Ce roman-fleuve, qui tient quelque peu du pensum, a le mérite de faire réfléchir sur le recul à prendre sur ses sources d'inspirations, sur la manière de les approfondir. C'est pourquoi j'ai apprécié l'histoire de la quête collective d'universitaires de leur auteur fétiche, celle du philosophe du pays dans lequel il réside, et la toute dernière, fort énigmatique.
Le chapelet de meurtres et de rapports de médecine légale représente un livre nauséabond, d'un humour aussi glauque que sulfureux, à vrai dire sordide, que j'aurais pu passer allègrement.
En effet, les parties sont autonomes les unes des autres et peuvent être lues quasi-indépendamment, voire simultanément : elles ont été conçues initialement pour être éditées séparément. Par conséquent, ces histoires se croisent partiellement, sans véritablement se rencontrer, comme il a fort justement été spécifié ici.
Le livre est bien écrit et réussit son objectif, de pousser la lectrice et le lecteur à s'interroger sur les fils tissant la globalité de sa narration. Le caractère parcellaire de la vérité révélée offre la possibilité de terminer le puzzle à sa façon. Paradoxalement, il présente à la fois la possibilité de laisser libre court à son interprétation à partir d'une sorte de dossier, de s'en faire un peu la ou le juge, et, en même temps, l'inconvénient relative de se terminer en queue de poisson, sans vraiment trancher ni même être achevé, malgré son extrême longueur.
Ce labyrinthe est troublant, à la fois passionnant et à maints égards décevant, voire irritant, dans ses aspects les plus morbides, avec un humour qui vient tour à tour sauver et aggraver l'impression, forcément nuancée qui peut être tirée de ce roman à tiroirs.