Les jeux qui savent marier gameplay et narration

Annotation :

C'est l'histoire d'un homme à la fois porté et dépassé par les événements. Gordon Freeman ne fait que son boulot. Quand ça tourne mal, il y a ceux qui comptent sur lui sans raison apparente, et ceux qui veulent le tuer sans raison apparente. Gordon veut juste survivre, se barrer de là, il n'a rien demandé à personne. Mais on lui demande de porter tous les espoirs de l'humanité, on continue de lui dire ce qu'il faut faire, et il ne peut pas décemment refuser. Freeman est un héros malgré lui, parce que les autres sont toujours trop lâches, trop incompétents ou trop mal en point : il est systématiquement l'homme de la situation. Combinaison aidant.

Pour moi le génie de ce titre s'explique par une seule chose : le joueur a toujours le contrôle de son personnage, mais n'a aucun contrôle sur le déroulement du jeu. L'impuissance de Freeman face à ce qui lui arrive nous est directement transmise, avec un seul choix : aller de l'avant en surmontant tout ce que le monde (et l'autre aussi) nous jette à la figure.

Même l'introduction est interactive.
Gordon ne parle jamais à notre place.
Les "cutscenes", rares, se déroulent en temps réel sous les yeux de Gordon sans nous bloquer ses mouvements (les exceptions à cette règle étant justifiées et bien pensées).
Pas d'ellipse, la quasi totalité du jeu est continue (les téléportations faisant partie de l'univers).
On a toute liberté, mais aucun choix ne nous est donné (sauf à la toute fin et... bon).

Le 2 reprend la même recette évidemment, la poussant à l'extrême (Freeman est un symbole, un messie envoyé sur Terre pour la sauver, on le jette dans l'action pratiquement sans explication), tout en faisant quelques compromis (Gordon a de vrais soutiens qui ne font pas que de la figuration, en particulier Alyx qui l'épaule dans l'action).

Merci Valve, vous êtes les grands maîtres de la narration vidéo-ludique !

Annotation :

[spoiler]

Dans l'incinérateur, sur la plate-forme où j'ai pu atterrir in extremis, d'abord j'ai pas compris, j'ai cru à un bug du jeu. Jusqu'à cet instant, c'est GLaDOS qui faisait la narration, et malgré une petite rébellion de la part du joueur/protagoniste, elle me guidait, salle après salle. J'avais détruit mon Companion Cube sans me poser de question, parce qu'elle m'avait dit de le faire, et parce que c'était nécessaire pour avancer.

Sur cette plate-forme il m'a fallu 5 bonnes minutes de réflexion, d'expérimentation et surtout de frustration avant de comprendre que j'étais bien censé continuer le jeu par mes propres moyens : improviser hors du cadre rassurant des chambres de test, ignorer les instructions de l'IA qui me demandait d'attendre l'équipe de la fête, et chercher une sortie (qui était suffisamment bien dissimulée pour passer pour un simple élément de décor). Bref, le jeu attendait de moi que je m'affranchisse de ses règles implicites et que je prenne en main la suite de l'histoire.

Valve, sérieux... merci pour ce grand moment.

Annotation :

Le joueur est un personnage dans ce jeu. Le narrateur s'adresse à lui, commente ce qu'il fait, s'énerve contre lui, lui donne des ordres, essaie de négocier avec lui...

Le personnage de Stanley n'est qu'une marionnette pour les expérimentations du joueur, qui continue d'explorer le complexe, à la recherche des limites du jeu. Et elles sont sacrément loin, ces limites.

Le jeu qui joue avec le joueur, c'est rafraîchissant !

Annotation :

Pour le moment le jeu à choix le plus abouti auquel j'ai pu jouer. Je n'ose pas imaginer ce à quoi doit ressembler l'arbre des possibles, tellement les choix du joueur ont des conséquences : sur les réactions des autres personnages, sur le déroulement de l'histoire, et même sur de nouveaux choix possibles plus tard.

Si même la moitié de ces conséquences n'est qu'une illusion scénaristique, chapeau.

Et il n'y a pas que les choix, parfois des actions facultatives d'apparence anodine peuvent changer des choses... le coup de la plante, très bête mais en même temps très malin, m'a vraiment surpris.

Annotation :

Même concept que Life is Strange (choix ayant des conséquences drastiques sur la suite), en plus poussé encore, mais à une échelle bien moins grande.

Ici, l'arbre des possibles est matérialisé dans le jeu, avec la possibilité de reprendre où on veut pour changer un choix (mais il faut alors bien sûr se retaper tout ce qui reste du jeu).

Très bonne base, malheureusement desservie par un remplissage répétitif sans le moindre intérêt. Ceci dit, d'aucuns affirment que ce gameplay permet de mieux s'identifier au personnage (dont on fait le boulot, qui est chiant, justement). Je dois avouer que c'est osé et que ça va dans le sens de la narration par le gameplay... mais il y a des limites.

Annotation :

Le jeu le plus émouvant que j'ai connu. La narration passe beaucoup par des éléments non interactifs (dialogues, expressions), mais la quasi totalité des actions, même les plus simples, demandent à être faites par le joueur. Ca force à en assumer la responsabilité, ça aide à s'attacher et s'identifier aux personnages, et à mon avis ça contribue beaucoup à la force de l'histoire.

Annotation :

Comme pour To The Moon, un jeu dont l'impact émotionnel est d'autant plus fort qu'on demande au joueur de s'investir par le gameplay.

A la fin en particulier, même si ça ne m'a pas touché plus que ça personnellement, j'ai trouvé que les difficultés des personnages étaient vraiment bien retranscrites dans la façon de jouer.

Annotation :

Je le mets ici par principe parce qu'il a beaucoup contribué à sensibiliser le public à ce type de jeu. En pratique, il reprend à peu près tout ce qu'on peut espérer d'un jeu qui investit le joueur dans la narration, mais le résultat est presque décevant.

Contrairement à la plupart des autres jeux cités ici, je n'ai pas eu de moment "wow" qui m'a fait prendre conscience de l'importance que le jeu portait à ma façon d'y jouer.

Le jeu nous met bien face aux conséquence de nos actions, mais je n'avais aucun problème à assumer celles-ci. J'avais l'impression de faire le bon choix à chaque fois, et le jeu ne m'a jamais dit le contraire, comme s'il n'en avait rien à faire. Au final la plupart des choix importent peu, leur impact ne dépasse pas un épisode, deux max, et ça se sent (alors que je n'y ai vu que du feu dans Life is Strange).

Annotation :

Pas de narration, mais tellement de choses à raconter. C'est le(s) joueur(s) et le hasard qui font chaque partie.

Annotation :

C'est un peu un gimmick, mais il en faut reconnaître l'originalité : comme The Stanley Parable, ce jeu commente en temps réel les actions du joueur. Ainsi, on a l'impression d'écrire l'histoire, mais ici c'est juste une illusion.