Que retenir d'"Ainsi parlait Zarathoustra" ?
Doit-on privilégier l'écriture, qui est Poésie virevoltante et alambiquée ?
Ou retenir les enseignements sous-jacents aux pérégrinations d'un Sage ?
Au fond, sur le 2nd point tout a été dit mieux que je ne pourrai le faire. Ma synthèse de "vieil étudiant" se résume ainsi :
- le "Surhomme" n'a rien à voir avec les détournements que de piètres lecteurs ont en fait. Il est avant tout une quête d'élévation lointaine et quasiment irréalisable ;
- "Devenir qui l'ont est" : Nietzsche est un philosophe qui s'inscrit dans le progressisme des XVIII et XIXèmes siècles. Je retiens qu'il n'est pas judicieux de prendre pour acquis les "vieux enseignements". Cherchons et vérifions par nous mêmes.
- "l'Anti" : comme nombre de "philosophes", Nietzsche base sa pensée sur son époque. Par la bouche de Zarathoustra, il nous pousse à la révolution en contestant la Nation, la Religion autant que le Clergé, des Pouvoirs en place (notamment d'ordre royal).
- je retiens enfin la notion de "Volupté" car le livre est un HYMNE à la VIE ! Il est aussi un joli plaidoyer pour ce qui s'incarne dans la Danse et est un remède à la Mélancolie.
Et pourtant, que ma lecture fut dure. Elle a nécessité beaucoup de patience.
Pour l'anecdote, ma lecture précédente était Marguerite Yourcenar ("Mémoires d'Hadrien").
- Le conte philosophique est alambiqué. Manière polie de dire qu'il est souvent incompréhensible. Munissez vous de l'explication de texte indispensable pour traduire Nietzsche !
- Zarathoustra combat le Sage et le Bienpensant. Et pourtant, qu'il m'a semblé docte et affirmatif particulièrement dans les 2 premières parties. Evidemment, l'andragogie rend violemment caduque sa manière de procéder. Mais Rousseau, dont il s'inspire, est nettement plus facile à lire.
- certains concepts édictés par l'auteur sont aussi arriérés que ceux qu'il dénonce : "L'homme fait la guerre et la femme enfante". Amen...
- enfin les 2 premières parties sont terriblement lourdes à lire par les procédés utilisés (répétitions, aphorismes, métaphores ...).
Là où j'ai pris plaisir :
- les 30 premières pages résument finalement ce qu'il faut en retenir pour le/la lecteur/lectrice pressé(e) ; sur le fond, le reste n'est pas indispensable.
- les 3 et 4ème parties sont très poétiques et ne possèdent que peu d'enseignements doctes (ouf !). De manière implicite, on y retrouve un terrible Pessimisme. D'ailleurs Nietzsche ne nous livre finalement que peu de pistes pour la naissance du Surhomme, malgré toutes les tentatives (plus ou moins vertueuses) des uns et des autres.
Ne dit-il pas lui-même : “Vouloir le vrai, c'est s'avouer impuissant à le créer”.
Alors au fond, sur un plan philosophique, son apport me semble donc bien réduit par rapport à mes relectures récentes de Descartes, Spinoza, Rousseau ou Platon...
Car, ce n'est pas en lisant "Ainsi parlait Zarathoustra" que vous aurez pleinement la solution au principal de ses enseignements : "Tu dois devenir l'homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire".