (1759)

The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman

Sortie : 1760 (France). Roman

livre de Laurence Sterne

Annotation :

« My father instantly exchanged the attitude he was in, for that in which Socrates is so finely painted by Raffael in his school of Athens; which your connoisseurship knows is so exquisitely imagined, that even the particular manner of the reasoning of Socrates is expressed by it--for he holds the fore-finger of his left-hand between the fore-finger and the thumb of his right, and seems as if he was saying to the libertine he is reclaiming--'You grant me this--and this: and this, and this, I don't ask of you--they follow of themselves in course.' »

https://cutt.ly/elnHAcd Raphaël 1509-1510 L'Ecole d'Athènes

Aurélia
7.6

Aurélia (1855)

Sortie : 1855 (France). Récit

livre de Gérard de Nerval

Aurea l'a mis en envie.

Annotation :

« Je me perdis plusieurs fois dans les longs corridors, et, en traversant une des galeries centrales, je fus frappé d’un spectacle étrange. Un être d’une grandeur démesurée — homme ou femme, je ne sais, — voltigeait péniblement au-dessus de l’espace et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d’haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d’une robe longue à plis antiques, il ressemblait à l’Ange de la Mélancolie d’Albrecht Dürer. — Je ne pus m’empêcher de pousser des cris d’effroi, qui me réveillèrent en sursaut. »

https://bit.ly/3URRF0M Dürer : 1514

Le Temps de l'innocence
7.8

Le Temps de l'innocence (1920)

The Age of Innocence

Sortie : 1921 (France). Roman

livre de Edith Wharton

Aurea a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Archer remembered, on his last visit to Paris, seeing a portrait by the new painter, Carolus Duran, whose pictures were the sensation of the Salon, in which the lady wore one of these bold sheath-like robes with her chin nestling in fur. There was something perverse and provocative in the notion of fur worn in the evening in a heateddrawing-room, and in the combination of a muffled throat and bare arms; but the effect was undeniably pleasing. »

http://bit.ly/1g4zUaC Carolus Duran La dame au gant, 1869

La 628-E8
7.4

La 628-E8

Sortie : novembre 1907 (France). Récit

livre de Octave Mirbeau

Annotation :

« Comme je m’attardais à regarder une très importante toile de Vallotton : des Femmes au Bain, notre hôtesse me dit :

- Je suis choquée de voir que M. Vallotton n’a pas encore conquis, chez vous, la situation qu’il mérite et qu’il commence à avoir en Allemagne. Ici, nous l’aimons beaucoup ; nous le tenons pour un des artistes les plus personnels de sa génération. C’est vraiment un maître, si ce mot a encore un sens, aujourd’hui. Son art, très réfléchi, très volontaire, très savant, un peu farouche, ne tend pas à nous émouvoir par les petits moyens sentimentaux. On le sent à l’étroit, et comme mal à l’aise, dans les sujets intimes. Mais comme il se développe, comme il s’amplifie dans les grands ! Ce qui me plaît si fort en lui, c’est cette constante et claire recherche de la ligne, des combinaisons synthétiques de la forme, par où il atteint très souvent à la grande expression décorative. Je trouve qu’il y a, en lui, la force sévère, la tenue puissante des grands classiques. Sa sécheresse linéaire, qu’on lui reproche si injustement, à mon sens, est, peut-être, ce qui m’impressionne le plus, dans son œuvre… Elle a quelque chose de mural… Pourquoi ne lui donne-t-on pas, chez vous, à exécuter de vastes fresques ? Aucun autre artiste n’y réussirait davantage… Mais c’est un art perdu, aujourd’hui, je sais bien… Il ne s’accorde plus à notre civilisation bibelotière et compliquée. »

http://bit.ly/1nwOMOH


« Un soir, au Musée de La Haye, j’ai vraiment entendu l’Homère de Rembrandt me dire :

