J'ai découvert un peu par hasard Boualem Sansal lors d'une émission où il présentait ce livre. Les critiques étaient assez bonnes et le personnage n'est pas non plus n'importe qui dans le milieu de la littérature. Ce n'est pas nécessairement un gage de qualités, comme on peut le constater avec de 2084, référence assez lourde à 1984 d'Orwell.
Il est important de rappeler dans quel contexte le livre a été écrit. Sansal est Algérien et vit notamment dans son pays, l'Algérie. En 2015, l'Etat Islamique est puissant, son expansion dans le Moyen-Orient est importé et sa branche armée enchaîne les victoires tout en établissant des actions en Europe, au retentissement important et dramatique (Charlie Hebdo quelques mois plus tôt par rapport à la sortie du livre, Bataclan et Bruxelles quelques mois plus tard).
Alors Sansal craint pour sa liberté. Tout ce qui ressort de ce bouquin c'est la peur. La peur d'un monde dominé par un totalitarisme inspiré de l'Islam. Un totalitarisme qui enverrait les hommes à la mort sans raison, les empêchant de vivre, de s'épanouir et où chaque geste, chaque pensée ne devrait être faite que sous la bénédiction d'un Dieu.
Sur papier, le livre aurait pu se montrer intéressant. Le souci c'est que quatre ans plus tard, l'histoire n'est plus la même. L'EI a entre-temps été militairement défait à de nombreuses reprises. Et si les belligérants de ce camp n'ont pas disparu et qu'il reste une menace, elle n'est plus aussi importante qu'en 2015. Je crains pour Bansal et tant mieux pour les populations concernées que le livre ne soit déjà obsolète à ce sujet.
De plus, sur la forme, le livre est une véritable torture. Alambiqué, partant dans des tournures de phrase sans fin, qui veulent tout dire et ne rien dire à la fois. Et surtout ne rien dire. Le récit se montre extrêmement répétitif. La plume de Sansal est lourde. Difficile également de s'intéresser au sort du personnage principal.
Je n'ai pas trouvé grand chose pour défendre un livre écrit, je le répète, sous la peur. Sansal manquait probablement de recul par le fait que l'Algérie, son pays, a le risque de sombrer un peu plus dans un totalitarisme religieux que certains pays occidentaux.