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Pourquoi serions-nous seuls, dans l’univers ?

Vous y croyez, vous, aux extraterrestres ? Aux OVNIS, ces soucoupes volantes qui sillonnaient le ciel pendant les années 50-60 ? Aux petits hommes Verts énigmatiques qui ont défrayés les chroniques à la même époque ? Ah, vous n’étiez pas nés, c’est ça ? Moi si ! Je m’en souviens comme si c’était hier… On a même eu droit à des photos d’un extraterrestre sur la table d’autopsie !... Mais bizarrement TOUTES les preuves photographiques étaient floues, et pas un flou artistique, je vous prie de croire, un flou archi-faux. Toutes de provenance outre-Atlantique… Ils nous prenaient vraiment pour des poires, à croire qu’ils étaient incapables de prendre des photos nettes, à l’époque… l’émotion, sans doute.
Trêve de plaisanteries, c’était la mode de l’époque, ça a contribué peut-être à forger ma passion pour tout ce qui touche à l’espace, et si j’ai passé trente années de ma vie dans un bureau d’études d’une industrie Aérospatiale, ce n’est certainement pas innocent.
Alors après m’être régalé, il y a 20 ans, avec Sommes-nous seuls dans l’univers de Jean Heidmann ; Nicolas Prantzos ; Hubert Reeves ; Alfred Vidal-Madjar.
https://www.senscritique.com/livre/Sommes_nous_seuls_dans_l_univers/8465842
Il était grand temps de mettre les pendules à l’heure et de faire le point sur les découvertes récentes, non ?
Et donc, voici le livre "Ailleurs" de Michael Wall. Il porte le sous-titre prometteur de "Guide de la vie extraterrestre, des planètes habitables, de l’antimatière et des voyages dans l’espace".


Un sacré gaillard, Michael Wall. Il est titulaire d’un doctorat en biologie de l’évolution de l’université de Sydney et d’un diplôme d’études supérieures en rédaction scientifique de l’université de Californie. Il a été rédacteur pour le magazine Wired. Depuis 2010, il est rédacteur en chef de Space.com, le site de référence sur l’actualité de l’espace et de l’astronomie, et journaliste pour Scientific American, NBC News... Lisez-le, vous verrez, bien que probablement d’origine australienne (je n’ai pas trouvé de bio plus détaillée), c’est le type même de l’ex-étudiant californien, tel que je me l’imagine, érudit mais décontracté, à l’humour potache et de bon aloi qui permet d’aborder les sujets les plus complexes avec le sourire et nous donne le sentiment d’être d’une intelligence insoupçonnée jusqu’alors ! Car grâce à lui, on comprend plein de choses…
Comme quoi, par exemple ? Eh bien des réponses aux questions que (presque) tout le monde se pose… à moins qu’elles n’engendrent de nouvelles questions… En voici quelques-unes :


1 - Mais OÙ sont-ils, les extraterrestres (intelligents) ? Trois hypothèses à retenir :
Ils sont déjà venus et ne nous ont pas trouvés : l’histoire de la Terre a 4,5 milliards d’années et notre espèce n’existe que depuis 200 000 ans, et encore…
Ou ils sont quelque part mais nous ne les avons pas encore trouvés : par exemple, l’étoile la plus proche qui n’est qu’à 4,2 années-lumière du Soleil est, quand même, à 42 575 milliards de kilomètres, une balade que nos fusées actuelles effectueraient en… 75 000 ans ! Et on parle de l’étoile la plus proche.
Ou alors, nous sommes seuls. Alternative déprimante, mais possible pour ce qui concerne la vie intelligente, le silence cosmique en dit long. Mais peu probable pour l’existence de la vie « vu la rapidité avec laquelle la vie s’est implantée sur Terre. Les micro-organismes étaient là il y a au moins 3,8 milliards d’années, voire avant ».


