Cover Mes tribulations horrifiques au coeur de l'oeuvre de Junji Ito!

Mes tribulations horrifiques au coeur de l'oeuvre de Junji Ito!

Comme indiqué dans le titre, cette liste se veut avant tout un pense-bête personnel relatif à mes lectures de Junji Ito, dont je suis un énorme fan et un complétiste! Si j'ai aujourd'hui à peu près tout lu, cette liste ne revient que sur des œuvres / recueils sur lesquelles j'ai pu revenir ...

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29 BD

créee il y a plus de 6 ans · modifiée il y a 16 jours

Spirale
7.9

Spirale (1998)

Uzumaki

Sortie : 19 octobre 2011 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Publié entre 1998 et 1999, le chef-d’œuvre absolu du maître et donc la première œuvre sur laquelle se pencher absolument. Vous saurez ainsi rapidement si vous êtes compatibles avec l'univers de l'auteur...Prenant un concept simple et frappant (la malédiction de la "spirale" - la forme géométrique - s'abat peu à peu sur une petite bourgade), à partir duquel il va broder des variations et développements plus géniaux les uns que les autres, Junji Ito aboutit à une œuvre longue, cohérente et bien rythmée de bout en bout (ce qui n'est pas tjs le cas chez lui...), pour nous mener à un final d'inspiration lovecraftienne absolument brillant. A lire au moins une fois dans sa vie (si vous avez le coeur bien accroché cependant, il s'agit tout de même d'une véritable oeuvre horrifique, certains passages étant objectivement très dérangeants), une oeuvre qui devrait être dans toute bonne mangathèque. Pour ne rien gâcher, à l'époque de sa conception, le dessin de Ito est arrivé à maturité et est, de mon point de vue, à son apogée en termes d'ambiance et de mise en scène horrifique.

Le Voleur de visages
7.4

Le Voleur de visages (1998)

Kao Dorobō: Junji Ito Kyōfu Manga Collection

Sortie : 5 novembre 2008 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Ce recueil, parmi mes tout préférés de Junji Ito, contient deux chefs-d’œuvre d'horreur qui justifieraient à eux seuls de courir au magasin pour s'acheter ce livre: "Mes ancêtres" (1997) et "Les ballons aux pendus" (1994), qui m'ont littéralement terrifié quand je les ai découverts pour la première fois...
Les récits du recueils vont des années 1980 à la fin des années 1990.
- "Le voleur de visages" (1987) est la plus ancienne, et sans doute la plus anecdotique, des histoires du recueil, tant sur le plan du dessin que du scénario (un démon féminin qui semble pouvoir prendre l'apparence de toutes les personnes qu'elle approche).
- "Les épouvantails" (1991) (on découvre que des épouvantails, plantés sur des tombes, prennent peu à peu à la forme des morts qu'ils surplombent) est une histoire effrayante et stimulante, même si je trouve que Junji Ito n'exploite pas à plein son concept. La conclusion en cela est un peu décevante.
- "Chutes" (1992) est un court récit au concept brillant (comme d'hab avec Junji) et parfaitement bien mené. Des personnes disparaissent soudainement...avant de chuter littéralement du ciel. Une autre histoire de très bon niveau de ce recueil.
- "Les fils rouges" (1990) lorgne du côté de l'"horreur poétique", mais aussi un peu du côté de l'humour (cf. la conclusion), l'histoire consistant à prendre au premier degré une expression courante ("le fil rouge" qui relierait des amoureux et qui serait "coupé" au moment d'une rupture). Là encore, une histoire bien menée et de haut niveau. Ito à son meilleur.
- Enfin, le volume se conclut sur les 2 meilleures histoires (cf. plus haut). Je n'en parlerai pas trop tant se serait dommage de les déflorer en en disant trop aux futurs lecteurs. Disons seulement que, dans "mes ancêtres", une jeune fille va avoir à faire à une famille ayant une pratique bien particulière lorsqu'il s'agit d'avoir de la dévotion pour ses ancêtres; dans "les ballons aux pendus", enfin, Ito parvient à mêler au plus haut degré "horreur poétique" et terreur pure.

Tomié : Intégrale
7.6

Tomié : Intégrale (2012)

Tomie

Sortie : 22 août 2012 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Peu d'auteurs œuvrant dans le genre horrifique peuvent se vanter d'avoir accouché d'une créature destinée à rester dans la mémoire collective. Junji Ito a sa "Tomie", mélange détonnant de revenant, de démon et de succube! Série la plus célèbre de l'auteur au Japon, ayant débouché sur toute une franchise de films (9 à ce jour, réalisés entre 1999 et 2011), le personnage de Tomie offre à Ito un canevas narratif de base qui va lui inspirer toutes une série de variations, souvent très inspirées, au cours des 20 récits qu'il lui a dédiés entre 1987 et 2000. Tomie se construit au croisement de 2 thématiques de body-horror chères à Ito, soit celle de la prolifération organique (le pouvoir de régénération et de reproductibilité infini de Tomie), et celle de l'apparence physique (avec l'ambivalence beauté / laideur) et son impact démesuré sur les rapports humains.
On peut voir une critique féministe assez radicale en ces hommes réduits à des instincts sexuels irrépressibles face à un spectre féminin devenu à jamais pur objet de convoitise.
Une œuvre majeure de Ito et plus largement de la Japan horror!
Le maître viendra-t-il un jour parachever le monument avec la conclusion qui semble s'imposer pour un tel personnage : celle où Tomie, avec sa dissémination exponentielle, aura fini d'envahir le Japon, voire le monde, plongeant l'humanité dans le chaos?

Gyo
7

Gyo (2001)

Gyo: Ugomeku Bukimi

Sortie : 31 mai 2006 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Publié entre 2001 et 2002, "Gyo" ("poisson" en japonais) est sans doute la seconde œuvre la plus connue de Ito après "Spirale". Il s'agit également d'un de ses récits les plus longs (paru en 2 recueils en son temps chez Tonkam). Cette renommée est d'ailleurs méritée selon moi ; il s'agit sans aucun doute d'un des sommets du maître (et plus largement de l'horreur japonaise), mêlant habilement manga catastrophe et body-horror. Le récit est tenu, cohérent et consistant sur la longueur (ce qui est d'autant plus notable que ce n'est pas toujours systématique chez Ito), le dessin est parfait, on sent que Ito maîtrise tout à fait son art à cette date et qu'il s'est véritablement appliqué! Au travers de ce déferlement de "poissons sur pattes" sur tout le Japon, Ito nous conte le parcours morbide d'un couple face à la catastrophe. Les pistes avancées pour "expliquer" les événements sont plutôt intéressantes et originales.
Le 2e tome du manga s'achève sur 2 histoires de valeur; la 1ere, "la triste histoire d'un père de famille" est assez brève et un exemple assez réussi "d'horreur humoristique", Ito se moquant gentiment de sa tendance à ne pas toujours fournir de véritables explications aux événements horrifiques de ses histoires.
La 2e histoire courte, "l'énigme de la faille d'Amigara" est, là encore, l'une des plus célèbres de Ito (surtout parmi le public anglo-saxon ai-je l'impression) ; un mouvement de terrain révèle de drôles de formes humaines creusées à même la roche d'une montagne, et certaines personnes se sentent inexplicablement attirés par ces formes...Une bonne idée de départ + une conclusion frappante = une excellente histoire du maîtrise qui finit de faire de ce "Gyo" une œuvre tout à fait indispensable pour tout amateur de Ito qui se respecte!

Le Tunnel
7.4

Le Tunnel (2013)

伊藤潤二恐怖マンガCollection

Sortie : janvier 2013 (France).

Manga de Junji Ito

Tibulle85 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Ce recueil brille surtout par son homogénéité dans l'excellence: sans être nécessairement des chefs-d’œuvre pris individuellement, les 5 histoires qui le composent sont en effet de très bon niveau (la fin des années 1990 est une période exceptionnelle en matière de productivité pour Junji Ito!); la lecture est donc pour le moins gratifiante tout du long!
- "De longs rêves" (1997): le recueil s'ouvre par une histoire réussie, plus "poétique" que véritablement terrifiante, d'inspiration lovecraftienne (un malade dans un hôpital fait des rêves qui lui semblent durer de plus en plus longtemps...); seul regret: Junji Ito ajoute à sa trame principale des développements autour d'un médecin et d'une autre malade qui n'étaient pas vraiment nécessaires.
- "Le tunnel" (1997): un tunnel mystérieux où les gens disparaissent sans laisser la moindre trace; histoire classique dans l'ensemble ms très bien menée. La conclusion est satisfaisante.
- "Le buste de bronze" (1995): pas vraiment une histoire d'horreur, mais relevant plutôt de l'éro-guro (érotisme grotesque japonais), qui tourne autour de statues fabriquées à partir d'êtres humains vivants. Très distrayante! (même si ce n'est pas forcément ce qu'on recherche en priorité chez Junji Ito)
- "Les noiraudes" (1997): sans doute l'histoire qui avait le plus de potentiel du recueil, mais qui laisse cependant un petit sentiment d'inachevé (un peu comme pour le récit "les épouvantails" de 1991); Junji Ito part d'un concept hyper-poétique et inspiré: et si nos pensées les plus inavouables (et donc refoulées) se retrouvaient dans la nature sous forme de "noiraudes", des petites boules noires toutes poilues (un peu comme celles de Mon Voisin Totoro...)? Malheureusement, j'ai trouvé que les développements n'étaient pas forcément à la hauteur de leur prémisse.
- "L'histoire sanglante du village de Shirosuna" (1997): le recueil se conclut sur une autre histoire d'inspiration lovecraftienne, très réussie ai-je trouvé; un médecin arrive dans un village plus que bizarre où tous les habitants semblent frappés d'une anémie carabinée...J'adore personnellement les histoires qui se concluent "en boucle" comme celle-là (on se retrouve dans la même situation, au même stade, à la fin qu'au tout début de l'histoire); la malédiction garde un peu de son mystère à la fin, mais ça ne fait que rajouter pour moi à l'excellente ambiance de l'histoire. Junji Ito en profite pour laisser libre cours à une de ses passions: dessiner des geysers de sang!

La Femme limace
7.3

La Femme limace (1998)

Namekuji no Shōjo: Junji Itō Kyōfu Manga Collection

Sortie : 9 septembre 2009 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un recueil extrêmement solide de Ito, recelant quelques-unes de ses histoires les plus iconiques! A lire les yeux fermés!
- "La femme limace" (1994): la métamorphose de Kafka...version limace. Un court récit fascinant de transformation organique comme Ito les maîtrise si bien.
- "L'épave" (1995): un monument de poétique macabre. Sans véritable explicitation, une pure vision horrifique aux accents lovecraftiens (je ne résume pas ce récit relativement court pour vous garder toute la surprise de la découverte).
- "Moisissures" (1991): j'adore cette histoire, relativement précoce dans la carrière de Ito et incontestablement un de ses tous premiers chefs-d'oeuvre; un homme loue sa maison à un professeur, mais va avoir à son retour une bien mauvaise surprise...Ito parvient à merveille à transmettre au lecteur via son dessin et sa mise en page une sensation de pourrissement organique et de décomposition, qui met véritablement mal à l'aise.
- "Frissons de froid" (1991): un récit au déroulé assez étrange, autour d'une étrange malédiction. Sympatoche! Le tout reste surtout en mémoire pour les effets assez "particuliers" de la malédiction qui s'abat sur les personnages...
"L'auberge" (1991): histoire d'horreur "grotesque" - oscillant entre effets comiques et horrifiques -, qui fait un peu penser au "Jigoku" (1960) du réalisateur Nobuo Nakagawa par son imagerie. Un homme décide subitement d'ouvrir une auberge avec de bien drôles de clients.
- "La tuyauterie gémissante" (1993): une autre des gemmes de ce recueil, qui brode autour du thème de l'obsession de la propreté et d'une claustrophobie radicale (toute Ito-ienne) relative au passage de corps massifs dans des espaces très très étroits (on pense bien entendu également à la fameuse histoire "Le mystère de la faille d'Amigara" de 2002).
- "La maison bio" (1987): une des toutes premières histoires de Ito, très grotesque dans ses effets mais aussi très oubliable (plus une curiosité qu'autre chose pour les amateurs du mangaka).

Fragments of Horror
7.5

Fragments of Horror (2014)

Ma no Kakera

Sortie : 2014 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

(Oeuvre uniquement disponible en anglais)
Ito revient aux courtes histoires horrifiques en 2014 après une interruption de 8 ans. Force est de constater que le maître n'a pas perdu sa patte (un dessin fin et élancé comme jamais) et qu'il est même en grande forme! Il revisite tous les sous-genres qui ont fait sa renommée (body-horror, horreur psychologique, grotesque, horreur poétique, etc.).
-"Futon": une entrée en matière pour le moins épicée, avec un copain volage qui se retranche sous son futon en proie à des apparitions démoniaques. Bien sympa avec de belles planches horrifiques, très bien composées!
-"Wooden spirit": une femme étrange tombe "sous le charme" d'une maison avec des conséquences pour le moins surprenantes. Avec Ito, les situations "pourrissent" littéralement jusqu'à nous faire pénétrer dans une ambiance totalement cauchemardesque.
-"Tomio - Red Turtleneck": le couple de la première histoire se retrouve encore dans la mouise après que le mec a encore été couché à droite et à gauche! (dommage que Ito ne se soit pas lancé dans toute une série sur ce thème, ça aurait été drôle!); cette histoire est surtout frappante par la "mésaventure anatomique" pour le moins stressante qui tombe sur notre protagoniste. Histoire extrêmement plaisante.
-"Gentle goodbye": après "Mes ancêtres", Ito revient au thème de la succession familiale des générations. La construction de cette histoire "de revenants" est plutôt habile, même si elle se fait au prix d'une certaine incohérence.
-"Dissection-chan": l'histoire qui m'a mis le plus mal à l'aise du recueil (dans le meilleur sens du terme); si vous n'étiez pas fan des dissections d'animaux au collège-lycée, vous allez être servis ici! Le récit est par ailleurs bien mené, avec un final horrifico-grotesque des plus marquants.
-"Blackbird": peut-être la meilleure histoire du recueil, avec une bonne grosse révélation des familles à la fin qui va vous glacer le sang!
-"Magami Nanakuse": histoire la plus bizarroïde (et dispensable?) du recueil, dans ce style grotesque que Ito apprécie tellement, avec un mélange des tons pour le moins dérangeant (on ne sait jamais trop si on doit rigoler ou s'inquiéter). La conclusion est tout du moins marquante.
-"Whispering woman": histoire d'horreur psychologique pour le moins intrigante, avec une "auxiliaire de vie" qui murmure à l'oreille d'une jeune fille affectée par une aboulie sévère et pathologique. On voit venir la conclusion à 10 km mais l'ensemble est plutôt bien mené.

