Aimez-vous la forêt-noire ?

Moi oui. Je réussis à ne pas trouver écœurante cette accumulation de génoise au chocolat, de cerise et de crème. Mais l'équilibre est nécessaire. Ellroy atteint aussi - dans un autre domaine bien sûr - cet équilibre.
Il imagine ainsi une histoire secrète où se mêlent la mafia et le syndicat des camionneurs, la CIA, le Ku Klux Klan, le FBI (et cette universelle aragne qu'est John Edgar Hoover), Howard Hugues, Hollywood et la politique sans aboutir à un machin illisible. Au contraire.
De 1958 à l'assassinat à Dallas du président Kennedy en passant par le fiasco de la Baie des Cochons, de la Californie à la Floride en passant par Washington, il nous fait suivre des trajectoires croisées : celle de l'agent du FBI Ward J. Littell, dont les principes se refusent à sombrer totalement (puis finissent par le faire), celle de son collègue Kemper Boyd, le flamboyant égoïste, ou encore celle du grand Pete Bondurant, brute épaisse à la profondeur surprenante. Ils se confrontent ou s'associent dans les complexes intrigues de bas-fonds qu'Ellroy place à la tête de la première puissance mondiale.
Traquenards, complots, haines et morts, c'est un roman dur et violent - tant dans le récit que dans le style.