American Psycho par Samskeyti
Patrick Bateman, trader accompli de la jeunesse new-yorkaise, partage sa vie entre des dîners dans les derniers restaurants à la mode, séances de sport intensives et une recherche de la perfection pour avoir le dessus sur ses collègues et amis. Patrick a aussi une passion pour les belles jeunes femmes qu'il viole, torture et tue occasionnellement le soir entre deux meurtres de clochards.
Je suis ravie d'avoir lu ce livre bien que je m'attendais à l'apprécier plus que cela. Tout du long, on a le droit a une histoire qui reste assez morne parce que répétitive, les jours se ressemblent, les gens se ressemblent, les incidents avec des clochards se ressemblent. Le style d'écriture est complètement alourdi par la liste établie des marques de vêtements, d'objets ; par les discussions sans grand intérêt qui sont - de toute manières - coupées avant la fin les trois quarts du temps. C'est un gros handicap dans ce livre et en même temps c'est ce qui en fait la prouesse et cet aspect chiant, sans intérêt, pas déterminant dans l'histoire traduit exactement le monde de Patrick Bateman où il le dit lui-même, la surface est ce qu'il y a de plus important.
Ce style apporte quand même de nombreux sourires, notamment lorsque dans des conversations il glisse des horreurs qui soit sont mal interprétées, soit pas entendues, soit pas prises au sérieux. Ce qui donne un discours de sourd complètement hallucinant et qui met le sourire aux lèvres. De même les nombreuses salutations de personnages aux autres qui se confondent mutuellement à longueur de temps.
Tout au long du livre on a des récurrences : les clochards, la comédie "Les Misérables", Evelyn, les thèmes abordés dans le Patty Winter Show. Les pulsions psychopathes sont elles aussi alourdies par les descriptions sans fin qui finissent par ne plus rien signifier. On comprend qu'il y a une tête découpée quelque part, beaucoup de sang, un rat dans un vagin mais même les mots perdent de leurs sens. Ca devient une course à l'horreur par l'enchaînement de différents sévices comme la course à la classe par l'enchaînement de différentes marques de vêtements qu'on finit par ne même plus lire à la fin.
Du coup, on arrive à une telle distanciation, un tel manque de fascination pour le fond de l'histoire que la fin qui laisse en suspend la question de "fiction ou réalité ?" ne devient pas un mystère aussi prenant qu'il aurait pu/voulu l'être. De toutes manières, tout restera pareil, ça ne changera pas grand chose. Les personnages sont réellement devenus interchangeables et l'histoire en elle-même quasiment aussi puisque tout est sans saveur.
Du coup mon avis sur le livre est mitigé car je ne sais pas si le manque d'intérêt que j'éprouve est dû à la maladresse de la plume de l'auteur qui n'a pas su m'emmener dans son histoire ou si c'est une prouesse qu'il a effectué en rendant la lecture de son livre exactement aussi chiant pour moi que sont chiantes les discussions et la vie de Patrick Bateman pour ce dernier.
En tous les cas, bien que j'y ai mis le temps parce que j'avais du mal à y revenir, je pense qu'il mérite d'être lu pour que chacun se fasse sa propre idée même si je conseillerais ce livre en précisant qu'il faut s'accrocher pour le finir et ne pas trop espérer une fin qui légitimerait autant de mou durant l'histoire.
(A noter la fin qui commence par "ABANDONNE TOUT ESPOIR TOI QUI PENETRES ICI" et fini par "SANS ISSUE", je suppose que ça n'est pas anodin)