La Déchéance d'un homme, tome 1
7.6

La Déchéance d'un homme, tome 1 (2017)

Ningen Shikkaku

Sortie : 17 mars 2021 (France).

Manga de Osamu Dazai et Junji Itō

Tibulle85 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

(En 3 tomes aux éditions Tonkam)(8,5/10) Adaptant très librement le célèbre roman d'Osamu Dazai, la version de Junji Ito se révèle une sorte de porte d'entrée parfaite dans la propre œuvre de ce dernier, celle-ci ayant une forte dimension méta et quasi-rétrospective, avec la remobilisation (notamment visuelles) de nombreux éléments de l'imaginaire horrifique de Ito.
Ito semble véritablement comme un poisson dans l'eau à développer cet univers ironique, pessimiste et fortement sexualisé (élément jusque-là pas tellement présent dans son oeuvre, et finalement même pas tellement présent dans l'oeuvre originelle), au point que son adaptation a souvent des allures d'évidence (comme pour Frankenstein, je crois me souvenir que cette adaptation lui a été suggérée par son éditeur, et qu'il n'avait pas lu le roman avant ce projet! Toutefois, cette adaptation est cette fois-ci beaucoup plus personnelle et libre, ce qui n'est clairement pas plus mal).
Sous la plume de Ito, le héros de la déchéance d'un homme se fait en quelque sorte le pendant masculin de Tomie, exerçant sur les femmes une attraction érotique quasiment magnétique et les entraînant systématiquement dans de sidérantes spirales auto-destructrices. La déchéance du héros se nourrit ainsi de la déchéance concomitante de ses nombreuses conquêtes. Toutefois, contrairement à Tomie, le manga se double d'une introspection psychologique du personnage principal, qui semblera constamment déphasé et dépassé par les conséquences néfastes qu'entraînera son comportement (parfois), mais aussi quasiment sa simple présence "maudite".

Les Cauchemars de Mimi
7.3

Les Cauchemars de Mimi (2023)

Mimi no kaidan

Sortie : 25 octobre 2023.

Manga de Junji Itō, Hirokatsu Kihara et Ichirô Nakayama

Tibulle85 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Zone fantôme
7.1

Zone fantôme (2020)

Genkai Chitai

Sortie : 17 août 2022 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(Lu en japonais, paru en 2022 en France chez Mangetsu)
Ce recueil tout récent ("Genkai chitai" de son titre original, aussi connu sous le titre "The Liminal Zone" en anglais), publié début 2021 au Japon, se pose d'ores et déjà comme un incontournable parmi la production de ces dernières années de Junji Ito. Les 4 histoires proposées ici ont été publiées sur un site de manga en ligne, ce qui a notamment donné à Ito de la flexibilité sur le nombre de pages (comme il l'explique dans la postface) et lui a permis, une fois n'est pas coutume, de développer ses récits autant qu'il le souhaitait; et cela se ressent vraiment au final: alors que le maître nous a souvent habitué à des récits courts qui se finissaient un peu abruptement (voire in medias res), ou bien en nous laissant dans le flou sur certains éléments du scénario, ici, au contraire, la narration n'a jamais semblé aussi aérée, posée et explicative (au risque même de l'être trop par endroits...). Rajoutons à cela que le dessin du maître est ici de toute beauté, faisant preuve d'une maîtrise qui dénote fortement par rapport à ses plus anciens recueils (que de progrès sur ce point durant sa carrière!).

Les 4 histoires, très diverses et mêlant comme d'habitude allégrement horreur la plus pure et éléments grotesques, nous ferons visiter:
- un village des plus mystérieux peuplé de "pleureuses" (nakimezaka - litt. "la colline des pleureuses") - sans doute la toute meilleure histoire du recueil;
- un lycée catholique ultra-rigoriste aux activités suspectes (Madonna, transcrit en japonais "la femme à la colère démoniaque", tout un programme!);
- la fameuse "forêt du suicide" sur le mont Fuji, à la rencontre d'esprits facétieux (aokigahara no reiryuu, litt. "le flot des esprits de aokigahara");
- et enfin l'esprit dérangé d'un tueur en série aux capacités hors-du-commun (madoromi, litt. "dodo") - pour ce qui est sans doute, à l'inverse, l'histoire la plus anecdotique et oubliable du recueil.

Zone fantôme, tome 2
7.3

Zone fantôme, tome 2 (2023)

Gentai Chikai

Sortie : 3 mai 2023 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Le Mort Amoureux
7.2

Le Mort Amoureux (2013)

死びとの恋わずらい

Sortie : 5 juin 2013 (France).

Manga de Junji Ito

Tibulle85 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Le recueil (composé en 1996) constitue une histoire complète: l'action se déroule dans une ville chelou où les jeunes filles ont pour habitude, quand elles doivent prendre une décision, d'aller demander la bonne aventure à un passant interpelé au hasard dans la rue. Mais les choses commencent à mal tourner quand des jeunes filles se suicident suite à leur rencontre avec un très beau jeune homme distribuant de mauvais présages...
J'aime personnellement beaucoup ce recueil à l'ambiance bien particulière et très travaillée, qui prend son temps pour s'installer. Ito parvient à bien développer son fil narratif, de chapitre en chapitre, de façon fluide. Le tout est donc très recommandable, même s'il n'est pas forcément représentatif du style habituel du mangaka, qui a ici de toute évidence tenté (et réussi) quelque chose se démarquant de sa production habituelle (avec une horreur plus psychologique et un peu moins frontale).

Rémina : La Planète de l'Enfer
6.9

Rémina : La Planète de l'Enfer (2005)

Jigokusei Remina

Sortie : 9 janvier 2008 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Sorti en 2005 au Japon, un recueil que j'ai étonnamment beaucoup plus apprécié en 2e lecture qu'en 1ere. Cela est sans doute dû au fait que Ito prend ici son lecteur par surprise en l'entraînant, avec ce "Rémina, la planète de l'enfer", dans une histoire continue assez loin de ses bases habituelles, soit la SF apocalyptico-cosmique: une planète des plus étranges s'approche à toute vitesse de la terre, faisant disparaître tous les astres qui se retrouvent sur sa route...Récit de fin du monde qui m'a évoqué notamment "l'étoile mystérieuse" de Tintin avec ses mouvements de foule totalement irrationnels, Ito nous y offre en outre des scènes horrifiques véritablement dantesques en jouant sur l'horrible apparence de la planète Rémina et de sa surface d'astre maudit (où Ito enverra d'ailleurs certains de ses protagonistes en exploration). Les tous derniers chapitres tombent cependant dans ce registre grotesque paroxystique que Ito affectionne tant (les séquences "de vol", la conclusion): le tout n'est pas détestable, on apprécie ou pas, mais n'atteint de toute évidence pas les sommets des chapitres qui précèdent.
Le recueil se conclut par une histoire courte marquante, "Des milliards de solitudes", qui marque par son concept aussi horrifique que graphique (des cadavres retrouvés nus littéralement cousus les uns aux autres); si Ito, comme parfois, se retrouve un peu en peine d'exploiter à son plein sa géniale idée de départ (qui évoque à certains égards sa fameuse histoire "les ballons aux pendus"), il est tout du moins parvenu dès les premières planches à plonger le lecteur dans un profond malaise...

