Cover Jean Epstein: Poésie surimpressionniste

Jean Epstein: Poésie surimpressionniste

JEAN EPSTEIN FOREVER.*** Merci Potemkine www.potemkine.fr/[...]jean-epstein-/pa61m3f219.html ***

3 périodes:
> CHEZ ALBATROS (1924-1926)
> FILMS JEAN EPSTEIN - PREMIÈRE VAGUE (1926-1928)
> POÈMES BRETONS (1928-1948)

"Je revois sa figure en ...

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9 films

créee il y a presque 10 ans · modifiée il y a presque 10 ans

Cœur fidèle
7.5
1.

Cœur fidèle (1923)

1 h 27 min. Sortie : 1923 (France). Drame, Muet

Film de Jean Epstein

Templar a mis 10/10.

Annotation :

Epstein est le plus grand cinéaste-poète français, et mon cœur lui restera à jamais fidèle. Oui. "Forever". Murnau et Dreyer m'ont fait tomber amoureux du muet, mais ce sont Epstein et Gance qui viennent me chercher corps et âme.

Une scène de manège éternelle... Au pinacle, car ma première rencontre, le premier choc, la révélation et une question: Qui est Jean Epstein?

(C'est le film idéal pour commencer la filmographie du cinéaste.)

« Quant aux symboles, le film en est rempli. Ce manège, cette fête foraine ne peuvent-ils être l'image de la vie et si, à la fin du drame, vous voyez Jean et Marie revenir à la fête bruyante, cet épisode n'a pour moi qu'un sens, celui d'un retour à la vie. » (J.E)

Finis Terrae
7.7
2.

Finis Terrae (1929)

1 h 17 min. Sortie : 26 juin 1929 (France). Drame, Muet

Film de Jean Epstein

Templar a mis 9/10.

Annotation :

POÈMES BRETONS

Je tends à croire qu'il s'agisse ici de son meilleur film. Et (peut-être) étant Breton, cette période est incontestablement ma favorite. Mais on assiste ici à une avancée du cinéma, l'affirmation d'une identité qui sera définitivement enfoncé par le dernier coup de marteau: Le Tempestaire.

"Aucun décor, aucun costume n'auront l'allure, le pli, de la vérité. Aucun faux-professionnel n'aura les admirables gestes techniques du gabier ou du pêcheur" - « Les Approches de la vérité" - Photo-Cinénovembre 1928

"Finis Terrae essaie d'être le « documentaire » psychologique, la reproduction d'un bref drame composé d'épisodes qui ont eu lieu, d'hommes et de choses authentiques. En quittant l'archipel d'Ouessant, j'ai eu l'impression d'en emporter, non un film, mais un fait, et que ce fait transporté à Paris il manquerait désormais quelque chose à la réalité matérielle et spirituelle de la vie aux îles. Travail de mage..." - « Les Approches de la vérité », Photo-Ciné novembre 1928

"Tous les éléments de la pensée visuelle, enracinée dans le subconscient sont prodigieusement riches en valeurs affectives, gouvernés par elle et aussi les gouvernants. Le film procède donc surtout par entraînement d'évidences sentimentales et en reçoit un pouvoir de conviction sur le moment irrésistible. Parce qu'elle est foncièrement instinctive, sentimentale, et émouvante, la pensée visuelle convient excellemment à un emploi poétique – et dans la plupart des mentalités de façon indispensable. D'où, plus qu'aucun autre moyen d'expression, le film apparaît constitutionnellement organisé pour servir de véhicule à la poésie."

La Glace à trois faces
7
3.

La Glace à trois faces (1927)

38 min. Sortie : 1927 (France). Drame, Romance

Moyen-métrage de Jean Epstein

Templar a mis 9/10.

