Les deux premières tragédies de Racine (La Thébaïde et Alexandre le Grand) sont bonnes mais elles ne sont en rien comparables à l'excellence d'Andromaque.
Tous les vers claquent et tous les sentiments sont vains et mal dirigés. Oreste aime Hermione qui aime Phyrrus qui aime Andromaque qui aimait Hector (tué par Achille, père de Phyrrus) et donc aime son fils promis à la mort. Dans cette situation, il n'y a pas d'issue heureuse possible.
Il serait tentant d'octroyer le rôle de méchante à Hermione mais ce serait faire peu de cas de l'honneur, concept primordial et vital. Certes, elle a l'air de changer d'avis toutes les deux scènes mais elle ne veut qu'une seule chose: Phyrrus et l'honneur qu'il lui a promis.
Le niveau d'écriture est tout simplement exceptionnel, rarement une pièce aura contenu des répliques et monologues aussi forts et stylistiquement parfaits.
Comme je préfère lorsque c'est drôle, mes vers favoris sont de Phyrrus, qui commence à être singulièrement fatigué d'Hermione et d'Oreste:
"Ah qu'ils s'aiment, Phoenix: j'y consens. Qu'elle parte.
Que charmés l'un de l'autre, ils retournent à Sparte:
Tous nos ports sont ouverts et pour elle et pour lui.
Qu'elle m'épargnerait de contrainte et d'ennui !"