Les Fruits sanglants
6.6

Les Fruits sanglants (1998)

Ketsugyokuju: Junji Itō Kyōfu Manga Collection

Sortie : 6 janvier 2010 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10.

Annotation :

Un recueil solide de Junji Ito, composé de 7 histoires réalisées entre 1988 et 1993. Aucune histoire vraiment faiblarde, le tout se lit avec plaisir du début à la fin. 3 récits très réussis se détachent: "Le testament", "Le pont" et "Dans la même salle".
- "Les fruits sanglants" (1993), dont sont tirés le titre du recueil et l'illustration de couverture (avec un gros spoil au passage. lol): une histoire de vampirisme à la sauce Ito, qui marque surtout par son traitement esthétique assez inédit du sujet (les arbres de sang!). L'histoire aurait pu néanmoins aller un tout petit peu plus droit au but.
- "L'épreuve du dédale" (1990): des jeunes filles se retrouvent catapultées au sein d'une secte ascétique des plus étranges. Mais alors que tous les éléments étaient mis en place, en refusant de verser totalement dans le fantastique, le récit, j'ai trouvé, déçoit quelque peu ; même si son climax conclusif est effectivement assez marquant et dérangeant, il reste toutefois trop terre à terre pour vraiment retourner le cerveau du lecteur.
- "L'épée de réanimation" (1989): le récit le plus anecdotique du recueil (mais qui reste sympatoche), où Ito s'essaie à une espèce de dark fantasy, qui fait un peu penser à Highlander par exemple.
- "Le testament" (1992): un des sommets du recueil ; une histoire de revenantes, moins classique qu'elle n'en a l'air, puisque Ito parvient à mêler à l'aspect purement horrifique (réussi) une dimension enquête, avec un retournement final bien amené. Une réussite.
- "Le pont" (1991): des spectres inhumés d'une manière, disons, particulière, reviennent pour emmener dans l'autre monde une vieille mamie. Thème classique, mas contexte sympa. Le récit bénéficie d'une structure narrative intéressante avec une boucle temporelle en son milieu qui donne une atmosphère onirique bienvenue.
- "Logique diabolique" (1988): un récit qui part d'une hypothèse vraiment cool ("et si quelqu'un parvenait à démontrer à tous les coups que la mort est préférable à la vie et nous convainquait de nous suicider sur le champ") mais qui ne parvient pas vraiment à transcender son postulat de départ (simplement à l'exposer correctement).
- "Dans la même salle" (date?): dès qu'il s'attaque au milieu médical, Ito excelle à nous donner les chocottes (Tomié, Spirale et tant d'autres). Le récit est bien construit et très efficace dans ses effets horrifiques. On reste marqué par l'apparence particulièrement peu ragoutante de la créature et sa façon d'étendre son "emprise".

Le Journal des chats de Junji Ito
7.1

Le Journal des chats de Junji Ito (2009)

Itō Junji no Neko Nikki Yon & Mū

Sortie : 21 octobre 2015 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10.

Annotation :

Quand Junji Ito s'essaye à la comédie, et surtout à un des types de comédies les plus éculées (et généralement très irritantes), "les comédies de chats"...eh bien, surprise, le résultat est des plus appréciables! Ito mobilise ses codes horrifiques habituels pour les appliquer à sa vie quotidienne, et le décalage fait souvent mouche, avec sa compagne et des chats décrits tout du long comme de véritables êtres maléfiques (même si l'auteur parvient également bien à faire comprendre toute la sympathie qu'il a réellement pour eux). Une curiosité dans la carrière de Junji Ito, même si l'on savait déjà - au travers des courts récits du genre "grotesque" qui parsèment son oeuvre - que l'auteur avait un humour bien à lui.

La Ville sans rue
6.9

La Ville sans rue (2011)

Michi no nai machi

Sortie : 16 mars 2011 (France).

Manga de Junji Ito

Tibulle85 a mis 8/10.

Annotation :

Un recueil du maître Ito que j'ai relu avec plaisir, constitué d'histoires publiées entre 1990 et 1993, au niveau relativement homogène et au dessin maîtrisé dans l'ensemble. L'ensemble se distingue en revanche par une dimension horrifique relativement peu affirmée, les histoires allant plutôt chercher du côté de "l'absurde hallucinatoire" ("la ville sans rue", "la ville aux plans"), voire d'une véritable "horreur abstraite" pour la première citée, ou encore du côté de la "dark fantasy" ("le village aux sirènes", "le nouvel élève [...]").
- "La ville sans rue" (1992): le recueil s'ouvre sur son histoire la plus intrigante (et la plus réussie), sorte de délire abstrait et paranoïaque autour de l'idée d'effacement progressif de la vie privée; après un début assez "classique", le tout prend rapidement un tournant étonnant pour s'achever dans la fameuse "ville sans rue", tout ce qu'il y a de cauchemardesque.
- "On a frôlé la catastrophe" (1993): histoire de "vaisseau fantôme" archi-classique. Sympatoche mais ne restera clairement pas dans les annales.
- "La ville aux plans" (1993): concept de départ excellent que cette bourgade dont les habitants perdent totalement le sens de l'orientation, autour d'une histoire de trésor caché et légendaire. Une conclusion plutôt réussie, en plein climax, bien qu'attendue.
- "Le village aux sirènes" (1990): culte lovecraftien et ésotérisme noir au programme de cette histoire courte plaisante, même si Ito fera bien mieux au cours de sa carrière (cf. par exemple "l'histoire sanglante du village de Shirosuna") et que le déroulé de l'ensemble semble trop classique.
- "Le nouvel élève aux dons surnaturels" (1993): histoire la plus "légère" du recueil mais très bien menée dans l'ensemble ; on aurait aimé en apprendre davantage sur l'origine et les motivations de ce garçon bien étrange qui perturbe la tranquillité d'une petite bourgade.

Le Mystère de la chair
7

Le Mystère de la chair (1997)

Niku-iro no Kai

Sortie : 18 juin 2008 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10.