2 - Vous, et moi, d’où venons-nous ?... C’est-à-dire, d’où vient la vie ? Question fondamentale, non ?
Là aussi l’auteur nous aide à nous poser les bonnes questions, n’oublions pas qu’il est docteur en biologie. Tout d’abord délaissons les fadaises créationnistes qui ont maintenu et maintiennent encore, des générations crédules dans l’obscurantisme. L’auteur émet donc plusieurs hypothèses :


La vie serait apparue dans les océans il y 4 milliards d’années environ par réaction entre le dioxyde de carbone de l’atmosphère et l’eau, à cette époque la planète était marine, semble-t-il « Mais pour faire apparaître la vie, le fait que les bases se désagrègent dans l’eau ne nous aide pas vraiment. »
De la même manière elle aurait pu apparaître sur la planète Mars « Il fut un temps où la surface de Mars était propice à la culture de l’iris : humide, mais pas trop. » Ajoutons à cela que plus petite et plus légère que la Terre, elle s’est refroidie plus rapidement et « certaines études suggèrent que les phosphates, composants vitaux de l’ADN et des membranes cellulaires, étaient plus fréquents sur Mars que sur la Terre au début de leur existence. » Autant d’arguments pour penser que Mars a accueilli la vie en premier. Pas de petits bonshommes verts, mais des micro-organismes qui auraient pu voyager jusque sur la Terre à bord de roches martiennes éjectées de la planète par de puissants impacts cosmiques. « Ce scénario n’est pas aussi farfelu qu’il n’y parait, car des morceaux de la planète rouge atterrissent régulièrement sur Terre. À ce jour, les scientifiques ont identifié environ 150 météorites de Mars, dont la distinction est révélée par leur signature chimique. » Et ce n’est pas la peine d’objecter que le moyen de transport n’est pas assez confortable, le biologiste Hoover pourrait vous rétorquer que « Dans le congélateur de mon laboratoire, j’ai des micro-organismes qui ont 8 millions d’années et qui sont encore en vie. » (Voir le point 7 ci-après)
La « panspermie », vous connaissez ? Et bien les partisans de la panspermie pensent « que la vie s’est propagée dans tout le système solaire, et peut-être même dans la galaxie et l’univers, en faisant du stop sur des morceaux de planète, des astéroïdes, des comètes ou des poussières propulsées par la lumière des étoiles. » Pourquoi penser quelque chose d’aussi extraordinaire ? À cause de la rapidité avec laquelle la vie s’est épanouie, sur Terre.


3 – À quoi ressemble E.T. ?
Si des extraterrestres existent autrement qu’à l’état de micro-organismes, il parait raisonnable de bannir tout anthropomorphisme et de cesser d’imaginer quoi que ce soit, « les formes de vie extraterrestre seront très différentes des nôtres. Nous aurons tellement peu de points communs avec elles que l’on aura beaucoup de mal à réaliser qu’il s’agit effectivement de formes de vie et à trouver un moyen de communiquer avec elles. »


4 – Un scoop ?
Oui, il est là, au hasard des pages : « Désormais, nous sommes presque sûrs qu’il y a de la vie dans l’univers. » Mais vite, il se rattrape notre ami Michael, car « si les scientifiques annoncent cela, ce serait ingérable, car tout individu, comme vous et moi, estimerait légitime de leur demander "Fantastique ! Où est-elle ?" et les scientifiques de répondre : "On ne peut pas vous le dire". »
Et pourtant, ce n’est pas parce qu’on n’a rien entendu, qu’il n’y a rien à entendre, ce n’est pas parce qu’on n’a rien vu, qu’il n’y a rien à voir. Cela fait à peine un demi-siècle que nous sommes à l’affut de l’espace, avec des moyens qui nous semblent performants mais qui ne cessent de s’améliorer : au début des écoutes radio, les astronomes ne pouvaient balayer qu’une centaine de canaux radio simultanément. Désormais, ils peuvent en traiter environ 100 milliards ! Les télescopes à la recherche d’éclairs laser ne regardent qu’une infime portion du ciel à la fois. Le projet PANO-SETI qui vise à construire des dômes géodésiques à plusieurs endroits dans le monde va permettre de capter la lumière d’énorme pans de ciel. Et que nous apprendront les télescopes de plus en plus puissants qui seront mis en service dans l’espace ou dans les Andes chiliennes, dans les années et décennies futures. À l’instar du télescope Pan-STARRS 1, installé sur l’observatoire du Haleakala, à Hawaï qui a repéré, à l’automne 2017, un objet interstellaire filant à travers notre système solaire, d’environ 243 mètres de long sur 30 mètres de large, baptisé Oumuamua, si étrange qu’il pourrait s’agir d’une sorte de vaisseau extraterrestre…
Comme l’a déclaré Avi Loeb, directeur du département d’astronomie de l’université Harvard « Il se peut qu’il y ait des sondes que nous n’avons pas remarquées et qu’une fois que nous aurons développé une technologie satisfaisante […] nous verrons soudainement toutes ces choses. »
Alors, le Paradoxe de Fermi prend du plomb dans l’aile…


