Il faut bien se l'avouer, Article 353 du code pénal est le titre de livre le moins sexy du monde ! Et la photo de couverture de l'édition de poche de Minuit n'est pas venue rattraper la chose... Pourtant le contenu est bien d'un autre type, largement plus haletant, construit comme une sorte de seule-en-scène théâtral, à mi-chemin entre le thriller breton et l'oeuvre sociale moderne dont Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, récemment primé par le Goncourt, s'en est voulu la plus célèbre et populaire expression.
On se fait vite au style parlé de ce pauvre bougre qui déballe tout ce qu'il a sur le coeur, sans regrets ni scrupules, il en devient vite attachant. Alors parfois l'oralité est poussée à son extrême en hachant quelque peu le récit et certaines métaphores sont tellement alambiquées qu'il faut réussir à suivre le raisonnement du narrateur. Mais le reste est très bien porté par une trame narrative sans temps mort et qui met efficacement en scène une misère sociale de bord de mer.
Le roman est court et il se lit d'une traite. J'en aurais presque eu le regret à la fin de l'ouvrage, j'aurais voulu en savoir plus, entrer plus profondément dans l'intrigante psychologie de ses personnages, en savoir davantage sur les escroqueries des uns et le déclassement social des autres, comprendre le geste de l'adolescent davantage que celui de son père et tant d'autres choses qui sont présentées sans être davantage approfondies. Mais l'essentiel n'est peut-être pas là probablement, l'enchaînement des évènements étant davantage mis en lumière que les gestes qui les définissent. Une agréable lecture !