Annotation :

Un recueil solide de Ito, compilant des histoires écrites entre 1988 et 1994. Par contre, une des couvertures les plus moches de toute la collection...
- "La chevelure sous le toit" (1988): si le thème des cheveux maléfiques n'est pas tout à fait neuf (pensons par exemple à un des segments de Kwaidan de Kobayashi, 1964), cette petite histoire horrifique est ma foi fort bien menée, avec un dessin honnête pour une histoire aussi ancienne.
- "L'accord" (1993): une autre histoire de revenant(e) tout à fait solide dans son exposition et son déroulé. Classique mais réussi!
- "Le guêpier" (1991): un hobby bizarre que de collectionner les nids de guêpes! (de quoi déjà mettre mal à l'aise quand on n'est pas fan des bestioles...); Ito brode là-dessus une histoire bien glauque et somme toute convaincante.
- "Les éphémères" (1991): une histoire morbide à la tonalité poétique comme Ito sait (si bien!) en faire à l'occasion; on en vient même à regretter que Ito ait décidé de rajouter, à son très beau postulat de base (des jeunes deviennent soudainement de plus en plus belles, jusqu'à rencontrer un destin funeste), une dimension "slasher" dans la 2e moitié, qui n'était pas forcément nécessaire et qui n'est d'ailleurs pas forcément très bien gérée.
- "Les statues sans tête" (1995): une histoire horrifique, tirant là aussi vers le slasher, tout à fait frontale (on voit venir à des kms le déroulé du récit une fois que nous sont présentées les fameuses statues sans tête...). Le récit est donc sans grand génie, mais le tout est bien exécuté et fait son petit effet sur le lecteur.
- "Le mystère de la chair" (1994): l'histoire la plus longue du recueil, mêlant horreur et grotesque en un équilibre satisfaisant, avec néanmoins quelques maladresses et facilités de scénario; sans spolier le déroulé, le tout semble (très) lourdement inspiré de Hellraiser (le premier film de Clive Barker remonte à 1987...).

Frankenstein
7.2

Frankenstein (1999)

Frankenstein: Junji Ito Kyōfu Manga Collection

Sortie : 12 février 2014 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(7/10 pour l'adaptation en elle-même + 1 si vous êtes un amateur de l’œuvre originale) Cette adaptation de Frankenstein par Junji Ito lui a été commandée par son éditeur et publiée en 1994; loin d'être une de ses œuvres les plus personnelles, elle surprend au contraire par sa très grande fidélité et par l'application (d'aucuns diraient quasi scolaire) avec laquelle le maître de l'horreur nippon a couché en manga le chef-d’œuvre de Mary Shelley.
Le tout fait néanmoins son petit effet avec sa créature vraiment répugnante et à l'allure terrifiante; on se laisse une nouvelle fois submerger par la puissance archétypale de ce drame gothico-morbide, que le style de Ito retranscrit à merveille (d'autant plus que le dessin de l'auteur est alors en train d'arriver à maturité).
Le recueil de Tonkam se conclut par 3 petites historiettes de factures extrêmement diverses. La première, "Les funérailles des poupées infernales" (1998) est un pur et délicieux concentré des thématiques de Junji Ito en seulement 6 pages avec ces petites filles qui se transforment en abominables poupées...lovecraftiennes. Les 2 suivantes sont de courtes histoires humoristiques où Junji Ito se met en scène lui-même, nous narrant une anecdote grotesque et pathétique de son enfance ("Souvenir des crottes réalistes", 1997), avant d'avoir affaire dans sa "Postface" à la terrible Tomié qui lui reproche de n'avoir jamais été capable de faire honneur à sa beauté en la dessinant!
Compléments édition Mangetsu: l'histoire courte "ganmen kotei" (litt. "la fixation du visage") est aussi absurde (une machine dentaire qui immobilise le patient...par les oreilles) que réussie, parvenant tout à fait à nous faire ressentir la détresse de sa protagoniste. Les deux histoires de "Non-non", espèce de pendant canin au fameux "Journal des chats" de l'auteur, sont par contre totalement anecdotiques (voire totalement sans intérêt). On sent qu'il s'agit sans doute là d'une commande qui n'aura guère inspiré Ito pour le coup...

Voices in the Dark 2
7.1

Voices in the Dark 2 (2004)

Shin Yami no Koe: Kaidan

Sortie : 13 octobre 2004 (Japon).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Second volume des "Voices in the dark", compilées par Viz dans une (belle) intégrale en anglais sous le titre de Smashed (cf. également critique du premier volume).
J'ai trouvé ce volume plus plaisant dans l'ensemble que le premier, même si globalement il en partage à peu près les mêmes qualités et défauts: une qualité relativement homogène, mais des récits dans l'ensemble pas toujours hyper-inspirés (en regard de la production passée de l'auteur) et évoquant parfois directement des histoires plus anciennes. Pas de chef-d’œuvre horrifique absolu à signaler ici.
- "The Mystery of the Haunted house: Soichi's version": suite directe d'une histoire du précédent volume mettant en scène Soïchi adulte et son affreux rejeton ; à bien des égards, il s'agit carrément d'une réécriture plus réussie de l'histoire précédente, mettant en scène comme héroïne la cousine blonde de Soichi. On apprécie le véritable virage (sombre) que semble prendre Ito vis-à-vis de son personnage emblématique, mais la conclusion est à cet égard assez décevante sans doute, se contentant de revenir, par une pirouette narrative pour le moins cliché, à du déjà-connu.
- "Soichi's Beloved Pet": 3e et dernière aventure de Soïchi de ces volumes, et sans doute l'une des plus réussies pour ce personnage toutes histoires confondues. Ito en profite pour mettre en scène ces chats qu'il aime/déteste tant!
- "In Mirror Valley": un récit intéressant, à la conclusion "cassante", même s'il souffre d'un rythme un peu trop pépère. A l'instar de "Roar", Ito adore vraiment les petits villages maudits au cœur des montagnes!
- "I don't want to be a ghost": une histoire intéressante, et par certains aspects assez dérangeante (vous verrez) sur une mangeuse de spectres (miam!).
- "Library vision": une bonne histoire (l'une des meilleures des deux recueils) d'horreur psychologique où une bibliothèque héritée de son père déviant va peu à peu rendre fou son possesseur. On devine une dimension allégorique ici, sur la condition de lecteur, que n'aurait pas renié un Borges.
- "Splendid Shadow Song": un concept de base intéressant avec une chanson maudite qui évoque l'histoire "Le vieux disque" (1990), mais qui perd en efficacité à être trop explicative et à trop s'étirer.
- "Smashed": concept génial (extrêmement graphique!) et récit qui, une fois n'est pas coutume, aurait gagné à être un peu développé. On ne saura pas au final quelle stratégie aurait permis d'échapper à cette flippante menace venue du ciel...

