Il était une fois... Mes lectures en 2023

Annotation :

Colette n'a cessé de me passionner depuis que j'ai découvert Claudine à l'école dans la bibliothèque familiale.
Le Père Noël a dû s'en souvenir en m'offrant cette nouveauté écrite par Emmanuelle Lambert sur la grande romancière du XXème siècle.

Et un merci chaleureux à @ManuKat qui a créé la fiche:-)

Beau portrait, très loin d'être une hagiographie : la part sombre de Colette n'échappe pas à la plume alerte d'Emmanuelle Lambert, qui nous livre une biographie très originale et intériorisée de ce personnage à facettes dont des photographies très expressives rendent compte à tous les âges de sa vie.

Annotation :

Extrait

Une jeune fille de quinze ans en habit de novice, seule dans un bois de châtaigniers, non loin de la ville de San Sébastian, en Espagne...
Nous sommes en 1607.
Penchée sur son ouvrage, elle coud..."sagement", dit-on souvent quand il s'agit d'une jeune fille et de couture.
Pourtant, Catalina de Erauso ne coud pas sagement.
A ce moment de sa vie, elle vient de s'enfuir du couvent où sa famille l'a placée, et confectionne en toute hâte les vêtements d'homme qui vont lui ouvrir les portes de la liberté.

Un chapitre pour chaque aventurière et une plume alerte pour les évoquer, qu'elles soient américaines, anglaises, françaises ou irlandaises.
Des portraits courts mais pleins de vie.

Annotation :

"ll prit, en un mot, les rêves des poètes pour les réalités de la vie."

Merci mille fois à @ManuKat d'avoir créé la fiche.

Je commencerai par la première nouvelle, Le Vampyre de Polidori :

Extrait

Sa figure était régulièrement belle, nonobstant le teint sépulcral qui régnait sur ses traits, et que jamais ne venait animer cette aimable rougeur fruit de la modestie, ou des fortes émotions qu’engendrent les passions. Ces femmes à la mode avides d’une célébrité déshonorante, se disputèrent, à l’envi, sa conquête, et à qui du moins obtiendrait de lui quelque marque de ce qu’elles appellent penchant.

En résumé : 6 à la nouvelle de Polidori : Le Vampyre, 9 à La Morte amoureuse de Gautier, 8 à L'Invité de Dracula et belle surprise pour la petite dernière de Thomas Owen : Le chasseur, un 8 coeur récompensant le mystère et la chute de la fin.

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Extrait

C'était une femme, la chevelure dénouée, les mains tendues, enveloppée d'un long vêtement blanc.
Mais ce costume, n'était-ce pas celui que portait la Stilla dans cette scène finale d'Orlando, où Franz de Télek l'avait vue pour la dernière fois ?
Oui ! et c'était la Stilla, immobile, les bras dirigés vers le jeune comte, son regard si pénétrant attaché sur lui...

Un récit captivant, d'un romanesque absolu, signé d'un maître du fantastique, pas au sens où on l'entend habituellement, mais qui par ses descriptions remarquablement réalistes, voire scientifiques, nous entraîne irrésistiblement dans son histoire pleine de mystère(s)

Annotation :

Extrait de sa biographie :

Françoise Bourdin a le goût des personnages hauts en couleur et de la musique des mots. Très jeune, elle écrit des nouvelles ; ainsi, son premier roman est publié chez Julliard avant même sa majorité. L'écriture se retrouve alors au coeur de sa vie. Son univers romanesque prend racine dans les histoires de famille, les secrets et les passions qui les traversent.

Oui, c'est bien écrit, on ne peut le nier, néanmoins, tout est tellement convenu ! situations et personnages s'inscrivent dans une banalité et un manque de relief qui m'ont passablement ennuyée : je savais déjà tout de l'issue du roman...
J'avais pourtant bien aimé Objet de toutes les convoitises, lu il y a quelques années, mais cette fois la passion n'était pas au rendez-vous.