— Éloigne de moi, – ah ! je t’en supplie, toi qui sembles m’aimer silencieusement, – éloigne de moi tous ces sourds bourdonnements de moustiques, toutes ces douloureuses piqûres de mouches, qui rendent ma vie si intolérable, dans ce musée, et qui font que je regrette souvent – je t’en donne ma parole d’honneur – de n’avoir pas été peint par M. Dagnan-Bouveret… Car, si j’avais été peint par M. Dagnan-Bouveret, comprends-tu ?… tout ce qui se dit de moi aurait sa raison d’être… Et je n’en souffrirais pas… Tiens ! regarde cette grosse dame… oui, là-bas… à gauche…, cette grosse dame en rose… devant le Vermeer… Tout à l’heure, elle rassemblait autour de moi toute sa famille – quatre petits garçons, quatre petites filles, et autant de neveux et de nièces – et elle disait à tout ce monde, en me désignant de la pointe d’une aiguille à chapeau : « Examinez bien ce vieux-là, mes enfants. Comme il ressemble à votre grand-père ! »

http://bit.ly/1oen5Nc

Jean le Bleu
7.6

Jean le Bleu (1932)

Sortie : 1932 (France). Roman

livre de Jean Giono

Annotation :

" Il y avait d'abord, devant, un homme gigantesque. On voyait sa jambe nue. Ses mollets étaient serrés dans des muscles gros comme mon pouce. Il tenait d'une main une faucille et de l'autre une poignée de blé. Il regardait le blé. Rien qu'à voir sa bouche on savait que, tout en fauchant, il devait tuer des cailles. On savait qu'il devait aimer les cailles grasses frites au plat et puis le gros vin bleu, celui qui laisse des nuages dans le verre et dans la bouche. Derrière lui - écoute bien, c'est assez difficile pour te faire comprendre derrière lui, imagine tout un grand pays comme celui-là, plus grand que celui-là parce que l'artiste avait tout mis à la fois, tout mélangé pour faire comprendre que ce qu'il voulait peindre, c'était le monde tout entier. Un fleuve, un fleuve qui passait dans des forêts, dans des prés, dans des champs, dans des villes, dans des villages. Un fleuve qui tombait finalement là-bas en faisant une grande cascade. Dessus le fleuve, des bateaux volaient d'un bord à l'autre, des chalands dormaient et l'eau était couverte de rides autour d'eux, des radeaux d'arbres coupés filaient à plat dans le courant; de dessus les ponts des hommes pêchaient à la ligne. Dans les villages, les cheminées fumaient, les cloches sonnaient, montrant le nez aux clochetons. Dans les villes il y avait toute une fourmilière de voitures. D'un port du fleuve, de grands voiliers s'élançaient. Il y en avait au repos dans un petit golfe des prés; d'autres qui frémissaient à la limite de la force du fleuve, d'autres déjà partis sur cette force vers la mer. Dans un coin du tableau justement était la mer. Au bord, on la voyait calme et juste assez plissée pour baver contre de grands poissons échoués sur le sable."

La chute d'Icare de Bruegel

http://ceroart.revues.org/docannexe/image/2953/img-1.jpg

Merci BLUEMOON

Le Pendule de Foucault
7.2

Le Pendule de Foucault (1988)

Il Pendolo di Foucault

Sortie : février 1990 (France). Roman

livre de Umberto Eco

Aurea l'a mis en envie.

Annotation :

"La tour se déplaçait sur des roues, elle avait un premier niveau carré, des fenêtres, une porte, un pont-levis, sur le flanc droit, puis une sorte de galerie avec quatre échauguettes, chacune habitée par un homme d’armes avec son bouclier (historié de caractères hébraïques) qui agitait une palme. Mais des hommes d’armes, on en voyait trois seulement, et le quatrième se devinait, caché par la masse de la coupole octogonale sur quoi s’élevait une tour-lanterne, pareillement octogonale, d’où sortaient deux grandes ailes. Au-dessus, une autre coupole plus petite, avec un lanternon quadrangulaire qui, ouvert sur de grands arcs soutenus par de fines colonnes, abritait une cloche. Puis une petite coupole finale, à quatre arcades, sur laquelle prenait son axe le fil tenu en haut par la main divine. De part et d’autre de la petite coupole, le mot “Fa/ma” ; au-dessus, un cartouche : “Collegium Fraternitatis”.