Voices in the Dark
6.9

Voices in the Dark (2002)

Yami no Koe

Sortie : 13 juin 2002 (Japon).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Les 2 tomes des "Voices in the dark", recueils des années 2000, ont été compilés en un seul gros volume chez l'éditeur Viz, sous le titre "Smashed" (choix tout de même étrange...), en anglais donc (on peut toujours se brosser je pense pour avoir ces recueils chez nous en français un jour...).
Si ce premier tome n'est pas mauvais à proprement parler, on ne peut pas non plus dire que ce soit un indispensable. Le maître y semble quelque peu à court d'inspiration, la plupart des histoires sonnant un peu comme des redites d'histoires plus anciennes...
- "Blood slurping darkness": si l'image de chauve-souris faisant office de circulation sanguine entre les parties d'un corps démembré est frappante, la nouvelle fait beaucoup trop penser, dans sa structure (mais avec des guêpes), à l'histoire "le guêpier" du tout début des années 1990.
- "The Ghost of golden time": des comiques utilisent des esprits pour chatouiller les gens, parfois jusqu'à la mort...Une histoire peu marquante.
- "Roar of ages": une histoire dans un coin paumé du Japon comme l'auteur les affectionne. Si le récit n'est pas mal en soi (fait tout de même beaucoup penser au "Pont" de 1991), il s'appuie sur une coïncidence familiale bien peu vraisemblable.
- "The secret of the haunted mansion": le grand retour de Soïchi, mais adulte, et désormais père de famille (!); si le récit en lui-même est bien mal rythmé et peu captivant, le fils de Soïchi est incontestablement une des créatures les plus flippantes de la carrière du maître! (l'histoire se prolonge dans le second volume des "Voices in the dark").
- "Glyceride": une nouvelle famille bien tordue, le tout mixé avec l'obsession d'Ito pour la prolifération de substances gluantes (ici de la graisse / huile de barbecue). Le déroulé est sympathique, mais fait beaucoup penser à "Moisissures" (encore de 1991), en beaucoup moins frappant, notamment dans sa conclusion.
- "The Earthbound": une malédiction morale plutôt fade, qui évoque une nouvelle fois de nombreuses œuvres précédentes, et conclue par une nouvelle grosse coïncidence bien peu vraisemblable (décidément...).
- "Dead man calling": une histoire "d'esprit de vivant" (de corps astral) sympathique mais sans plus.

La Maison de poupées
7.1

La Maison de poupées (1998)

Ayatsuri Yashiki: Junji Itō Kyōfu Manga Collection

Sortie : 13 octobre 2010 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 7/10.

Annotation :

Un recueil honnête du maître Ito. Pas d'histoire véritablement ratée (L'homme aux cadeaux?) mais pas non plus d'incontournables dans le lot (peut-être La Chambre du sommeil, et encore...). Ce n'est donc pas le tome vers lequel je dirigerais quelqu'un souhaitant découvrir l’œuvre du mangaka.
- "Ice cream bus" (1993): histoire sympa (on dirait le scénario d'un film US de série B horrifique des années 80 avec son marchand de glace démoniaque), mais qui manque de contextualisation à mon goût. Le déroulé est ultra-prévisible. Ito parvient bien néanmoins à retranscrire le "poisseux" de la glace fondue.
- "La maison des camarades" (1993): cette histoire fait un peu penser, avec son sérieux et sa référence à l'histoire du Japon, à l'histoire "la maison au déserteur" de 1990 (cf. infra). Le tout se lit sans déplaisir. La conclusion est cependant des plus "tirées par les cheveux" (ou plutôt par la tête pour ceux qui auront lu cette histoire) et un peu abrupte.
- "Tabagie" (1991): un peu comme dans "les fruits sanglants" par exemple, on sent que Ito a construit cette histoire en partant d'une image marquante (ici cette fumée étrange qui sort par tous les trous de la tête); malheureusement, Ito ne semble pas savoir trop quoi raconter à partir de ce postulat de départ...
- "Le vieux disque" (1990): une histoire bien sympa, autour d'un enregistrement d'une "chanson d'outre-tombe" qui rend immédiatement accrocs ceux qui l'écoutent. Peut-être la narration ne va-t-elle pas assez droit au but cependant, avec des péripéties pas forcément très utiles.
- "La chambre du sommeil" (1988): une excellente histoire des débuts de carrière de Ito où l'auteur joue sur l'existence de deux mondes parallèles d'une façon "originale" (je n'en dis pas plus pour ne pas effeuiller la surprise du lecteur); de la "body-horror" comme Ito la maîtrise si bien.
- "L'homme aux cadeaux" (1991): une histoire à la structure narrative complètement fouillie et alambiquée; Ito se cherche tout du long sans parvenir à proposer un récit vraiment cohérent et intéressant (les deux fils narratifs autour de l'hypnotiseur et des poupées maudites se marrient au final assez mal).
- "La maison de poupées" (1991): une histoire au thème (un ancien marionnettiste semble avoir choisi de devenir lui-même et de vivre comme une marionnette!!!) et à la structure intéressante. Cpdt, l'élucidation est quelque peu décevante, car trop attendue et classique. Il y avait peut-être encore mieux à tirer de ce point de départ.

Sensor
6.7

Sensor (2018)

Muma no Kikō

Sortie : 1 septembre 2021 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Sans être un chef-d'œuvre, ce "Sensor", œuvre toute récente de Ito (2019), satisfera à n'en pas douter tous les amateurs du mangaka, même si on a l'impression tout du long d'être sans doute un peu trop en territoire balisé. Rares sont les chapitres qui ne nous évoquent pas fortement certains travaux précédents du maître. Mais cette dimension auto-réferentielle fera j'imagine de ce "Sensor" une très bonne porte d'entrée pour les lecteurs moins familiers que moi de l'auteur. Nous avons affaire ici à un récit continu, mais imaginé/écrit par Ito en continuelle improvisation au fur et à mesure des chapitres, donnant à l'ensemble un côté aussi décousu qu'imprévisible. Ito est d'ailleurs familier de l'exercice ("Hallucinations", "Le mort amoureux", "Black Paradox", etc.). Si le récit d'ensemble ne m'a pas emballé plus que ça, certains chapitres tirent toutefois leur épingle du lot, notamment le chapitre 4 avec ses insectes aussi ito-ien que terrifiant, ou encore le chapitre 5 avec son réseau horrifico-routier qui ne pouvait que me plaire. Les "cheveux de Pelée" qui servent un peu de fil conducteur à l'ensemble sont également l'occasion de très belles cases, laissant libre cours à cette "horreur poétique" à laquelle je suis si sensible chez Ito.

Hallucinations
7

Hallucinations (1998)

Kubi Gensō: Junji Itō Kyōfu Manga Collection

Sortie : 21 juillet 2010 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 7/10.

Annotation :