Annotation :

J'avais lu Mrs Dalloway et Les Vagues : Orlando est sans conteste le roman de V.Woolf qui m'a le moins plu en dépit de son audace formelle.
Les Vagues était un grand poèmé élégiaque, ce roman m'a semblé alambiqué et complexe d'où un plaisir très restreint pris à le lire.

Comme l'écrit un lecteur sur Babelio : "une lecture trop laborieuse : une écriture alambiquée, des situations tout aussi enchevêtrées que le personnage dont Virginia Woolf s'annonce être la biographe."
L'audace et l'inventivité riment avec une complexité, telle, qu'elle ne m'a pas procuré un grand plaisir de lecture : un peu déçue donc., après avoir lu tous les avis dithyrambiques concernant cet ouvrage.

Annotation :

Roman mélancolique d'une femme, devenue rentière après avoir quitté sa vie d'artiste vagabonde, d'une femme qui va devoir abdiquer sa liberté pour l'amour d'un homme et se soumettre à lui.

Relu : ajouté 1 point.

Annotation :

35 textes où Colette évoque cette maison si particulière où elle a vécu, toute vibrante de la présence d'une mère qui était la vie-même et l'âme d'une famille : ses enfants, son jardin, ses fleurs et ses animaux, merveilleusement décrits et plus encore par une Colette éblouissante de talent.

Relu : ajouté 1 point et 1 coeur

Annotation :

Extrait :

S’aimer de loin et sans espoir, ne jamais s’appartenir, rêver chastement à de pâles appas, à d’impossibles baisers, à des caresses éteintes sur des fronts oubliés de mortes, ah ! C’est quelque chose comme un égarement délicieux et sans retour ! Tout le reste est ignoble ou vide. - Mais aussi, faut-il que l’existence soit abominable pour que ce soit là le seul bonheur vraiment altier, vraiment pur que le ciel concède, ici-bas, aux âmes incrédules que l’éternelle abjection de la vie effare.

Un roman singulier et prenant, un style rare et fluide à la fois, je lui ai certes préféré À Rebours mais ne me suis pas ennuyée une seconde dans cette atmosphère teintée de satanisme tout en baignant dans la quotidienneté.

Annotation :

Extrait de ce roman victorien paru en 1862 :

Une altération subite s’opéra sur le visage de Lady Audley ; la jolie teinte rosée s’évanouit de ses joues et les laissa blanches comme de la cire, et des étincelles de colère brillèrent dans ses yeux bleus.
- Que vous ai-je fait, Robert Audley, s’écria-t-elle irritée, pour me haïr ainsi ?
Il lui répondit avec beaucoup de gravité.
- J’avais un ami, Lady Audley, que j’aimais très profondément, et depuis que je l’ai perdu, je crains que mes sentiments envers les autres ne se soient étrangement emplis d’amertume.

Où comment la belle dame, si charmante, si gracieuse, se révèle bien différente de ce qu'elle paraissait, et comment un ami fidèle, parviendra, à force de détermination et de persévérance à faire éclater la vérité.
On est pris dans le dédale des mensonges et des faux-semblants et on en sort, ravie par un récit où tous les éléments s'imbriquent avec une belle dextérité.

Annotation :

"Un grand ouvrage de référence pour qui s'intéresse à la littérature fantastique. JB Baronian connaît des dizaines et des dizaines d'auteurs, il les a lus, et donne envie de les lire par ses analyses concises et évocatrices."
(Babelio)

Nullement déçue par cet ouvrage très éclairant et érudit, qui m'aura permis d'entendre parler, dans un langage châtié et naturel à la fois, d'auteurs que je ne connaissais pas du tout.

Et mille MERCIS à @ManuKat pour m'avoir ajouté la couverture !

Annotation :

Retour à mes amours japonaises avec un auteur que je ne connaissais pas, sinon pour avoir entendu parler de ce titre : Le temple aux oies sauvages, sans doute le morceau de bravoure de son auteur.

