1984.
Quatre chiffres, symboles d'un livre devenu culte. J'ai mis du temps à la découvrir. He bien là, pour le coup, me voici au final assez mitigé.
Je reconnais à son auteur le talent, pour l'époque (nous sommes juste dans l'après-guerre lorsque Orwell le rédige), de décrire par le menu un système totalitaire absolu dont l'origine semble posséder des relents de révolution bolchevique. L'effroyable machine étatique broie les êtres et les modèle dans un cycle impeccablement huilé et d'une implacabilité absolue.
Le souci de taille, à mon sens, réside dans sa lourdeur descriptive. Combien de fois me suis-je enfoncé dans un ennui profond à la lecture de certains passages ! Je m'explique.
La première partie (150 pages quand même sur les 440 de l'édition de poche) installe le personnage principal dans les rouages du système auquel il appartient. Je l'ai trouvée intéressante mais assez pesante dans le sens où la répétition des idées m'a semblé trop fréquente. Certes, il est important de faire sentir au lecteur que chacun est surveillé et que ladite surveillance s'exerce entre membres du Parti. C'est lourd pour le personnage au quotidien... et pour le lecteur.
Attention, spoilers !
Le début de la seconde partie (160 pages environ) apporte une fraîcheur bienvenue dans le sens où un événement inhabituel va précipiter le héros hors des sentiers balisés de sa morne existence. L'amour, sentiment totalement incongru dans ce monde normalisé au possible, va faire son irruption dans la vie de Winston. Enfin de l'action ! oserais-je dire. Bon, mon enthousiasme a fini par retomber à la lecture indigeste du livre secret. Que de répétitions, que de lourdeurs ! J'ai cru, à l'instar de Julia, m'endormir plus souvent qu'à mon tour.
Fort heureusement, la troisième partie, constituée d'une petite centaine de pages, sauve le livre. Et de quelle manière ! Le héros, pris dans les rets de la machine totalitaire, va connaître l’annihilation pour mieux renaître sous la forme voulue par le Parti. Le récit de ses souffrances, des tortures autant physiques que morales qu'il endure, est proprement terrifiant ! L'auteur décrit avec force détails les étapes qui commencent à écraser grossièrement le corps pour mieux disséquer l'âme ensuite. Nulle pensée ne pourra demeurer secrète, nul espoir ne pourra être celé aux yeux de son tourmenteur ! C'est implacable, c'est bouleversant, c'est tristement humain (les exemples dans l'histoire ne manquent pas et même actuellement on doit pouvoir trouver des pays relativement similaires, au hasard la Corée du nord).
Enfin, tout est dit : l'homme quête le pouvoir pour lui-même. C'est une fin en soi. Les exemples, que ce soit en politique ou dans la vie quotidienne au travers de cohortes de petits chefs qui, s'ils en avaient la latitude, tortureraient avec délectation leurs subalternes, abondent.
Ce livre se termine de façon totalement renversante, hallucinante, éblouissante.
Alors certes, si je restais uniquement sur l'impression finale, je serai tenté de décocher un 9 ou un 10 à cet ouvrage visionnaire mais je ne puis occulter les passages, trop nombreux, où l'ennui m'a tenu lieu de compagnon de lecture. Davantage de concision n'aurait sans doute pas nui à la démonstration intellectuelle réalisée par l'auteur.