Les histoires de ce recueil ont pour point commun un même protagoniste principal, un jeune homme du nom de Oshikiri...mais c'est à peu près tout. En effet, le lien entre les différentes histoires reste des plus ténus, hormis le fait que plusieurs des histoires tournent autour de l'espèce de manoir dans lequel habite notre héros (on est donc bien loin de la cohérence d'un recueil comme "Le mort amoureux", cf. supra). Constitué d'histoires écrites entre 1989 et 1993, le recueil n'est pas mauvais en soi, bien qu'extrêmement inégal. On entre dans le domaine des recueils de Junji Ito que je ne conseillerais qu'aux lecteurs accrochant particulièrement aux travaux de l'auteur.
- "Hallucinations" (1989): un récit étrange (et un peu foutraque) dans son déroulé, où le héros semble commencer à dérailler, pensant voir les cous des gens qu'il côtoie s'allonger...Le trait de Junji Ito n'est pas encore des plus maîtrisés.
- "La mare aux esprits vengeurs" (1990): sans doute l'histoire la plus fade du recueil; le dessin s'améliore un peu mais n'est toujours pas au top, tandis que l'histoire en elle-même s'avère peu palpitante (autour d'une mare hantée par des esprits).
- "Les correspondantes" (1991): de l'horreur psychologique au déroulé assez surprenant (Oshikiri fait la connaissance d'une jeune fille qui semble très influencée par l'avis de jeunes filles avec lesquelles elle entretient une correspondance); une histoire que j'ai appréciée.
- "L'intrus" (1991): Oshikiri se lie avec des djeuns' passionnés de paranormal ; mais quand il va les emmener dans son manoir, ils vont faire une découverte des plus dérangeantes (je ne spoile pas pour vous garder le suspense) ; le dessin connaît un coup de mieux par rapport aux autres histoires chronologiquement plus anciennes. Histoire pas mal, qui tient la route.
- "Une étrange histoire d'Oshikiri" (1992): rebondissant sur un élément découvert dans l'histoire précédente (une histoire de dimensions multiples et de doubles), cette histoire déçoit par un scénario en roue libre totalement déstructuré et tiré par les cheveux (faire des histoires fantastiques ne dispense pas de proposer des histoires cohérentes...). Sans doute l'histoire la plus faible du recueil.
- "Les murs" (1993): cette histoire conclusive, beaucoup plus cohérente que la précédente, vient clore agréablement le recueil. La révélation finale m'a quelque peu glacé le sang, donc mission accomplie (faut être fou pour habiter dans un manoir pareil...).

Le Journal maudit de Soïchi
7

Le Journal maudit de Soïchi (2009)

Sōichi no Noroi no Nikki: Junji Itō Kyōfu Manga Collection

Sortie : mars 2009 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Suite et fin des aventures de Soïchi, à travers 4 récits publiés en 1995. Si le premier tome ("le journal de Soïchi", cf. critique infra) laissait assez froid, ce second volume relève la barre. Si la première histoire constitue en quelque sorte une piqure de rappel sur les personnages et leur contexte, le recueil enchaîne ensuite sur des récits plus intéressants et ambivalents, aux points de départ accrocheurs: le récit sur l'isolement acoustique d'une chambre fait ainsi vraiment mouche, en allant jusqu'au bout du concept et en trouvant un équilibre intéressant entre événements étranges et conséquences plus comiques qu'autre chose; même chose pour l'histoire "le cercueil" qui nous présente un revenant enchaîné à notre niveau d'existence pour une raison, disons...légèrement futile. Enfin, la dernière histoire, "les rumeurs" présente un mélange étonnant entre comédie de lycée et légendes urbaines, Ito établissant à cette occasion une connexion avec un de ses récits plus anciens de 1992, "le mannequin", au monstre aussi incongru que dérangeant. Cette histoire nous est d'ailleurs présentée en clôture du recueil, celui-ci se refermant alors sur une vraie touche horrifique (on peut néanmoins se demander du coup s'il n'aurait pas été préférable de faire figurer cette histoire avant celle mettant en scène Soïchi, plus tardive).
Si ce "journal maudit" a donc davantage de qualités à mettre en avant que les premières aventures de Soïchi, cet ouvrage au ton toujours particulier demeurera pourtant, je pense, clivant pour les lecteurs, entre ceux qui ne comprendront pas trop à quelle étrange lecture ils ont affaire, et les autres, plus familiers des travaux "grotesques" du maître Ito, qui sauront l'aborder l'esprit plus ouvert. Encore une fois, il ne s'agit clairement pas des recueils à conseiller pour ceux souhaitant découvrir l'univers d'Ito, au risque sinon de grosses incompréhensions.

Le Journal de Soïchi
6.8

Le Journal de Soïchi (2009)

Sōichi no Noroi no Nikki: Junji Itō Kyōfu Manga Collection

Sortie : février 2009 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(5/10 + 1 si vous êtes un complétiste de Ito) Soïchi, le garnement anémié, bouffeur de clous et adepte de pratiques occultes le plus tête à claques de toute l’œuvre de Junji Ito! Le mangaka raffole de ce type de personnages à la marge, détenteurs de pouvoirs et spontanément enclins à mal agir (profondément méchants quoi), qui lui permettent souvent de proposer un cocktail mêlant, dans des proportions variées, comédie et horreur; c'est aussi l'occasion pour Ito de mettre en scène des dynamiques familiales, autre thématique récurrente de ses œuvres.
Ici, dans ce premier tome des "bêtises et autres méchancetés" de Soïchi, le curseur tend clairement plus vers le comique que vers la véritable horreur, Soïchi étant largement confronté à sa propre famille, pour le coup tout à fait banale et dans laquelle il fait pour le moins tâche, ou sinon à ses camarades de classes / professeurs. En cela, je ne conseille clairement pas d'aborder Ito par ce versant de son oeuvre, au prix sinon d'une possible incompréhension pour qui s'attendrait avant tout à des récits horrifiques. D'autant plus que les histoires proposées ici n'ont rien d'incroyables, pour ne pas dire pire. Seule la dernière histoire du recueil, "l'anniversaire de Soïchi" sait instaurer une véritable ambiance ambivalente et trouve vraiment grâce à mes yeux. Le reste relève plus de l'anecdotique. A noter cependant l'existence d'un second recueil consacré à SoÏchi, plus réussi (cf. critique supra).

Black Paradox
7

Black Paradox (2009)

Burakku Paradokusu

Sortie : 24 octobre 2012 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 6/10.

Annotation :

Un recueil récent de Ito, sorti en 2009 au Japon. Celui-ci m'a évoqué le recueil "Hallucinations" au niveau de sa structure (cf. critique ci-dessus): en gros, une grosse improvisation en roue libre sur plusieurs chapitres de la part de l'auteur à partir d'un récit court initial qui aurait pu se suffire à lui-même, en essayant de rendre tant bien que mal le tout à peu près cohérent (le premier chapitre n'a ainsi au final que peu à voir avec la direction que prendra l'intrigue dans les chapitres suivants). L'ensemble est plutôt homogène au niveau de la qualité des chapitres et le dessin est tout à fait correct (Ito à cette époque maîtrise désormais très bien son art sur ce plan là).
Mais je dois avouer que l'histoire globale (un sacré foutoir par ailleurs) ne m'a guère emballé (4 personnages se retrouvent pour un suicide collectif mais vont aller de surprises en surprises...) ; le ton tire beaucoup plus sur le grotesque que sur l'horreur pure (d'où beaucoup de rebondissements un peu "légers", pour ne pas dire capillotractés). Surtout, on a l'impression d'avoir déjà vu et revu à plusieurs reprises chez l'auteur les principaux éléments de l'histoire. Les plus intéressants d'entre eux ne sont d'ailleurs pas assez exploités de mon point de vue (Ito frustre par exemple plus qu'autre chose le lecteur en ne lui montrant jamais vraiment cet "autre monde" au cœur de l'intrigue globale).
Bref, une histoire juste passable, qui ne constitue pas un véritable indispensable de la carrière de maître. Si certaines planches frappent le lecteur dans le bon sens du terme (le premier "explorateur" de l'autre monde qui en revient dissous; les orbes qui jaillissent du visage d'une des protagonistes...), elles ne suffisent pas à elles seules à tirer l'ensemble vers le haut.
Le recueil est conclu par 2 récits courts ; l'un ("le pavillon étrange"), un gros délire du mangaka sur quelques pages, peut faire sourire mais n'a dans l'ensemble pas un immense intérêt ; "la femme langue" par contre accroche plus l'attention avec sa créature "de légende urbaine" à la langue disproportionnée qui fait son petit effet. Malheureusement, Ito ne semble pas trop savoir quoi faire par la suite de son récit, et la conclusion s'avère quelque peu décevante.

