Jean-Pierre Melville : résistance, samouraï et film noir

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En 1961, Melville déclara au cahier du cinéma : "Avant d'aimer le cinéma, j'ai aimé le cirque. De cet amour, j'avais gardé une amitié : le clown Béby, qui était à cette époque le plus grand clown vivant, et que je devais adorer plus tard dans un court métrage de Bresson... Pour faire mon galop d'essai, je décidai de tourner un court métrage avec lui. Nous étions en 1946 et j'avais de la pellicule Agfa que j'avais achetée en 1942... Nous tournions en muet et une sténo notait scrupuleusement ce que disait Béby dans son numéro. Mais une fois à l'auditorium, nous nous sommes aperçus qu'il ne savait pas lire, et il a fallu synchroniser mot par mot. "

24 heures dans la vie d'un Clown, première expérience sur pellicule de Melville, nous emmène dans la vie du vieux clown Béby entre deux représentations, ainsi que Maïss, son compagnon de piste. Melville partage juste sa passion, voire fascination, pour le cirque et ses représentants, dans une ambiance mélancolique, renforcé par l'impression d'être devant une œuvre datant de l'époque du muet malgré une voix-off omniprésente.

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Premier long-métrage de Jean-Pierre Melville, Le Silence de la Mer lui permet d'aborder avec intelligence et finesse une cohabitation franco-allemande où il mettra en avant l'impossibilité de communiquer, d'aimer et tout simplement de s'exprimer, alors que la Guerre se révèle de plus en plus forte et grave.

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Les Enfants Terribles représente une immense déception où Melville, alors qu'il en est à son second long-métrage, ne se montre guère convaincant, ni inspiré, que ce soit dans sa mise en scène, l'étude de ses thématiques ou la direction d'acteur. C'est vraiment dommage car le début et le sujet promettaient plus.

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Melville lui-même n'aimait pas ce film et ce n'est pas difficile à comprendre tant il ne se montre guère inspiré, ne faisant ressortir aucune émotion, ni atmosphère des enjeux et protagonistes, dommage. Néanmoins, via ce troisième long-métrage mélangeant mélodrame et film noir, on retrouve un peu les prémices des immenses oeuvres qu'il fera par la suite.

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C'est avec son quatrième long-métrage que Jean-Pierre Melville impose véritablement son style où l'on suit un ancien truand repenti et dépendant du jeu, qui projette de cambrioler le casino de Deauville. Bijou d''écriture et d'émotions, il offre une oeuvre sombre teinté de mélancolie mais surtout un film humain et amère où il évoque l'illusion, la vie et la complexité des rapports et sentiments humains. Dans le même temps, on navigue entre malfrat, banditisme, fumée de cigarette, casino ou encore vapeur d'alcool.

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Quelque temps après l'excellent et l'abouti Bob le Flambeur, Jean-Pierre Melville nous emmène à New York pour y suivre une enquête où manipulation, rues poisseuses, music-hall ou encore journalisme seront au rendez-vous. Parfois un peu maladroit et pas vraiment abouti, ça n'en reste pas moins un film noir plutôt sympathique et bien ficelé.

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Jean-Pierre Melville se montre ici très humaniste, évitant tout excès ou caricature mais faisant preuve d'une grande justesse et intelligence pour dresser deux portraits saisissants. Il met en avant la vie, l'amour, possible et impossible, ou encore la religion avec comme fond la guerre et l'occupation. L'ensemble est tout le long passionnant, sincère et touchant, emmené par deux interprètes aussi sobres que remarquables.

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Serge Reggiani, grande classe avec son imper et son chapeau, marche entre les ponts et ainsi débute Le Doulos où Melville nous emmène dans une oeuvre où revanche, gangsters et casse seront au rendez-vous. L'humain est au centre de ce récit parfaitement bien ficelé tandis qu'il instaure une ambiance sombre, immortalisée par un vieux jazz mélancolique. Il orchestre son oeuvre avec brio tandis que Reggiani et Belmondo sont remarquables intemporels...

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Si L'ainé des Ferchaux n'est pas exempt de tout reproche, il n'en reste pas moins un film intéressant à plus d'un titre, où Melville dresse deux portraits aussi troublants que puissants, bénéficiant de remarquables interprétations et d'une histoire riche et bien écrite, qu'il ne manque pas de sublimer.

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Jean-Pierre Melville commence une nouvelle phase dans son cinéma avec Le Deuxième Souffle, dans un style plus épuré et direct, servi ici par une ambiance sombre, intense et tragique où le français orchestre son récit avec brio et grand talent, bien aidé par d'immenses comédiens (en particulier Lino Ventura et Paul Meurisse).

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Le Samouraï offre à Alain Delon l'un de ses plus beaux rôles, celui d'un homme froid et solitaire qui va se retrouver au coeur de quelques problèmes. On ressent pleinement les influences américaines de Melville, il les sublime tout en y imposant sa propre vision et propose une fascinant film de gangsters où il s'intéresse énormément à l'humain. Il nous emmène dans un Paris mélancolique, sombre et pluvieux et offre de nombreux séquences mémorables, à l'image de la course-poursuite dans le métro ou le méticuleux interrogatoire. Magistral.

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Melville sait de quoi il parle lorsqu'il évoque la guerre et il met ici en scène le destin de quelques "hommes de l'ombres", qui ne font pas dans l'héroïsme. Il dresse des portraits aussi réaliste que poignant, avec une ambiance cruelle et terrible où l'odeur de la mort et de l'horreur plane tout le long du récit. Lino Ventura, tout comme Simone Signoret et l'ensemble des interprétations, sont tout simplement remarquables.

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Dans cette version française de The Asphalt Jungle de John Huston, Melville va s'intéresser à un casse et sa préparation, mettant en place une ambiance froide, troublante et surtout fascinante. Il se montre méticuleux, mettant bien en avant la psychologie des personnages et enjeux tout en se montrant virtuose derrière la caméra, comme peut en témoigner cette longue et magistrale scène du casse.

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C'est sur une déception que Melville clôt sa formidable carrière, lui qui décèdera peu de temps après la sortie (et échec) d'Un Flic, d'une attaque cérébrale.Une oeuvre décevante où il se montre bizarrement très maladroit que ce soit dans sa mise en scène, ses personnages ou encore l'aspect technique.