Gravure du XVIIe : Temple de la Rose-Croix
Teophilus Schweighardt Constantiens, 1618

http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_M%C3%B6gling#mediaviewer/Fichier:Templeofrosycross.png

L'Île du jour d'avant
6.7

L'Île du jour d'avant (1994)

L'isola del giorno prima

Sortie : 1994 (France). Roman

livre de Umberto Eco

Annotation :

"Roberto voyait maintenant Ferrante assis dans l’obscurité devant le miroir qui, vu de côté, reflétait seulement la chandelle placée en face. […] En déplaçant à peine la tête, Ferrante voyait Lilia, le minois de cire vierge, si moite de lumière qu’il en absorbe tout l’autre rayon, et laisse fluer les cheveux blonds telle une masse sombre recueillie en fuseau entre ses épaules, la poitrine à peine visible sous une légère robe à demi échancrée."

La Madeleine pénitente de Georges de La Tour

http://www.arpla.fr/odnm/wp-content/uploads/2009/03/mm-penitente.jpg

Oreiller d'herbes
7.3

Oreiller d'herbes (1906)

(traduction Ceccatty & Nakamura)

草枕

Sortie : 1987 (France). Roman

livre de Natsume Sōseki

Aurea a mis 9/10.

Annotation :

" En général les oeuvres de Jakuchû sont richement colorées, mais la grue ici représentée est croquée d' un seul trait insoucieux du monde, dressée sur une seule patte avec sveltesse, son buste en forme d'oeuf délicatement posé indiquant la particularité de l'artiste : ce penchant pour l'insouciance est manifesté jusqu'à la pointe de son long bec."

https://cutt.ly/ylnAdOU

Le Guépard
7.6

Le Guépard

Il Gattopardo

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

« Le vieillard était en train d’expirer dans son lit, parmi les bouillonnements d’un linge immaculé, entouré de petits fils affligés et de petites filles qui levaient les bras au ciel. Elles étaient gracieuses, lascives, le désordre de leurs vêtements suggérait le libertinage plus que la douleur ; on comprenait tout de suite qu’elles étaient le véritable sujet du tableau."

La mort du juste ou Le Fils puni de Greuze

http://jmbellot.blogs.com/.a/6a00d8345256f969e200e5537a85418833-800wi

Merci Shâhin

Confession d'un masque
7.7

Confession d'un masque (1949)

(traduction Renée Villoteau)

Kamen no Kokuhaku

Sortie : 1971 (France). Roman

livre de Yukio Mishima

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

"Un jour, profitant de ce que je n'allais pas à l'école à cause d'un léger rhume, je pris des volumes de reproductions d’œuvres d'art, que mon père avait rapportés comme souvenir de ses voyages à l'étranger, et je les emportai dans ma chambre où je les feuilletai avec une grande attention.

(... ) Je commençai à tourner une page vers la fin du volume. Soudain apparut à l'angle de la page suivante, une image dont je ne pus m'empêcher de croire qu'elle était là pour moi, à m'attendre.

C'était une reproduction du saint Sébastien de Guido Reni, qui fait partie des collections du Palazzo Rosso, à Gènes.

(... ) Mais c'est plus tard que toutes interprétations et ces observations me vinrent à l'esprit.

Ce jour-là, à l'instant même où je jetai les yeux sur cette image, tout mon être se mit à trembler d'une joie païenne. Mon sang bouillonnait, mes reins se gonflaient comme sous l'effet de la colère. La partie monstrueuse de ma personne qui était prête à éclater attendait que j'en fisse usage, avec une ardeur jusqu'alors inconnue, me reprochant mon ignorance, haletante d'indignation. Mes mains, tout à fait inconsciemment, commencèrent un geste qu'on ne leur avait jamais enseigné. Je sentis un je ne sais quoi secret et radieux bondir rapidement à l'attaque, venu d'au-dedans de moi. Soudain la chose jaillit, apportant un enivrement aveuglant.