Annotation :

FILMS JEAN EPSTEIN - PREMIÈRE VAGUE

"La Glace à trois faces? Ce n'est qu'un essai loyal pour rompre avec la construction dramatique théâtrale qui fut jusqu'ici celle de tous les scénarios cinématographiques." (J.E)

"Les quinze pages de la nouvelle de Paul Morand, 'La Glace à trois faces', se fondent ainsi en un scénario d'une simplicité et d'une vérité dédiée au cinématographe. Après les drames, prétendument sans fin, voici un drame qui voudrait être sans exposition, ni seuil, et qui finit net. Les événements ne se succèdent pas et pourtant se répondent exactement. Les fragments de plusieurs passés viennent s'implanter dans un seul aujourd'hui. L'avenir éclate parmi les souvenirs. Cette chronologie est celle de l'esprit humain. Les personnages se présentent chacun seul, et le récit les tient écartés, définitivement ; néanmoins, ils vivent ensemble l'un pour l'autre."
Jean Epstein, art d'événement, Comoedia, 18 novembre 1927

Le Tempestaire
7.7
4.

Le Tempestaire (1947)

22 min. Sortie : 12 novembre 1947 (France). Drame, Fantastique

Court-métrage de Jean Epstein

Templar a mis 8/10.

Annotation :

POÈMES BRETONS

"Le dernier cadeau de Jean Epstein au cinéma c’est Le Tempestaire où il y a le ralenti du son dont personne n’a profité à l’heure actuelle... voici un chef-d’oeuvre qui préfigure l’avenir, un homme en pleine possession de ses moyens, plus jeune que bien des jeunes... et on a laissé cet homme sept ans sans travailler... Mais Epstein n’habitait pas Passy, ce n’était pas un homme à la mode ; il était trop vivant pour accepter de se momifier... il est mort bâillonné sans pouvoir s’exprimer, alors qu’il était plein de choses à dire, à nous apprendre…"

"[Le Tempestaire] n’est ni un film d’hier, ni un film d’aujourd’hui. Ce qui frappe, c’est sa profonde poésie., sa résonance humaine et l’extrême équilibre de sa composition, c’est une œuvre qui démontre ce qu’aurait pu être le cinéma si certains n’étaient pas morts."

"Ce film était trop au-dessus de certaines têtes, trop riche pour certains cerveaux, trop lourd pour certaines tripes, trop pur pour certains cœurs et ces gens de bouche à oreille, aidés des imbéciles qui veulent passer pour intelligents, firent à ce film une telle réputation que tous ceux qui auraient pu le comprendre ont eu peur par amour d’Epstein d’aller le voir."
- Henri Langlois, Les Cahiers du cinéma n°24, juin 1953.

"Le temps est la quatrième dimension de l'univers qui est espace-temps. Le cinématographe est actuellement le seul instrument qui enregistre l’événement dans un système à quatre références. En cela, il s'avère supérieur à l'homme qui ne paraît pas constitué pour saisir lui-même une continuité à quatre dimensions (…) S'il est des clairvoyants, leur don est celui-là : concevoir simultanément le temps et l'espace" - Intelligence d'une machine, 1946

"On pense volontiers que la réalisation d’un film de plein air se résume à une promenade cinématographique: il n’y aurait qu’à se rendre avec une caméra dans le site choisi et enregistrer tout ce qui se présente de pittoresque à la portée de l’objectif. En fait, l’élaboration d’un film de ce genre - surtout quand il ne s’agit pas d’un simple documentaire mais d’un drame à construire avec des éléments uniquement naturels - se heurte à d’innombrables difficultés, car elle se trouve à la merci du perpétuel cas de force majeure que la réalité des choses et des gens oppose aux intentions de l’auteur." - Jean Epstein, À la recherche de la tempête et du temporaire (inédit)

La Chute de la maison Usher
7.6
5.

La Chute de la maison Usher (1928)

1 h 03 min. Sortie : 5 octobre 1928. Muet, Drame, Épouvante-Horreur

Film de Jean Epstein

Templar a mis 8/10.