Extrait :

Il n'avait jamais vu de poupée comme celle-là. Il ouvrit le couvercle. Il prit dans ses mains cette poupée, qui devait mesurer environ un pied. Un magnifique travail. Une courtisane de l'époque Edo sans doute - mais Kisuke, lui, ne pouvait pas le savoir ...

Les cheveux étaient ramassés derrière la tête en chignon et ornés d'un peigne en laque aux motifs dorés ; le vêtement imitait un vêtement de chanvre. Les taches que la nature avait semées à la surface du bambou étaient utilisés pour représenter les ornements et les motifs du kimono, et les sandales à triple talon étaient aussi en bambou. Tout - jusqu'au grand obi, noué par devant - était en écorce de bambou. Le dos était en bois de bambou frêle, fendu. On discernait également les jointures, mises là où il le fallait avec un zèle minutieux.

Un très beau récit où la passion est au centre de tout : passion de Kisuke, qui de modeste artisan, laid et disgracié, se transforme en véritable artiste grâce à l'amour pur et chaste qu'il porte à Tamae, la prostituée au grand coeur, qui, de son côté, s'est mise à aimer sincèrement et à jamais, ce grand petit homme.

Annotation :

J'ai déjà lu l'ouvrage de Inoue, "Mémoires d'une geisha" me disant que, écrit par un Japonais, il serait plus authentique, mais le côté "documentaire" du livre m'a un peu laissée sur la faim.
Je vais pouvoir comparer avec le roman d'un Américain, Arthur Golden, qui , au vu de sa moyenne, semble avoir séduit la plupart des lecteurs.

Extrait :

Depuis que j’avais quitté Yoroido, je n’avais cessé de m’inquiéter de l’avenir, comme si chaque tour de roue du destin allait mettre un nouvel obstacle devant moi. Cependant, c’était ce combat quotidien, ces soucis, qui avait donné une telle consistance à ma vie. Lorsque nous remontons la rivière à contre-courant, chaque pas prend une intensité particulière.

Beaucoup aimé ces Mémoires finement racontés avec force détails, par cet auteur américain qui a su tout simplement insuffler la vie à cette fillette aux "merveilleux yeux d'eau" vendue à 9 ans et qui deviendra Sayurin l'une des plus grandes geishas de son époque.

Annotation :

"Les voix comme celles d'Edith Bruck se font rares.
Un témoignage inestimable."

Extrait :

« Voilà, me disais-je, c’est mon pays. » Le mot « patrie », je ne l’ai jamais prononcé : au nom de la patrie, les peuples commettent toutes sortes d’infamie. J’abolirais le mot « patrie », comme tant d’autres mots et expressions : « mon », « tais-toi », « obéir », « la loi est la même pour tous», « nationalisme », « racisme », « guerre » et presque aussi le mot «amour», privé de toute substance.

Au-delà du témoignage, terrifiant, il reste l'extraordinaire force de vie d'Edith Bruck qui rend son texte d'autant plus bouleversant.

Annotation :

Extrait

Elle n'a pas encore vingt ans, se trouve en prison depuis l'âge de seize, était peut-être jolie autrefois, mais à l'air maintenant si blême et flétrie qu'elle paraît sans âge, comme si les murs blafards de la prison l'avaient vidée de toute vie et de toute couleur, ne laissant qu'une écorce vide.

Curieuse de me replonger dans l'univers de Sarah Waters, en l'occurrence celui d'une prison de femmes victorienne : les sensations, je n'en doute pas, seront au rendez-vous.

En effet ! Cette romancière possède une imagination foisonnante et ses descriptions de Millbank à Londres sont souvent saisissantes, toutefois, j'avoue m'être un peu perdue dans l'évocation de ces esprits hantant les lieux et l'une des détenues en particulier, d'où mon 7.