La Fille perverse
7.1

La Fille perverse (1998)

Ijimekko: Junji Ito Kyōfu Manga Collection

Sortie : 30 novembre 2011 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 6/10.

Annotation :

Un recueil malheureusement assez anecdotique de Junji Ito qui, s'il nous réserve quelques histoires intéressantes, à défaut d'être géniales ("La maison au déserteur" et "Au fond de la ruelle"), se démarque surtout en mal par des histoires relativement longues et ratées ("La fille perverse", "Le cœur d'un père").
- "La fille perverse" (1990): de l'horreur psychologique (sans surnaturel) où une jeune fille se découvre un goût prononcé pour la perversion ; juste bof! Le style (froid) de Ito ne fait pas merveille dans ce genre d'histoires: il ne parvient jamais vraiment à créer de l'empathie pour ses personnages...
- "La maison au déserteur" (1990): histoire de revenant classique, mais efficace ; agréable à lire mais ne restera cependant pas dans les annales.
- "Le coeur d'un père" (1990): la plus longue histoire du recueil, et la plus ratée ; là encore, Ito s'essaie à un fantastique plus psychologique, centré sur des relations familiales dysfonctionnelles (thème qui revient à plusieurs reprises dans d'autres histoires du recueil, y compris dans "La fille perverse"), mais n'emporte clairement pas la mise, la faute principalement à une justification finale guère convaincante et des événements assez incohérents.
- "Souvenirs" (1993): là encore, du thriller psychologique familial! Certes, il s'agit d'une des histoires qui se tient le mieux, mais rien d'inoubliable pour autant. On sent que l'auteur aurait pu faire quelque chose d'encore plus tordu avec ce scénario, dont la fin retombe comme un soufflé.
- "Au fond de la ruelle" (1992): la meilleure histoire du recueil, qui retourne au fantastique horrifique (le genre de prédilection de l'auteur). Le récit fait son petit effet avec cette ruelle condamnée et hantée par un passé sanglant, et est globalement bien construit. Il apparaît cependant comme une version plus alambiquée de ce véritable joyau que sera, parmi les histoires de Ito, "La fenêtre d'à côté" (1995), plus directe et épurée (et efficace dans ses effets horrifiques).
- "Scénario amoureux" (1989): autre histoire tirant vers le thriller psychologique, au postulat de départ totalement invraisemblable (un scénariste remet à ses conquêtes une cassette le mettant en scène au moment de la rupture) ; l'idée de départ aurait pu donner quelque chose de vraiment intéressant si mieux exploitée.
- "En terre" (1994): une histoire de revenant mâtinée de psychologie, mais aux trop grosses ficelles; on voit venir la fin (tirée par les cheveux) 20 ans à l'avance!

L'École décomposée
6.8

L'École décomposée (2014)

Yōkai Kyōshitsu

Sortie : 6 septembre 2023 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un des derniers recueils en date de Junji Ito, publié uniquement en anglais à ce jour. 5 des histoires s'inscrivent dans un récit suivi: plus précisément on suit les déambulations d'un gars ayant pactisé avec le diable (je vous laisse découvrir les modalités assez particulières de ce pacte - la couverture et le titre spoilant un peu sur le sujet) et de sa sœur totalement tarée, rappelant par bien des aspects le personnage de Soïchi, bien connu de tous les amateurs de Junji Ito. Les 2 premières histoires ("dissolving classroom" et "dissolving beauty") partent bien, notamment parce qu'elles offrent des "variations sur un même thème horrifique" comme Junji Ito les affectionnent tant (Spirale!!! et bcp d'autres œuvres). Mais malheureusement, abandonnant cette voie en chemin, les histoires suivantes se contentent de recycler le contenu de la première histoire, au grand ennui du lecteur...Le grand final aurait également pu être plus réussi, plus par manque d'efficacité narrative, je trouve, que faute d'idées intéressantes. Je vous laisserai vous faire votre avis. Le recueil se conclut par 2 (très) courtes histoires réussies et stimulantes (malgré une sensation de déjà-vue...peut-être ont-elles déjà été publiées au détour d'un recueil de Tonkam), en particulier "meet again", qui relève de "l'horreur poétique" dans lequel l'auteur excelle particulièrement. Néanmoins, cela ne suffit pas à "sauver" le recueil, que je ne conseillerais qu'aux fanas (comme moi) et complétistes de Junji Ito.

Le Cirque des horreurs
7.2

Le Cirque des horreurs (1998)

Circus ga Kita

Sortie : 25 avril 2012 (France).

Manga de Junji Itō

Tibulle85 a mis 5/10.

Annotation :

Un recueil de 5 histoires vraiment faible, parmi les plus dispensables du maître, même s'il recèle tout de même une petite pépite horrifique avec "la fenêtre d'à côté" (l'une des histoires les plus concises d'ailleurs).
- "le cirque des horreurs" (1991): une histoire longuette et vraiment très peu prenante (à propos d'un cirque étrange où les accidents se multiplient) qui m'a laissé totalement indifférent;
- "la ville aux pierres tombales" (1994): franchement, sur le papier, le synopsis de cette histoire aurait pu donner quelque chose de génial, mais malheureusement, le résultat n'est (étonnamment) vraiment pas à la hauteur; l'histoire prend trop son temps sans aller directement au fait (désamorçant quasiment tout l'effet horrifique); les enchaînements d'événements ne sont guère crédibles, ni surtout cette ville qui, avec une telle spécificité (les cadavres génèrent en pourrissant leur propre pierre tombale!) devrait être ultra-célèbre dans tout le Japon...(il aurait fallu une meilleure justification scénaristique de ce contexte).
- "la fenêtre d'à côté" (1995): une histoire aussi simple qu'horrifiante - un jeune homme emménage avec sa famille dans une nouvelle maison (à un prix étonnamment bas, vous voyez venir le truc?) pour découvrir que la fenêtre de sa chambre donne sur l'unique fenêtre de l'étrange maison voisine (je vous laisse découvrir la suite!). Un chef-d’œuvre.
- "les mystérieux enfants Hikizuri" (1995): deux histoires suivies sur ce thème qu'Ito semble affectionner autour d'une famille effrayantes aux membres bizarres (le tout sur 2 histoires); on pense bien entendu tout de suite à la famille Adams, mais aussi et surtout aux histoires de "Soichi" du même auteur, bien plus réussies, et surtout antérieures à ces histoires; du coup, on se demande quel besoin Junji Ito avait de produire d'autres histoires au pitch si proche? Une commande de son éditeur? En tout cas, ces histoires de la famille Hikizuri se révèle assez bordéliques et peu prenantes. Dommage!

Tibulle85

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