5 – Encore un truc nouveau (pour moi) :
Ce n’est pas faute de lire des "revues spécialisées"… Vous connaissez les planètes voyous ? « Des mondes qui se déplacent seuls dans les profondeurs de l’espace, sans être liés à aucun soleil. » C’est la première fois qu’on m’explique qu’elles sont probablement plus nombreuses que les planètes « normales » – arrachées de leur orbite par des géantes gazeuses qui ont migré –. Si elles sont assez grosses elles peuvent rester chaudes et habitables pendant des milliards d’années grâce à la chaleur dégagée par la désintégration des éléments radioactifs dans et autour de leur noyau. Certains spécialistes pensent que « la majeure partie de la vie dans notre galaxie se trouve sur des planètes voyous qui ont été éjectées de leur étoile. »


6 – Comment accueillerions-nous LA nouvelle ?
Si c’est pour apprendre à l’humanité que l’univers est peuplé de… micro-organismes, il y a fort à parier que la nouvelle ferait la une des journaux et des actualités TV, un jour, mais laisserait la majorité des gens dans l’indifférence totale « tant qu’il ne faudrait pas reconfiner… »
S’il s’agissait d’un message mystérieux, incompréhensible mais incontestablement provenant d’extraterrestres intelligents, lointains, il semble, qu’à court terme, la réaction des gens soit à peu près semblable à celle de l’annonce de micro-organismes car « la moitié des Américains et des Français pensent que les extraterrestres intelligents existent. »
Mais à long terme, la confirmation de la vie extraterrestre va nous pousser à une réévaluation de nous-même aussi profonde que celles imposées par les révolutions copernicienne et darwinienne. « Les extraterrestres super intelligents mettraient à mal notre sentiment de supériorité et la certitude de notre unicité, tout comme Copernic et Darwin l’ont fait à leur époque. »
Qu’adviendrait-il de la religion ? Aux US, une forte majorité des personnes interrogées ne verraient aucune raison de changer quoi que ce soit. Néanmoins, « Les fondamentalistes et intégristes, qui considèrent la Bible comme révélée de Dieu, seraient probablement confrontés à un conflit intérieur plus grave […] Les auteurs chrétiens fondamentalistes disent dans leurs écrits qu’il n’y a pas de vie ailleurs, parce que s’il y en avait une, Dieu en aurait parlé dans la Bible. »


7 – Et si on en avait déjà LA preuve ?
ALH 84001 ça vous dit quelque chose ? C’est le nom (poétique) d’un fragment de météorite de 1,8 kg qui a été découvert en 1984, dans la région d’Allan Hill, en Antarctique. Il s’est formé peu de temps après la naissance de Mars, et a été projeté dans l’espace à la suite d’un puissant impact, il y a 17 millions d’années. La roche a voyagé autour du Soleil quelques millions de fois avant d’être aspirée par la terre, il y a 13 000 ans. L’analyse a montré « des molécules organiques appelées hydrocarbures aromatiques polycycliques ; de minuscules structures sphériques et tubulaires évoquant des bactéries fossilisées […] ; et des cristaux de magnétite pure ressemblant à ceux produits sur terre par les bactéries. […] "Nous concluons que pris ensembles, notamment en raison de leur espace commun, (ces phénomènes) sont des preuves de la vie primitive sur Mars, au début de son existence", ont écrit les chercheurs dans un article publié dans la revue Science. »
Le 7 août 1996 le président Bil Clinton en a fait l’annonce depuis la Maison Blanche et, comme décrit précédemment LA nouvelle a produit peu de vagues (micro-organismes, qui plus est, fossilisés).
Aujourd’hui, les échantillons d’ALH84001 font encore polémiques.