Annotation :

FILMS JEAN EPSTEIN - PREMIÈRE VAGUE

“J'ai négligé volontairement au cours de ”La Chute de la maison Usher“ tous les effets plastiques que pouvait permettre l'ultra-cinématographe. Je n'ai cherché – si j'ose m'exprimer aussi prétentieusement- que l'ultra-drame. À aucun moment du film le spectateur ne pourra reconnaître : ceci est du ralenti. Mais je pense que, comme moi à la première projection, il s'atonnera d'une dramaturgie aussi minutieuse. Car, c'est la dramaturgie, l'âme elle-même du film, que ce procédé intéresse. Nous voici, aussi subtilement qu'en littérature, près de retrouver les temps perdus. Je ne connais rien de plus absolument émouvant qu'au ralenti un visage se délivrant d'une expression. Toute une préparation d'abord, une lente fièvre, dont on ne sait s'il faut la comparer à une incubation morbide, à une maturité progressive ou, plus grossièrement, à une grossesse. Enfin, tout cet effort déborde, rompt la rigidité d'un muscle. Une contagion de mouvements anime le visage. L'aile des cils et la houppe du menton battent de même. Et quand les lèvres se séparent enfin pour indiquer le cri, nous avons assisté à toute sa longue et magnifique aurore. Un tel pouvoir de séparation du sur-oeil mécanique et optique fait apparaître clairement la relativité du temps. Il est donc vrai que des secondes durent des heures ! Le drame est situé en dehors du temps commun. Une nouvelle perspective, purement psychologique, est obtenue. Je le crois de plus en plus. Un jour, le cinématographe, le premier, photographiera l'ange humain.”

Anecdote: Epstein fait débuter un jeune étudiant espagnol dans le cinéma, sur Mauprat, comme stagiaire-homme à tout faire, puis comme second assistant sur La Chute de la maison Usher. Un jour, parce que ce jeune homme a tenu des propos insolents sur Abel Gance, Epstein le vire, mais le raccompagne en voiture à Paris. Il lui glisse : "Méfiez-vous. Je sens en vous des tendances surréalistes. Eloignez-vous de ces gens-là." Ce jeune homme s'appelait Luis Buñuel.

Mor'vran
7.3
6.

Mor'vran (1930)

26 min. Sortie : 1 mars 1930.

Documentaire de Jean Epstein

Templar a mis 7/10.

Annotation :

POÈMES BRETONS

Docufiction, ethnofiction... Epstein enfonce le clou après Finis Terrae et montre qu'il a trouvé sa place en Bretagne et dans le cinéma, s'éloignant de Murnau pour mieux s'approcher de Flaherty.

Mor-vran est la première confrontation d'Epstein au parlant: si le film est encore silencieux (pas de dialogues), une partition est commandée en postproduction à Alexis Archangelsky, qui travailla à partir de folklore breton. La musique est enregistrée sur disque 33 tours en utilisant le procédé Synchronista, soit la diffusion synchronisée lors de la projection publique du film.

"Face au déchaînement d’une nature impitoyable, les hommes, malgré la mort omniprésente, luttent et résistent, affirment leur droit de vivre." - Jean Epstein, note d’intention de Mor-Vran

"Les expressions sincères, les gestes naturels devaient être et sont encore évités, décomposés, prolongés, tenus, stylisés parce que trop rapides, illisibles à la cadence des prises de vues et des projections ordinaires ; seul l'enregistrement à 30 ou 40 images à la seconde permet de supprimer ce premier caractère mensonger du jeu de l'interprète. Le maquillage d'autre part met gravement en danger la vérité d'une expression. Pour peu qu'on ait vu un seul film réalisé sans que les interprètes en aient été maquillés, on ne peut s'empêcher de sourire en constatant l'extraordinaire déformation d'un visage, la paralysie de ses traits les plus fins et les plus mobiles sous un masque de pâte." - « Les Approches de la vérité », Photo-Ciné novembre 1928

"Sein contient les éléments, tous les éléments d'un film magnifique. Mor Vran n'est que l'esquisse de ce film qui sera fait certainement. Mais je ne crois pas que ce soit par moi. On ne peut aimer deux fois, ni recomprendre." - Jean Epstein, « L'Île », Cinéa 1930

