Avec ce genre de livre, l'objectivité est de mise. Partir avec des a priori favorables ou défavorables sont contre-productifs. Il doit être dit la vérité : ce livre est bon et fait réfléchir. Aymeric Caron, malgré ses airs et ses figures de style parfois agaçantes, est un auteur honnête qui source ses propos, qui avance ses arguments rationnels avec modestie et respect. Le livre a cependant des défauts qu'il faut pointer du doigt sans pour autant nier l'apport du livre.
D'abord les avantages : -la réflexion de la place dans l'Homme dans la nature est enrichissante et on ne peut nier ici que les arguments apportés par l'auteur sont justes, nous faisons partie d'un tout. Les apports de la physique et de l'ADN sont particulièrement plaisants à lire pour un individu rationnel tel que moi.
-L'étude des animaux et la reconnaissance de leur faculté grâce à la science et notamment à l'éthologie nous amène naturellement à penser tout du moins qu'il faut leur accorder un réel statut d'animal non-humain.
-L'auteur explique clairement l'antispécisme et ses différentes catégories (welfaristes et abolitionnistes) en les critiquant certes mais en gardant un esprit critique plaisant qui ne nous exclut jamais du champ de pensée.
-L'édification d'une écologie dure qui chasse le capitalisme et l'ultralibéralisme devient nécessaire à la lecture du livre.
-Le cours d'éthique, qui est pourtant un chapitre facultatif, qui distingue les conéquentalistes et les déontologistes nous pousse à nous remettre en question, parfois à penser contre nous-même, souvent à nous critiquer.
Les points faibles du livre (à mon sens) : -certains chapitres relèvent d'un mode d'emploi pour militant et certains passages faibles renforcent un peu la caricature des écologistes qui se fâchent un peu pour rien.
-La religion, même si l'auteur se dit athée, a une place un peu désagréable et mêle mysticisme oriental, protestantisme et confusianisme. L'auteur va même jusqu'à affirmer que l'âme existe. Pour un rationnel, cela pose problème car jamais elle n'a été prouvé scientifiquement.
-Sa volonté de donner une place aux associations et à des scientifiques/experts, jusqu'à créer une assemblée naturelle (non élue), relève de l'utopie et, osons le dire, d'un déni de démocratie.
-L'auteur est platonicien car il critique à la fois le temps de l'action politique (qu'il considère comme devant être long) et sa pensée est proche de la parousie (la volonté de mettre en place un monde meilleur et où la bonheur sera accompli) qui rappelle certaines religions et idéologies dictatoriales (fascisme, nazisme, stalinisme).
-Certaines pages auraient pu être coupées à l'édition et l'abondance des chiffres peut filer la migraine.