Association délicate que ces deux récits. Récits d’amour, dévoilement d’un langage sexuel pour l’adolescent que l’auteur a été: Actes impurs et Amado Mio se répondent. Ils nous bercent tous deux dans une Italie d’après-guerre Frioulane verdoyante, remplie de jeunes hommes angéliques aux regards clairs, à la source de fantasmes d’amour pour nos deux Paolo et Desiderio.

Le lecteur se confronte à deux textes encore en expérimentation. Pier Paolo Pasolini n’avait pas encore décidé d’une forme définitive pour ses deux récits, induisant une sensation de perte temporelle, et particulièrement dans Actes impurs.
L’usage des 1ère et 3ème personne du singulier pour chacun des textes révèle une réelle recherche de point de vu. Comment le lecteur se permet-il l’identification à un sujet aussi difficile que l’homosexualité masculine en plein cœur d’une Italie fasciste ? Cependant il s’agit bien d’écrit biographique et profondément intimes, ils corroborent avec la vie de l’auteur et une recherche essentielle pour lui de comprendre ce que ses sentiments impliquent. Ce travail a un pouvoir cathartique évident dans la mesure où Pier Paolo Pasolini cherche à s’excuser, expier son homosexualité; ou plus, à l’expliquer, tenter de la comprendre avec nous lecteur. Cette tension qu’il installe entre son œuvre et notre conscience constitue un pan principal à la découverte de ces deux écrits. Ensuite les mots coulent en descriptions pittoresques et profondément sensibles. Deux moments très forts en image mais tout à fait naturels se superposent au réel. Et c’est parce que nous suivons les pérégrinations sensibles de l’auteur que l’absence de rigueur temporelle ne gène pas.
Les deux protagonistes propres aux deux récits sont différents mais terriblement frères dans leurs actes. Ils transposent la beauté des hommes réduits d’eux-mêmes à leur condition sensible et critique. Une violence est notable dans l’affirmation de l’homosexualité comme poison: à chaque fois le protagoniste est appréhendé comme un être diabolique dont il faut se méfier. On parle de contamination, de purgation, d’œil malin... tant de formulation qui coupe le protagoniste en deux, le plaçant comme non-humain mais le rendant, par la même, bien plus pathétique et profondément homme.

En somme, Actes impurs et Amado Mio présentent toute la tendresse de la jeunesse et des rapports d’amitié entre jeunes hommes. Ils révèlent la douleur du sentiment amoureux dans des paysages poétiques, lueur dans l’angoisse de jeunes hommes prostrés entre conscience commune et désirs de possession de corps qui leur sont interdits.

MargotAnquez
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le 29 déc. 2019

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Margot Anquez

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