8 – Et puis nous arrivons aux soixante dernières pages…
Dans un premier temps, cette fin de livre m’a agacé, voire choqué, mais, réflexion faite…
Les extraterrestres vont-ils nous exterminer ? Et là nous quittons l’investigation scientifique pour la science-fiction et les références incessantes à Star Trek et aux séries américaines les plus prestigieuses, apparemment, où les scénaristes ont plus de talent et d’imagination que les scientifiques, à défaut de crédibilité.
Devons-nous coloniser la Lune et Mars ? Là, l’accent est donné sur le glorieux esprit d’entreprise du dynamique Peuple Américain dont les entreprises privées se sont déjà partagées les territoires pour établir des villages et des mines sur la Lune, des Mégapoles sur Mars ainsi que les richesses du sol et sous-sols avant même de les connaître.


Nous vivons une époque formidable, nous dit Michael ! Vous avez peut-être loupé, comme moi, les vidéos de l’atterrissage de la fusée Falcon 9 de SpaceX sur un bateau robotique, en pleine mer (spectaculaire). Ou la série d’atterrissages de la fusée réutilisable, New Shepard, de Blue Origin, transportant son mannequin d’essai. New Shepard pourrait commencer à transporter des clients d’un jour à l’autre. SpaceX a déclaré avoir l’intention de se lancer dans le « transport point à point », ce qui signifie un vol Paris-New York en moins de 30 minutes… (Quid de la pollution et du gaspillage énergétique ?)
Le développement des vols spatiaux privés est, avant tout, destiné à enrichir encore d’avantage les entrepreneurs et non pour le bien de l’humanité. Rappelons l’une des conclusions du livre « Dernières nouvelles de Mars » de Francis Rocard : « La mainmise sur l’espace par les milliardaires du privé n’est pas sans danger. Le patron de SpaceX veut coloniser Mars d’ici quarante à cent ans, en faire une résidence pour milliardaires désireux de fuir une Terre polluée et rendue invivable par le réchauffement climatique. "Ceux qui ont de gros moyens pourront quitter cette Terre afin de finir leur vie sur Mars. Cette issue de secours aux calamités à venir ici-bas entend fournir une planche de salut aux plus fortunés. Il faut bien avouer que les partisans du projet ne sont pas les premiers à défendre la biodiversité sur Terre et à la préserver…" ».


Et l’auteur ne veux surtout pas envisager l’éventualité de ce qui pourrait advenir si une puissance terrestre (US à priori) pouvait rencontrer des représentants extraterrestres et acquérir tout ou partie de leurs connaissances scientifiques et technologiques, supérieures aux nôtres bien entendu. Et il vaut mieux, car je crains que ce ne soit pas pour le bien de tous…


En conclusion, Michael apporte de l’eau à mon moulin intime. Depuis mes interrogations enfantines, je ne voyais pas pourquoi nous serions la seule planète sur laquelle la vie serait apparue (ce que je trouve non seulement irrationnel, mais prétentieux et arrogant). Il faut que de nombreuses conditions soient remplies simultanément, pour que ça arrive, mais compte tenu des milliards de milliards de planètes existant, la probabilité ne peut être nulle, la preuve, nous sommes là ! Nos moyens technologiques encore trop rudimentaires, ne nous ont pas encore permis d’en apporter la preuve. Et puis nous sommes victimes de l’espace et du temps, n’oublions pas que lorsque nous visons un amas globulaire distant 50 000 années lumières, nous visons l’image qu’il occupait il y a 50 000 ans et que notre message arrivera en ce lieu dans 50 000 ans !
Quant au livre, celui-ci est largement imprégné de l’optimisme et de l’opportunisme anglo-saxon. Dans mon commentaire, j’ai conjugué de nombreux verbes au conditionnel, alors qu'ils sont au futur, dans le texte !


Amis lecteurs confinés. J’ai longtemps hésité à ajouter cet appendice (ça ne se fait pas), mais j’ai l’excuse de l’âge. Depuis de nombreuses années je suis converti aux livres numériques mais il arrive que je sois obligé de revenir à la version papier, comme pour celui-ci, qui n’a pas été numérisé, ou pour mon épouse qui préfère ceux-là. Alors j’ignore hautainement le sourire en coin à l’ambition tentaculaire et aux conditions de travail déplorables et je m’adresse à une librairie en ligne (https://www.mollat.com/) qui me livre sous 72 heures maximum pour 1 centime de frais de port (pour 20 € d’achat) en Colissimo.

Philou33
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le 4 nov. 2020

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