"L’île serait seulement le rêve de l’homme et l’homme la pure conscience de l’île. (…) Ouessant, puis Sein, fournissent à Epstein le documentaire par excellence, où seuls les habitants peuvent jouer leur propre rôle. Enfin, la limite de la terre et des eaux devient le lieu d’un drame où s’affrontent les attaches terrestres d’une part, et d’autres part les amarres, les remorques, les cordes mobiles et libres." - Gilles Deleuze, L’Image-Mouvement

Les Berceaux
6.5
7.

Les Berceaux (1932)

07 min. Sortie : 1931 (France).

Court-métrage de Jean Epstein

Templar a mis 7/10.

Annotation :

POÈMES BRETONS

L’ancêtre du clip: un poème de Sully Prudhomme mis en musique par Gabriel Fauré en 1879. Epstein et son opérateur Joseph Bath accompagnent la mélodie par des images filmées au printemps 1932, dans la baie de Cancale et à Saint-Malo. Envoûtant.

"Le long du Quai, les grands vaisseaux,
Que la houle incline en silence,
Ne prennent pas garde aux berceaux,
Que la main des femmes balance.
Mais viendra le jour des adieux,
Car il faut que les femmes pleurent,
Et que les hommes curieux
Tentent les horizons qui leurrent !
Et ce jour-là les grands vaisseaux,
Fuyant le port qui diminue,
Sentent leur masse retenue
Par l’âme des lointains berceaux."

Six et demi, onze
7.1
8.

Six et demi, onze (1927)

1 h 24 min. Sortie : 3 juin 1927. Drame

Film de Jean Epstein

Templar a mis 5/10.

Annotation :

FILMS JEAN EPSTEIN - PREMIÈRE VAGUE

Après la double incursion dans le film d'époque (Les Aventures de Robert Macaire, Mauprat), Epstein revient au mélodrame contemporain marquant le deuxième produit de son entreprise. Le scénario est l'œuvre de sa sœur, Marie.

Il est à noter que les distributeurs du film, trouvant la fin trop sombre, demandèrent à Epstein de concevoir une fin plus optimiste, ce à quoi il consentit par une légère modification des trois dernières minutes. (L'édition de Potemkine présente le film avec la fin initialement prévue, et propose en bonus celle voulues par les producteurs)

Dur de croire que ce mélo précède La glace à trois faces: quelques idées de réalisation sauvent l'ensemble du désastre (Youhou! Une triple surimpression!), un film lent et laborieux où Epstein perd de son modernisme: moins de gros plans, trop de maquillage, surdramatisation, larges décors d'intérieur en toc, etc. Merde, on est en 1927, Jean, tu vaux mieux que ça!

Les Feux de la mer
6.6
9.

Les Feux de la mer (1948)

21 min. Sortie : 1948 (France).

Documentaire de Jean Epstein

Templar a mis 4/10.

Annotation :

POÈMES BRETONS

Film de commande à but didactique, et donc bancal où le cinéma s’efface, pour ne rien laisser. On sent Epstein se débattre au détour d’une séquence, mais c’est vain. Le Tempestaire était son chant du cygne.

« Si le miracle de ma résurrection a été possible, je le dois à la vigilance de la Société des Auteurs dramatiques et à celle des Auteurs de films qui est arrivée in extremis à l'époque où j'allais précéder Epstein dans sa dernière demeure. Il est vraisemblable que si ce qui reste de compréhensif et de généreux dans le cinéma français s'était penché quelques mois plus tôt sur la tragédie de ce grand talent méconnu, il aurait pu, nouveau Lazare, ayant traversé le septième cercle de la souffrance, remonter au jour avec des étoiles dans les orbites et les clefs d'or du Cinéma de l'avenir dans les mains. (…) Il a préféré mourir en victime plutôt que de vivre en prostituant son art ». - Abel Gance, discours hommage au Festival de Cannes en 1953

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