After : Saison 1
5.4
After : Saison 1

livre de Anna Todd (2014)

Avant lui, elle contrôlait sa vie...


L'immonde accroche racoleuse ne me tentait franchement pas, entre volonté de prouver la force de la relation au cœur du livre et slogan de basse publicité. Mais passant outre, je me suis laissé tenter.


After, qu'est-ce donc ? C'est le fruit de l'imagination d'Anna Todd qui rédige sa fanfic par l'intermédiaire de son smartphone et le partage sur le réseau communautaire Wattpad. Fort de son succès, la saga commence sa publication en 2014 aux États-Unis et débarque chez nous en 2015, étant même sacrée best-seller.
Succès mérité ?


Tout commence avec l'entrée à l'université de Theresa Young (Tessa pour les intimes), jeune fille droite et rangée, dont le destin va mettre sur sa route le beau et mystérieux rebelle Hardin Scott. Malgré leurs caractères diamétralement opposés, elle ne peut résister à ses charmes et s'éprend totalement de lui.
Qu'on se le dise tout de suite: After se présente comme le roman à l'eau de rose basique et il s'assume comme tel. Non romantiques, passez votre chemin, car ce ne sont pas les quelques rares scènes sensuelles qui viendront changer la direction du récit. D'ailleurs, le thème principal (et même unique) du roman est la relation tumultueuse que mènent les deux jeunes gens. Malheureusement, une certaine répétitivité des scènes vient vite s'installer: Tessa est attirée par Hardin; qui la fait souffrir de par ses réactions; Tessa pleure, ne veut plus le voir; retombe dans ses bras; Hardin la fait de nouveau souffrir; Tessa pleure; revient vers Hardin; etc...
On en vient ainsi parfois à être assez vite agacé par cette relation qui semble se résumer à "Je te déteste mais je t'aime".
Aussi, le travail des personnages s'avère capital afin de ne pas susciter le désintéressement du lecteur. Ce premier tome s'étalant tout de même sur 500 pages environ, il vaut mieux que les protagonistes soient attachants.


Le point de vue adopté par la narration nous est conté à travers Tessa. Jeune, naïve, vierge, elle sort tout juste de son cocon familial dans lequel elle a été préservée jusqu'ici, entre une mère voulant la modeler à sa façon et un petit copain, Noah, aussi propre sur lui qu'effacé dans sa personnalité. On remarque bien vite que l'auteur cherche à nous livrer une jeune femme sensible, encore assez ignorante des coups bas de la vie (tout juste est-il mentionné l'absence d'une figure paternelle). Cependant, cette émotivité est peut-être un peu trop accentuée par cette fâcheuse tendance à céder aux pleurs. Aussi l'effet produit chez le lecteur tient moins de l'attendrissement que de l'agacement quant à une énième crise de larmes.
Hardin, de son côté, se dessinait comme le cliché du beau brun ténébreux dissimulant un lourd et sombre secret qu'il ne dévoile qu'à l'élue de son coeur. Si au final il ne déroge guère à ce portrait générique que je viens d'ébaucher, l'auteur a su nous livrer là un personnage plaisant. On se prend même à vouloir découvrir ce qu'il cache réellement. C'est d’ailleurs l'élément clé qui tient en haleine le lecteur tout au long du livre.


Si on arrive finalement à s’accommoder de cette relation conflictuelle entre les deux protagonistes, le dernier quart du livre se révèle vraiment trop mielleux. Le caractère bien trempé d'Hardin qui dynamisait jusqu'alors la relation disparaît totalement ! Lui qui se présentait comme l'opposé d'un Noah par trop transparent (on en vient même à se demander s'il a une once de désir pour Tessa) délaisse toute volonté et se prête beaucoup trop facilement au rôle du parfait petit ami. L'intérêt de la relation aurait été, selon moi, de voir son évolution au fil du temps, non pas subitement radicale. Aussi ces secrets qui conféraient l'épaisseur au personnage sont vite révélés, alors que les deux jeunes gens ne se connaissent que depuis quelques mois à peine (et pire, ne pouvaient se supporter au début !).
C'est peut-être là une volonté de l'auteur de renforcer la fusion entre Tessa et Hardin, mais c'est au détriment de la personnalité de celui-ci.


Plus globalement, c'est l'ensemble de cette dernière partie qui cède à une facilité un peu naïve. Tessa obtient avec une facilité déconcertante un stage parfait: une place à responsabilité et un patron qui se rapproche d'avantage du pote que du PDG. De plus, son appartement est parfaitement localisé et elle se permet même d'être en avance sur son travail à la fac (alors qu'elle consacre son temps à son stage et à Hardin).


Cependant, il faut bien reconnaître que malgré ces quelques mauvais points que je soulève, l'auteur sait gérer la fin de ce premier tome avec un twist final assez surprenant qui suscite l'intérêt pour la suite en réussissant à rompre ce côté amour parfait et illusionniste que je réprimais jusqu'alors.
Pour conclure, que dire de ce premier tome ? Ai-je adoré ? Non, pas vraiment. Est-ce détestable pour autant ? Non plus.
Il faut reconnaître que l'écriture est facile, les nombreux chapitres sont courts et s'enchaînent ainsi rapidement; et même si l'on peut s'agacer d'une certaine redondance de l'action, on se laisse tenter jusqu'à un final qui sait donner le juste rebond pour engager un second tome.


After se présente donc comme un roman honnête, à réserver cependant aux plus accros des histoires d'amour. Les autres seront vite ennuyés par cette relation conflictuelle.

David_AVINENC
6
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le 30 oct. 2015

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David_AVINENC

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