Un moment s'écoula , puis, en proie à des sentiments de profonde tristesse, je portai mes regards autour du pupitre devant lequel j'étais assis. Un érable, en face de la fenêtre, jetait alentour un reflet brillant. - sur la bouteille d'encre, sur mes livres de classe et mes cahiers, sur le dictionnaire, et sur l'image de saint Sébastien. Il y avait un peu partout des taches d'un blanc de nuage - sur le titre imprimé en lettres d'or d'un manuel, sur le flanc de la bouteille d'encre, sur un angle du dictionnaire. Certains objets laissaient échapper des gouttes molles, comme du plomb, d'autres luisaient d'un reflet terne, comme les yeux d'un poisson mort. Par bonheur, un mouvement réflexe de ma main pour protéger l'image avait empêché que le livre ne fût souillé.

Ce fut ma première éjaculation. Ce fut aussi le début maladroit et nullement prémédité, de mes " mauvaises habitudes "."

http://uploads0.wikipaintings.org/images/guido-reni/the-martyrdom-of-saint-sebastian-1616.jpg

Merci Plume231

La Vénitienne et autres nouvelles
7.3

La Vénitienne et autres nouvelles (1923)

Sortie : 1991 (France). Recueil de nouvelles

livre de Vladimir Nabokov

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

Description précise du tableau de Sebastiano del Piombo, dit Luciani, portraitiste de la Renaissance, répertorié sous le titre : jeune Romaine dite Dorothée (1513)

"Luciani avait représenté une beauté vénitienne de trois quarts sur un fond noir et chaud.Un tissu rose dévoilait un cou puissant et hâlé aux plis extraordinairement tendres sous l'oreille, une fourrure de lynx gris, bordant un mantelet cerise, tombait de l'épaule gauche; de sa main droite, de ses doigts effilés écartés deux par deux, elle venait à peine , semble-t-il, de s'apprêter à arranger la fourrure qui glissait,mais elle s'était figée en jetant depuis la toile, un regard fixe, de ses yeux marron et entièrement
sombres, avec un air langoureux.Sa main gauche, dans des vagues de batiste blanche autour du poignet, tenait un panier avec des fruits jaunes; une coiffe, telle une fine couronne, luisait sur ses cheveux marron foncé. Et sur sa gauche, la tonalité noire s'interrompait par un grand rectangle donnant sur l'air crépusculaire, l'abîme bleu-vert d'une soirée nuageuse."

https://bit.ly/3Pu7dGV

Tristesse et beauté
7.9

Tristesse et beauté (1965)

美しさと哀しみと (Utsukushisa to Kanashimi to)

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Aurea a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Nakamura Tsune (1888-1924)

Portrait de la vieille mère de l'artiste

"Son oeuvre la plus célèbre et la mieux connue, le Portrait d'Erashenko, exprimait presque religieusement, mais au moyen de tons chauds et harmonieux, toute la noblesse et toute la mélancolie du poète aveugle. Toutefois, sa dernière oeuvre, le Portrait de la vieille mère de l'artiste, avait été exécutée avec une très grande sobriété et le peintre n'avait employé que des couleurs sombres et froides. On y voyait une vieille femme hâve et décharnée, assise de profil sur une chaise et, derrière elle, en guise de fond, un mur à moitié lambrissé. Dans ce mur, à la hauteur de son visage, une niche avait été excavée où l'on avait posé un pichet et, derrière la tête de la vieille femme, un thermomètre était accroché. Otoko ignorait s'il n'avait pas été ajouté par l'artiste pour les besoins de sa composition, mais ce thermomètre, ainsi que le chapelet qui pendait des mains de la vieille femme délicatement posées sur ses genoux, l'avaient vivement impressionnée. Ils symbolisaient en quelque sorte les sentiments de l'artiste qui allait précéder sa vieille mère dans la mort. Tel était peut-être le sens de ce portrait."

Dommage : le portrait d'Erashenko figure, pas celui-ci

La Déchéance d'un homme
7.6

La Déchéance d'un homme

Ningen Shikkaku

Sortie : 1948 (France). Roman

livre de Osamu Dazai

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

"Je sortis de mon étagère à livres une collection de peintures de Modigliani. Je montrai à Takeichi une image qui représentait une femme complètement nue dont la peau semblait être de cuivre rouge en fusion.

