Une télé-réalité dans un camp de concentration, voilà un sujet brute et gênant qu'Amelie Nothomb apporte dans son quatorzième livre Acide Sulfurique.
A coup de dystopie, elle ne nous donne ni indication temporelle, ni indication spatiale hormis l'époque, c'est à dire la notre. Cette proximité avec la réalité créée en inhibant nos repères, procure un certain gêne pour le lecteur. Ce sentiment pousse à découvrir, de page en page, la cruauté et la barbarie des hommes alors qu'ils ne sont séparés que par un simple écran de télévision.
Poussé à l'extrême, Acide Sulfurique dénonce clairement toutes les formes de la télé-réalité, le voyeurisme, la dictature de l'audimat, les réalisateurs, ainsi que les spectateurs. Le récit monte en puissance dans l'horreur, les téléspectateurs peuvent voter pour éliminer un candidat, l'audience grimpe, c'est un jeu avec des humains, ça plaît, les spectateurs adorent.
La volonté première est d’amener à réfléchir. Est-ce que de tels divertissements seront un jour mis en place ? Quoi qu'il en soit, on ne peut fermer ce livre sans se poser des questions sur la perversion humaine.
Il est cependant dommage que l'ouvrage de soit pas plus épais. Peut-être aurait-il été plus plaisant d’étoffer l'histoire un minimum, mais je ne saurais remettre Nothomb en question, c'est elle l'artiste !