— Ah ! mince !

Takeichi ouvrait de grands yeux ronds, et
d’un ton admiratif il ajouta :

— Cela ressemble à un cheval de
l’enfer !

— Quand même, c’est un spectre !

— Je voudrais peindre des spectres
comme celui-là, tu sais."

http://bit.ly/1DVSfOE Modigliani Nude reclining woman 1916

Histoire du Japon et des Japonais, tome 1
7.4

Histoire du Japon et des Japonais, tome 1 (1970)

1. Des origines à 1945

Japan, The story of a nation

Sortie : 1 mai 1973 (France). Culture & société, Histoire

livre de Edwin O. Reischauer

Aurea a mis 8/10.

Annotation :

http://bit.ly/1sdDsXd

Célèbre rouleau peint emaki représentant l'incendie de Sanjo, seconde moitié du XIIIe siècle, cité par l'auteur comme "l'un des plus beaux", sinon le plus beau.

Ruines et paysages
7.3

Ruines et paysages (2008)

Sortie : février 2008. Essai

livre de Denis Diderot

Annotation :

"Ici, un enfant échappé du naufrage est porté sur les épaules de son père ; là, une femme étendue morte sur le rivage, et son époux qui se désole. La mer mugit, les vents sifflent,le tonnerre gronde, la lueur sombre et pâle des éclairs perce la nue, montre et dérobe la scène. On entend le bruit des flancs d’un vaisseau qui s’entrouvre, ses mâts sont inclinés, ses voiles déchirées ; les uns sur le pont ont les bras levés vers le ciel, d’autres se sont élancés dans les eaux, ils sont portés par les flots contre des rochers voisins où leur sang se mêle à l’écume qui les blanchit ; j’en vois qui flottent, j’en vois qui sont prêts à disparaître dans le gouffre, j’en vois qui se hâtent d’atteindre le rivage contre lequel ils seront brisés. La même variété de caractères, d’actions et d’expressions règne sur les spectateurs : les uns frissonnent et détournent la vue, d’autres secourent, d’autres immobiles regardent ; il y en a qui ont allumé du feu sous une roche ; ils s’occupent à ranimer une femme expirante, et j’espère qu’ils y réussiront."

http://bit.ly/1Eotbjr

Tempête par Joseph Vernet XVIIIe siècle

L'Âge d'homme
6.8

L'Âge d'homme (1939)

Sortie : 1939 (France). Autobiographie & mémoires, Récit

livre de Michel Leiris

Annotation :

Extrait de la page 165 :

"Lucrèce, appuyant au centre de sa blanche poitrine, entre deux seins merveilleusement durs et ronds (dont les pointes semblent aussi rigides que des pierres ornent au même endroit un gorgerin ou une cuirasse), la lame effilée d'un poignard au bout duquel perlent déjà, comme le don le plus intime pointe à l'extrémité d'un sexe, quelques gouttes de sang, et s'apprêtant à annuler l'effet du viol qu'elle a subi, par un geste pareil."

https://bit.ly/3USqnrf Lucrèce par Cranach L'Ancien 1529

Le Ruban au cou d'Olympia
8.2

Le Ruban au cou d'Olympia (1981)

Sortie : 1981 (France). Essai

livre de Michel Leiris

Annotation :

Paru en 1981

"Dernier obstacle à la nudité totale, compte non tenu du bijou au poignet et des mules déjà prêtes à quitter les pieds: le ruban de cou presque ficelle
-dont le nœud, aussi pimpant que celui qui scelle un paquet renfermant un cadeau, forme au-dessus de la fastueuse offrande des deux seins une double boucle apparemment facile à défaire rien qu’en tirant un bout. Plutôt qu’un ornement, cette babiole, qui peut-être n’était pour Manet qu’un noir au dessin capricieux tranchant sur la blancheur du nu, est pour nous le détail sans nécessité qui accroche et fait qu’Olympia existe. De même, l’objet qui, corps étranger adjoint au corps vivant dont il renforce la présence, fait bander le fétichiste."

L'Olympia de Manet 1863

http://bit.ly/1uSP88L

Aurea

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